Loi fédérale sur les expulsés (BVFG)
La loi fédérale sur les expulsés (BVFG) régit en Allemagne le statut juridique des expulsés et des réfugiés d’origine allemande qui ont perdu leur patrie à la suite de la Seconde Guerre mondiale ou qui ont immigré dans des cas particuliers après le 31 décembre 1992. Elle comprend des dispositions essentielles concernant l’acquisition et la reconnaissance du statut d’expulsé, de rapatrié tardif ainsi que du statut juridique après l’arrivée sur le territoire fédéral. La loi fédérale sur les expulsés constitue un pilier central du cadre juridique allemand pour l’intégration et l’égalité des personnes concernées.
Évolution historique et finalité de la loi
La loi fédérale sur les expulsés a été promulguée le 19 mai 1953 et est entrée en vigueur le 1er juin 1953. L’origine de cette loi est étroitement liée aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale ; des millions d’Allemands ont dû quitter leur patrie en Europe de l’Est et chercher protection et de nouvelles perspectives de vie sur le territoire fédéral.
Finalité de la loi :
Le BVFG a pour objectif d’assurer l’intégration des expulsés et des réfugiés, de leur garantir des droits civiques et de régler juridiquement leurs droits découlant de leur statut. Au fil des années, la loi a été modifiée à plusieurs reprises, notamment en ce qui concerne les rapatriés tardifs et leurs descendants originaires des pays d’Europe de l’Est et du Sud-Est.
Champ d’application et étendue territoriale
Champ d’application personnel
Le BVFG concerne les personnes qui vivaient comme personnes d’origine allemande dans les zones mentionnées à l’article 1 du BVFG et qui ont été expulsées ou ont fui ces régions en raison de persécutions politiques, de fuite ou d’expulsion depuis le 1er janvier 1937.
Groupes de personnes importants :
- Expulsés conformément à l’article 1 du BVFG, y compris les Allemands d’Europe de l’Est et des anciens territoires orientaux allemands.
- Réfugiés selon l’article 2 du BVFG, ayant fui leur patrie en raison des conséquences de la guerre ou de persécutions politiques.
- Rapatriés tardifs conformément à l’article 4 du BVFG, notamment des personnes d’origine allemande ayant immigré après 1992.
Champ d’application territorial
Le BVFG concerne principalement les personnes originaires des anciens territoires orientaux allemands (comme la Silésie, la Poméranie, la Prusse-Orientale et Occidentale), des pays d’Europe de l’Est (tels que la Pologne, la Roumanie, la Russie, le Kazakhstan, la Hongrie, la Tchéquie) et de certaines régions d’Europe du Sud-Est.
Définitions juridiques
Expulsé
Selon l’article 1 du BVFG, est considéré comme expulsé celui qui, en tant que personne d’origine allemande, résidait dans les zones indiquées à l’article 1, alinéa 2, et est arrivé en Allemagne suite à une fuite ou une expulsion.
Réfugié
La notion de réfugié au sens du BVFG concerne les groupes de personnes qui avaient leur domicile ou leur résidence habituelle en dehors de ces régions et qui ont dû fuir vers l’Allemagne dans des circonstances similaires.
Rapatriés tardifs
Définition (article 4 BVFG) :
Est considéré comme rapatrié tardif quiconque, après le 31 décembre 1992, est entré sur le territoire mentionné à l’article 1, peut prouver son appartenance au peuple allemand et remplit certaines conditions d’admission.
Conditions et procédure de reconnaissance comme expulsé
Preuve de l’appartenance ethnique allemande
Une condition essentielle est la preuve de l’origine allemande. Celle-ci peut être attestée par la filiation, une déclaration d’appartenance au groupe ethnique allemand et l’usage de la langue allemande (articles 6 et 7 BVFG).
Procédure d’admission pour les rapatriés tardifs
La procédure d’admission s’effectue sur demande. L’Office fédéral de l’administration est compétent ainsi que, après l’entrée, les autorités de reconnaissance et de regroupement familial des Länder. Une condition essentielle est l’inscription sur la liste des rapatriés tardifs, notamment pour les personnes originaires des États successeurs de l’Union soviétique.
Effets juridiques de la reconnaissance
Acquisition de la nationalité allemande
Avec la reconnaissance comme expulsé ou rapatrié tardif, l’acquisition de la nationalité allemande intervient en règle générale de plein droit, conformément à l’article 4, alinéa 3 BVFG.
Égalité de traitement et aides à l’intégration
Selon le BVFG, les expulsés reconnus sont assimilés juridiquement aux autres citoyens allemands. Ils bénéficient d’un large accès à des aides à l’intégration, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’accès au marché du travail, du logement et des droits à la retraite (article 8 et suivants BVFG).
Protection contre la double nationalité
Le BVFG prévoit une protection contre la double nationalité non désirée. Il règle à l’article 7 du BVFG les possibilités de renoncer ou de conserver la nationalité précédente.
Dispositions relatives au droit social et à l’économie
La loi fédérale sur les expulsés contient des dispositions différenciées concernant l’aide à l’intégration économique, les indemnisations et la compensation sociale (articles 9 à 12 BVFG). Cela inclut des prestations particulières telles que des indemnités pour pertes de biens, l’aide à la recherche de logement et l’intégration professionnelle.
Importance et évolutions actuelles
Pertinence pour les rapatriés tardifs
Le BVFG est l’une des principales lois pour les rapatriés tardifs originaires de l’ex-Union soviétique, de Roumanie et d’autres pays d’Europe de l’Est. Les changements constants de la loi reflètent l’évolution des migrations en Europe et les exigences liées à l’intégration.
Liens avec le droit européen
Le BVFG s’inscrit dans le cadre du droit européen relatif à la libre circulation, à l’égalité de traitement ainsi qu’à la protection des minorités et à l’octroi des droits de séjour et d’intégration.
Réformes et défis à venir
Depuis les années 1990, le BVFG a été révisé à plusieurs reprises afin de s’adapter à l’évolution du contexte migratoire et sociétal. La prise en charge des descendants de rapatriés tardifs et les questions liées au transfert des droits à la retraite demeurent particulièrement au cœur des débats politiques et juridiques.
Sources juridiques et littérature spécialisée
- Texte de loi : Loi fédérale sur les expulsés (BVFG)
- Règlements et instructions administratives
- Littérature scientifique spécialisée et commentaires
Conclusion
La loi fédérale sur les expulsés constitue l’instrument juridique central pour la reconnaissance et l’octroi des droits des expulsés, réfugiés et rapatriés tardifs d’origine allemande. Elle régit de manière exhaustive leur statut, leurs droits et les aides à l’intégration sur le territoire fédéral. Avec plus de 70 ans de pratique juridique, le BVFG est désormais un élément fondamental et dynamique du droit de la migration et du statut en Allemagne.
Questions fréquemment posées
Quels sont les bénéficiaires des prestations prévues par la loi fédérale sur les expulsés ?
Peuvent prétendre aux prestations prévues par la loi fédérale sur les expulsés (BVFG) en principe les personnes reconnues juridiquement comme expulsés ou réfugiés au sens de la loi. Il s’agit notamment des personnes d’origine allemande ayant fui la Seconde Guerre mondiale de leurs lieux de résidence dans les anciens territoires orientaux allemands, des zones d’expulsion ou de l’étranger vers l’Allemagne. L’ouverture des droits suppose que la personne concernée ait soit satisfait à certaines conditions avant le 1er janvier 1993, soit, pour l’article 4 BVFG, à une date ultérieure, telles que la résidence permanente dans les zones concernées ou la nationalité ou l’origine allemande. Sont également considérés comme ayants droit les conjoints et descendants, à condition que la communauté familiale ait existé au moment de l’arrivée ou ait été créée conjointement. La preuve du droit aux prestations est apportée par un constat formel dans le cadre d’une procédure administrative rigoureusement vérifiée par les autorités compétentes. Il est également essentiel pour bénéficier des prestations que le centre de vie soit durablement établi sur le territoire de la République fédérale d’Allemagne.
Quelles sont les conséquences juridiques de la reconnaissance comme expulsé ou rapatrié tardif selon la loi fédérale sur les expulsés ?
La reconnaissance juridique comme expulsé ou rapatrié tardif selon le BVFG entraîne de nombreuses conséquences juridiques. Elles incluent notamment l’acquisition de la nationalité allemande pour le groupe de personnes reconnu, si celle-ci n’existait pas déjà. Elle ouvre également droit à des aides à l’intégration ainsi qu’à d’autres prestations sociales conformément aux dispositions du BVFG et aux règles complémentaires du Code social. Il s’agit notamment d’aides à la recherche d’emploi, à la construction de logements, à l’intégration scolaire et professionnelle, ainsi que de prestations spécifiques de retraite. De plus, les expulsés reconnus bénéficient de conditions facilitées pour l’acquisition d’un logement ou de terrains et sont légalement privilégiés pour l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle. Enfin, des demandes d’indemnisation pour les préjudices subis peuvent également être déposées, sous réserve du respect des conditions légales.
Quelles preuves et justificatifs sont exigés dans la procédure de reconnaissance selon la loi fédérale sur les expulsés ?
Dans le cadre de la procédure de reconnaissance selon le BVFG, les demandeurs doivent présenter de nombreux documents et preuves pour attester leur qualité d’expulsé ou de rapatrié tardif. Il s’agit notamment des actes de naissance et de mariage, des preuves de filiation et d’origine allemande, des justificatifs de séjour dans la région d’origine ainsi que des documents officiels attestant la pression des persécutions ou les motifs de départ. S’y ajoutent, le cas échéant, des témoignages, des déclarations sous serment de membres de la famille ou de proches et des traductions officielles de documents étrangers. Les autorités vérifient non seulement l’authenticité mais aussi la vraisemblance et la cohérence des pièces. Pour les rapatriés tardifs en particulier, une attestation de connaissance suffisante de l’allemand est souvent exigée. En cas de doute sur certains éléments ou preuves, les autorités peuvent mener leurs propres enquêtes ou exiger des investigations complémentaires.
Comment la loi fédérale sur les expulsés s’articule-t-elle avec d’autres dispositions légales pertinentes, notamment sur la nationalité et le droit de séjour ?
Le BVFG interagit étroitement avec d’autres dispositions légales, notamment celles de la loi sur la nationalité (StAG) et de la loi sur le séjour des étrangers (AufenthG). La reconnaissance comme expulsé ou rapatrié tardif selon le BVFG intervient indépendamment du statut antérieur en matière de nationalité ; cependant, la reconnaissance entraîne en règle générale automatiquement l’acquisition de la nationalité allemande. Les règles en matière de séjour applicables à d’autres groupes d’immigrants ne s’appliquent généralement pas aux expulsés et rapatriés tardifs car le BVFG crée ici ses propres bases légales pour l’entrée et le séjour durable. Des règles particulières existent aussi concernant la naturalisation et la récupération de la nationalité si celle-ci a été perdue dans le pays d’origine. La double nationalité est acceptée et réglementée sous certaines conditions.
Quel rôle jouent les connaissances linguistiques et les exigences d’intégration dans le cadre de la loi fédérale sur les expulsés ?
Dans le but de permettre une intégration rapide et harmonieuse, le BVFG prévoit des exigences particulières en matière de connaissance de la langue allemande. Les rapatriés tardifs et leurs membres de famille doivent déjà, avant leur départ ou au plus tard lors de la procédure de reconnaissance, prouver qu’ils possèdent une connaissance suffisante de l’allemand. Ces exigences sont alignées sur le Cadre européen commun de référence pour les langues et se situent généralement au niveau A1 (connaissances de base) ou supérieur. La preuve peut être apportée par des certificats, des examens de langue ou par une attestation officielle. Pour le conjoint et les enfants mineurs, des exceptions à l’obligation stricte de preuve peuvent exister sous certaines conditions. Outre la connaissance de la langue, la participation à des cours d’intégration est souvent obligatoire afin de faciliter l’intégration sociale et professionnelle.
Quels sont les motifs d’exclusion pouvant conduire au refus d’une reconnaissance selon la loi fédérale sur les expulsés ?
Le BVFG énumère divers motifs d’exclusion pouvant conduire au refus de la reconnaissance en tant qu’expulsé ou rapatrié tardif. Il s’agit en particulier de la participation à des crimes nationaux-socialistes ou communistes, l’expulsion ou le renvoi d’Allemagne pour des infractions pénales, la possession d’une nationalité autre qu’allemande sans lien avec l’Allemagne et l’absence avérée de tout attachement à l’origine allemande. De fausses déclarations, la présentation de documents falsifiés ou des actes de tromperie entraînent également l’exclusion et peuvent entraîner des conséquences pénales. Une exclusion pour des motifs politiques ou de sécurité est notamment possible en cas de menace de l’ordre public ou de la sécurité. Tout refus doit être motivé par écrit et peut faire l’objet d’un recours administratif.