Notion et qualification juridique de l’investissement
Définition et distinctions
Le terme « investissement » désigne, dans un contexte juridique, l’utilisation ciblée de capitaux dans le but de générer une plus-value financière future. Les investissements peuvent revêtir diverses formes, telles que placements en valeurs mobilières, immobilier, participations d’entreprise, métaux précieux ou formes d’investissement alternatives. Leur qualification juridique est principalement déterminée par la législation nationale et européenne, notamment la loi sur les investissements (KAGB) et le Code des investissements (KAGB). Le terme se distingue d’une approche purement scientifique ou économique, dans laquelle l’investissement n’implique pas nécessairement un encadrement juridique rigoureux.
Sources légales
Code des investissements (KAGB)
Le KAGB régit les placements organisés, en particulier les organismes de placement collectif (OPC), les fonds d’investissement ainsi que leur gestion (sociétés de gestion de portefeuille, KVG). La loi vise avant tout la protection des investisseurs, la transparence du marché et la limitation des risques dans le système financier. Elle définit les notions essentielles, réglemente l’agrément et les activités des KVG ainsi que les exigences applicables à la commercialisation des OPC.
Bases en droit civil
En droit civil, les investissements sont notamment soumis aux dispositions du Code civil allemand (BGB), du Code de commerce (HGB) ainsi qu’à des lois spéciales complémentaires. Les contrats de financement, statuts de société, contrats d’achat, de prêt et autres structures contractuelles permettent aux investisseurs de participer en toute sécurité juridique à diverses opportunités d’investissement. La liberté contractuelle et les exigences de forme sont déterminantes.
Droit bancaire et des valeurs mobilières
La loi sur le commerce des valeurs mobilières (WpHG), la loi sur le crédit (KWG) et la directive MiFID II (transposée en droit national) régissent l’achat, la conservation ainsi que l’acquisition et la cession d’instruments financiers pour les investisseurs. Les obligations de protection, d’information et de transparence visent à protéger aussi bien les investisseurs privés qu’institutionnels contre les risques et les abus.
Droit international et exigences européennes
Les accords internationaux et les directives européennes (notamment la directive OPCVM/UCITS et la directive AIFM) influencent de manière déterminante la réglementation nationale. Ils harmonisent les règles d’agrément et de gestion des fonds d’investissement ainsi que les prescriptions relatives à la distribution transfrontalière de produits financiers.
Types d’investissements dans le contexte juridique
Investissement en valeurs mobilières
Les investissements en actions, obligations, produits dérivés et autres instruments financiers sont soumis à des exigences particulières en matière de protection et de transparence. L’émission, le prospectus et la commercialisation sont réglementés par la loi sur les prospectus des valeurs mobilières (WpPG) ou par la loi sur les placements financiers (VermAnlG). Les obligations d’information et de publication visent à assurer la protection de l’investisseur.
Investissements directs et participations
Les participations directes dans des entreprises, les fonds fermés ou les investissements en capital-risque sont considérés comme des formes de placements individuels, où le droit de la participation est essentiel. Les droits et obligations des investisseurs découlent des statuts de société (en particulier selon la loi sur les GmbH, la loi sur les sociétés anonymes ou le HGB). Les avertissements sur les risques et les obligations d’information dans la distribution sont légalement obligatoires.
Investissements immobiliers
Les investissements immobiliers peuvent être réalisés directement (acquisition de propriété) ou indirectement (par exemple, via des fonds immobiliers ou REITs). Outre l’acte d’acquisition régi par le BGB, il convient de respecter les dispositions de droit public (BauGB, droit du registre foncier, MaBV). Les fonds immobiliers sont également soumis aux règles du KAGB.
Investissements alternatifs
Les placements dans les matières premières, métaux précieux ou actifs numériques (par exemple, cryptomonnaies) sont soumis, selon leur configuration, à des exigences spécifiques en matière de surveillance et de fiscalité. Leur qualification en tant qu’instrument financier au sens du KWG ou de la MiFID II est déterminante pour leur traitement réglementaire.
Cadre légal des offres d’investissement
Obligation de prospectus et protection des investisseurs
De nombreux investissements sont soumis à une obligation de prospectus dès lors qu’ils sont proposés publiquement. L’obligation de prospectus vise à garantir la transparence totale sur le produit d’investissement ainsi que sur les risques, coûts et responsables. Les dispositions nationales et européennes définissent des exigences minimales relatives au contenu et à la publication des prospectus.
Surveillance et régulation
Les fournisseurs d’investissements sont parfois soumis au contrôle de l’Autorité fédérale de supervision financière (BaFin). La surveillance inclut, entre autres, l’agrément des prestataires, le contrôle des activités en cours, la vérification des prospectus et la sanction des manquements. Pour les investissements alternatifs n’entrant pas dans le champ du KAGB, d’autres réglementations peuvent s’appliquer.
Obligations d’information, de conseil et de documentation
La commercialisation de produits d’investissement est soumise à des obligations strictes d’information, de conseil et de documentation. Celles-ci visent à protéger les investisseurs non professionnels et à garantir un niveau d’information suffisant sur les opportunités, risques et éventuels conflits d’intérêts de l’offreur.
Implications fiscales des investissements
Traitement fiscal au titre de l’impôt sur le revenu
Les revenus issus d’investissements sont, en Allemagne, généralement considérés comme des revenus de capitaux mobiliers (§ 20 EStG). Cela inclut, par exemple, dividendes, intérêts et plus-values de cession. Les fonds d’investissement sont soumis à des particularités prévues par la loi sur la fiscalité des placements (InvStG), qui distingue les fonds nationaux des fonds étrangers.
TVA et droit de mutation immobilière
Les investissements immobiliers peuvent, le cas échéant, être soumis au droit de mutation immobilière. Pour certains produits financiers structurés, la TVA peut également jouer un rôle, notamment dans le cadre des prestations de conseil et d’intermédiation.
Droit fiscal international
Les investissements internationaux sont régis par les conventions contre la double imposition, les directives européennes sur la retenue à la source ainsi que par des dispositions visant à lutter contre l’évasion fiscale (par ex. AStG, ATAD). La structuration juridique de l’investissement détermine la manière et le lieu d’imposition des revenus.
Risques et responsabilités liés aux investissements
Risques de responsabilité
La participation à des investissements comporte différents risques de responsabilité. Ceux-ci peuvent découler de la responsabilité liée au prospectus, d’une erreur de conseil, de la violation des obligations d’information ou d’obligations relevant du droit des sociétés. Pour certains produits d’investissement, une responsabilité liée au prospectus existe également au sens large, et peut concerner tant les initiateurs que les intermédiaires.
Insolvabilité et protection des créanciers
Le droit de l’insolvabilité (InsO) régit la protection des investisseurs en cas d’insolvabilité de l’émetteur ou du gestionnaire de fonds. Le traitement des créances en cours, la position de l’investisseur dans la procédure d’insolvabilité ainsi que les mécanismes de garantie (par exemple, garantie des dépôts, indemnisation des investisseurs) en dépendent.
Résumé
La notion d’« investissement » recouvre une multitude de formes de placement soumises à divers cadres juridiques et réglementaires. L’analyse juridique s’étend des bases en droit civil et des sociétés aux exigences prudentielles, au traitement fiscal ainsi qu’aux questions de responsabilité et d’insolvabilité. Au niveau national comme international, des réglementations étendues encadrent les activités d’investissement, en mettant particulièrement l’accent sur la protection et la transparence au bénéfice des investisseurs.
Questions fréquentes
Quelles sont les conditions légales requises pour le conseil en investissement ?
Toute personne physique ou morale proposant des conseils en investissement doit obtenir, en Allemagne, une autorisation appropriée selon le § 34f GewO (Code du commerce) ou, pour les prestataires de services financiers, selon la loi sur le commerce des valeurs mobilières. L’Autorité fédérale de supervision financière (BaFin) veille au respect de ces dispositions. Il existe des exigences strictes concernant la compétence, la fiabilité et la situation patrimoniale du conseiller. Dans le cadre de l’entretien de conseil, le conseiller en investissement est légalement tenu d’effectuer une vérification d’adéquation et d’assurer la transparence sur les coûts, les risques et les conditions contractuelles. En cas de manquement à ces obligations, des demandes de dommages-intérêts peuvent être formulées contre le conseiller.
Dans quelle mesure les investisseurs sont-ils protégés par la réglementation ?
La protection des investisseurs en Allemagne est régie essentiellement par la loi sur le commerce des valeurs mobilières (WpHG) et la loi-modèle sur les procédures collectives des investisseurs (KapMuG). Les investisseurs bénéficient, entre autres, d’obligations d’information, de la responsabilité liée au prospectus ainsi que de la séparation des avoirs des clients et du patrimoine propre des prestataires. Il existe aussi des obligations de divulgation des risques et des coûts, des obligations de participation à la conservation des titres (loi sur les dépôts) et au fonds de garantie des dépôts. En cas de conseil erroné, les droits à dommages-intérêts légaux permettent un recours judiciaire. Des médiateurs spécialisés et des procédures de règlement à l’amiable offrent également des voies simplifiées pour l’exercice des droits.
Quelles sont les obligations d’information requises par la loi lors de la commercialisation d’investissements ?
Dans le cadre de la commercialisation de produits d’investissement, des obligations détaillées d’information doivent être respectées. Selon le WpHG, la loi sur les placements collectifs et le règlement PRIIP (document d’informations clés), l’investisseur doit recevoir, en termes accessibles, toutes les informations essentielles sur le produit, ses opportunités et risques, ses coûts, la durée du contrat et les droits de remboursement. Les prestataires doivent également signaler les conflits d’intérêts, les rémunérations et commissions de tiers. Tout manque ou défaut d’information peut entraîner des erreurs de conseil et, par conséquent, des droits à réparation. La documentation des entretiens de conseil et de commercialisation est obligatoire.
Quelles sont les obligations réglementaires applicables aux fonds d’investissement ?
Les fonds d’investissement en Allemagne sont soumis au Code des investissements (KAGB), qui transpose les dispositions de la directive UCITS et de la directive AIFM au niveau européen. Le KAGB définit notamment les règles d’agrément des sociétés de gestion, les exigences de gestion et de supervision des fonds, les règles d’investissement, les obligations de transparence et l’information des investisseurs. Les actifs du fonds doivent toujours être tenus séparément de ceux de la société de gestion (principe de séparation). Par ailleurs, des obligations de reporting étendues et des mécanismes de contrôle par la BaFin s’appliquent.
Comment les pertes d’actifs sont-elles juridiquement protégées en cas d’insolvabilité de l’émetteur ?
En cas d’insolvabilité d’un prestataire de services financiers, le principe de séparation s’applique, c’est-à-dire que les fonds et valeurs des clients doivent être séparés du patrimoine propre du prestataire et leur restitution doit être prioritaire en cas d’insolvabilité (§ 84 et suivants WpHG, loi sur les dépôts, KAGB). Des mécanismes de protection existent pour les dépôts bancaires, tels que la garantie légale des dépôts jusqu’à 100 000 € par client et les fonds supplémentaires des banques. Pour les valeurs mobilières, il est également garanti que les droits de restitution des investisseurs priment sur ceux des autres créanciers.
Quand la responsabilité liée au prospectus s’applique-t-elle aux investissements ?
La responsabilité liée au prospectus concerne les émetteurs et fournisseurs de valeurs mobilières ou de produits d’investissement. Ils sont tenus, conformément à la loi sur les prospectus et la loi sur les placements financiers, de fournir un prospectus de vente complet et exact. Toute information erronée, omise ou trompeuse dans le prospectus entraîne une responsabilité objective envers l’acquéreur dans un délai de six mois après l’acquisition. Dans le cadre de cette responsabilité, les investisseurs peuvent solliciter la résolution de l’achat ou des dommages-intérêts. Cette responsabilité s’étend également à certains intermédiaires et aux personnes impliquées dans l’élaboration du prospectus.