Définition et cadre juridique du terme « maison de retraite »
Une maison de retraite est un établissement résidentiel destiné principalement à l’hébergement, à la prise en charge et à l’accompagnement des personnes âgées qui, en raison de limitations liées à l’âge, ne peuvent plus tenir leur propre ménage ni être prises en charge de manière adéquate par d’autres moyens. Les maisons de retraite constituent un pilier central de l’infrastructure sociale et sont soumises en Allemagne à de nombreuses lois et normes destinées à garantir aussi bien le fonctionnement que la qualité de l’accompagnement et les droits des résidents.
Distinction : maison de retraite, maison de soins et résidence seniors
D’un point de vue juridique, la maison de retraite se distingue d’autres établissements tels que les maisons de soins ou les résidences seniors surtout par la nature et l’intensité des prestations d’accompagnement et de soins proposées. Alors que la maison de retraite est avant tout axée sur un logement encadré et un accompagnement général, les maisons de soins offrent une prise en charge médicale et des soins étendus. Les résidences seniors, quant à elles, se définissent principalement comme une forme d’habitat haut de gamme pour seniors avec des services élargis. La qualification juridique a notamment un impact sur les exigences en matière d’autorisation et d’homologation.
Bases légales pour l’exploitation des maisons de retraite
Législation sur les maisons de retraite et lois régionales
L’exploitation d’une maison de retraite en Allemagne relève des prescriptions de la loi sur les maisons de retraite (HeimG) ou des lois adoptées par la suite dans chaque Land, la surveillance des établissements ayant été transférée aux Länder suite à la réforme fédérale. Ces lois définissent des exigences minimales concernant l’hébergement, l’accompagnement, l’assurance qualité ainsi que l’équipement économique et en personnel de la structure.
Objectif des lois sur les maisons de retraite
Le but des lois sur les maisons de retraite est la protection des résidents contre les dangers pour la vie, la santé et le bien-être ainsi que contre l’exploitation économique. Elles fixent notamment des exigences concernant :
- l’équipement des bâtiments
- la dotation en personnel
- le standard d’accompagnement
- Droits de codécision des résidents
Surveillance des établissements et procédure d’autorisation
Le contrôle du respect des prescriptions incombe à l’autorité de tutelle compétente du Land concerné. L’exploitation d’une maison de retraite nécessite en règle générale une autorisation, pour laquelle il faut généralement présenter un projet d’établissement ainsi que des locaux appropriés et du personnel qualifié.
Aspects contractuels du droit des maisons de retraite
Contrat de séjour
Un contrat dit de séjour est conclu entre l’exploitant de la maison de retraite et le résident, il constitue la base des relations juridiques. Ce contrat est soumis aux dispositions du Code civil allemand (BGB), en particulier aux §§ 820 sqq. BGB, ainsi qu’aux prescriptions additionnelles de la loi régionale sur les maisons de retraite applicable.
Contenu et formes du contrat de séjour
Le contrat de séjour règle notamment :
- La nature, l’étendue et la qualité des prestations d’hébergement et d’accompagnement proposées
- Montant et structure de la rémunération
- Droits et délais de résiliation
- Responsabilité et limitations de responsabilité
- Obligations d’information et de participation
Une obligation d’information complète de l’exploitant avant la conclusion du contrat de séjour est légalement prescrite afin d’assurer la transparence pour les résidents.
Protection du consommateur et résiliation
Les dispositions en matière de protection du consommateur occupent une place importante dans le droit des maisons de retraite. Ainsi, les clauses contractuelles font l’objet d’un contrôle de contenu selon le Code civil allemand ; les clauses désavantageuses pour le consommateur peuvent être déclarées nulles.
La résiliation du contrat de séjour n’est possible que sous des conditions strictes. En particulier, la résiliation par la maison de retraite suppose généralement une faute grave du résident ou une continuation du contrat qui n’est plus raisonnablement exigible (§ 12 al. 1 WBVG).
Exigences relatives à l’exploitation et au personnel
Exigences minimales relatives au personnel et aux locaux
Les maisons de retraite sont soumises à des exigences minimales concernant la dotation en personnel et la qualification du personnel employé. Des normes minimales de construction relatives à l’accessibilité, à la sécurité incendie et au confort d’habitation sont également prévues.
Contrôle de qualité et obligations de documentation
Le respect régulier des exigences de qualité en matière de bâtiment, de personnel et d’organisation est vérifié par les autorités de tutelle et, le cas échéant, par le service médical (en cas de résidents nécessitant des soins). Les exploitants sont tenus de documenter soigneusement les prestations fournies et les incidents.
Droits et obligations des résidents
Protection et participation des résidents
Les droits des résidents couvrent de larges droits de protection et de participation, par exemple :
- Droit au respect de la vie privée et de l’intimité
- Droit au libre choix du médecin
- Droit de plainte en cas de dysfonctionnements (représentation des résidents, conseil de maison)
- Droits à l’information et à la participation à toutes les décisions qui concernent directement leurs conditions de vie
Protection des données et secret professionnel
Des normes spécifiques en matière de protection des données régissent la collecte, le stockage et la transmission des données personnelles. Les exploitants ont l’obligation d’observer le secret professionnel et de s’assurer que les données des résidents ne sont traitées que dans le cadre des prescriptions légales.
Financement et questions de coûts
Rémunération et financement public
Les frais d’hébergement et de prise en charge dans une maison de retraite se composent régulièrement des coûts d’hébergement, de restauration et de prise en charge. Si une dépendance est reconnue au sens du SGB XI, les caisses de soins participent en principe aux frais en fonction du niveau de dépendance reconnu.
Pour les résidents sans ressources propres ou avec des moyens insuffisants, l’aide sociale selon le SGB XII peut intervenir, prenant en charge tout ou partie des frais de séjour.
Part personnelle et transparence contractuelle
Les résidents sont généralement tenus d’assumer une part personnelle dans les frais. Les contrats de séjour doivent expliquer de manière transparente et compréhensible la composition et le montant des frais afin d’éviter les pièges financiers.
Particularités : responsabilité, tutelle et réclamations
Questions de responsabilité
L’exploitant d’une maison de retraite est responsable des dommages résultant d’une violation des devoirs légaux ou contractuels de diligence. En cas de préjudice, les résidents peuvent avoir droit à une indemnisation.
Surveillance des établissements et gestion des réclamations
L’autorité de tutelle reçoit les signalements de dysfonctionnements et est habilitée à ordonner des mesures pour remédier aux déficiences constatées dans l’établissement. Les résidents ont le droit de s’adresser à l’autorité de tutelle ou au conseil de maison en cas de réclamation.
Résumé
La maison de retraite constitue un établissement central de l’aide aux personnes âgées. Son exploitation et la relation juridique qui lie résidents et exploitants sont régies par un réseau dense de lois et de prescriptions subordonnées. Ces dispositions visent notamment la protection des résidents, l’assurance qualité des prestations ainsi que la transparence et la traçabilité des relations contractuelles. Une connaissance précise des prescriptions légales applicables dans chaque Land ainsi que des modalités du contrat de séjour est essentielle aussi bien pour les exploitants que pour les résidents.
Questions fréquemment posées
Qui prend en charge les frais d’un séjour en maison de retraite ?
Les frais d’un séjour en maison de retraite comprennent en principe les frais de soins, d’hébergement, de restauration et d’investissement. D’un point de vue légal, ce sont d’abord les résidents qui doivent assumer ces coûts, dans la mesure où leurs revenus et leur patrimoine le permettent. Si les ressources propres sont insuffisantes, les membres de la famille astreints à soutien – en général les enfants – peuvent être tenus de contribuer au paiement (ce qu’on appelle la pension alimentaire envers les parents, § 1601 sqq. BGB). Ce n’est qu’une fois le patrimoine de la personne concernée et celui des obligés à soutien épuisés qu’une demande d’« aide à la prise en charge » peut être adressée au service social conformément au douzième livre du Code social (SGB XII). L’assurance dépendance prend en charge, selon le degré de dépendance, une part fixe des frais de soins (§§ 42 sqq. SGB XI), tandis que les autres frais (hébergement et restauration) doivent être financés soit sur fonds privés, soit par l’aide sociale.
Quelles dispositions contractuelles s’appliquent lors de l’entrée en maison de retraite ?
Avant l’emménagement, un contrat de séjour est conclu entre le futur résident et l’exploitant de la maison, qui constitue le cadre juridique. Les bases légales se trouvent dans la loi sur les contrats d’hébergement et d’accompagnement (WBVG). Ce contrat doit notamment mentionner les prestations, les tarifs, les délais de résiliation ainsi que les droits et obligations des deux parties. Il est particulièrement important que le contrat soit rédigé de façon transparente et que tous les postes de frais y figurent clairement. Des modifications des prestations ou des prix ne sont possibles que sous certaines conditions légales et, souvent, accompagnées de droits d’information et d’opposition au profit du résident. Les infractions aux prescriptions légales, telles que des clauses abusives ou des désavantages injustifiés, peuvent entraîner l’invalidité de certaines parties du contrat.
Quand et comment le contrat de séjour peut-il être résilié ?
Le résident peut résilier le contrat de séjour à tout moment, sans délai de préavis (§ 11 WBVG). La maison de retraite ne peut, en revanche, le résilier que pour un motif grave, par exemple en cas de manquement grave du résident ou pour des raisons économiques si l’établissement doit fermer. En cas de décès du résident, le contrat prend automatiquement fin, sauf s’il subsiste des obligations annexes (par exemple le libérage de la chambre), auxquelles cas il peut subsister formellement au-delà du décès. Si l’état de santé du résident se dégrade, celui-ci peut également résilier à court terme – sans préavis – si la prise en charge dans l’établissement ne peut plus être assurée.
Quels droits de participation ont les résidents ?
Juridiquement, les résidents bénéficient d’un ensemble de droits de participation, notamment grâce à la loi sur les maisons de retraite et à la législation régionale correspondante. Il s’agit notamment du droit à la mise en place et à la participation à un conseil de maison, qui doit être consulté pour les questions essentielles comme l’organisation de la vie quotidienne, les modifications du règlement intérieur, les ajustements tarifaires ou l’organisation de la prise en charge (§ 10 WBVG, lois régionales applicables). Les souhaits personnels des résidents en termes de mode de vie doivent être pris en compte, sauf raison impérieuse. De plus, les normes de protection et le droit de réclamation sont prévus par la loi.
Existe-t-il un droit à une chambre individuelle et quelle est la liberté contractuelle ?
Il n’existe pas de droit légal à une chambre individuelle. L’équipement et l’offre de chambres individuelles ou doubles dépendent de la conception de l’établissement concerné et de l’accord contractuel conclu. Toutefois, l’exploitant a l’obligation d’indiquer clairement dans le contrat de séjour la forme d’hébergement convenue. Toute relocalisation à l’intérieur de l’établissement est soumise à des exigences strictes de transparence, de participation et de consentement, afin de garantir la liberté contractuelle et les droits de la personnalité du résident.
Quelles sont les conditions juridiques applicables aux mesures privatives de liberté en maison de retraite ?
Les mesures privatives de liberté – telles que les barrières de lit, les ceintures ou le verrouillage des chambres – portent gravement atteinte aux droits fondamentaux du résident et ne sont donc autorisées qu’à des conditions légales strictes (§§ 1906, 1906a BGB). Elles ne peuvent être ordonnées qu’en présence d’un danger imminent pour l’intégrité physique ou la vie du résident ou d’autrui, lorsqu’aucune alternative moins restrictive n’est disponible. Leur mise en œuvre nécessite normalement une autorisation du tribunal des tutelles compétent, sauf consentement exprès du résident (en cas de pleine capacité juridique). Les exploitants et le personnel soignant sont tenus d’examiner et de documenter la proportionnalité de ces mesures.
Comment s’exercent la surveillance et le contrôle juridiques des maisons de retraite ?
Les maisons de retraite sont soumises à la surveillance régulière des autorités compétentes de chaque Land (autorités de tutelle). Le fondement juridique en la matière est constitué de la loi régionale applicable, en relation avec la loi sur les maisons de retraite et d’autres prescriptions, telles que celles du WBVG. L’autorité de tutelle vérifie notamment le respect des normes de qualité, la dotation en personnel, les exigences de construction, la gestion des plaintes et la protection des données. Elle constitue également un point de contact pour les plaintes des résidents ou de leurs proches et dispose de pouvoirs de contrôle et d’intervention étendus, pouvant aller jusqu’à l’interdiction d’exercer.