Définition et cadre juridique du Kirchentag
Le terme « Kirchentag » désigne en Allemagne et dans d’autres pays une manifestation de grande envergure organisée régulièrement, principalement par des Églises évangéliques, parfois aussi par des communautés catholiques. Ces événements sont caractérisés par des programmes religieux, sociétaux, culturels et politiques. D’un point de vue juridique, un Kirchentag constitue un événement majeur limité dans le temps et l’espace, organisé par une entité indépendante juridiquement et soumis à de nombreuses lois et règlements.
Statut juridique et organisateur
Kirchentag en tant que personne morale
Un Kirchentag est généralement organisé par un porteur légalement indépendant, souvent sous la forme d’une association immatriculée (e.V.) conformément au droit allemand des associations (§§ 21 et suivants BGB). À titre d’exemple, le « Deutscher Evangelischer Kirchentag e. V. » est inscrit au registre des associations comme entité juridique du Kirchentag allemand.
Capacité juridique et but non lucratif
Les associations porteuses des Kirchentage sont généralement dotées de la personnalité juridique et poursuivent des objectifs non lucratifs, ce qui leur permet d’être reconnues comme des organismes d’utilité publique selon le § 52 de l’AO. Cela a des conséquences importantes en matière fiscale, notamment en ce qui concerne les exonérations d’impôts sur les sociétés, sur l’activité commerciale et sur la TVA, ainsi que la possibilité de délivrer des reçus de dons.
Autonomie ecclésiastique et coopération avec l’État
Comme les associations porteuses sont généralement rattachées à des institutions centrales de l’Église, elles relèvent du droit fondamental à l’autodétermination ecclésiastique protégé par l’article 140 de la Loi fondamentale en relation avec art. 137 de la Constitution de Weimar. Néanmoins, l’organisation d’un Kirchentag nécessite une coopération avec les autorités étatiques, notamment en raison de l’utilisation d’espaces publics et pour des raisons de sécurité.
Aspects juridiques liés à l’organisation de manifestations
Droit des rassemblements et des événements
La tenue d’un Kirchentag requiert des autorisations conformément à la législation du Land du lieu de la manifestation, notamment en vertu des dispositions relatives au droit de réunion (selon le cas, § 14 loi sur les rassemblements) et du droit de police (par exemple, lois sur les événements des Länder). Les autorités examinent les concepts relatifs à la sécurité, à la circulation et à la protection contre le bruit.
Droits d’utilisation des espaces publics
L’utilisation d’espaces publics (par ex. places, rues, salles de manifestations) nécessite des autorisations spéciales d’occupation conformément aux lois sur la voirie (en Allemagne LStrG des Länder). Des servitudes libres ou des accords contractuels avec les municipalités règlent les modalités d’utilisation, la responsabilité et la prise en charge des coûts.
Exigences en matière de droit de la construction et de la sécurité incendie
Les constructions temporaires pour événements (par ex. scènes, tentes) sont soumises aux règles de la législation sur la construction du Land concerné (LBO) et doivent respecter les normes en vigueur concernant les aspects constructifs et la sécurité incendie (par ex. planification des issues de secours, prescriptions en matière de prévention incendie).
Questions relatives à la responsabilité
Responsabilité de l’organisateur
L’association porteuse du Kirchentag est, selon le § 823 BGB, en principe responsable des dommages résultant de l’événement, notamment en cas de manquement aux obligations de sécurité. Une assurance responsabilité civile est donc obligatoire.
Responsabilité pour des tiers
Pour les auxiliaires d’exécution (par exemple employés, bénévoles), l’association est responsable selon le § 831 BGB. La responsabilité pour des événements tiers dans le cadre du programme doit être réglée contractuellement au cas par cas.
Protection des données et droits de la personnalité
En raison du nombre élevé d’invités et de participants, les dispositions du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) doivent impérativement être respectées. La collecte et le traitement des données personnelles (par ex. inscription à des événements, enregistrements audio et vidéo) nécessitent des bases juridiques, notamment les obligations d’information selon l’art. 13 RGPD ainsi que, le cas échéant, des consentements.
Droit du travail et de la sécurité sociale
Emploi de salariés et de bénévoles
Les contrats de travail pour les salariés à temps plein sont établis selon le droit du travail commun ; pour les bénévoles, des règles particulières s’appliquent. Il existe des obligations de déclaration à la sécurité sociale si des activités sont rémunérées.
Conséquences fiscales
Impôt sur les sociétés et TVA
En tant qu’organisation d’utilité publique, l’organisateur est exonéré d’impôt sur les sociétés, tant qu’aucune exploitation commerciale n’est exercée dans le cadre imposable (§§ 64, 65 AO). Les recettes tirées de la vente de billets, d’articles de merchandising ou de services de restauration sont soumises à la TVA, sauf si des exonérations pour utilité publique s’appliquent.
Droit des dons et du sponsoring
Les dons faits aux Kirchentage ouvrent droit à des avantages fiscaux (§ 10b EStG) ; les revenus du sponsoring sont considérés comme des recettes d’exploitation commerciale et soumis à l’impôt sur les sociétés et à la taxe professionnelle dès lors que les seuils d’utilité publique sont dépassés.
Aspects liés au droit d’auteur
L’utilisation de musique, de textes ou d’autres œuvres protégées lors d’événements est soumise aux dispositions de la loi sur le droit d’auteur (UrhG), en particulier en ce qui concerne la représentation publique (§ 15 UrhG). Des contrats avec les sociétés de gestion collective (par ex. GEMA) sont généralement nécessaires.
Dispositions pénales
Des mesures organisationnelles doivent être prévues pour prévenir toute infraction pénale (par ex. infraction à la loi sur les rassemblements, violation de domicile, blessures corporelles). L’organisateur peut être pénalement responsable en cas de manquements correspondants.
Résumé
Le Kirchentag est un événement complexe de grande ampleur, soumis à de nombreuses réglementations juridiques. L’organisation et la réalisation d’un Kirchentag recouvrent les domaines du droit des associations et fiscal, du droit des manifestations et de la sécurité, du droit de la protection des données, de la responsabilité, du travail, du social et aussi du droit d’auteur. Les organisateurs doivent scrupuleusement respecter toutes les réglementations applicables afin d’assurer la sécurité juridique du déroulement et de minimiser les risques de responsabilité. Une coopération pérenne avec les autorités, la documentation du respect des exigences en matière de sécurité et de protection des données ainsi qu’une gestion globale des risques sont indispensables pour une organisation conforme aux prescriptions juridiques.
Questions fréquemment posées
Qui assume la responsabilité juridique de l’organisation d’un Kirchentag ?
La responsabilité juridique de l’organisation d’un Kirchentag incombe en principe au porteur organisateur, tel que l’association du Kirchentag ou la fondation qui agit en tant que personne morale. Ce porteur conclut des contrats, assume la responsabilité et le respect des prescriptions légales (par exemple droit de réunion, droit des manifestations, normes de sécurité, protection des données) et constitue l’interlocuteur central pour les autorités et tiers. Les organisateurs assument en particulier les obligations concernant la garantie de la sécurité publique, l’obtention des autorisations nécessaires (par exemple pour les événements en espace public), le respect de la loi sur le temps de travail pour les employés et les prescriptions de protection de la jeunesse. Selon la structure organisationnelle, un partage des responsabilités peut s’effectuer au sein de l’équipe de planification via des accords internes ou des délégations ; néanmoins, la responsabilité globale demeure auprès du porteur.
Quelles autorisations de rassemblement doivent être obtenues pour un Kirchentag ?
Un Kirchentag, en tant que grande manifestation publique, en particulier en plein air, requiert en principe une autorisation selon la législation du Land concerné, comme la loi sur les rassemblements ou les dispositions équivalentes des Länder. Les organisateurs doivent soumettre à l’autorité compétente (généralement l’office de l’ordre ou la police) une demande d’inscription avec des informations détaillées sur le déroulement, le nombre de participants, le lieu, la période et d’éventuelles utilisations spéciales. Une coordination avec les autorités de la circulation est également nécessaire si des fermetures de routes, des déviations ou des règles d’accès particulières sont prévues. Selon le programme (concerts, défilés, manifestations), des autorisations supplémentaires peuvent être exigées pour les nuisances sonores, les effets pyrotechniques ou les constructions temporaires. Une concertation étroite avec la police, les pompiers et les services de secours est obligatoire pour des raisons de sécurité.
Dans quelle mesure le Kirchentag est-il soumis au droit de la protection des données ?
Lors d’un Kirchentag, d’importantes quantités de données personnelles sont collectées et traitées, notamment lors de l’inscription des participants, des intervenants, des employés et des bénévoles. Les exigences du Règlement général sur la protection des données (RGPD) et, le cas échéant, de lois ecclésiastiques complémentaires (par exemple KDG ou DSG-EKD) s’appliquent si le porteur est ecclésial. Le Kirchentag doit mettre en place une politique de protection des données garantissant la protection, le traitement sécurisé et la suppression des données personnelles. Cela concerne en particulier la collecte de coordonnées, d’informations de paiement, de données de santé lorsque celles-ci sont fournies volontairement, ainsi que de photos et d’enregistrements vidéo. Avant chaque traitement de données, une base légale doit être établie, telle que le consentement de la personne concernée ou un intérêt légitime. Des obligations d’information transparentes ainsi que le droit à l’information, à la rectification et à la suppression des données doivent être assurés.
Quels sont les risques juridiques en matière de responsabilité lors de l’organisation d’un Kirchentag ?
L’organisation d’un Kirchentag comporte de nombreux risques en matière de responsabilité. Cela inclut les dommages corporels ou matériels pouvant survenir pendant l’événement, par exemple à la suite de défauts de construction, de mesures de sécurité insuffisantes, d’intempéries ou d’accidents sur le site de la manifestation. L’organisateur est responsable des dommages résultant du manquement aux obligations de sécurité en vertu des dispositions du droit civil. Il peut également être tenu responsable des actions de ses auxiliaires d’exécution (employés, prestataires, bénévoles). La souscription d’assurances de responsabilité civile (assurance responsabilité civile organisateur, éventuellement assurances accidents pour les bénévoles) est vivement conseillée d’un point de vue juridique. Par ailleurs, des revendications contractuelles en responsabilité peuvent découler de prestations non exécutées ou de retards. En cas de graves manquements aux obligations légales, une responsabilité pénale (par exemple pour blessures par négligence) n’est pas exclue.
Quelles exigences légales s’appliquent à la protection de la jeunesse lors d’un Kirchentag ?
Lors des Kirchentage, les dispositions de la loi sur la protection de la jeunesse (JuSchG) s’appliquent, dès lors que des mineurs participent. Cela inclut les règles relatives à la vente et à la consommation d’alcool et de tabac, les conditions de présence dans les lieux de manifestation (par exemple lors des événements en soirée), ainsi que la protection contre les contenus préjudiciables aux mineurs ou l’utilisation excessive des médias numériques. L’organisateur est tenu de contrôler l’âge des participants lors de l’inscription et à l’entrée si nécessaire, de mettre à disposition suffisamment de personnes responsables pour la surveillance des mineurs, et de mettre en œuvre les concepts de protection adéquats. Pour l’hébergement ou lors d’événements spécifiquement destinés à la jeunesse, des règles particulières (par exemple autorisation écrite du représentant légal) et des échanges réguliers avec l’office local de la jeunesse sont requis.
Quelles obligations en matière d’accessibilité et d’égalité doivent être respectées ?
Dans le cadre d’un Kirchentag, il convient de respecter les obligations légales relatives à l’accessibilité et à l’égalité. Conformément à la Loi sur l’égalité des personnes handicapées (BGG) et aux lois des Länder, les lieux de manifestation, les circulations et les offres doivent être adaptés pour permettre l’accès aux personnes handicapées. Cela inclut des entrées accessibles, des sanitaires adaptés, une signalétique suffisante en langage simplifié, des services comme l’interprétation en langue des signes ainsi que l’accompagnement des personnes à mobilité réduite. La planification et la mise en œuvre doivent se faire en concertation avec les délégués ou associations représentatives des personnes handicapées. De plus, les obligations de lutte contre la discrimination selon la Loi sur l’égalité de traitement (AGG) doivent être appliquées, tant pour l’accès à la manifestation que dans les relations avec le personnel et les participants.
Quelles particularités du droit du travail s’appliquent pour les employés et les bénévoles ?
Lors de l’engagement de collaborateurs et de bénévoles, il convient de respecter le cadre légal du droit du travail. Les employés relèvent du droit du travail, notamment des règles relatives à la durée maximale du travail, aux pauses et au travail dominical ou les jours fériés, pour lesquelles des exceptions peuvent être demandées le cas échéant. Le recours à des bénévoles repose en général sur des conventions de volontariat, qui ne constituent pas un contrat de travail classique ; cependant, ils doivent être couverts par l’assurance accidents légale prise en charge par l’organisateur. Les deux groupes doivent être intégrés dans les mesures de santé et de sécurité existantes, par exemple via des instructions, des évaluations des risques et la fourniture d’équipements de protection. Une attention particulière doit être accordée aux jeunes employés, pour lesquels des règles de protection spécifiques supplémentaires s’appliquent.