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Marché intérieur européen

Notion et fondements juridiques du marché intérieur européen

Der marché intérieur européen constitue le cœur du processus d’intégration économique de l’Union européenne (UE). En tant qu’espace économique unifié, il repose sur les libertés fondamentales du droit de l’Union et est régi par un ensemble complexe de normes de droit primaire et secondaire. L’objectif du marché intérieur, tel que défini à l’article 26, paragraphe 2 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), est de créer un espace sans frontières intérieures, dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est garantie.


Historique et développement du marché intérieur européen

Origines et étapes de développement

Les origines du marché intérieur remontent aux traités de Rome de 1957. Avec la fondation de la Communauté économique européenne (CEE), l’objectif d’un marché commun a été défini dans le traité CEE. L’impulsion décisive pour l’intégration du marché intérieur a été donnée par l’Acte unique européen de 1986 et le Livre blanc de la Commission de 1985.

Achèvement et étapes clés

Avec l’entrée en vigueur du traité de Maastricht en 1993, le marché intérieur a été officiellement achevé. Depuis lors, la base juridique du marché intérieur a été continuellement précisée et développée par d’autres modifications du droit primaire et un abondant droit secondaire (directives, règlements).


Libertés fondamentales en tant qu’éléments centraux du marché intérieur

Les quatre libertés fondamentales constituent le principe d’ordre central du marché intérieur européen :

Liberté de circulation des marchandises (art. 28-37 TFUE)

La liberté de circulation des marchandises interdit les restrictions quantitatives et les mesures d’effet équivalent (par exemple interdictions et contingents à l’importation et à l’exportation) entre les États membres. Le principe de non-discrimination et celui de reconnaissance mutuelle déterminent l’application du droit. Des exceptions, notamment pour des raisons de protection de la santé, se trouvent à l’article 36 TFUE.

Liberté de circulation des personnes (liberté de circulation des travailleurs et liberté d’établissement, art. 45-55 TFUE)

La liberté de circulation des travailleurs garantit aux ressortissants d’un État membre le droit d’accéder librement à un emploi dans les autres États membres dans les mêmes conditions que les nationaux. La liberté d’établissement comprend le droit de prendre et d’exercer une activité indépendante ainsi que de créer et diriger des entreprises.

Liberté de prestation de services (art. 56-62 TFUE)

Les prestataires peuvent fournir leurs services au-delà des frontières sans devoir être établis dans un autre État membre. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a interprété et élargi la liberté de prestation de services dans de nombreuses décisions.

Liberté de circulation des capitaux (art. 63-66 TFUE)

La liberté de circulation des capitaux garantit la libre circulation transfrontalière des capitaux et des paiements, notamment pour les investissements et la circulation des valeurs mobilières. Elle inclut également les mouvements de capitaux avec des pays tiers, mais elle est soumise à certaines possibilités de restrictions.


Cadre juridique et instruments

Normes de droit primaire

La fondation juridique du marché intérieur repose principalement sur les traités sur l’Union européenne (TUE) et sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Ces normes fondamentales sont complétées par la Charte européenne des droits fondamentaux, en particulier en ce qui concerne l’interdiction de discrimination.

Réglementations de droit secondaire

Des directives et règlements, comme la directive sur les services 2006/123/CE ou le règlement (UE) n° 952/2013 (code des douanes de l’Union), servent à l’unification et à l’harmonisation de certains secteurs du marché. On distingue la pleine harmonisation et l’harmonisation minimale.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) en tant que juridiction

L’interprétation des dispositions du marché intérieur et le développement du principe d’interdiction de la discrimination et des restrictions ont été largement façonnés par la CJUE dans de nombreux arrêts de principe (notamment la formule „Dassonville”, l’arrêt „Cassis de Dijon”).


Exceptions et limites des libertés du marché intérieur

Motifs de justification reconnus

Les restrictions aux libertés fondamentales ne sont admissibles que dans des conditions strictes, si elles peuvent être justifiées par des raisons impérieuses d’intérêt général ou par les exceptions expressément mentionnées dans les traités (par exemple sécurité publique, santé, ordre public).

Exigences et proportionnalité

Toute mesure nationale qui constitue une dérogation aux libertés du marché intérieur est soumise au principe de proportionnalité et doit être strictement limitée à ce qui est nécessaire dans son application.


Bases institutionnelles et administratives

Compétences et application

L’application des dispositions du marché intérieur est assurée d’une part par les États membres eux-mêmes, d’autre part la Commission européenne surveille l’application uniforme du droit du marché intérieur (procédure d’infraction selon art. 258 et suivants TFUE). La CJUE tranche en cas de litige.

Gouvernance et surveillance du marché intérieur

Le système d’information du marché intérieur (IMI) et la plateforme SOLVIT soutiennent de manière coordonnée l’échange d’informations et la résolution des problèmes.


Relations commerciales et effets extérieurs

Le marché intérieur et les pays tiers

Le marché intérieur est en principe limité aux États membres. Cependant, grâce à des accords d’association avec, par exemple, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein (accord EEE) ainsi qu’avec la Suisse, il existe de nombreuses relations contractuelles avec des États non membres de l’UE, fondées sur des règles de marché communes.

Effets sur le droit national

Les libertés du marché intérieur priment sur le droit national. Le droit de l’Union a un effet direct. Les dispositions nationales qui s’opposent aux libertés fondamentales doivent être écartées.


Résumé : Importance du marché intérieur européen en droit

Le marché intérieur européen incarne un degré avancé d’intégration de l’espace juridique européen. Son objectif est une union économique et juridique durable des États membres dans le respect des quatre libertés. Ses règles façonnent la vie économique quotidienne et ont un impact significatif sur les entreprises, les autorités et les particuliers. Les fondements juridiques résultent d’un processus dynamique de législation et de jurisprudence, le principe de non-discrimination et le minimum de restriction restant toujours directeurs.

Questions fréquemment posées

Comment la liberté de circulation des marchandises est-elle garantie juridiquement au sein du marché intérieur européen ?

La liberté de circulation des marchandises est l’une des quatre libertés fondamentales du marché intérieur européen et est principalement régie par les articles 28 à 37 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Juridiquement, l’article 30 du TFUE interdit les droits de douane ainsi que les taxes d’effet équivalent entre les États membres. De plus, l’article 34 TFUE interdit les restrictions quantitatives à l’importation et les mesures d’effet équivalent, ce qui inclut toutes les réglementations nationales susceptibles de gêner, directement ou indirectement, en fait ou potentiellement, le commerce intracommunautaire. La Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a interprété cette interdiction de manière large, de sorte que non seulement les mesures expressément discriminatoires sont interdites, mais aussi celles qui ont un effet équivalent, même lorsqu’elles s’appliquent indifféremment aux produits nationaux et étrangers. Les exceptions ne sont admises que dans certaines conditions et sur la base de l’article 36 TFUE, par exemple pour la protection de la santé et de la vie des personnes, des animaux ou des végétaux, ces exceptions devant être interprétées de manière stricte et appliquées de façon proportionnée.

Quelle est l’importance de la liberté d’établissement pour les entreprises au sein du marché intérieur ?

La liberté d’établissement est garantie par les articles 49 à 55 TFUE et constitue une base juridique centrale pour les entreprises souhaitant transférer leur siège ou leur administration centrale dans un autre État membre ou y créer des filiales et succursales. Elle protège non seulement les personnes physiques mais aussi les personnes morales constituées selon la législation d’un État membre. La liberté d’établissement comprend le droit de prendre et d’exercer une activité indépendante dans les mêmes conditions que celles accordées aux ressortissants. Les restrictions par des réglementations nationales qui entravent ou rendent moins attrayante l’exercice de la liberté d’établissement sont en principe interdites, sauf si elles sont justifiées par des raisons impérieuses d’intérêt général et sont proportionnées.

Comment le trafic de services est-il traité juridiquement dans le marché intérieur européen ?

La liberté de prestation de services est régie par les articles 56 à 62 TFUE et interdit les restrictions à la libre circulation des services au sein des États membres. Elle concerne les prestations transfrontalières impliquant que le prestataire et le bénéficiaire de la prestation se trouvent dans des États membres différents ou se déplacent au moins à cette fin. Les réglementations nationales qui entravent l’exécution ou la réception de tels services sont interdites, à moins qu’elles ne soient justifiées par des raisons impérieuses d’intérêt général et appliquées de manière proportionnée. C’est notamment le cas en matière de protection des consommateurs, de santé ou de sécurité publique. Le principe de reconnaissance mutuelle joue un rôle central : si un prestataire est autorisé selon la législation de son État d’origine, l’État d’accueil ne peut en principe pas imposer d’exigences supplémentaires.

Quelles sont les limites juridiques à la liberté de circulation des capitaux dans le marché intérieur européen ?

La liberté de circulation des capitaux est régie par les articles 63 à 66 TFUE et interdit toute restriction des mouvements de capitaux et de paiements tant entre les États membres qu’avec les pays tiers. Elle couvre aussi bien les investissements directs, tels que les participations dans des entreprises et l’acquisition de biens immobiliers, que les opérations sur valeurs mobilières, les crédits et autres transferts financiers. Cependant, l’article 65 TFUE prévoit des exceptions spécifiques, notamment pour lutter contre la fraude fiscale ou contrôler les mouvements de capitaux pour des raisons d’ordre ou de sécurité publics. Toute restriction doit néanmoins rester proportionnée et ne pas aller au-delà de ce qui est nécessaire pour atteindre l’objectif légitime poursuivi. Le droit de l’Union et la jurisprudence de la CJUE limitent également la possibilité de mesures nationales, notamment en ce qui concerne la discrimination arbitraire et les dispositions de contournement.

Quel est le fondement juridique de l’interdiction de discrimination dans le cadre du marché intérieur européen ?

L’interdiction de discrimination est un principe fondamental du marché intérieur et découle de plusieurs dispositions du TFUE, en particulier l’article 18 TFUE, mais aussi de dispositions propres à chaque liberté fondamentale. Dans le contexte des libertés fondamentales, l’interdiction de discrimination proscrit tout traitement différencié des citoyens de l’Union ou des entreprises d’autres États membres par rapport aux nationaux, en l’absence de justification objective. Les discriminations peuvent être à la fois directes, par une inégalité de traitement explicite, et indirectes, par des désavantages de fait. Dans certains cas, un traitement différencié est admissible, par exemple pour des raisons impérieuses d’intérêt général, à condition qu’une évaluation de proportionnalité soit effectuée et que les mesures soient appropriées et nécessaires à l’objectif poursuivi.

Comment s’articule la relation entre le droit national et le droit de l’Union en ce qui concerne les règles du marché intérieur ?

S’agissant des règles du marché intérieur, le principe de primauté du droit de l’Union sur le droit national s’applique. Cela signifie que les dispositions nationales incompatibles avec les règles et objectifs du marché intérieur doivent être écartées. Cela a été clarifié par la jurisprudence de la CJUE, notamment dans l’affaire «Costa/ENEL» (1964). Le droit de l’Union produit des effets directs (dispositions directement applicables comme les règlements ou des prescriptions claires des traités) ou via des obligations de transposition (directives). Les juridictions nationales sont tenues d’interpréter le droit national à la lumière des dispositions européennes et, au besoin, de ne pas appliquer les règles nationales incompatibles afin de garantir la primauté et l’effectivité du droit de l’Union.

Quel rôle la reconnaissance mutuelle joue-t-elle dans le marché intérieur européen d’un point de vue juridique ?

Le principe de reconnaissance mutuelle est un pilier du marché intérieur : il implique que les produits et services qui sont légalement fabriqués ou proposés dans un État membre peuvent en principe être mis sur le marché de tous les autres États membres sans qu’il soit possible d’imposer des exigences nationales supplémentaires. Ce principe trouve notamment son fondement dans l’arrêt «Cassis de Dijon» (CJUE, 1979) et est depuis renforcé par le droit secondaire de l’Union. Des exceptions ne sont possibles qu’en cas de raisons impérieuses d’intérêt général, comme la santé, l’environnement ou la protection des consommateurs, à condition que les mesures prises soient appropriées et proportionnées. La reconnaissance mutuelle favorise ainsi la sécurité juridique et l’intégration du marché en supprimant la double régulation et les obstacles au commerce.