Notion et signification : Liberté de la presse, liberté de rapporter
La « liberté de la presse » désigne un droit fondamental, ancré dans la Constitution et dans la législation ordinaire, qui protège la circulation de l’information, la formation de l’opinion et le rôle des médias au sein d’une société démocratique. Elle englobe en particulier le droit pour la radio, la presse et les autres médias de rendre compte sans restriction de faits, d’événements ou de circonstances. La liberté de la presse est étroitement liée à la liberté d’expression et constitue un élément central de la communication publique.
Ancrage constitutionnel
Loi fondamentale (GG)
En Allemagne, la liberté de la presse est expressément protégée par l’article 5, alinéa 1, phrase 2 de la Loi fondamentale (GG) :
« La liberté de la presse et la liberté de rapporter par la radio et le film sont garanties. Il n’y a pas de censure. »
Cette protection s’étend à tous les vecteurs de médias de masse – à savoir la presse, la radio (y compris la télévision, les podcasts et la webradio), le cinéma ainsi que les formes de reportage applicables aux nouveaux télémedias.
But de la protection
La garantie vise à assurer un débat libre et ouvert, afin que les citoyens puissent s’informer pleinement, former leur propre opinion et participer au débat public. Elle contribue ainsi de manière essentielle au contrôle de l’action de l’État et à la formation de la volonté démocratique.
Champ de protection de la liberté de la presse
Champ de protection matériel
La liberté de la presse protège l’acquisition, la sélection, le traitement et la diffusion des informations. Elle garantit en particulier :
- Liberté de recherche : Accès libre à l’information et aux sources d’actualités
- Traitement de l’information : Présentation et évaluation indépendantes des faits
- Liberté d’expression : Contributions commentées et évaluatives dans le cadre du reportage
- Liberté de publication : Publication des contenus, y compris la manière et les moments de publication
Champ de protection personnel
Sont généralement titulaires de la liberté de la presse toutes les personnes physiques et morales qui exploitent des médias ou publient du contenu (par exemple, éditeurs de journaux, diffuseurs, fournisseurs de médias en ligne).
Restrictions à la liberté de la presse
Limites légales
La liberté de la presse est soumise à ce qu’on appelle la « réserve de restrictions » : selon l’art. 5, al. 2 GG, ce droit fondamental trouve ses limites dans les dispositions des lois générales, les prescriptions visant la protection de la jeunesse et le droit à l’honneur personnelle. Les restrictions peuvent résulter, par exemple, de :
- Lois pénales (par exemple, diffamation, calomnie, incitation à la haine)
- Droits de la personnalité (par exemple, droit général de la personnalité selon l’art. 2, al. 1 GG combiné avec l’art. 1, al. 1 GG)
- Droit d’auteur
- Législations relatives à la protection des données
Principe de proportionnalité
Les restrictions à la liberté de la presse doivent être justifiées et proportionnées au cas par cas. Une mise en balance des intérêts est effectuée entre la liberté de la presse et les droits opposés (par exemple, droit de la personnalité des personnes concernées ou protection de la sécurité publique).
Limite aux restrictions
Ces restrictions ne doivent toutefois pas porter atteinte à l’essence même de la liberté de la presse (art. 19, al. 2 GG) ; le droit fondamental ne doit donc pas être « vidé de sa substance ».
Mise en œuvre dans la législation ordinaire
Droit de la presse
Le droit de la presse régit en détail les conditions-cadres de la libre information dans les organes de presse. Il comprend notamment le droit d’obtenir des informations des autorités (§ 4 lois sur la presse des Länder), la responsabilité des contenus (obligation d’empreinte) ainsi que le droit de réponse (§§ 9 et suivants des lois sur la presse des Länder).
Droit de la radiodiffusion
Le droit de la radiodiffusion fixe, pour les prestataires de radiodiffusion publics et privés, les exigences en matière d’équilibre, d’actualité et d’impartialité du reportage, en tenant compte du contrat d’État sur les médias et des lois sur les médias des Länder respectifs.
Droit du film et des télémedias
Dans le domaine du film et des télémedias également, la liberté de la presse revêt une importance particulière, par exemple dans le cadre de la loi sur les télémedias (TMG) et du contrat d’État sur la radiodiffusion (RStV).
Cadre du droit européen
Convention européenne des droits de l’homme (CEDH)
L’art. 10 CEDH garantit la liberté d’expression, y compris la liberté de la presse, de la radiodiffusion et d’information. Des restrictions ne sont admises que si elles sont prévues par la loi et nécessaires dans une société démocratique.
Protection par la Cour
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) accorde une importance particulière à la liberté des médias dans le contrôle de l’action étatique. Les restrictions à la liberté de la presse sont interprétées de manière restrictive.
Limites et conflits pratiques
Mise en balance avec le droit à la personnalité
Un domaine frontière fréquent survient lors de la publication d’informations sensibles ou privées concernant des individus. Une pondération au cas par cas est alors effectuée entre l’intérêt légitime du public à être informé et la protection du droit à la personnalité.
Exigences de la législation sur la protection des données
Avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD), des obligations spécifiques ont été instaurées pour les rédactions traitant des données, qui se trouvent également en tension avec la liberté de la presse. Des dispositions dérogatoires en faveur des activités rédactionnelles et journalistiques s’appliquent ici, conformément au § 57 BDSG et à l’art. 85 RGPD.
Droit de refuser de témoigner et protection des sources
Les professionnels des médias bénéficient d’un droit légalement protégé de refuser de témoigner afin de protéger leurs sources et de garantir une libre information (§ 53, al. 1, n° 5 StPO).
Importance pour la démocratie et la société
La liberté de la presse est un élément indispensable d’une société libre et ouverte. Elle permet la transparence des actions de l’État, protège contre les abus de pouvoir et contribue à la formation démocratique de l’opinion et de la volonté collective. Les atteintes à cette liberté sont strictement examinées par les tribunaux et ne sont admises que de façon exceptionnelle dans un État de droit démocratique.
Littérature
- Schmidt-Bleibtreu/Klein, Kommentar zum Grundgesetz, Art. 5 GG
- Jarass/Pieroth, Grundgesetz für die Bundesrepublik Deutschland, Kommentar
- Papier, Die Bedeutung der Medienfreiheit im demokratischen Rechtsstaat
Conclusion : Les fondements et limites juridiques de la liberté de la presse forment un ensemble complexe de droit constitutionnel, de lois ordinaires et de règlements européens. L’accent est toujours mis sur la protection d’un paysage médiatique libre et indépendant, pilier fondamental de toute société ouverte.
Questions fréquentes
Quelles restrictions juridiques existent pour la liberté de la presse en Allemagne ?
La liberté de la presse est protégée par l’art. 5, al. 1 GG, mais elle est néanmoins soumise à plusieurs limitations légales. Les principales restrictions comprennent les lois générales, les réglementations de protection de la jeunesse ainsi que le droit à l’honneur personnel. Les lois générales incluent notamment le Code pénal (par exemple, délits d’injure, §§ 185 et suivants StGB), la loi fédérale sur la protection des données ainsi que les règles en matière de droits d’auteur. Le droit à l’honneur personnel est en général protégé par le droit de la personnalité selon les §§ 823, 1004 BGB et par des normes pénales (par exemple, diffamation, calomnie). En outre, des réglementations spécifiques en matière de protection de l’information découlent notamment de la loi sur la presse des Länder, et des mesures visant à préserver la sécurité et l’ordre public peuvent s’appliquer. Les restrictions doivent toujours être envisagées à la lumière des libertés d’opinion et d’information, c’est pourquoi les tribunaux procèdent à une évaluation soigneuse des intérêts privés et publics au cas par cas.
En quoi le droit de réponse protège-t-il les personnes concernées par une publication ?
Le droit de réponse est un instrument essentiel pour les personnes concernées par une couverture médiatique qui souhaitent faire corriger la présentation de faits les concernant. Ce droit est notamment prévu par les lois sur la presse des Länder et à l’article 10 du contrat d’État sur la radiodiffusion. Il oblige les entreprises de médias, sur demande de la personne concernée, à publier sa propre prise de position gratuitement et sans délai, lorsqu’une publication relate des faits la concernant. Ce droit existe indépendamment du fait que les faits présentés soient vrais ou faux ; il suffit qu’il s’agisse d’allégations factuelles que la personne souhaite rectifier. Ce droit connaît des limites, notamment lorsque la réponse est manifestement fausse ou illicite, ou qu’elle ne se rapporte pas réellement à l’affirmation rapportée. Les entreprises de médias ont des devoirs de vérification et de coopération afin d’éviter les abus ; les violations de ces obligations peuvent entraîner des actions en cessation ou des demandes de dommages-intérêts.
Quelles obligations de diligence s’imposent aux entreprises de médias lors de la couverture médiatique ?
Les entreprises de médias, en particulier la presse et la radiodiffusion, ont l’obligation légale d’agir conformément aux principes de la diligence journalistique. Cette obligation découle des lois sur la presse des Länder (par exemple, § 6 LPG NRW), des principes déontologiques du Conseil de la presse allemand ainsi que de la jurisprudence. Elle oblige les rédactions à une recherche rigoureuse, à une séparation entre information et commentaire ainsi qu’à une présentation correcte et non déformée de l’information. Lorsqu’il s’agit de rapports portant sur les droits de la personnalité ou de graves accusations (par exemple, des enquêtes pénales), les médias doivent particulièrement vérifier s’il leur est permis de publier le nom, la photo ou d’autres éléments identifiants d’une personne (voir jurisprudence « Caroline de Monaco » de la Cour fédérale de justice allemande). Une violation de ce devoir de diligence peut entraîner des actions en cessation, des obligations de rétractation ou des demandes de dommages-intérêts.
Dans quelles conditions les médias peuvent-ils publier des contenus portant atteinte aux droits de la personnalité ?
La publication de contenus portant atteinte aux droits de la personnalité est en principe interdite, sauf si l’intérêt public à l’information prévaut, dans un cas particulier, sur l’intérêt de la personne concernée à la protection de ses droits. Il s’agit ici d’une balance entre l’art. 2, al. 1 combiné à l’art. 1, al. 1 GG (droit général de la personnalité) et l’art. 5, al. 1 GG (liberté de la presse et de la radiodiffusion). Les plus hautes juridictions (par exemple, Cour constitutionnelle fédérale, Cour fédérale de justice) appliquent des exigences particulièrement strictes dans les cas d’atteinte à la personnalité : sont ainsi autorisées les publications visant la protection de l’intérêt général, lorsque le comportement de l’intéressé s’est déroulé publiquement ou dans le cadre de délits graves. Sont en revanche en principe prohibées la presse à sensation au détriment de la sphère intime, la diffusion de photos issues de la vie privée ou la mention du nom dans le cadre d’enquêtes sans motif d’intérêt public légitime. Même pour les personnes déjà publiques, l’intimité reste inviolable.
Quelles règles spéciales s’appliquent au reportage sur des procédures judiciaires en cours ?
La couverture médiatique de procédures judiciaires en cours est soumise à des restrictions légales spécifiques. La procédure pénale protège en particulier la présomption d’innocence (§ 261, § 267 StPO) ainsi que le droit général de la personnalité des parties au procès. Jusqu’au jugement définitif, la présentation médiatique ne doit pas donner l’impression que la personne mise en cause est coupable (“présomption de culpabilité”). La publication de noms et de photos est généralement interdite, sauf si un intérêt public exceptionnel prévaut et que les droits de la personnalité cèdent devant l’intérêt général. Par ailleurs, les prises de vues dans la salle d’audience (§ 169 GVG) ou la divulgation du contenu des déclarations de témoins ou d’accusés sont prohibées, sauf autorisation explicite du tribunal. Les violations peuvent entraîner des actions en cessation selon le droit des médias, des conséquences pénales ou des amendes.
Quels droits à l’information et d’accès à l’information les médias possèdent-ils face aux autorités publiques ?
Les droits d’accès à l’information des médias à l’encontre des autorités publiques découlent de l’art. 5, al. 1 GG, des lois sur la presse des Länder ainsi que des lois spéciales sur la liberté d’information (par exemple, IFG fédéral, IFG de Länder). Il existe ainsi en principe un droit à l’information sur les faits essentiels à la formation de l’opinion publique. Ce droit peut toutefois être limité ou refusé si des intérêts supérieurs – comme le bien de l’État, le secret des affaires, les données personnelles ou des enquêtes en cours – sont en jeu. Les lois sur la presse des Länder imposent aux autorités d’aider la presse, mais instaurent également des mécanismes de protection contre la divulgation d’informations confidentielles ou sensibles. En cas de litige, le droit d’accès à l’information peut être obtenu par voie judiciaire ; les tribunaux procèdent alors à une mise en balance entre la protection des intérêts publics et privés.
Quelles sanctions encourent les médias en cas d’infraction au cadre légal de la couverture médiatique ?
Les manquements aux standards légaux de couverture médiatique peuvent entraîner diverses conséquences juridiques. Sur le plan civil, s’appliquent des actions en cessation et en suppression (§§ 823, 1004 BGB), des demandes de dommages-intérêts ainsi que des obligations de rectification ou de rétractation. Les médias peuvent également être contraints à la publication de correctifs. Sur le plan pénal, entrent en jeu des infractions telles que l’injure (§ 185 StGB), la diffamation (§ 186 StGB), la calomnie (§ 187 StGB) ou l’atteinte à la vie privée la plus intime (§ 201a StGB). Les autorités de surveillance de la presse et le Conseil de la presse peuvent prendre des mesures allant du simple avertissement à la réprimande publique. Dans les cas graves, notamment pour des contenus présentant un danger pour les mineurs ou incitant à la haine, une interdiction de diffusion ou le retrait de la licence de diffusion peuvent être prononcés.