Lexique juridique

Wiki»Legal Lexikon»Strafrecht»Jugement étranger

Jugement étranger

Définition : Jugement étranger

Un jugement étranger désigne une décision judiciaire rendue par un tribunal d’un État situé en dehors de la République fédérale d’Allemagne. Dans les relations juridiques internationales, le jugement étranger gagne en importance, notamment dans le cadre de relations contractuelles internationales, de litiges transfrontaliers et en matière familiale, civile ainsi qu’en matière commerciale. La reconnaissance et l’exécution de tels jugements en Allemagne, ou inversement, sont régies par des dispositions nationales et supranationales complexes.

Bases juridiques

Principe de souveraineté nationale

Chaque pays est en principe autonome pour décider s’il reconnaît un jugement étranger et dans quelles conditions, ou s’il exécute celui-ci sur son territoire. En l’absence d’une base conventionnelle ou légale expresse, il n’existe aucun droit à la reconnaissance ni à l’exécution d’un jugement étranger.

Accords internationaux et droit européen

Le traitement juridique des jugements étrangers est principalement déterminé par des accords internationaux ainsi que par des actes juridiques européens :

  • Union européenne : Au sein de l’UE, la reconnaissance et l’exécution des décisions civiles et commerciales sont notamment régies par le Règlement Bruxelles Ia (Règlement (UE) n° 1215/2012).
  • Conventions et accords bilatéraux : La Convention de La Haye et de nombreux accords bilatéraux régissent la reconnaissance et l’exécution en dehors de l’espace de l’UE.
  • Droit national propre : En l’absence d’accords applicables, les jugements étrangers sont soumis aux dispositions du droit allemand, notamment aux §§ 328 et suivants du ZPO (Code de procédure civile).

Conditions de la reconnaissance et de l’exécution

Reconnaissance

La reconnaissance d’un jugement étranger signifie sa force obligatoire en droit allemand. Un jugement reconnu produit les mêmes effets qu’un jugement national. Les conditions principales sont :

  • Légalité de la compétence de la juridiction étrangère : Le tribunal d’origine doit avoir été compétent selon des principes internationalement reconnus.
  • Réciprocité : Dans certains domaines du droit, il est exigé que le tribunal étranger reconnaisse également les jugements allemands (exigence de réciprocité).
  • Procédure régulière et respect du droit d’être entendu : Le jugement étranger ne doit pas avoir été rendu en violation de principes procéduraux fondamentaux, en particulier le droit d’être entendu doit avoir été respecté.
  • Compatibilité avec l’ordre public allemand (ordre public) : Un jugement étranger ne sera pas reconnu s’il contredit manifestement les principes fondamentaux du droit allemand.

Exécution

Pour l’exécution forcée d’un titre étranger en Allemagne, une procédure d’exequatur est en outre nécessaire. S’appliquent notamment à cet égard les dispositions des §§ 722, 723 ZPO. Les conditions requises correspondent la plupart du temps à celles de la reconnaissance, mais exigent une déclaration judiciaire d’exécution (procédure d’exequatur), sauf si des dispositions européennes prévoient une exécution automatique.

Domaines distincts : Droit civil, droit de la famille et droit pénal

Affaires civiles et commerciales

Les jugements étrangers sont le plus fréquemment rencontrés dans le domaine du droit civil et commercial (titres de créance, dommages-intérêts, contrats). Des règlements européens et multilatéraux prévoient ici une reconnaissance étendue et une procédure d’exécution simplifiée.

Droit de la famille

En droit international de la famille, des règles particulières s’appliquent, notamment en matière de divorce, pensions alimentaires et affaires concernant les enfants. Il convient non seulement de tenir compte des règlements européens Bruxelles IIa et IIb, mais aussi de la Convention de La Haye sur la protection de l’enfant et d’autres accords internationaux.

Droit pénal

En droit pénal, il n’existe pas de reconnaissance ou d’exécution régulière au sens civil. Les jugements pénaux étrangers peuvent toutefois produire certains effets juridiques au moyen de conventions internationales ou d’accords bilatéraux, par exemple en ce qui concerne la prise en compte des périodes de détention.

Procédure d’examen et voies de recours

Procédure d’exequatur

En dehors de l’Europe, une procédure particulière est généralement nécessaire, par laquelle le jugement étranger est examiné par un tribunal régional allemand quant aux conditions de sa reconnaissance et de son exécution (exequatur).

Voies de recours

Les parties peuvent exercer différents recours contre la décision relative à la reconnaissance ou à l’exécution d’un jugement étranger, tels que le recours immédiat ou, dans le cadre du titre exécutoire européen, le recours prévu à l’art. 43 du Règlement Bruxelles I.

Questions spécifiques

Ordre public (ordre public)

La « clause d’ordre public » constitue la principale porte d’entrée pour refuser la reconnaissance : les jugements qui portent atteinte à des principes fondamentaux du droit allemand (par exemple la liberté d’expression, la protection de la dignité humaine, l’interdiction de la discrimination) ne sont pas reconnus.

Interdiction de jugements multiples et autorité de la chose jugée

Un jugement étranger n’est pas reconnu si un jugement allemand entre les mêmes parties et sur le même objet a déjà été rendu (interdiction de jugements multiples). L’absence d’autorité de la chose jugée du jugement étranger peut également faire obstacle à sa reconnaissance.

Pertinence pratique et importance

En raison de l’interdépendance croissante des relations privées et économiques internationales, notamment due à la mondialisation et à la migration, les jugements étrangers gagnent continuellement en importance dans la pratique juridique allemande. Ils constituent un instrument essentiel pour la mise en œuvre transfrontalière de droits privés et économiques, tout en représentant un défi pour le respect des principes juridiques nationaux et la protection des personnes concernées.

Littérature et dispositions complémentaires

  • Code de procédure civile (ZPO), en particulier §§ 328 et suivants, 722, 723
  • Règlement Bruxelles Ia (UE) n° 1215/2012
  • Conventions de La Haye de 1971 et 2005
  • Accords internationaux, tels que la Convention de Lugano

Conclusion

Les jugements étrangers sont soumis à des conditions juridiques strictes pour leur reconnaissance et leur exécution en Allemagne. Leur application pratique dépend essentiellement de dispositions internationales et nationales ainsi que de leur compatibilité avec l’ordre public allemand. Un examen attentif de chaque cas demeure indispensable à l’entraide judiciaire internationale.

Questions fréquemment posées

Quand et comment un jugement étranger est-il reconnu en Allemagne ?

La reconnaissance d’un jugement étranger en Allemagne est en principe régie par les dispositions du Code de procédure civile (ZPO) ainsi que par des conventions internationales et règlements européens spécifiques, comme le Règlement Bruxelles Ia pour les jugements des États membres de l’UE. En règle générale, la condition pour la reconnaissance est que le jugement soit devenu définitif et exécutoire dans l’État d’origine. Aucun obstacle à la reconnaissance ne doit être présent, tels qu’une atteinte au droit d’être entendu, la compétence du tribunal ou une violation de l’ordre public allemand. La reconnaissance intervient le plus souvent automatiquement, c’est-à-dire sans procédure particulière, sauf si une partie demande expressément le refus de reconnaissance. Dans des cas particuliers, par exemple pour les jugements en matière familiale, des dispositions spécifiques doivent être respectées.

Dans quelles circonstances l’exécution d’un jugement étranger peut-elle être refusée ?

L’exécution d’un jugement étranger peut être refusée en Allemagne si certains obstacles à l’exécution existent. Ceux-ci incluent notamment la violation de principes procéduraux essentiels (par exemple, l’absence de droit d’être entendu), des doutes quant à la compétence du tribunal d’origine, l’absence de réciprocité (lorsqu’un accord bilatéral ou multilatéral l’exige) ou une violation de l’ordre public allemand (ordre public). L’exécution peut également être refusée en cas d’absence d’autorité de la chose jugée ou si le jugement est incompatible avec un jugement allemand antérieur ou un jugement étranger déjà reconnu.

Les jugements étrangers doivent-ils être traduits avant de pouvoir être reconnus ou exécutés en Allemagne ?

Oui, en principe, les jugements étrangers doivent être traduits en allemand pour les procédures en Allemagne. La traduction doit si possible être réalisée par un traducteur assermenté, car le tribunal a besoin d’une traduction exacte pour vérifier la conformité et permettre la communication. Cela s’applique en particulier pour la soumission aux tribunaux, aux autorités ou pour l’introduction d’une procédure d’exequatur. Des exceptions peuvent s’appliquer dans des procédures spécifiques, comme dans le cadre des règlements européens, où un formulaire standard multilingue peut suffire.

Comment se déroule la procédure d’exequatur pour la déclaration de force exécutoire d’un jugement étranger ?

L’exequatur est la procédure formelle visant à déclarer la force exécutoire d’un jugement étranger en Allemagne. Elle commence par la demande de la partie souhaitant procéder à l’exécution auprès du tribunal régional allemand compétent. Il est nécessaire de présenter l’original du titre étranger ou une copie certifiée conforme, une traduction ainsi qu’une preuve de son caractère exécutoire. Le tribunal vérifie que les conditions de reconnaissance et l’absence d’obstacles à l’exécution sont réunies. Ce n’est qu’après une décision positive que le jugement étranger devient exécutoire en Allemagne et peut être exécuté comme un jugement national. S’agissant de titres européens, la procédure peut être largement supprimée ou simplifiée par l’application de règlements européens, comme le Règlement Bruxelles Ia.

Les jugements pénaux étrangers sont-ils également susceptibles d’être reconnus et exécutés en Allemagne ?

Les jugements pénaux étrangers relèvent d’un régime juridique différent des jugements civils. Leur reconnaissance et leur exécution ne sont possibles que dans le cadre de conventions internationales, telles que la « Convention européenne sur la transmission des procédures répressives », ou d’accords bilatéraux spécifiques. En principe, l’Allemagne n’exécute des jugements pénaux étrangers qu’en respectant des conditions strictes, telles que l’interdiction de la double condamnation (ne bis in idem) et la vérification que l’acte constitue également une infraction selon le droit allemand. Certains cadres européens règlent la reconnaissance mutuelle des peines privatives de liberté et des amendes dans l’espace des États membres.

Quel rôle joue l’ordre public dans la reconnaissance des jugements étrangers ?

L’ordre public (ordre public) constitue un obstacle important à la reconnaissance et à l’exécution en droit allemand. Un jugement étranger qui contredit des principes fondamentaux de l’État de droit allemand, notamment les droits de l’homme ou des principes procéduraux essentiels, ne peut pas être reconnu ni exécuté en Allemagne. L’examen de la conformité à l’ordre public est effectué dans le cadre de la procédure de reconnaissance ou d’exécution par le tribunal compétent. Cet obstacle n’est toutefois retenu qu’en cas de violation grave, et non pour de simples divergences avec les conceptions juridiques allemandes.

Les jugements étrangers sont-ils également reconnus en Allemagne dans les affaires fiscales ?

En règle générale, les affaires fiscales ne sont ni reconnues ni exécutées selon le droit allemand, car le droit allemand – comme de nombreux autres droits nationaux – prévoit l’interdiction d’exécution fiscale. Cela signifie que les décisions fiscales, douanières ou administratives étrangères ne sont en principe pas exécutées par les tribunaux ou autorités allemands. Des exceptions ne peuvent exister que sur la base de traités internationaux spécifiques (par exemple au sein de l’UE) et sont strictement limitées.