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Lisbonne, Traité de – Fondements juridiques et signification

Der Traité de Lisbonne représente une étape centrale dans le processus d’intégration européenne, qui a fait évoluer de manière décisive les fondements conventionnels de l’Union européenne (UE). Il a été signé le 13 décembre 2007 et est entré en vigueur le 1er décembre 2009, après l’achèvement du processus de ratification. Le Traité de Lisbonne a révisé en profondeur les traités de base antérieurs (Traité sur l’Union européenne, Traité instituant la Communauté européenne), réorganisant fondamentalement les structures et compétences institutionnelles et matérielles de l’UE.

Contexte d’origine et objectifs

Nécessité de réforme au sein de l’Union européenne

Avec l’élargissement de l’UE, notamment à travers les élargissements à l’Est de 2004 et 2007, un besoin considérable de réforme concernant les processus décisionnels et la capacité d’action est apparu. Le traité constitutionnel initial (2004) a échoué en raison de l’opposition en France et aux Pays-Bas, de sorte qu’une solution alternative a été trouvée avec le Traité de Lisbonne. L’objectif était de rendre l’UE plus efficace, démocratique, transparente et capable d’agir.

Fondements conventionnels

Le Traité de Lisbonne repose essentiellement sur deux sources principales de droit primaire :

  • Traité sur l’Union européenne (TUE)
  • Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE)

Des protocoles et des déclarations, qui ont valeur de parties intégrantes du traité, viennent s’y ajouter.

Nouveautés institutionnelles

Renforcement et restructuration des institutions

Le Traité de Lisbonne a accordé une attention particulière à l’architecture institutionnelle de l’Union européenne. Les modifications essentielles sont :

  • Président permanent du Conseil européen : Introduction d’un président permanent du Conseil européen (mandat de deux ans et demi, renouvelable une fois), en remplacement de la rotation semestrielle antérieure.
  • Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité : Création d’une nouvelle fonction pour regrouper les compétences en matière de politique étrangère. Le Haut représentant est également vice-président de la Commission.
  • Réduction et restructuration de la Commission : Le nombre de commissaires est fixé à long terme aux deux tiers des États membres (avec possibilité de dérogation par le Conseil européen).
  • Renforcement du Parlement européen : La codécision (procédure législative ordinaire) devient la règle, et le Parlement obtient d’importants pouvoirs budgétaires et législatifs.
  • Évolutions du Conseil européen et du Conseil de l’UE : Introduction du principe de la double majorité lors des votes, attribuant le poids des voix selon la population et le nombre d’États membres.

Sources et nature du droit

Intégration et extension de l’ordre juridique de l’Union

Le Traité de Lisbonne a renforcé la capacité juridique de l’UE de manière explicite et a remplacé l’ancienne structure des « trois piliers » par une personnalité juridique unique. Cette avancée a permis une distinction claire entre les compétences de l’UE et celles des États membres.

Compétences et principes élargis

  • Catalogue de compétences (art. 2-6 TFUE) : Précision des compétences exclusives, partagées et d’appui.
  • Principe d’attribution limitée : L’UE n’agit que dans les domaines pour lesquels les traités lui confèrent explicitement une compétence.
  • Principe de subsidiarité et principe de proportionnalité : Intégration explicite à l’art. 5 TUE, contrôle par les parlements nationaux.

Nouveautés juridiques et systématiques

Protection juridictionnelle et jurisprudence

Par le Traité de Lisbonne, les droits des individus devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) et les autres juridictions de l’Union ont été étendus :

  • Droits individuels de recours : Conditions d’accès assouplies pour les recours en annulation des particuliers.
  • Contrôle renforcé : Introduction de nouveaux droits de contrôle pour les États membres et les parlements nationaux.
  • Charte des droits fondamentaux : Le Traité a rendu la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne juridiquement contraignante (art. 6 TUE), établissant ainsi des standards de droits fondamentaux de rang constitutionnel dans le droit de l’Union.

Procédures législatives et actes juridiques

  • Procédure législative ordinaire (codécision) : Voie normale pour la législation ; Parlement et Conseil sont sur un pied d’égalité.
  • Procédure de consultation et procédures législatives spéciales : Alternatives clairement définies avec droits de participation restreints.
  • Actes juridiques : Nouvelle classification en règlements, directives, décisions, recommandations et avis, voir art. 288 TFUE.

Approfondissement des politiques et domaines politiques

Politique étrangère et de sécurité commune (PESC)

  • Extension des compétences extérieures : L’UE obtient des compétences plus vastes en matière de politique extérieure.
  • Rôle du Haut représentant : Cumul des fonctions de président du Conseil et de vice-président de la Commission.
  • Compétences limitées : La PESC reste, sur les questions essentielles, de la compétence des États membres, et le contrôle institutionnel est limité.

Politique intérieure et de justice

  • Espace de liberté, de sécurité et de justice : Communautarisation avancée de la coopération policière et judiciaire.
  • Suppression des anciennes dispositions : L’ancien troisième pilier (Justice et Affaires intérieures) a été totalement intégré.

Démocratie, transparence, participation

Promotion de la démocratie et droits des citoyens

  • Initiative citoyenne européenne (art. 11 TUE) : Participation citoyenne directe par proposition législative avec un nombre suffisant de soutiens.
  • Renforcement des droits de participation des parlements nationaux : Amélioration du contrôle de la subsidiarité.

Exigences de transparence

  • Obligations accrues de transparence pour les institutions ainsi qu’exigence explicite de publication des documents du Conseil et du Parlement.

Portée pour le droit national et la jurisprudence constitutionnelle

Rapport au droit national

  • Primauté du droit de l’Union : Le Traité de Lisbonne confirme la primauté du droit de l’Union sur le droit national, une question de principe qui fait régulièrement l’objet de jurisprudence suprême.
  • Droits de codécision des États membres : Le rôle des États membres ainsi que la préservation des identités nationales (art. 4 II TUE) restent explicitement protégés.

Mise en œuvre et contrôle

  • Le traité règle les modalités d’adhésion, de modification et de retrait (notamment art. 50 TUE – première possibilité explicite de retrait de l’Union).

Résumé et perspectives

Le Traité de Lisbonne représente un changement de paradigme fondamental dans le processus d’intégration européenne et constitue la constitution juridique actuelle de l’Union européenne. Les principales nouveautés résident dans la simplification et la réorganisation des fondements conventionnels, le renforcement des droits parlementaires et citoyens, le développement systématique de la protection des droits fondamentaux ainsi que l’adaptation des structures institutionnelles aux exigences d’une Europe à 27 États membres et plus. Le Traité de Lisbonne façonne de manière durable, par ses compétences clairement définies, ses instruments de protection juridique élargis et ses procédures transparentes, l’action actuelle, la législation et la jurisprudence au niveau européen.

Questions fréquentes

Quelles nouveautés juridiques concrètes le Traité de Lisbonne a-t-il apportées au droit de l’Union ?

Le Traité de Lisbonne a apporté de nombreuses innovations juridiques significatives au droit de l’Union. L’un des changements majeurs fut la création d’une base juridique uniforme par la suppression de l’ancienne structure des piliers (Communautés européennes, politique étrangère et de sécurité commune, coopération policière et judiciaire en matière pénale) et la consolidation en une structure juridique unifiée de l’Union européenne. Pour la première fois, la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne a acquis une valeur juridique contraignante, au même titre que les traités, ce qui a permis d’intégrer les droits fondamentaux individuels dans le droit de l’Union. De plus, la compétence législative du Parlement européen a été renforcée par l’extension de la procédure législative ordinaire (ancienne procédure de codécision), tandis que les parlements nationaux ont obtenu, par des droits de contrôle et de participation, une plus grande influence sur le processus décisionnel de l’UE. Le Traité de Lisbonne a également codifié pour la première fois la possibilité pour un État membre de quitter l’Union (art. 50 TUE), créant ainsi une base juridique claire pour un processus de retrait ordonné.

Comment le Traité de Lisbonne a-t-il défini la personnalité juridique de l’Union européenne ?

Avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la personnalité juridique a été explicitement conférée à l’Union européenne (art. 47 TUE). Cela signifie que l’UE dispose désormais d’une pleine capacité d’action sur le plan international, peut conclure des accords juridiquement contraignants avec des États tiers et des organisations internationales et a la capacité d’ester en justice devant les juridictions internationales. Cette nouveauté a notamment conduit à la dissolution ou à l’intégration dans l’UE des Communautés européennes antérieures, ce qui a apporté clarté et cohérence juridiques. Les institutions de l’UE peuvent désormais agir au nom de l’Union et contracter des obligations juridiques. L’octroi de la personnalité juridique représente un élément fondamental qui renforce considérablement la capacité d’action de l’UE en droit international.

Quelle est la portée de l’intégration de la Charte des droits fondamentaux dans le droit primaire par le Traité de Lisbonne ?

Avec le Traité de Lisbonne, la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (2000) est devenue juridiquement contraignante et a acquis la même valeur que les traités dans le droit primaire de l’UE (art. 6, al. 1 TUE). Cela a des conséquences de grande portée : toutes les institutions de l’Union, de même que les États membres lorsqu’ils mettent en œuvre le droit de l’Union, sont désormais directement liés par ces droits fondamentaux. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), du fait de cette valorisation, a compétence pour contrôler leur respect et a utilisé la Charte comme référentiel pour l’interprétation et le contrôle des actes de l’Union. Cela a permis d’instaurer un système efficace de protection des droits fondamentaux au sein du droit de l’Union, renforçant à la fois la sécurité juridique et la justiciabilité des droits fondamentaux.

Quel rôle jouent les parlements nationaux dans le processus législatif de l’Union après le Traité de Lisbonne ?

Le Traité de Lisbonne a considérablement renforcé le rôle des parlements nationaux dans le processus législatif de l’UE (art. 12 TUE et protocoles n° 1 et 2). Les parlements nationaux se sont vu attribuer, notamment, le mécanisme d’alerte précoce pour le contrôle du principe de subsidiarité, leur permettant de donner un avis sur les propositions législatives de la Commission dans un délai de huit semaines, notamment concernant le respect du principe de subsidiarité. Si un nombre suffisant de parlements nationaux élève une objection (« carte jaune »), la Commission doit réexaminer sa proposition. Cette nouveauté a instauré un organe supplémentaire de contrôle visant à garantir une légitimité démocratique accrue et le respect des principes de subsidiarité et de proportionnalité.

Comment le Traité de Lisbonne a-t-il modifié juridiquement le système des compétences de l’Union ?

Le Traité de Lisbonne a mis en place, pour la première fois, une répartition claire et systématique des compétences (art. 2-6 TFUE). Les compétences de l’Union sont désormais divisées en compétences exclusives, partagées et d’appui. Dans les domaines de compétence exclusive (par exemple, l’union douanière, les règles de concurrence, la politique commerciale commune), seule l’UE peut légiférer, tandis que les compétences partagées (par exemple, marché intérieur, environnement) peuvent être exercées parallèlement par l’Union et les États membres – la compétence nationale ne subsistant que si l’UE n’exerce pas la sienne. Les compétences d’appui permettent seulement des mesures complémentaires sans prérogative de réglementation. Cette répartition des compétences permet une plus grande clarté et sécurité juridique dans la distinction entre le droit de l’Union et le droit national.

Quelles sont les nouveautés concernant la majorité qualifiée au Conseil depuis le Traité de Lisbonne ?

Au Conseil de l’Union européenne, le Traité de Lisbonne a introduit la « double majorité » (art. 16 TUE, art. 238 TFUE) : pour une décision à la majorité qualifiée, il faut qu’au moins 55 % des États membres, représentant au minimum 65 % de la population totale de l’Union, votent en faveur. Cette règle est entrée en vigueur en totalité après une période transitoire en 2014. Elle vise à garantir des processus décisionnels équitables et efficaces, en tenant compte à la fois des grands et des petits États membres. Le Traité de Lisbonne précise en outre les domaines dans lesquels l’unanimité reste requise et ceux où la majorité qualifiée suffit, rendant ainsi la législation plus efficiente.

Quels sont les effets juridiques de l’article 50 TUE sur le retrait pour les États membres et l’Union ?

L’article 50 TUE a créé pour la première fois une procédure juridiquement codifiée pour le retrait volontaire d’un État membre de l’Union européenne. Un État membre peut notifier au Conseil européen son intention de se retirer. S’ensuit une négociation avec l’Union pour fixer, dans un accord, le régime de ses relations futures avec l’Union. Deux ans après la notification, le retrait est effectif automatiquement, sauf prolongation décidée. Le droit de l’Union cesse alors de s’appliquer à l’État concerné, les droits et obligations d’adhésion cessent et l’ordre juridique de l’Union s’adapte en conséquence. L’introduction de la clause de retrait apporte une flexibilité juridique essentielle au droit de l’Union, comme l’a illustré le Brexit.