Lexique juridique

Mendicité

Définition et notion de la mendicité

La mendicité désigne la demande de dons en argent ou en nature auprès de tiers inconnus par des personnes qui invoquent un manque ou une situation de besoin, pour elles-mêmes ou pour des tiers. Juridiquement, le terme mendicité englobe aussi bien l’interpellation simple des passants dans la rue que des formes plus intensives, telles que la sollicitation dans des établissements de restauration ou sur des lieux d’événements publics. Il convient de distinguer la mendicité de la collecte de dons à des fins commerciales, de la collecte de fonds par des organisations d’utilité publique et des prestations artistiques (appelées « art de rue »).

Qualification juridique de la mendicité

Régime général de police administrative

En Allemagne, la mendicité est en principe autorisée et relève des libertés fondamentales, en particulier du droit à la liberté d’action consacré à l’article 2 alinéa 1 de la Loi fondamentale (GG). Cependant, les autorités publiques peuvent restreindre la mendicité au moyen de dispositions réglementaires, notamment pour maintenir la sécurité et l’ordre publics.

Limitations dans le cadre du droit de police

  • Règlements communaux : Dans de nombreuses villes allemandes, des arrêtés de police municipale ou règlements sont adoptés, restreignant la mendicité dans certaines zones (par exemple, dans les zones piétonnes, les gares, les centres-villes) de manière temporelle ou géographique. Parfois, la mendicité agressive ou organisée est même totalement interdite.
  • Interdiction de certaines formes : Sont souvent interdites la mendicité insistante, importune ou organisée en groupe (dites « bandes de mendiants »), ainsi que la mendicité impliquant des enfants ou des animaux.

Pertinence pénale de la mendicité

La mendicité, sous sa forme la plus simple, n’est pas pénalement répréhensible en Allemagne. Toutefois, divers éléments constitutifs d’infractions pénales peuvent être remplis dans le cadre d’actes de mendicité.

Infractions et délits liés à la mendicité

  • Contrainte (§ 240 du Code pénal) : Si une personne est importunée ou mise sous pression par le mendiant d’une manière pouvant être qualifiée de violence ou de menace (par exemple, par intimidation, rapprochement physique, blocage de passage), l’infraction de contrainte peut être constituée.
  • Escroquerie (§ 263 du Code pénal) : Quiconque, en mendiant, présente de fausses informations (fausses incapacités, situations d’urgence ou maladies simulées) pour obtenir des dons, peut se rendre coupable d’escroquerie.
  • Utilisation d’enfants (§ 171 du Code pénal) : Le recours systématique à des enfants pour la mendicité peut constituer une violation du devoir de soin et d’éducation.

Implication de tiers et formes organisées de mendicité

La mendicité organisée ou en bande, lorsqu’elle exploite des personnes, en particulier des mineurs, peut entraîner d’autres conséquences pénales. Il peut s’agir alors d’infractions telles que la traite des êtres humains, l’exploitation ou le travail forcé.

Droit de police et prévention des dangers

Le droit de police permet aux autorités d’ordonner, au cas par cas, des interdictions de séjour si le comportement des personnes mendiantes trouble la sécurité ou l’ordre publics. En cas de récidive, des amendes ou des placements en garde à vue de courte durée peuvent être prononcés.

Aspects sociaux de la mendicité

Dans le contexte du droit social, la mendicité est un indicateur d’une situation d’itinérance existante ou menaçante et de précarité sociale. Les personnes qui mendient régulièrement peuvent avoir droit à des prestations sociales (par exemple, le minimum social selon le Code social II ou XII). Les revenus issus de la mendicité doivent être déclarés comme recettes et seront éventuellement déduits des prestations sociales.

Mendicité dans un contexte international

Situation législative européenne

Au sein de l’Europe, la situation juridique concernant la mendicité varie d’un pays à l’autre. Alors que la mendicité simple est légale dans de nombreux pays, il existe dans de nombreuses villes et régions des interdictions ou des restrictions strictes, notamment en ce qui concerne la mendicité agressive ou organisée. La Cour européenne des droits de l’homme a souligné à plusieurs reprises qu’une interdiction totale et générale de la mendicité constitue une atteinte disproportionnée aux droits fondamentaux.

Réglementations dans certains États sélectionnés

  • Autriche : Des interdictions concernant la mendicité ont parfois été adoptées au niveau des Länder ou des villes ; en particulier, la mendicité organisée, celle impliquant des enfants et la sollicitation agressive sont interdites.
  • Suisse : La jurisprudence a partiellement annulé les interdictions générales lorsque celles-ci contreviennent aux droits de l’homme.
  • France : Il n’existe pas d’interdiction générale, mais il existe des restrictions pour la mendicité agressive et pour les formes qui troublent l’ordre public.

Distinction avec d’autres comportements

Ne relèvent pas juridiquement de la notion de mendicité :

  • Art de rue : Les prestations artistiques dans la rue suivies de dons volontaires sont traitées différemment au regard de la loi.
  • Collecte de dons pour des organisations : Des dispositions spécifiques s’appliquent ici, telles que le code du commerce ou la législation sur les dons.
  • Activité de vente : Proposer des marchandises contre paiement n’est pas de la mendicité, mais du commerce et peut nécessiter une autorisation.

Sanctions et conséquences juridiques en cas de non-respect de la réglementation

Les violations des dispositions légales, des règlements communaux ou des mesures de police et d’ordre peuvent entraîner des mesures administratives (par exemple un avertissement, une amende) ou des conséquences pénales (notamment en cas d’escroquerie, de contrainte ou d’abus d’enfants).

Évolutions et jurisprudence récentes

L’appréciation juridique de la mendicité est sujette à des évolutions importantes. Les tensions entre droits fondamentaux individuels et intérêt public à la sécurité conduisent régulièrement à des examens judiciaires des interdictions communales par les tribunaux administratifs. Les décisions de la Cour constitutionnelle fédérale et de la Cour européenne des droits de l’homme soulignent l’importance d’un minimum de liberté personnelle protégée par les droits fondamentaux.

Résumé

La mendicité est en principe autorisée par le droit allemand, mais est limitée dans certaines situations par des dispositions pénales et réglementaires. Les règlements communaux et les mesures policières déterminent la façon de gérer cette pratique au niveau local. La mendicité ne devient pénalement répréhensible qu’en présence de caractéristiques supplémentaires, telles que la tromperie, la contrainte ou l’exploitation organisée. D’un point de vue social, la présence de personnes mendiantes indique un besoin d’aide pouvant donner lieu à une évaluation du droit à des prestations d’aide publique. Au niveau européen, on constate des réglementations nationales différenciées, les considérations relatives aux droits fondamentaux occupant une place croissante.

Questions fréquemment posées

La mendicité est-elle généralement punissable en Allemagne ?

La mendicité n’est en principe pas punissable en Allemagne. Il n’existe aucune interdiction fédérale générale de la mendicité. La mendicité simple et non importune est généralement couverte par la liberté d’action générale prévue à l’art. 2 al. 1 de la Loi fondamentale (GG) et relève du libre développement de la personnalité. Cependant, les Länder ou les communes peuvent, par des dispositions réglementaires, instaurer certaines interdictions ou restrictions relatives à la mendicité, notamment dans les lieux particulièrement fréquentés, tels que les gares ou les zones piétonnes. Les violations de ces interdictions sont sanctionnées comme des infractions administratives, mais ne constituent pas automatiquement une infraction pénale. Certaines formes particulières de mendicité, telles que l’exploitation des enfants ou la mendicité organisée ou à but frauduleux, peuvent toutefois, sous certaines conditions, présenter une pertinence pénale, notamment comme escroquerie (§ 263 du Code pénal) ou exploitation (§ 233 du Code pénal).

Existe-t-il des dispositions spécifiques contre la mendicité agressive ou importune ?

La mendicité agressive ou importune est interdite dans de nombreuses communes par des dispositions réglementaires. On entend par « mendicité agressive » l’interpellation ciblée et insistante de passants, le harcèlement ou l’importunation. De tels comportements sont souvent réglementés dans les arrêtés locaux de police ou de prévention des dangers. Quiconque enfreint ces règles commet une infraction administrative pouvant être sanctionnée par une amende. Il n’existe cependant pas de définition ou de règlementation uniforme à l’échelle nationale ; la mise en œuvre et l’appréciation concrètes relèvent de l’autorité administrative compétente. Dans les cas les plus graves, une agression ou la création d’un état d’angoisse peut également constituer une contrainte au sens du § 240 du Code pénal.

Comment la mendicité organisée ou en bande est-elle évaluée juridiquement ?

La mendicité organisée ou en bande est considérée comme particulièrement problématique et est appréciée de façon nettement plus stricte que la simple mendicité. Lorsque plusieurs personnes s’organisent de manière planifiée et répartie pour exploiter d’autres personnes à des fins de mendicité – en particulier si des mineurs ou des personnes vulnérables sont concernées – cela peut constituer le délit de traite d’êtres humains à des fins d’exploitation de la mendicité (§ 233 du Code pénal) ou d’exploitation (§ 233a du Code pénal). La peine encourue est importante et peut aller jusqu’à dix ans d’emprisonnement. D’autres infractions, telles que l’escroquerie ou l’extorsion, peuvent également être constituées. La participation à une organisation de mendicité, en tant qu’organisateur ou bénéficiaire, est également poursuivie par la loi.

La mendicité avec des enfants est-elle permise ?

Non, la participation d’enfants à la mendicité est expressément interdite en Allemagne et considérée comme une infraction pénale dès lors qu’il existe une situation d’exploitation ou l’intention d’exploiter. Les enfants ne doivent pas être utilisés pour la mendicité, car cela sera vu comme une forme de traite à des fins d’exploitation (§ 233 du Code pénal) ou de mauvais traitements envers un enfant (§ 171 du Code pénal). Le service de protection des mineurs peut également intervenir pour protéger l’intérêt supérieur de l’enfant. Les autorités poursuivent ces cas avec la plus grande rigueur car la protection de l’enfant prime toujours.

Quels sont les droits des communes concernant l’interdiction de la mendicité ?

Les communes ont le droit, dans le cadre de la prévention locale des dangers, d’édicter des interdictions de mendicité. Cela s’effectue souvent sur la base des arrêtés municipaux de police ou de prévention des dangers. Toutefois, ces interdictions doivent toujours respecter le principe de proportionnalité et ne pas être appliquées de manière générale ou discriminatoire. Les dispositions doivent être spécifiquement justifiées (par exemple, pour prévenir des dangers dans certains lieux) et sont soumises au contrôle juridictionnel. En cas de litige, une interdiction de la mendicité peut être examinée par les juridictions administratives, celles-ci procédant à une mise en balance entre les droits fondamentaux des personnes concernées et l’intérêt général à la protection.

Quand la mendicité est-elle punissable comme escroquerie ?

La mendicité devient punissable comme escroquerie au sens de l’article 263 du Code pénal lorsque des faits mensongers sont délibérément avancés pour obtenir un avantage patrimonial. Cela concerne par exemple les cas où lors de la mendicité, il est sciemment simulé des situations d’urgence, de maladies ou de handicaps afin de susciter la compassion et d’obtenir des dons. Pour que l’infraction d’escroquerie soit caractérisée, il est indispensable qu’il y ait tromperie intentionnelle du donateur et création d’une erreur chez celui-ci. Une sollicitation honnête et conforme à la vérité ne constitue en revanche pas une escroquerie.

Les donateurs peuvent-ils être inquiétés pénalement s’ils donnent de l’argent à des mendiants ?

En principe, les donateurs ne se rendent pas coupables d’infraction en donnant de l’argent à un mendiant. Une exception existe lorsque l’on sait que la mendicité, dans un cas concret, est liée à un acte délictueux, par exemple l’utilisation d’enfants dans des conditions d’exploitation ou l’évidence d’un groupe organisé agissant sous la contrainte. Dans ce cas, ils pourraient éventuellement être poursuivis comme complices ou pour avoir soutenu une activité criminelle, mais en pratique, les poursuites contre les donateurs sont très rares, et il faudrait des preuves concrètes de leur connaissance et de leur intention.