Lexique juridique

Lied d’Allemagne

Le chant allemand – Qualification juridique et signification

Contexte historique du chant allemand

Le Deutschlandlied, officiellement désigné sous le nom de « Chant des Allemands », a été rédigé en 1841 par August Heinrich Hoffmann von Fallersleben et composé par Joseph Haydn. Conçu à l’origine comme un poème patriotique dans le cadre des efforts d’unification allemands, le Deutschlandlied acquit notamment à partir de 1922 le statut d’hymne national du Reich allemand. Depuis 1952, la troisième strophe constitue l’hymne national de la République fédérale d’Allemagne. Cette évolution a toujours été accompagnée de débats juridiques, politiques et sociétaux.

Statut juridique du chant allemand

L’hymne national dans la Loi fondamentale et la législation

La Loi fondamentale ne contient aucune disposition explicite concernant l’hymne national de l’Allemagne. La base juridique de la fonction du Deutschlandlied comme hymne national de la République fédérale a été créée par une déclaration gouvernementale. Le 2 mai 1952, le président fédéral Theodor Heuss et le chancelier fédéral Konrad Adenauer se sont mis d’accord par échange de lettres sur l’utilisation de la troisième strophe du Deutschlandlied comme hymne. Cette procédure est à considérer comme un accord constitutif (« Gentlemen’s Agreement ») ; une réglementation législative formelle n’a pas eu lieu. Néanmoins, le Deutschlandlied a acquis par cette voie la valeur d’une coutume juridique et un rang constitutionnel consolidé en tant que symbole de l’identité étatique.

Dimension internationale et aspects de droit international

La détermination d’un hymne national n’est pas expressément réglementée dans le droit international. Le Deutschlandlied, en tant qu’hymne, peut toutefois être considéré comme un élément de la symbolique étatique dans le cadre de l’exercice de la souveraineté. Son interprétation lors de réceptions officielles, d’événements sportifs internationaux et de cérémonies officielles obéit aux conventions internationales.

Protection et utilisation du chant allemand

Questions relevant du droit d’auteur

Le texte du Deutschlandlied ainsi que la mélodie de Joseph Haydn ne sont plus protégés par le droit d’auteur, les délais de protection (texte : décédé en 1874, mélodie : décédé en 1809) étant tous échus. Le chant est donc tombé dans le domaine public et peut en principe être utilisé par quiconque.

Protection juridique en tant que symbole d’État

La place centrale du Deutschlandlied en tant qu’hymne national implique qu’il bénéficie d’une protection particulière en vertu de la loi sur la protection des symboles (§ 124 OWiG – Loi sur les infractions réglementaires) en Allemagne. L’utilisation incorrecte ou dénigrante des emblèmes nationaux, y compris l’hymne national, peut constituer une infraction. Cela concerne notamment les falsifications ou les utilisations intentionnellement négatives lors d’événements publics.

§ 124 OWiG – Abus des armoiries, drapeaux et hymnes

Selon le § 124 OWiG, il est interdit d’utiliser les « emblèmes nationaux » de manière abusive ou d’une façon qui porte atteinte à la dignité de l’État. Les infractions peuvent être sanctionnées par une amende. La portée de cette protection englobe également le Deutschlandlied, dès lors que l’hymne est perçue comme partie intégrante de la représentation de l’État.

Utilisation lors d’occasions publiques

La troisième strophe du Deutschlandlied est interprétée comme hymne national lors d’événements nationaux et internationaux, cérémonies d’État, grandes manifestations sportives ou commémorations. Son interprétation est encadrée par des directives issues de la tradition et, partiellement, par des règlements de protocole. L’interprétation des autres strophes est, depuis la fin de la République de Weimar et surtout en raison de leur instrumentalisation par le national-socialisme, considérée comme inappropriée et évitée dans les contextes officiels.

Appréciation constitutionnelle

Portée symbolique au regard du principe démocratique

Dans le cadre du langage symbolique constitutionnel, l’hymne nationale occupe une place significative. L’utilisation exclusive de la troisième strophe est emblématique de l’ordre des valeurs de la Loi fondamentale : « Unité et droit et liberté ». L’insertion de l’hymne dans le protocole et sa protection contre toute utilisation dégradante expriment l’auto-compréhension de l’État.

Liberté d’opinion et traitement de l’hymne

Selon l’Art. 5, al. 1 de la Loi fondamentale, toute personne jouit du droit à la liberté d’opinion. Un traitement provocateur ou critique de l’hymne nationale est, en principe, protégé dans le cadre de ce droit fondamental. Des restrictions n’interviennent qu’en cas d’outrage envers un symbole ou d’atteinte à l’ordre public (§ 118 OWiG).

Qualification pénale

Outrage à l’hymne et limites de la sanction pénale

Le code pénal ne prévoit aucune infraction spécifique d’« outrage à l’hymne ». Les limites de la répression pénale sont définies par les principes généraux de l’injure (§ 185 StGB) ou de la protection de l’ordre public. Lorsque l’utilisation du Deutschlandlied porte atteinte à la dignité humaine d’autrui ou vise à rabaisser la symbolique d’État, ces actes peuvent, au cas par cas, être pénalement répréhensibles.

Protection au regard du droit international et pour les hymnes étrangers

Selon le § 104 StGB, est passible de sanctions quiconque « tourne en dérision de manière insultante » un hymne étranger, dans la mesure où cela porte atteinte aux intérêts diplomatiques.

Débats juridiques et polémique autour du chant allemand

Utilisation de la première et de la deuxième strophe

Après 1945, la première strophe est devenue politiquement et socialement controversée en raison de son interprétation abusive et de son instrumentalisation pendant le national-socialisme. Sur le plan légal, son interprétation n’est pas punissable, mais elle est jugée inadmissible et inappropriée dans les contextes officiels. Son utilisation hors des contextes officiels est soumise aux droits fondamentaux mentionnés, mais reste fréquemment critiquée sur le plan social.

Discussion sur le texte et la portée symbolique

Le vers « Deutschland, Deutschland über alles » doit être compris dans le contexte historique du mouvement d’unification du XIXe siècle. Toutefois, la réinterprétation nationale-socialiste a conduit à une sensibilisation durable de la pratique étatique. La situation juridique n’en fut pas affectée ; sur le plan politique et social, l’utilisation exclusive de la troisième strophe est privilégiée.

Résumé

Le Deutschlandlied, en tant qu’hymne national, est un élément central de la culture symbolique allemande. Il n’est pas institué par une loi explicite, mais s’impose par effet d’un accord ayant valeur juridique et d’une pratique étatique continue comme hymne officiel. La troisième strophe représente aujourd’hui les valeurs fondamentales de la constitution. Sur le plan juridique, l’hymne nationale est particulièrement protégée en tant que symbole d’État, toute infraction au protocole pouvant être sanctionnée comme infraction administrative. Les droits d’auteur sont expirés. L’interprétation publique, y compris son utilisation négative, est couverte par la liberté d’opinion – ses limites sont fixées par le droit administratif et la protection des symboles d’État.

Ouvrages et sources juridiques complémentaires (sélection)

  • Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne (GG)
  • Loi sur les infractions réglementaires (OWiG), notamment § 124
  • Code pénal (StGB), notamment §§ 104, 185
  • Correspondance Adenauer/Heuss 1952
  • Instructions de protocole du gouvernement fédéral concernant la symbolique nationale

Questions fréquemment posées

Le chant de toutes les strophes du Deutschlandlied est-il autorisé en Allemagne ?

Le chant du Deutschlandlied n’est soumis à aucune interdiction générale en Allemagne ; cependant, les circonstances de l’interprétation sont déterminantes. Depuis 1952, la troisième strophe (« Unité et droit et liberté pour la patrie allemande ») est l’hymne nationale officiellement reconnue de la République fédérale d’Allemagne. Le chant public des deux premières strophes n’est en principe pas interdit par la loi ; cependant, la première strophe en particulier est, en raison de son instrumentalisation historique par le régime nazi, socialement et politiquement très controversée. Lorsque le chant de la première strophe s’inscrit dans des activités anticonstitutionnelles, d’extrême droite ou de haine raciale, il peut avoir des conséquences pénales. Des dispositions comme le § 130 StGB (incitation à la haine) ou les §§ 86, 86a StGB (utilisation de signes d’organisations anticonstitutionnelles) s’appliquent, dans la mesure où le chant est intégré à un acte pénalement réprimé. Dans un cadre privé, sans lien avec des actes délictueux ou extrémistes, le chant demeure légal, mais peut néanmoins entraîner une réprobation sociale.

Existe-t-il une obligation légale d’utiliser exclusivement la troisième strophe lors d’occasions officielles ?

Oui, pour les occasions d’État et officielles, il existe une situation juridique claire du fait de la déclaration commune de 1952 entre le président fédéral Theodor Heuss et le chancelier Konrad Adenauer. En conséquence, seule la troisième strophe (« Unité et droit et liberté ») est reconnue et utilisée comme hymne nationale de la République fédérale d’Allemagne. L’utilisation des autres strophes dans les actes d’État, célébrations officielles ou commémorations n’est pas autorisée et constitue une violation du cadre protocolaire. Lors d’événements sportifs internationaux également, seules les autorités officielles représentent l’Allemagne par la troisième strophe. Cette disposition repose sur la nécessité de droit international et constitutionnel de se démarquer explicitement des contextes historiques associés à la première strophe, en particulier au nazisme.

Le chant public de la première strophe du Deutschlandlied peut-il être poursuivi pénalement ?

Le simple fait de chanter la première strophe n’est pas en soi punissable. L’acte prend en revanche une importance pénale lorsqu’il s’inscrit dans le cadre des §§ 86, 86a (utilisation de signes d’organisations anticonstitutionnelles) ou du § 130 StGB (incitation à la haine). Les autorités évaluent lors d’événements publics, de manifestations ou de situations similaires, si le chant de la première strophe vise à propager une idéologie nazie ou d’extrême droite. Les autorités examinent alors le contexte, l’intention et la situation pour déterminer si les droits fondamentaux d’autrui sont bafoués, si de la haine est attisée ou une idéologie nazie est propagée. Dans ce cas, le chant peut être considéré comme partie intégrante d’une infraction.

Comment l’utilisation du Deutschlandlied est-elle encadrée à la radio ou dans la publicité ?

Il n’existe pas de réglementation légale explicite interdisant de diffuser le Deutschlandlied ou ses strophes à la radio. Cependant, les établissements publics de radiodiffusion ont une responsabilité particulière : la pratique de diffusion s’adapte aux conventions sociales générales et aux directives des conseils de la radiodiffusion. La troisième strophe est diffusée lors d’occasions solennelles ou de portée nationale. La diffusion des première ou deuxième strophe serait à examiner avec prudence, et pourrait, notamment dans la publicité, être considérée comme une utilisation abusive du symbole d’État et une atteinte à la dignité humaine ou à la protection des jeunes. Dans la publicité, l’utilisation de symboles d’État comme l’hymne nationale est en tout cas fortement restreinte par la loi contre la concurrence déloyale (§ 4 UWG) et par les directives du Jury allemand de la publicité ; l’utilisation des première et deuxième strophe y est à juger en principe inadmissible.

La mélodie du Deutschlandlied bénéficie-t-elle d’une protection légale ?

Oui, la mélodie du Deutschlandlied a été composée par Joseph Haydn et a bénéficié de la protection du droit d’auteur en tant qu’œuvre musicale. Actuellement, ce droit d’auteur est cependant expiré, la protection prenant fin 70 ans après la mort du compositeur (Joseph Haydn est mort en 1809). Néanmoins, la mélodie, en tant que partie d’un symbole national, bénéficie d’une protection particulière au titre de la loi sur les marques (§ 8 al. 2 no 6 MarkenG) ainsi que d’autres dispositions légales pertinentes, notamment en ce qui concerne les symboles nationaux. Une utilisation commerciale ou dégradante peut donc avoir des conséquences juridiques, même en l’absence de droit d’auteur, notamment selon le § 90a al. 1 StGB (outrage à l’État et à ses symboles).

Comment le Deutschlandlied doit-il être abordé dans l’enseignement scolaire ?

Il n’existe aucune obligation légale d’enseigner ou de chanter le Deutschlandlied. Son traitement dans le cadre des cours de musique, d’histoire ou d’éducation civique relève de la compétence éducative des Länder. Dans la pratique, les enseignants se limitent à l’enseignement de la troisième strophe, tandis que les arrière-plans historiques des deux premières strophes et leur instrumentalisation politique sous le national-socialisme sont abordés. Pédagogiquement, une approche sensible est généralement privilégiée pour les trois strophes, toute forme de discrimination, de position politique extrême ou de mauvaise utilisation devant être exclue. La loi scolaire des Länder interdit par ailleurs toute activité extrémiste ou incitant à la haine dans l’enseignement.

Le texte du Deutschlandlied est-il soumis à des droits d’auteur particuliers ou à des règles de citation ?

Le texte du Deutschlandlied a été écrit par August Heinrich Hoffmann von Fallersleben, décédé en 1874. Ici également, la protection du droit d’auteur de 70 ans après la mort de l’auteur a depuis longtemps expiré, de sorte que le texte est tombé dans le domaine public. Néanmoins, des règles émanent des autorités officielles pour son emploi et sa citation, notamment dans le cadre de communications officielles, d’annonces publiques et de publications médiatiques. Ainsi, lors des conférences de presse fédérales ou dans les documents du Bundestag, seule la troisième strophe est généralement citée ou mentionnée. Les citations privées ou scientifiques du texte intégral sont autorisées, mais doivent toujours prendre en compte le contexte juridique et historique afin d’éviter des malentendus ou des réactions sociétales négatives.