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Lutte contre la criminalité

Notion et définition : Lutte contre la criminalité

La lutte contre la criminalité désigne l’ensemble des mesures, stratégies et instruments mis en œuvre par les autorités publiques et privées, visant à prévenir, élucider, poursuivre les infractions et à en minimiser les conséquences. Cette notion englobe tant les approches répressives que préventives en matière de sécurité intérieure. En Allemagne et dans d’autres États de droit, la lutte contre la criminalité est soumise à des exigences juridiques strictes découlant notamment de la Loi fondamentale, du Code pénal (StGB), du Code de procédure pénale (StPO), ainsi que d’autres dispositions légales spécifiques et accords internationaux.

Fondements juridiques de la lutte contre la criminalité

Cadre constitutionnel

La mise en œuvre des mesures de lutte contre la criminalité doit être compatible avec les droits fondamentaux, la séparation des pouvoirs et le principe de l’État de droit. En particulier, la Loi fondamentale garantit des droits de protection contre les ingérences de l’État (§§ 1 à 19 GG), protège la présomption d’innocence (art. 20 al. 3, art. 28 GG) et exige la légalité de l’action publique.

Code pénal (StGB)

Le Code pénal contient les incriminations matérielles dont la lutte contre la criminalité vise spécifiquement la répression. Il s’agit, par exemple, des infractions contre la vie, l’intégrité physique, l’autodétermination sexuelle, la propriété, l’État de droit ainsi que les infractions relatives à la protection de l’État.

Code de procédure pénale (StPO)

Le Code de procédure pénale règle l’enquête, la poursuite et la sanction des infractions pénales. Il contient les bases juridiques des mesures d’enquête, le déroulement de la procédure pénale et la protection juridique contre les actes des autorités. Les principes centraux de procédure sont la présomption d’innocence, le droit à un procès équitable, le principe de publicité ainsi que le principe de légalité (§ 152 al. 2 StPO).

Autres dispositions juridiques pertinentes

Pour lutter contre la criminalité, des lois complémentaires sont appliquées, telles que la loi sur l’Office fédéral de la police criminelle (BKAG), les lois de police des Länder, la loi sur la lutte contre le blanchiment d’argent (GwG), la loi sur les armes (WaffG) ou la loi sur le séjour des étrangers (AufenthG), notamment dans le cadre de la coopération internationale ou de domaines délictueux spécifiques.

Domaines de la lutte contre la criminalité

Lutte préventive contre la criminalité

Les mesures préventives visent à empêcher la commission d’infractions dès l’origine. Les bases juridiques résultent des lois de police des Länder ainsi que du BKAG, qui fixent les conditions de prévention des dangers, de vérification d’identité, de surveillance, de garde à vue préventive et de contrôle routier. Les mesures préventives doivent toujours être proportionnées, appropriées, nécessaires et adéquates.

Différence essentielle : prévention des dangers vs. poursuite pénale

Alors que les mesures préventives servent à prévenir les dangers (fonction préventive), la poursuite pénale vise des infractions déjà commises (fonction répressive). La distinction entre ces domaines peut être ténue, chacun obéissant à des exigences juridiques et à des voies de recours spécifiques.

Lutte répressive contre la criminalité

La lutte répressive contre la criminalité englobe la découverte, l’enquête, la poursuite et la sanction des infractions déjà commises. Les autorités compétentes sont principalement la police et les autorités de poursuite pénale (parquet, tribunaux). Les étapes principales sont l’ouverture de l’enquête, la mise en accusation, l’audience principale, les procédures de recours et, enfin, l’exécution des sanctions pénales.

Particularités en matière de criminalité organisée et de lutte contre le terrorisme

Des dispositions spécifiques, telles que celles prévues par la loi sur la lutte contre la criminalité organisée, la loi de lutte contre le terrorisme ou la loi sur la protection de la Constitution (BVerfSchG), permettent des prérogatives plus larges d’intervention pour les autorités. Cela inclut, par exemple, la surveillance des télécommunications selon § 100a StPO, le recours à des personnes de confiance ou la perquisition informatique. Ces procédures sont toutefois soumises à des exigences strictes et à un contrôle judiciaire renforcé.

Procédures et instruments de la lutte contre la criminalité

Mesures d’enquête

Parmi les mesures classiques figurent la vérification d’identité (§ 163b StPO), la perquisition de personnes et de domiciles (§§ 102 sqq. StPO), la saisie et la confiscation de preuves (§§ 94 sqq. StPO) ainsi que la surveillance des télécommunications (§ 100a StPO). Toute atteinte aux droits fondamentaux est en principe soumise à l’autorisation d’un juge ou à des conditions légales particulières.

Mesures de surveillance et de contrôle

La surveillance policière de l’espace public par vidéosurveillance (§ 4 BPolG), la fouille aléatoire, les contrôles ciblés, le profilage informatique (§ 98a StPO) ainsi que les mesures de lutte contre la cybercriminalité sont strictement encadrés par l’État de droit et nécessitent une base légale claire.

Coopération internationale

Au niveau européen, la coopération policière et judiciaire est encadrée par des instruments tels qu’Europol, Eurojust ainsi que le Système d’information Schengen (SIS). Interpol et l’entraide judiciaire internationale, conformément à la Convention européenne sur l’entraide judiciaire en matière pénale (EU MRHÜbk), constituent les bases de la lutte transnationale contre la criminalité.

Protection juridictionnelle et contrôle

Toutes les mesures liées à la lutte contre la criminalité sont soumises à un contrôle juridictionnel et parlementaire étendu. Les personnes concernées par une mesure d’enquête peuvent exercer des recours au cours du procès pénal contre des mesures illégales (droit de recours, voies de recours en justice). Les lois sur la protection des données et les droits fondamentaux doivent être respectés à chaque intervention.

Aspects critiques et limites juridiques

Proportionnalité et protection des droits fondamentaux

Les mesures de lutte contre la criminalité trouvent leurs limites dans les droits fondamentaux, en particulier la dignité humaine (art. 1 GG), le droit à la liberté individuelle (art. 2 al. 2 S. 2 GG), le secret des communications (art. 10 GG) et le droit à l’autodétermination informationnelle. Chaque mesure doit être examinée quant à son adéquation, sa nécessité et sa proportionnalité.

Risques d’abus et sources d’erreur

Une surveillance illégale, des mesures de contrôle inadmissibles ou des interventions disproportionnées peuvent rendre les actes de l’État illégaux. Le contrôle de l’État de droit, la transparence et la traçabilité doivent donc impérativement être garantis.

Résumé

La lutte contre la criminalité englobe l’ensemble des mesures juridiques visant la prévention et la répression des infractions par les institutions publiques. Toute intervention repose sur le respect du principe de légalité et de proportionnalité ainsi que sur la protection étendue des droits fondamentaux des personnes concernées. L’évolution constante de la législation et la coopération internationale façonnent le cadre juridique de ce domaine en perpétuelle évolution.

Questions fréquentes

Comment la coopération entre la police et le parquet est-elle réglementée par la loi ?

La coopération entre la police et le parquet est régie en droit allemand, en particulier par le Code de procédure pénale (StPO). Tandis que la police intervient dans la prévention des dangers et la poursuite des infractions, le principe de légalité, prévu à l’article 152 al. 2 StPO, impose au parquet l’obligation de poursuivre les infractions. Selon l’article 163 StPO, la police a pour mission d’enquêter sur les infractions et de réunir tous les éléments utiles à leur élucidation. Toutefois, les policiers agissent en principe sous la direction du parquet, qui coordonne et, le cas échéant, ordonne les mesures d’enquête conformément à l’article 161 StPO. Une particularité réside dans la compétence en cas d’urgence : en cas de danger imminent, les policiers peuvent adopter certaines mesures sans l’ordre préalable du parquet, mais doivent ensuite en informer aussitôt le parquet. La coopération juridique s’articule donc selon une hiérarchie où le parquet dirige l’enquête et la police est tenue à l’exécution.

À quelles conditions des mesures de surveillance peuvent-elles être ordonnées dans la lutte contre la criminalité ?

Les mesures de surveillance telles que l’écoute téléphonique ou la filature ne peuvent être ordonnées, en raison de l’atteinte grave aux droits fondamentaux, notamment au droit à l’autodétermination informationnelle, que sous de strictes conditions légales. La licéité de la surveillance des télécommunications est, par exemple, prévue à l’article 100a StPO : elle n’est possible qu’en cas d’infractions graves (infractions listées), s’il existe des indices concrets suffisants et si la mesure est nécessaire à la découverte des faits. Par ailleurs, l’autorisation judiciaire est généralement requise (§ 100b StPO), sauf en cas d’urgence. Les observations sans moyens techniques sont possibles dans les cas simples selon § 163f StPO, tandis que les observations techniques ou étendues sont soumises à d’autres restrictions. Dans tous les cas, un contrôle de proportionnalité est nécessaire : la mesure doit être appropriée, nécessaire et proportionnée. Ces exigences juridiques visent à protéger les droits de la personnalité et à permettre un contrôle effectif.

Quels moyens juridiques existent pour confisquer des avoirs issus d’actes criminels ?

Le droit allemand prévoit, à des fins de lutte contre la criminalité, de multiples mesures de confiscation et de recouvrement des avoirs provenant ou ayant servi à commettre des infractions. La réglementation centrale se trouve aux §§ 73 sqq. du Code pénal (StGB). Ainsi, les objets obtenus par une infraction, mais aussi la valeur de ce qui a été acquis, peuvent être confisqués (dite confiscation de valeur). La confiscation a généralement lieu dans le cadre de la procédure pénale sur décision judiciaire. Depuis la réforme de la sanction patrimoniale en 2017, une exception au principe dit du montant brut a été introduite, permettant la saisie de la totalité du montant brut, indépendamment des dépenses engagées. Outre la confiscation pénale, il existe aussi des moyens civils de sécurisation des avoirs, par exemple dans le cadre de la saisie conservatoire (§ 111d StPO) ou de mesures conservatoires provisoires. L’objectif de ces mesures est de priver les criminels de leurs profits et de réduire l’incitation à commettre des infractions.

Quel est le rôle du droit de refuser de témoigner dans les enquêtes pénales ?

Le droit de refuser de témoigner, conformément aux §§ 52-55 StPO, est un instrument juridique essentiel pour protéger certaines personnes de l’obligation de témoigner contre des parents proches ou contre elles-mêmes dans une procédure pénale. Les proches du prévenu, comme le conjoint, le partenaire, le fiancé, mais aussi les parents et enfants, peuvent refuser de témoigner. Il existe également un droit de refus de témoigner pour des raisons professionnelles pour diverses catégories, telles que les journalistes, membres du clergé, médecins et avocats (§ 53 StPO). En complément, le droit de refuser de répondre (§ 55 StPO) protège contre l’auto-incrimination. Le droit de refuser de témoigner est important car il équilibre l’obligation d’élucidation et la protection des relations privées ou des secrets professionnels, préservant à la fois les droits fondamentaux individuels et l’intérêt public à une poursuite pénale efficace.

Comment la légalité de la conduite des perquisitions est-elle assurée ?

La perquisition de logements, de locaux professionnels ou de personnes représente une atteinte grave aux droits fondamentaux, qui doit reposer sur une base légale. Les conditions sont principalement prévues aux §§ 102-105 StPO. En principe, la perquisition ne peut être décidée qu’en cas de soupçon initial et nécessite une ordonnance judiciaire (§ 105 al. 1 S. 1 StPO). Des exceptions sont prévues seulement en cas d’urgence, où le parquet ou, à défaut, la police peuvent agir. L’exécution doit être proportionnée et ciblée, c’est-à-dire visant la découverte de preuves déterminées. La personne concernée doit, si possible, être présente ou représentée/utiliser un expert. Un procès-verbal de perquisition doit être établi et remis à l’intéressé. Le principe de proportionnalité s’applique ici aussi : les interventions inutiles ou disproportionnées sont illégales et peuvent entraîner l’irrecevabilité des preuves.

À quelles conditions un mandat d’arrêt peut-il être délivré dans le cadre de la lutte contre la criminalité ?

Un mandat d’arrêt peut être délivré selon l’article 112 StPO s’il existe un fort soupçon et qu’au moins un des motifs de détention prévus par la loi – risque de fuite (§ 112 al. 2 n° 2 StPO), risque de collusion (§ 112 al. 2 n° 3 StPO) ou risque de récidive (§ 112a StPO) – est caractérisé. Pour les crimes particulièrement graves, le mandat d’arrêt peut aussi être délivré en présence d’un simple risque de récidive. Le mandat doit en principe être ordonné par un juge. En règle générale, la demande émane du parquet. Par ailleurs, la mesure et son exécution doivent respecter le principe de proportionnalité ; c’est-à-dire que la détention provisoire ne doit pas être disproportionnée par rapport à la gravité du délit et à la peine encourue. Le prévenu est particulièrement protégé, car la privation de liberté constitue la plus grave atteinte aux droits fondamentaux. Il a droit à une audition judiciaire immédiate et peut à tout moment demander une révision du mandat d’arrêt.