Notion et définition du mariage forcé
Par mariage forcé on entend l’union d’une ou des deux personnes contre leur volonté libre, sous la pression sociale, psychique ou physique intense ou par une contrainte directe. Le mariage forcé se distingue clairement du mariage arrangé, dans lequel les personnes concernées disposent en dernier recours d’un droit de parole et d’un choix. Le mariage forcé est interdit par la loi comme infraction autonome dans de nombreux États, dont l’Allemagne, et constitue une violation grave du droit au libre consentement au mariage et de la dignité humaine.
Bases juridiques concernant le mariage forcé
Droit international
Droits humains fondamentaux
Le droit au libre mariage est protégé en droit international, notamment par la Déclaration universelle des droits de l’homme (art. 16 al. 2) ainsi que par la Convention européenne des droits de l’homme (art. 12). Ces deux textes disposent que le mariage ne peut être contracté que sur la base du consentement libre et plein des futurs époux.
Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes
La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) souligne le droit de chaque femme de choisir librement son conjoint et de ne contracter mariage qu’avec son plein et libre consentement.
Situation juridique en Allemagne
Dispositions pénales
§ 237 du Code pénal allemand – Mariage forcé
En Allemagne, le mariage forcé est puni par l’article 237 du Code pénal (StGB). Quiconque contraint une autre personne à se marier ou à maintenir une union matrimoniale par la violence ou la menace d’un mal grave se rend coupable d’une infraction. La disposition vise aussi bien la contrainte au mariage que le maintien d’un mariage contre la volonté de l’un des époux.
Éléments constitutifs de l’infraction et actes punissables
- Auteurs potentiels : Toute personne physique peut être auteure ; il s’agit typiquement de membres de la famille exerçant une pression.
- Acte incriminé : Violence, menace d’un mal grave ou toute autre contrainte illicite.
- Victime : Peut être toute personne en âge de se marier, quel que soit son sexe ou son appartenance religieuse.
Peine et conséquences juridiques
Le mariage forcé est puni d’une peine d’emprisonnement de six mois à cinq ans. En cas de moindre gravité, la peine est de trois mois à trois ans de prison. L’infraction est particulièrement grave lorsque la victime est mineure ou se trouve dans une situation de grande vulnérabilité.
Aspects civils
Nullité et contestation du mariage
Un mariage contracté sous la contrainte peut être contesté conformément à l’article 1314 al. 2 n°4 du Code civil allemand (BGB). Le délai de contestation est d’un an à compter de la fin de la contrainte. La contestation entraîne la dissolution rétroactive du mariage.
Époux mineurs
Conformément à l’article 1303 BGB, le mariage n’est en principe autorisé qu’à partir de 18 ans révolus. Les mariages avec des mineurs sont nuls conformément à l’article 1314 al. 1 BGB.
Dispositions sur le droit de séjour
En matière de séjour, un mariage forcé peut avoir des conséquences sur le statut de résidence, notamment en lien avec le regroupement familial selon l’article 30 de la loi sur le séjour (AufenthG). Si le mariage est annulé pour cause de contrainte, cela peut être pertinent pour le droit au séjour du conjoint.
Mariage forcé dans le contexte de la protection des victimes
Droits des victimes et offres de soutien
Les personnes concernées par un mariage forcé ont droit à une protection et à de l’aide. Il existe des programmes d’intervention spécifiques, des refuges et des services de conseil. Dans les cas graves, une nouvelle identité ou un nouveau lieu de résidence peut également être attribué.
Indemnisation des victimes
Si un mariage forcé cause un préjudice grave à l’intégrité physique, à la vie ou à la liberté de la victime, des droits à indemnisation peuvent exister selon la loi sur l’indemnisation des victimes (OEG).
Mariage forcé en comparaison internationale
États européens
La plupart des États européens qualifient le mariage forcé d’infraction pénale. Ainsi existent en Autriche (§ 106a StGB), en Suisse (art. 181a StGB) et en France des dispositions pénales spécifiques contre le mariage forcé.
Intégration dans les systèmes juridiques étrangers
Dans de nombreux États hors d’Europe, il existe des réglementations spécifiques contre le mariage forcé, souvent en lien avec la protection de l’enfance. Dans les sociétés fortement traditionnelles, l’application des lois est cependant souvent difficile. De nombreuses initiatives internationales œuvrent à la protection conséquente des personnes concernées.
Le mariage forcé en tant qu’atteinte aux droits fondamentaux
Droit à la personnalité et dignité humaine
Le mariage forcé constitue une atteinte au droit général de la personnalité ainsi qu’à la dignité humaine (art. 1 GG). Ceci inclut tant le libre développement de la personnalité (art. 2 GG) que le libre choix du conjoint.
Conséquences juridiques pour la personne concernée
Outre la possibilité de contester le mariage, une protection civile et pénale peut également être sollicitée. Des règles particulières s’appliquent pour les mineurs et les victimes particulièrement vulnérables.
Prévention et mesures étatiques
Initiatives législatives
Le législateur adopte de plus en plus de mesures au niveau fédéral et des Länder pour prévenir et informer afin d’éviter les mariages forcés. Cela inclut des campagnes d’information et des programmes d’aide pour les personnes menacées.
Poursuite pénale et coopération internationale
La coopération policière et judiciaire au sein de l’Union européenne et au-delà est continuellement renforcée afin de lutter efficacement contre les mariages forcés transfrontaliers.
Littérature et liens web
Pour approfondir, il est recommandé de consulter la littérature spécialisée ainsi que les sites internet d’institutions telles que le Ministère fédéral de la Famille, des Seniors, des Femmes et de la Jeunesse, les centres d’aide aux victimes et les organisations internationales (par ex. UN Women, Terre des Femmes).
Remarque : Les règles juridiques peuvent varier selon le pays et l’époque. La législation en vigueur au moment concerné fait foi.
Questions fréquemment posées
Quelles sont les conséquences juridiques d’un mariage forcé en Allemagne ?
Le mariage forcé est sanctionné en Allemagne conformément à l’article 237 du Code pénal allemand (StGB). Quiconque contraint autrui par violence ou menace d’un mal grave à se marier se rend coupable et encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement (minimum six mois). Même la tentative est punissable. Peu importe que le mariage ait effectivement été consommé ou non – la tentative de contraindre une personne à épouser quelqu’un suffit à constituer l’infraction. Outre les conséquences pénales, le mariage forcé peut aussi avoir des conséquences civiles : l’union peut être annulée par le tribunal de la famille en vertu de l’article 1314 BGB en raison de l’illicéité ou de la menace. La victime d’un mariage forcé a donc le droit de demander l’annulation du mariage devant le juge aux affaires familiales. Dans la procédure pénale, les victimes bénéficient également de droits tels que la constitution de partie civile, l’assistance d’un avocat ou l’accompagnement psychosocial.
Les victimes d’un mariage forcé peuvent-elles faire annuler le mariage ?
Oui, les victimes d’un mariage forcé peuvent, conformément à l’article 1314 al. 2 n°4 BGB, déposer une demande d’annulation du mariage devant le tribunal aux affaires familiales, si elles ont été amenées à contracter un mariage illégalement par menace. La menace doit être d’une gravité telle qu’elle a supprimé la volonté libre de la victime. La demande est soumise à un délai : elle doit être introduite dans l’année qui suit la fin de la contrainte. Passé ce délai, les possibilités de faire annuler le mariage pour cause de contrainte ne sont plus que très limitées. Pendant la procédure, le tribunal peut également prononcer des mesures de protection de la victime, telles que des ordonnances de protection.
Quels moyens de preuve sont recevables dans une procédure relative à un mariage forcé ?
Devant le tribunal, tous les moyens de preuve pouvant aider à établir les faits sont recevables. Cela inclut l’audition personnelle des époux, les témoignages (par ex. famille, amis, services de conseil), des communications écrites telles que lettres, e-mails, conversations de chat ou enregistrements audio, certificats médicaux en cas de blessures ainsi que les procès-verbaux de police ou d’autorités. En principe, il appartient au tribunal d’apprécier la crédibilité et la pertinence des preuves. Un accompagnement psychosocial de la victime peut aussi contribuer à étayer sa déclaration. La victime n’est pas obligée de s’auto-incriminer et la réglementation sur la protection des données doit être respectée.
Quelles protections spécifiques existent pour les personnes concernées dans les procédures civiles et pénales ?
Les personnes concernées par un mariage forcé disposent dans les procédures civiles et pénales de droits étendus à la protection. Il est possible de solliciter une ordonnance de protection conformément à la Loi sur la protection contre la violence (GewSchG) : le tribunal peut par exemple prononcer l’expulsion de l’auteur du domicile, l’interdiction de contact ou d’approche. De plus, la victime peut, en particulier dans la procédure pénale, demander l’assistance d’un avocat, la constitution de partie civile et un accompagnement psychosocial. Il existe également la possibilité de préserver l’anonymat ou d’exclure partiellement ou totalement le public lors des auditions de témoins. Les victimes mineures bénéficient d’une protection spéciale de la part des services de la jeunesse, qui peuvent intervenir en tant que représentant durant la procédure. En cas de danger imminent, la police et les services sociaux appliquent des mesures d’urgence.
Les mariages forcés peuvent-ils être poursuivis pénalement à l’étranger ?
En principe, les actes commis à l’étranger peuvent aussi être poursuivis en Allemagne au titre de l’article 7 al. 2 n°1 StGB, si la victime est allemande ou réside légalement en Allemagne et que l’acte est également sanctionné dans le pays où il s’est produit. Cela signifie qu’un mariage forcé célébré à l’étranger peut, sous certaines conditions, être aussi poursuivi pénalement en Allemagne. Par ailleurs, un mariage contracté à l’étranger sous la contrainte n’est pas reconnu en droit allemand s’il est contraire aux valeurs fondamentales constitutionnelles ou incompatible avec l’ordre public allemand (§ 11 FamFG, art. 6 EGBGB). Les victimes peuvent également s’adresser aux représentations allemandes à l’étranger, qui proposent leur aide.
Quels droits ont les victimes mineures ?
Les mineurs bénéficient d’une protection particulière. Le mariage de personnes de moins de 18 ans est en principe interdit par l’article 1303 BGB en Allemagne. Si, néanmoins, un mariage a été contracté à l’étranger impliquant un mineur résidant en Allemagne, ce mariage n’est généralement pas reconnu en Allemagne et peut être annulé (§ 1314 al. 1 BGB). Les services de la jeunesse et le tribunal de la famille peuvent ordonner des mesures de protection. Les victimes mineures ont droit à l’aide à l’éducation selon le SGB VIII et à être hébergées dans un lieu protégé. Dans la procédure pénale, des mesures spéciales comme l’audition vidéo ou la désignation d’un représentant ad hoc peuvent être prises.
Existe-t-il un accompagnement et des conseils juridiques pour les victimes d’un mariage forcé ?
En Allemagne, il existe un réseau très dense d’offres de conseil et d’accompagnement, publiques et privées. Les victimes peuvent s’adresser en toute confiance aux services de la jeunesse, au numéro d’urgence « Violence contre les femmes », aux foyers pour femmes, aux services spécialisés ou aux avocats. Pour l’aide juridique et la représentation en justice, elles ont droit à l’aide juridictionnelle et à l’aide aux frais de justice, sous condition de ressources. Il existe aussi des programmes spécifiques offrant un soutien juridique et psychosocial, en particulier pour les personnes d’origine migrante. L’Office fédéral pour la migration et les réfugiés (BAMF) fournit également des informations et du soutien.