Définition et signification des moyens de preuve
Les moyens de preuve sont tous les objets, faits ou informations servant, dans le cadre d’une procédure judiciaire ou administrative, à établir les faits pertinents pour la décision à rendre. L’objectif de l’utilisation des moyens de preuve est de fournir au tribunal ou à l’autorité compétente une base fiable pour évaluer le différend. Les moyens de preuve jouent un rôle central dans presque toutes les catégories de procédure – notamment en droit civil, pénal, administratif, du travail et social.
Bases juridiques et systématique
Les directives légales relatives aux moyens de preuve découlent en particulier des codes de procédure, tels que le Code de procédure civile (ZPO), le Code de procédure pénale (StPO), le Code de justice administrative (VwGO), le Code de justice fiscale (FGO) ainsi que d’autres lois spéciales. Les dispositions en vigueur définissent les types de moyens de preuve admissibles, la manière dont ils doivent être appréciés et les règles de preuve applicables.
Les moyens de preuve sont en principe distingués entre moyens de preuve directs et indirects (médiats). Par ailleurs, la loi différencie les moyens de preuve classiques et codifiés des autres moyens de preuve.
Types de moyens de preuve
Principaux moyens de preuve selon les codes de procédure allemands
Les principaux moyens de preuve dans les procédures juridiques allemandes sont définis de manière exhaustive dans les différents codes de procédure. Il s’agit notamment :
Témoignage
Dans le cas du témoignage, une personne physique est entendue au sujet de faits, circonstances ou événements qu’elle a perçus. Les témoins sont tenus de dire la vérité. L’audition des témoins présente une grande importance pour la recherche de la vérité par le juge.
Preuve par document
La preuve par document concerne la présentation et l’exploitation de documents écrits (par exemple, contrats, lettres, factures, registres publics). Grâce aux documents, le tribunal peut établir des faits qui y sont consignés ou qui en résultent.
Preuve par expert
Des experts sont sollicités lorsque le tribunal nécessite des compétences particulières pour l’établissement ou l’évaluation de faits (par exemple des expertises médicales, des évaluations techniques ou économiques).
Inspection sur place
Lors de l’inspection sur place, le tribunal procède à une perception directe et sensorielle d’un objet, d’un lieu ou d’une situation (par exemple visite du lieu d’un accident, examen d’objets, présentation de pièces à conviction).
Audition des parties
Dans certains cas, les parties elles-mêmes peuvent également être admises en tant que moyen de preuve. Cela est possible notamment en procédure civile, conformément à l’article 445 ZPO, par l’audition des parties. Il s’agit alors de l’audition d’une partie dans le but d’éclaircir les faits.
Autres moyens de preuve
À côté des moyens de preuve expressément codifiés, d’autres moyens peuvent également jouer un rôle, notamment des photographies, enregistrements audio et vidéo, supports techniques de données ou documents électroniques. L’admissibilité et l’exploitation de ces moyens de preuve sont déterminées par les dispositions légales applicables et les droits fondamentaux, en particulier également en ce qui concerne la protection des données et les droits de la personnalité.
Degré de preuve et appréciation des preuves
Degré de preuve
Le degré de preuve désigne le niveau de conviction requis que le tribunal doit avoir quant à un fait allégué pour le considérer comme établi. En procédure civile, s’applique en principe le principe de la “preuve complète” ; en procédure pénale, c’est la conviction du juge concernant la véracité d’un fait (« in dubio pro reo ») qui prévaut. Dans certains cas, un degré de preuve inférieur suffit, comme la vraisemblance en matière de référé.
Liberté d’appréciation des preuves
L’appréciation des preuves est en général libre (cf. § 286 ZPO, § 261 StPO). Le tribunal doit évaluer de manière complète et cohérente les moyens de preuve produits et motiver dans son jugement la manière dont il a acquis sa conviction. Il n’existe pas d’obligation de respecter des règles de preuve formelles, sauf quelques exceptions.
Principe de la libre administration des preuves et interdictions de preuve
En droit allemand, le principe de la libre administration des preuves s’applique en principe. Des restrictions peuvent résulter d’interdictions de preuve issues de dispositions légales, de droits fondamentaux (par ex. la dignité humaine, le droit à un procès équitable, la protection des données) ou de l’interdiction d’utiliser des preuves obtenues de manière illicite. L’interdiction d’exploitation d’une preuve s’applique notamment en cas de violation grave des droits procéduraux fondamentaux ou de la sphère privée essentielle.
Le rôle des moyens de preuve dans la procédure
Les moyens de preuve déterminent de manière significative le déroulement du procès et la position procédurale des parties. En procédure civile, la charge de la preuve incombe en principe à la partie qui se prévaut d’un fait qui lui est favorable (§ 138 ZPO). En matière pénale, c’est le ministère public qui supporte la charge de la preuve de la culpabilité de la personne poursuivie.
Le tribunal est en principe obligé de recueillir les moyens de preuve pertinents proposés, sauf s’ils sont inappropriés pour des raisons de droit ou de fait. L’absence de prise en compte de demandes de mesures de preuve peut soulever des questions de conformité constitutionnelle.
Moyens de preuve dans la pratique : preuves numériques et électroniques
L’importance des moyens de preuve numériques ne cesse de croître, notamment en lien avec les courriels, fichiers, protocoles de mesure, caméras de surveillance, enregistrements électroniques de données ou technologies blockchain. L’administration de la preuve numérique exige des vérifications techniques et juridiques particulières afin de garantir l’authenticité, l’intégrité et la force probante.
Résumé
Les moyens de preuve constituent un élément central des procédures judiciaires et administratives et garantissent des décisions appropriées et équitables fondées sur des éléments factuels solides. Les codes de procédure correspondant règlementent de façon détaillée la nature, l’admissibilité, la production, l’appréciation et l’exploitation des moyens de preuve. À côté des moyens de preuve classiques, les formes électroniques et numériques de preuve prennent de plus en plus d’importance. Les interdictions de preuve et les droits fondamentaux limitent la recevabilité des moyens de preuve et contribuent à la protection du procès équitable et des droits de la personnalité des parties concernées.
Questions fréquemment posées
Quels types de moyens de preuve sont reconnus par le droit allemand ?
Le système juridique allemand distingue essentiellement cinq moyens de preuve classiques : les documents, les témoins, les experts, l’inspection sur place et l’audition des parties. Les documents sont des pièces écrites pouvant renseigner sur des faits, tels que les contrats ou les factures. Les témoins sont des personnes qui témoignent, sur la base de leurs propres perceptions, de faits pertinents. Les experts apportent des connaissances spécialisées lorsque la procédure nécessite une expertise particulière, par exemple pour des avis techniques ou médicaux. L’inspection sur place correspond à la perception sensorielle immédiate, par le tribunal, de choses ou de circonstances, comme lors de la visite d’un lieu d’accident ou de l’examen de photographies. L’audition des parties est enfin l’audition formelle d’une partie sur des faits litigieux, lorsque les autres moyens de preuve sont épuisés ou insuffisants. Chacune de ces catégories de moyens de preuve obéit à ses propres règles d’admissibilité et d’exploitation, notamment en ce qui concerne la crédibilité, la forme et la formation de la conviction du juge.
Comment est-il décidé si un moyen de preuve est admis lors du procès ?
L’admissibilité d’un moyen de preuve au cours du procès est décidée par le tribunal compétent conformément aux dispositions de la procédure applicable, par exemple § 244 StPO en matière pénale ou §§ 355 s. ZPO en matière civile. Il importe que le moyen de preuve vise un fait pertinent en droit et qu’aucun motif légal d’exclusion n’y fasse obstacle. Ces motifs d’exclusion peuvent résulter, par exemple, d’interdictions de preuve, comme l’interdiction d’exploitation de déclarations obtenues sous la torture (§ 136a StPO). Il est également nécessaire que le moyen de preuve soit offert de manière suffisamment précise ; les offres de preuve globales ou non étayées sont en principe irrecevables. Le tribunal dispose en outre d’un certain pouvoir d’appréciation, en particulier pour rejeter les demandes de preuve s’il considère que les faits sont déjà suffisamment éclaircis ou si le moyen de preuve est manifestement inapte à démontrer le fait allégué.
Que signifie une interdiction de l’exploitation des preuves ?
Les interdictions d’exploitation des preuves désignent des limites juridiques conduisant à ce qu’un moyen de preuve disponible ne puisse pas être pris en compte durant le procès. De telles interdictions visent principalement la protection de biens juridiques supérieurs, comme la dignité humaine ou l’inviolabilité du secret des correspondances et des télécommunications. Elles peuvent résulter d’erreurs formelles lors du recueil de preuves (par exemple, l’absence d’avertissement d’un témoin), de la violation de droits fondamentaux (tels que dans les déclarations obtenues sous la contrainte) ou de dispositions légales spéciales. Une distinction doit parfois être opérée entre les interdictions absolues d’exploitation, dans lesquelles le moyen de preuve ne peut jamais être utilisé, et les interdictions relatives, qui exigent une mise en balance des intérêts, notamment selon la gravité de la violation. L’application concrète et la portée de telles interdictions font fréquemment l’objet de décisions judiciaires.
Une preuve peut-elle aussi être rapportée de manière indirecte, par exemple au moyen d’indices ?
En droit allemand, la preuve dite par indices (Indizienbeweis) est une forme de preuve reconnue. Dans ce cas, la preuve ne porte pas directement sur le fait principal à prouver, mais sur des faits auxiliaires, appelés indices, à partir desquels le juge peut, au moyen de sa conviction, déduire le fait principal. Cela revêt une importance pratique particulière en droit pénal, notamment lorsque aucun témoin direct de l’acte n’existe mais qu’une pluralité d’indices forment un ensemble cohérent. Il faut pour cela que les indices soient concluants et, dans leur globalité, aptes à conférer une conviction suffisante du fait principal. La preuve par indices est soumise aux mêmes exigences strictes d’appréciation que d’autres moyens de preuve.
Quelles sont les obligations de coopération des parties concernant les moyens de preuve ?
En procédure civile, prévaut le principe de la production des moyens de preuve par les parties, c’est-à-dire qu’elles sont responsables de présenter et de prouver les faits qui leur sont favorables. Elles doivent communiquer activement les moyens de preuve et les désigner de façon précise. En matière pénale, c’est en revanche le principe de l’investigation d’office qui s’applique : le tribunal doit rechercher les faits de sa propre initiative ; cependant, les parties peuvent également présenter des demandes de preuve. Il existe aussi des devoirs de coopération, notamment envers le tribunal, par exemple en ce qui concerne la production de documents (§ 142 ZPO). En cas de non-respect de ces obligations, les parties peuvent subir des désavantages procéduraux, tels que la présomption d’exposé défavorable (« préclusion ») ou des mesures de contrainte pour obtenir la remise de documents. Il convient ici de noter le droit de chaque partie à ne pas s’auto-incriminer (principe « nemo tenetur »).
Quel rôle joue la crédibilité des témoins dans l’appréciation des preuves ?
La crédibilité des témoins constitue un aspect central de la libre appréciation des preuves (§ 286 ZPO, § 261 StPO). Le tribunal doit examiner de manière critique si la déclaration d’un témoin est crédible, ce qui doit se faire en tenant compte de nombreux facteurs : cela comprend notamment la cohérence interne et externe du témoignage, la capacité de mémoire, d’éventuels intérêts propres, l’implication émotionnelle du témoin, des motifs de charge ou de décharge éventuels ainsi que le contexte de la déclaration. Le tribunal est tenu d’exposer ses réflexions de façon compréhensible dans le cadre de son appréciation des preuves. Il n’existe pas, en droit allemand, de présomption générale de crédibilité ; chaque cas particulier doit être examiné individuellement.
Existe-t-il des délais pour la production des moyens de preuve ?
Oui, aussi bien en procédure civile qu’en procédure pénale, des délais peuvent exister pour la production de moyens de preuve. En procédure civile, ces délais sont souvent fixés par le tribunal lors de la première audience ou ultérieurement afin de garantir le bon déroulement de la procédure (§ 273 ZPO, § 296 ZPO). Si des moyens de preuve sont produits tardivement, le tribunal peut refuser de les prendre en compte, en particulier si le retard résulte d’une négligence grave ou si cela retarde inutilement le déroulement du procès. En procédure pénale, les délais sont moins formels ; cependant, la présentation tardive de moyens de preuve, notamment peu avant la clôture de la phase de présentation des preuves, peut être considérée par le tribunal comme abusive et entraîner un refus si cela perturbe significativement le déroulement du procès. Dans les deux procédures, les délais sont donc importants afin de garantir une administration efficace et équitable des preuves.