Notion et signification de la motivation de la demande
La motivation de la demande constitue, selon le droit allemand de la procédure civile, un élément central d’une action en justice. Elle représente la partie de l’acte introductif dans laquelle le demandeur expose les faits et motifs juridiques sur lesquels il fonde sa demande. Elle sert de base à la décision du tribunal et forme ainsi le fondement d’une protection juridictionnelle effective. La motivation de la demande est expressément prévue à l’article 253, al. 2, n° 2 du Code de procédure civile allemand (ZPO).
Bases juridiques
Code de procédure civile (ZPO)
Conformément à l’article 253, al. 2 ZPO, l’acte introductif doit comporter, outre l’indication des parties, de la juridiction et de la demande précise, également la motivation de la demande. Cette dernière doit être rédigée de manière à faire ressortir les prétentions invoquées ainsi que les circonstances de fait sur lesquelles elles se fondent.
Autres codes de procédure
Des réglementations analogues exigeant la motivation de l’action se trouvent également dans d’autres codes de procédure, par exemple dans le Code de procédure administrative (VwGO), le Code de procédure fiscale (FGO) ou le Code de procédure sociale (SGG).
Contenu de la motivation de la demande
Exposé des faits
La motivation de la demande doit comporter un exposé complet et cohérent des faits dont découle la prétention invoquée. Cette présentation factuelle sert de base à l’examen judiciaire et détermine de façon essentielle la recevabilité et le bien-fondé de la demande. Les affirmations générales et non étayées ne suffisent pas.
Appréciation juridique
Outre l’exposé des faits, la motivation de la demande devrait également contenir une appréciation juridique, c’est-à-dire une analyse juridique des faits à la lumière des lois et de la jurisprudence applicables. Ce n’est pas une exigence impérative, mais cela améliore la compréhension et la clarté de la demande du point de vue du tribunal.
Présentation de la demande et des faits
La motivation de la demande doit toujours se rapporter à une demande précise. Elle doit être formulée de sorte que l’étendue et le contenu de la prétention poursuivie ainsi que son origine à partir des faits exposés soient compréhensibles. Des explications imprécises ou contradictoires peuvent entraîner l’irrecevabilité ou le rejet de la demande.
Importance dans la procédure
Vérification par le tribunal
Le tribunal est lié, dans sa décision, par les faits présentés dans la demande. En principe, il ne peut allouer au demandeur que ce qui a été expressément demandé et motivé. En outre, une motivation régulière permet au défendeur d’organiser efficacement sa défense.
Obligation de motivation
Selon l’article 138 ZPO, le demandeur est soumis à une obligation de motivation. Les faits qu’il présente doivent être suffisamment détaillés et concrets pour permettre au tribunal et au défendeur de les vérifier. Si cette exigence n’est pas respectée, la demande peut être rejetée pour défaut d’exposé cohérent.
Correctifs et délais
Notamment pour les demandes introduites initialement avec un simple exposé sommaire des faits, un correctif de la motivation est possible sur indication du juge (§ 139 ZPO). Dans certaines situations procédurales, comme dans la procédure sur pièces (§ 592 ZPO), des exigences et délais particuliers s’appliquent à la motivation.
Actions spécifiques et motivation de la demande
Action en exécution
Pour l’action en exécution, la motivation doit exposer les conditions du droit à l’exécution revendiqué. L’élément décisif est la présentation cohérente de l’obligation de la partie défenderesse.
Action en constatation
Dans une action en constatation, la motivation doit contenir en particulier la preuve de l’intérêt juridique à la constatation demandée, conformément à l’article 256, al. 1 ZPO.
Action en modification
De même, dans le cadre d’actions en modification, visant à obtenir une modification d’une relation juridique, les modifications essentielles et les fondements factuels doivent être clairement mis en évidence dans la motivation.
Différences avec d’autres actes de procédure
La motivation de la demande se distingue des autres écritures procédurales, telles que la réponse ou les écritures ultérieures. Elle fait partie intégrante de l’acte introductif et s’en différencie par sa fonction initiatrice et la présentation complète de l’objet du litige.
Conséquences des défauts dans la motivation de la demande
Irrécevabilité ou rejet pour défaut de fondement
Si la demande ne comporte pas la motivation requise, le tribunal peut la rejeter comme irrecevable. Si la motivation est incomplète ou insuffisamment étayée, cela entraîne généralement un rejet pour défaut de fondement.
Correctif sur indication du juge
Selon l’article 139 ZPO, le tribunal peut demander au demandeur de remédier aux défauts de la motivation. Si le demandeur ne s’exécute pas, la demande s’expose à un rejet.
Motivation de la demande en appel et en cassation
En appel (§ 520 al. 3 ZPO) et en cassation, des exigences comparables s’appliquent à la motivation. Notamment, le mémoire d’appel doit énoncer de façon précise les griefs et leurs fondements factuels. Une motivation insuffisante entraîne également ici l’irrecevabilité du recours.
Conclusion
La motivation de la demande forme le cœur de toute action civile ou administrative et est indispensable à un examen judiciaire adéquat de la prétention invoquée. Elle garantit que le tribunal, tout comme la partie défenderesse, puissent comprendre et évaluer les points essentiels du litige tant en fait qu’en droit. Un exposé soigneusement élaboré et exhaustif minimise le risque de rejet de la demande et constitue une condition essentielle à la réussite procédurale.
Questions fréquemment posées
Quel est le délai applicable au dépôt de la motivation de la demande ?
En procédure civile, le Code de procédure civile (ZPO) prévoit en principe que la demande doit être introduite avec motivation (art. 253, al. 2, n° 2 ZPO). Si la demande est déposée sans motivation suffisante, le tribunal doit accorder au demandeur un délai complémentaire pour compléter ou produire la motivation. Dans la procédure écrite préalable, le tribunal fixe, conformément à l’article 276, al. 1 ZPO, un délai séparé dans lequel la demande doit être motivée ; ce délai est généralement de deux semaines, mais peut être prolongé ou réduit individuellement par ordonnance du tribunal. Si le délai pour la motivation n’est pas respecté, le demandeur encourt des conséquences telles qu’un jugement par défaut contre lui. Pour certaines catégories de procédure – comme en contentieux administratif – s’appliquent des délais particuliers définis par la loi sur la juridiction administrative (VwGO), telle que la nécessité de produire la motivation dans le mois suivant l’introduction de la demande (§ 82, al. 1 VwGO). Le respect des délais applicables est essentiel, car tout retard peut entraîner d’importants désavantages.
Quelles exigences de fond s’appliquent à la motivation de la demande ?
La motivation de la demande doit exposer les circonstances de fait fondant la prétention (appelé exposé des faits) ainsi qu’une analyse juridique suffisamment argumentée. Aux termes de l’article 253, al. 2, n° 2 ZPO, l’acte introductif doit indiquer la demande précise et les faits justifiant la prétention invoquée de façon détaillée. Il ne suffit pas d’invoquer de manière générale la base légale de la prétention ; tous les faits nécessaires à l’existence de la prétention (notamment la naissance du droit et de possibles moyens d’exclusion) doivent être exposés de manière cohérente et compréhensible. En outre, les moyens de preuve concernant les faits allégués doivent être mentionnés. La motivation doit permettre au tribunal de comprendre pour quelles raisons le demandeur estime avoir droit à la position juridique revendiquée et permettre au défendeur d’organiser sa défense.
Quelles sont les conséquences d’une motivation insuffisante ou tardive de la demande ?
Une motivation insuffisante peut entraîner le rejet de la demande pour défaut de fondement ou la considérer comme irrecevable si elle ne satisfait pas aux exigences formelles. Si le demandeur n’obtempère pas à une demande du juge de préciser ou de compléter la motivation dans le délai imparti, il s’expose, en procédure civile, aux conséquences de la défaillance selon l’art. 331 ZPO, pouvant conduire à un jugement par défaut. En contentieux administratif, le tribunal peut déduire du défaut de motivation une absence d’intérêt pour la protection juridictionnelle et rejeter la demande comme irrecevable. Dans des cas exceptionnels, le tribunal peut accorder des délais supplémentaires ou signaler les défauts, sans que cela ne constitue un droit. Si la motivation est produite tardivement, le demandeur s’expose en outre à la forclusion, c’est-à-dire que sa présentation tardive des faits ne sera plus prise en compte selon l’art. 296 ZPO si cela retarde la procédure.
La motivation de la demande doit-elle contenir ou indiquer des moyens de preuve spécifiques ?
Oui, il est en principe nécessaire d’exposer non seulement de façon circonstanciée les faits déterminants pour la décision de la demande, mais aussi de mentionner précisément les moyens de preuve proposés (§ 253, al. 2, n° 2 ZPO ; § 138 ZPO). Les moyens de preuve habituels sont les documents, témoignages, expertises ou inspections. La preuve doit être suffisamment précise pour que le tribunal et la partie adverse puissent identifier la personne ou le document auquel se rapporte la preuve. Un renvoi global aux moyens de preuve (« que toutes les preuves soient recueillies ») n’est pas autorisé. S’il apparaît par la suite d’autres moyens de preuve, leur production ultérieure n’est possible que dans des conditions procédurales strictes et peut être écartée en cas de retard si cela porte préjudice au déroulement de la procédure.
Dans quelle mesure la motivation de la demande doit-elle aborder les bases juridiques ?
La motivation de la demande devrait contenir les raisonnements juridiques pertinents, sans être obligée de procéder à une analyse juridique approfondie. Le tribunal n’est pas lié par les considérations juridiques des parties et vérifie lui-même si et sur quelle base légale il donne gain de cause (principe iura novit curia). Il est toutefois recommandé de développer également les fondements juridiques de la prétention de façon compréhensible, surtout dans les situations complexes ou litigieuses. Cela facilite la décision du tribunal et permet au défendeur d’organiser sa défense. Les fondements du droit invoqué, les moyens de défense et éventuelles exceptions doivent – autant que le demandeur le sait – être indiqués.
Quel rôle la motivation de la demande joue-t-elle dans la suite de la procédure ?
La motivation de la demande est la pierre angulaire de toute la suite du procès. Elle limite l’objet du litige et l’étendue de l’examen du tribunal. Toutes les présentations ultérieures et offres de preuve doivent, en principe, s’aligner sur l’exposé initial fourni dans la motivation. De nouveaux faits présentés dans les instances ultérieures ne sont admissibles selon l’article 529 ZPO que dans des conditions strictes. De plus, la motivation sert de base à la défense du défendeur. Des mesures telles que le jugement par défaut ou la décision sur la recevabilité et le bien-fondé reposent essentiellement sur son contenu. Le succès d’une demande dépend donc très souvent d’une motivation solide et conforme aux exigences procédurales.
La motivation de la demande peut-elle encore être modifiée ou complétée ultérieurement ?
Oui, en principe, la motivation de la demande peut être complétée, voire partiellement modifiée tant qu’aucune forclusion n’est intervenue et que le litige n’est pas en état d’être jugé. Les compléments ou corrections sont notamment possibles aux premiers stades du procès ; les limites sont fixées par les dispositions relatives à la présentation tardive des moyens (§ 296 ZPO). Toutefois, si l’objet du litige est changé ou considérablement élargi (par exemple par la présentation d’une nouvelle prétention), il s’agit alors d’une modification de la demande au sens de l’article 263 ZPO, qui est soumise à des conditions particulières de recevabilité. De simples précisions ou ajouts dans le cadre de la prétention initiale sont en revanche généralement admissibles. L’apport ultérieur d’arguments ou de moyens de preuve n’est lui aussi possible que dans les limites prévues par les dispositions générales sur la forclusion.