Notion et bases juridiques de la libre circulation des marchandises
Der Libre circulation des marchandises est un principe central du marché intérieur européen et garantit que les marchandises peuvent être échangées entre les États membres de l’Union européenne (UE) sans restrictions injustifiées. Ce concept est ancré dans le contexte juridique, notamment par les traités sur l’Union européenne et leur droit dérivé, mais aussi dans le droit international public ainsi que dans le droit constitutionnel et économique allemand.
Fondements juridiques et objectifs
Bases du droit européen
Les bases juridiques de la libre circulation des marchandises se trouvent principalement dans le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Les articles 28 à 37 TFUE contiennent notamment une réglementation complète sur la circulation des marchandises, dont les dispositions principales sont les suivantes :
- Article 28 TFUE définit l’union douanière et décrit la suppression des droits de douane et des charges d’effet équivalent, ainsi que la mise en place d’un tarif douanier extérieur commun.
- Article 30 TFUE interdit les droits de douane et charges d’effet équivalent dans le commerce entre les États membres.
- Articles 34 à 36 TFUE règlent l’interdiction des restrictions quantitatives à l’importation et à l’exportation ainsi que de toutes mesures d’effet équivalent.
L’objectif de ces dispositions est d’éliminer les obstacles aux échanges sur le marché intérieur et ainsi de garantir une libre circulation des marchandises.
Notion de marchandise au sens du droit de l’UE
Au sens juridique, sont considérées comme marchandises tous les objets corporels ayant une valeur marchande et pouvant faire l’objet de transactions (voir CJUE, aff. 7/68, Commission/Italie, [arrêt œuvres d’art]). Les biens immatériels ainsi que les services sont distincts du droit de la circulation des marchandises et relèvent de régimes juridiques propres au droit de l’UE.
Les libertés fondamentales et le marché intérieur
Principes des libertés fondamentales
La libre circulation des marchandises fait partie des dites libertés fondamentales du marché intérieur, qui comprennent également la libre circulation des travailleurs, la liberté de prestation de services et la libre circulation des capitaux. Ces libertés fondamentales visent collectivement la création d’un espace économique unifié où les discriminations et restrictions fondées sur la nationalité ou l’État membre d’origine sont abolies.
Importance pour le marché intérieur
La libre circulation des marchandises constitue un élément essentiel du bon fonctionnement du marché intérieur. Elle vise à promouvoir, outre l’intégration économique, la croissance, la compétitivité ainsi que les standards sociaux et environnementaux en Europe.
Restrictions et exceptions
Restrictions admises
Bien que la libre circulation des marchandises bénéficie d’une protection étendue, le droit de l’Union européenne reconnaît certaines exceptions. L’article 36 TFUE permet des restrictions spécifiques pour des raisons de moralité publique, d’ordre public ou de sécurité, pour la protection de la santé et de la vie des personnes, des animaux ou des végétaux, pour la sauvegarde du patrimoine national ayant une valeur artistique, historique ou archéologique, ainsi que pour la protection de la propriété industrielle et commerciale.
Nécessité et proportionnalité
De telles exceptions sont soumises au principe de proportionnalité et ne doivent pas constituer des moyens de discrimination arbitraire ou de restriction déguisée du commerce entre États membres. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) vérifie, en cas de litige, si les mesures nationales sont réellement nécessaires et appropriées.
Exemple : Contrôle juridictionnel
Les mesures nationales, invoquées par exemple au titre de la protection de la santé, doivent réellement être aptes à réaliser l’objectif visé et ne pas aller au-delà de ce qui est nécessaire à cette fin (CJUE, aff. 120/78, Cassis de Dijon).
Obstacles non tarifaires au commerce
Outre les droits de douane classiques, il existe de nombreux obstacles non tarifaires au commerce tels que des réglementations techniques, des normes produits ou des obligations d’autorisation administrative, qui peuvent entraver la circulation des marchandises. De telles mesures sont en principe interdites par l’article 34 TFUE, sauf si elles sont exceptionnellement justifiées par des exigences impérieuses d’intérêt général.
Harmonisation et reconnaissance mutuelle
Secteurs harmonisés et non harmonisés
Le législateur de l’UE a harmonisé, par des directives et des règlements, des exigences spécifiques à certains produits dans de nombreux domaines. Dans les secteurs harmonisés, le principe d’équivalence juridique s’applique, de sorte que les produits qui respectent les normes européennes peuvent circuler librement sur le marché intérieur.
Principe de reconnaissance mutuelle
Dans les secteurs non harmonisés, le principe de reconnaissance mutuelle s’applique. Un produit fabriqué et commercialisé légalement dans un État membre peut en principe être vendu également dans d’autres États membres.
Mise en œuvre du droit et protection juridique
Compétences des organes
La surveillance du respect du principe de libre circulation des marchandises incombe principalement à la Commission européenne, qui peut engager des procédures en manquement contre les États membres. De même, les entreprises et personnes concernées peuvent, par la voie d’une protection juridique individuelle, s’adresser aux juridictions nationales et à la Cour de justice de l’UE afin de contester des restrictions.
Importance de la jurisprudence Cassis de Dijon
D’une importance particulière pour la mise en œuvre de la libre circulation des marchandises est la décision dite Cassis de Dijon de la CJUE. Elle a établi le principe selon lequel – sous réserve d’exigences impératives d’intérêt général – aucune exigence supplémentaire ne peut être imposée aux produits provenant d’autres États membres, dans la mesure où ils respectent les normes de protection de l’État exportateur.
Libre circulation des marchandises en droit allemand
Intégration dans la Loi fondamentale
La Loi fondamentale ne contient pas de principe autonome de libre circulation des marchandises, mais fait référence à la participation de l’Allemagne au développement de l’Union européenne à l’article 23 GG. Les règles nationales ne doivent donc pas être contraires aux prescriptions du droit de l’UE. En droit économique allemand, ce principe est complété par les règles de concurrence et l’interdiction de discrimination à l’encontre des ressortissants nationaux.
Importance dans la pratique
Au quotidien, la libre circulation des marchandises permet aux entreprises et consommateurs d’importer, d’exporter et de distribuer des produits de toute l’UE sans obstacles injustifiés. Cela concerne en particulier le commerce en ligne et les importations classiques par les commerçants nationaux.
Dimension internationale
Accords de libre-échange et OMC
Le principe de la libre circulation des marchandises se retrouve également dans des accords internationaux tels que l’accord GATT/OMC ou dans des zones de libre-échange, comme l’Association européenne de libre-échange (AELE). Ici aussi, les droits de douane et autres obstacles commerciaux ont été en grande partie supprimés, mais sans le même niveau de reconnaissance mutuelle qu’au sein du marché intérieur de l’UE.
Évolution du droit et défis actuels
Numérisation et nouvelles formes de commerce
Avec la numérisation croissante, de nouveaux défis apparaissent pour la libre circulation des marchandises. Par exemple, les biens numériques et les plateformes en ligne soulèvent des questions quant à la distinction entre marchandises et services ainsi qu’au contrôle des importations et exportations.
Durabilité et protection des consommateurs
Les exigences de protection de l’environnement et des consommateurs nécessitent une adaptation constante des règles de circulation des marchandises, par exemple pour l’autorisation de certaines substances dangereuses ou l’obligation d’étiquetage des denrées alimentaires.
Conclusion
La libre circulation des marchandises constitue un pilier essentiel du marché intérieur européen et se présente comme une matière juridique complexe et dynamique aux niveaux européen, national et international. Sa finalité principale est l’élimination des obstacles au commerce et la promotion d’un marché ouvert et concurrentiel, tout en préservant les intérêts légitimes de l’intérêt général. L’évolution des règles juridiques demeure une tâche permanente au regard des nouvelles technologies et des défis politiques.
Questions fréquentes
Quelles exceptions au principe de la libre circulation des marchandises le droit de l’Union européenne prévoit-il ?
Le principe de la libre circulation des marchandises selon les articles 28 et suivants TFUE (Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne) est certes fondamental pour le marché intérieur, mais il n’est pas absolu. Selon l’art. 36 TFUE, certaines exceptions sont admises. Il s’agit notamment d’interdictions ou de restrictions à l’importation, à l’exportation ou au transit de marchandises justifiées par des raisons de moralité publique, d’ordre public ou de sécurité, pour la protection de la vie et de la santé des personnes, des animaux ou des végétaux, pour la protection du patrimoine culturel national ayant une valeur artistique, historique ou archéologique, ou pour la protection de la propriété industrielle et commerciale. Ces exceptions doivent cependant être proportionnées et ne peuvent constituer un moyen de discrimination arbitraire ou de restriction déguisée du commerce. Outre les exceptions explicites, la jurisprudence de la CJUE admet aussi comme justification certains motifs impérieux d’intérêt général (tels que la protection des consommateurs ou de l’environnement) pour certaines mesures nationales.
Que faut-il entendre par restriction quantitative et par mesure d’effet équivalent au sens de l’article 34 TFUE ?
Les restrictions quantitatives sont, juridiquement parlant, toutes les mesures qui limitent directement la quantité de marchandises importées ou exportées, comme les quotas d’importation ou d’exportation. Cependant, plus importantes sont les soi-disant mesures d’effet équivalent. Cela désigne toutes les réglementations étatiques susceptibles d’entraver, directement, effectivement ou potentiellement, le commerce entre États membres. Ce concept, largement interprété par la formule Dassonville de la Cour de justice européenne, inclut par exemple également les prescriptions techniques, exigences d’autorisation ou règles d’étiquetage, dans la mesure où elles désavantagent les marchandises d’autres États membres. Toutefois, la jurisprudence dite Keck s’applique, selon laquelle certaines modalités de vente – applicables à tous les opérateurs économiques et affectant de la même manière les produits nationaux et étrangers – ne sont pas considérées comme des mesures d’effet équivalent.
En quoi l’original de la preuve d’origine joue-t-il un rôle juridique dans la libre circulation des marchandises ?
L’origine juridique d’une marchandise est essentielle pour la libre circulation puisqu’elle ne s’applique qu’aux produits provenant d’un État membre ou se trouvant en libre pratique dans celui-ci. Cela inclut également des biens de pays tiers qui ont été importés régulièrement dans un pays de l’UE et y ont acquitté les droits de douane. Des litiges surviennent souvent sur la détermination exacte de l’origine, par exemple lorsque des marchandises provenant de pays tiers ont seulement été entreposées, transformées ou reconditionnées. Les règles d’origine prévues par le droit de l’Union, notamment le Code des douanes, donnent des indications détaillées pour déterminer l’origine, ayant une incidence sur d’éventuelles interdictions d’importation, réductions tarifaires ou autres mesures.
Quel rôle jouent les prescriptions techniques nationales dans le contexte de la libre circulation des marchandises ?
Les prescriptions techniques nationales, telles que sur l’emballage, l’étiquetage, la composition ou la sécurité des produits, peuvent constituer des obstacles commerciaux importants. Selon l’article 34 TFUE, de telles prescriptions ne peuvent en principe pas restreindre l’accès au marché pour les marchandises provenant d’autres États membres, sauf si elles sont justifiées par des raisons impérieuses. Le principe de reconnaissance mutuelle s’applique ici : les produits fabriqués et mis sur le marché légalement dans un État membre peuvent en principe être vendus dans les autres États membres. Ainsi, une prescription technique nationale ne peut restreindre l’importation qu’à titre exceptionnel et en présence d’exigences impératives telles que la protection de la santé ou de l’environnement, et la mesure doit elle-même être proportionnée.
Quelles compétences de contrôle les États membres ont-ils lors de l’importation de marchandises provenant d’autres États membres ?
En principe, les États membres ne peuvent pas effectuer des contrôles systématiques aux frontières intérieures, car cela va à l’encontre de l’esprit du marché intérieur et des dispositions pertinentes du TFUE (notamment les articles 34 et 35 TFUE). Toutefois, des exceptions existent : des contrôles ponctuels pour des raisons de santé publique, de sécurité publique ou pour prévenir la fraude sont exceptionnellement permis, s’ils sont proportionnés et n’entravent pas de manière déraisonnable la circulation des marchandises. De tels contrôles doivent être non discriminatoires et ne pas désavantager les biens provenant d’autres États membres par rapport aux produits nationaux. Ici encore, un équilibre s’établit régulièrement entre l’intérêt de l’État membre à protéger et l’objectif d’une libre circulation des marchandises.
Qu’entend-on par la « clause de reconnaissance mutuelle » dans le cadre de la libre circulation des marchandises ?
La clause de reconnaissance mutuelle, c’est-à-dire le principe de reconnaissance mutuelle, a été élaborée par la Cour de justice européenne et constitue un élément central de la libre circulation des marchandises. Elle stipule qu’un produit fabriqué et/ou mis sur le marché légalement dans un État membre doit en principe pouvoir être commercialisé dans tous les autres États membres, sans que d’autres prescriptions nationales ne puissent entraver l’accès au marché. Une dérogation à ce principe n’est possible que si des motifs impérieux d’intérêt général – tels que la protection des consommateurs, de l’environnement ou de la santé – sont invoqués et que des mesures nationales proportionnées sont adoptées.
En quoi les redevances d’effet équivalent diffèrent-elles des droits de douane et des autres prélèvements sur le marché intérieur ?
Selon l’article 30 TFUE, les droits de douane ainsi que les redevances d’effet équivalent entre les États membres sont interdits. Par redevance d’effet équivalent, on entend toute charge pécuniaire perçue à l’occasion de l’importation ou de l’exportation de marchandises entre États membres et qui n’a pas le caractère d’un impôt légal (comme la TVA ou l’accise). Ce qui importe, c’est que l’effet économique d’une telle redevance est similaire à celui d’un droit de douane, en entravant ou en rendant plus onéreux les flux commerciaux entre États membres. Une distinction existe avec les taxes internes, qui s’appliquent aussi bien aux produits nationaux qu’aux produits importés. De telles taxes intérieures sont permises à condition de ne pas être discriminatoires ou protectionnistes (art. 110 TFUE).