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Interventions de la Bundeswehr sur le territoire national

Définition et cadre juridique des interventions de la Bundeswehr sur le territoire national

La notion de interventions de la Bundeswehr sur le territoire national désigne l’engagement des forces armées allemandes sur le territoire de la République fédérale d’Allemagne en dehors de leur mission habituelle de défense extérieure. Le cadre constitutionnel de ces interventions est clairement défini et limité par la Loi fondamentale (LF), en particulier par les articles 35, 87a et 91, ainsi que par diverses dispositions législatives et des arrêts de la Cour constitutionnelle fédérale.

Fondements constitutionnels

Dispositions de la Loi fondamentale

La Bundeswehr est principalement responsable de la sécurité extérieure de la République fédérale d’Allemagne (art. 87a LF). Les interventions sur le territoire national constituent donc en principe l’exception, car la séparation des pouvoirs et le fédéralisme, le monopole de la force par la police ainsi que le principe de séparation entre police et armée en temps de paix sont essentiels. Néanmoins, la Loi fondamentale autorise certains scénarios d’intervention sous des circonstances déterminées.

Article 35 LF – Assistance administrative et urgence en cas de catastrophe

L’article 35 LF distingue les cas suivants :

  • Alinéa 1 : Principe de l’assistance administrative : toutes les autorités fédérales et des Länder se prêtent assistance mutuellement ; la Bundeswehr peut intervenir de façon auxiliaire, par exemple logistique ou technique.
  • Alinéa 2 phrase 2 et alinéa 3 : Intervention de la Bundeswehr en aide lors de catastrophes naturelles ou de sinistres particulièrement graves (« état de catastrophe »). Dans ces cas, une « intervention des forces armées » est également autorisée si la police n’est plus en mesure de maîtriser la situation seule.

Article 87a LF – Mission de défense et exception à l’interdiction

L’article 87a LF dispose :

  • Alinéa 2 : L’intervention de la Bundeswehr à l’intérieur du pays n’est expressément permise que par la Loi fondamentale. Sans autorisation expresse, une intervention pour le maintien ou le rétablissement de la sécurité et de l’ordre publics est exclue.
  • Alinéas 3-4 : En cas d’état d’urgence intérieur (art. 91 LF) ou de situation de défense, les forces armées peuvent être engagées en appui de la police.

Article 91 LF – État d’urgence intérieure

En cas d’état d’urgence intérieure, c’est-à-dire lorsqu’il existe un danger imminent pour l’ordre démocratique et libéral de la Fédération ou d’un Land, le gouvernement fédéral peut envoyer des forces de police dans le Land concerné et y déployer également des forces armées, si les moyens policiers s’avèrent insuffisants.

Types d’interventions de la Bundeswehr sur le territoire national

Missions d’appui (assistance administrative)

Dans le cadre de l’assistance administrative, les forces de la Bundeswehr apportent leur soutien lors de grands événements, de transports, d’aides techniques, d’épidémies, de crues ou d’autres situations de catastrophe. L’utilisation d’armes à des fins de prévention des dangers est en principe interdite ; cela reste de la compétence de la police.

Interventions en cas de catastrophe et d’urgence

En cas de catastrophes naturelles ou de sinistres exceptionnels, la Bundeswehr peut être sollicitée par les gouvernements des Länder. Le seuil précis à partir duquel il s’agit d’une « catastrophe naturelle » ou d’un « sinistre particulièrement grave » doit être examiné au cas par cas, le principe de proportionnalité devant absolument être respecté.

Missions policières et moyens « ultimes »

La décision dite relative à la loi sur la sécurité aérienne du Tribunal constitutionnel fédéral (BVerfGE 115, 118) a clarifié que la Bundeswehr ne peut se voir attribuer des compétences policières à l’intérieur du pays, notamment le recours à la contrainte souveraine avec des moyens létaux, que dans des cas exceptionnels strictement limités (=légitime défense contre des attaques imminentes de dimension extraordinaire).

Élaborations législatives et autres dispositions

Dispositions législatives ordinaires

Des précisions supplémentaires figurent dans la Loi sur la coopération entre la Bundeswehr et la police en cas de défense (BwZG) ainsi que dans la Loi sur l’usage de la contrainte immédiate dans l’exercice de la puissance publique par les agents d’exécution fédéraux (UZwG). Elles règlent notamment les modalités de coopération et le recours à la force armée.

Procédure de demande et compétences

En cas de catastrophe, le gouvernement du Land, ou l’organe désigné par celui-ci, peut demander l’aide de la Bundeswehr. La décision finale d’engagement revient, au niveau fédéral, au ministère fédéral de la Défense, qui vérifie la nécessité et la proportionnalité. En cas d’état d’urgence intérieure, la décision relève du gouvernement fédéral dans son ensemble.

Limitations et contrôles

Clausule de réserve parlementaire

Contrairement aux opérations à l’étranger, la majorité des interventions de la Bundeswehr sur le territoire national ne requiert pas de loi de participation parlementaire, car il s’agit le plus souvent de prestations de soutien exécutives et non « d’entreprises armées » au sens de la Loi fondamentale. Néanmoins, un contrôle est exercé par les commissions du Bundestag afin de prévenir tout abus.

Principe de séparation police – armée

Le principe de séparation interdit un « État policier » par la confusion des compétences entre autorité policière et force militaire. Les dispositions constitutionnelles visent à ne permettre le recours à des moyens militaires à l’intérieur du pays qu’en ultime recours et sous conditions strictes.

Jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale

Par plusieurs arrêts de principe (notamment sur la loi sur la sécurité aérienne, la réserve parlementaire pour les opérations extérieures, les missions policières), la Cour constitutionnelle fédérale a régulièrement précisé le cadre de légalité des interventions de la Bundeswehr sur le territoire national ; sont en particulier illicites les interventions préventives ou élargies de moyens militaires pour la simple assistance à la police dans le maintien général de la sécurité publique.

Exemples pratiques et évolutions actuelles

Interventions de la Bundeswehr lors de catastrophes naturelles

Historiquement, la Bundeswehr s’est illustrée dans des interventions nationales lors de la crue de l’Elbe en 2002, des catastrophes neigeuses en Allemagne du Sud ou lors du soutien aux services de santé pendant la pandémie de COVID-19. Dans tous les cas, l’engagement s’est fait en étroite coordination avec les autorités civiles et dans le respect strict des limites juridiques.

Débat et critiques

Les principales critiques portent sur la question de la proportionnalité, la clarté de la notion de catastrophe et la crainte d’une extension progressive des compétences militaires au détriment de la police. Les propositions de réforme visent notamment à codifier des seuils plus clairs et à instaurer des mécanismes de contrôle mieux encadrés.

Conclusion

interventions de la Bundeswehr sur le territoire national sont possibles sur le plan constitutionnel, mais elles sont soumises à des conditions strictes. Il s’agit d’un droit dérogatoire contribuant au principe fédéral d’organisation, à la séparation des pouvoirs et au principe démocratique. Les fondements juridiques sont entièrement régis par la Loi fondamentale et continuellement précisés par des dispositions législatives ordinaires et la jurisprudence suprême. Leur mise en œuvre pratique est soumise à un régime de contrôle et de vérification strict, afin d’éviter tout abus ou dépassement des compétences constitutionnelles.

Questions fréquemment posées

Quelles sont les conditions juridiques permettant des interventions de la Bundeswehr sur le territoire national ?

Les interventions de la Bundeswehr sur le territoire national ne sont autorisées qu’à des conditions juridiques strictes, en raison du principe dit de « séparation » entre police et forces armées. Les principales bases juridiques se trouvent avant tout dans la Loi fondamentale (art. 35, art. 87a LF) ainsi que dans la loi sur la Cour constitutionnelle fédérale (§ 13 n° 7 BVerfGG). En cas de catastrophe, de calamité naturelle ou d’accident grave, les forces armées peuvent, conformément à l’art. 35 al. 2 et 3 LF, être engagées en assistance administrative, agissant sous l’autorité des autorités civiles et n’exécutant que des mesures de soutien. Leur utilisation pour la prévention des dangers ou lors d’un état d’urgence intérieure selon l’art. 87a al. 4 LF n’est permise que si la sécurité publique du territoire fédéral est gravement menacée et que les autres moyens ne sont pas suffisants. Même dans le cadre des missions de sécurité aérienne (par exemple, défense contre des avions détournés à des fins terroristes), des limites constitutionnelles strictes s’appliquent conformément à la jurisprudence suprême. En définitive, toute intervention intérieure doit être limitée au strict nécessaire et fait l’objet d’un contrôle rigoureux, afin d’éviter toute violation du monopole de la force publique et des structures fédérales.

Quelles restrictions légales s’appliquent aux interventions armées de la Bundeswehr sur le territoire national ?

Les interventions armées de la Bundeswehr à l’intérieur du pays sont soumises à des exigences juridiques particulièrement strictes. La Loi fondamentale n’autorise l’utilisation d’armes militaires sur le territoire national que dans de très rares exceptions. En particulier, l’art. 87a al. 4 LF ne permet l’intervention armée qu’« en cas de menace imminente pour l’existence ou l’ordre démocratique et libre de la Fédération ou d’un Land ». Tous les autres moyens doivent d’abord être épuisés, et une décision explicite du gouvernement fédéral est en principe nécessaire. Même dans une telle situation d’urgence, l’engagement doit rester strictement borné et est soumis à un contrôle parlementaire et judiciaire rigoureux afin d’exclure tout abus.

Qui décide de l’intervention de la Bundeswehr sur le territoire national et quelle est la procédure parlementaire ?

La décision d’une intervention de la Bundeswehr à l’intérieur du pays dépend essentiellement du scénario : en cas d’aide lors de catastrophes conformément à l’art. 35 al. 2 et 3 LF, le ministère fédéral de la Défense peut ordonner l’intervention à la demande d’un gouvernement de Land ou d‘autorités individuelles. En cas d’état d’urgence intérieure selon l’art. 87a al. 4 LF, le gouvernement fédéral peut ordonner l’engagement, mais doit immédiatement informer le Bundestag et le Bundesrat ou obtenir leur accord pour la poursuite de l’engagement. La loi sur la participation parlementaire (ParlBG) concerne avant tout les opérations à l’étranger, cependant le droit d’information et d’intervention du Bundestag allemand joue également un rôle central pour les interventions sur le territoire national afin de garantir la séparation des pouvoirs.

Quel rôle jouent les gouvernements des Länder et la police lors d’une intervention de la Bundeswehr sur le territoire national ?

Lors des interventions de la Bundeswehr dans le pays, les compétences fédérales doivent être strictement respectées. La police demeure en principe responsable de la prévention des dangers sur le territoire national. La Bundeswehr n’agit qu’au titre de l’assistance administrative légalement prévue (art. 35 al. 1 et 2 LF) et intervient alors selon les instructions des autorités civiles. L’emploi des forces armées a toujours lieu en étroite coordination avec les gouvernements des Länder, notamment lors de catastrophes ou de l’appui à la police des Länder. Toute action autonome ou prise en charge de missions policières est généralement exclue, sauf dans les exceptions expressément définies par la Constitution en cas d’état d’urgence intérieure.

Existe-t-il des motifs d’exclusion ou des limites pour l’utilisation de certaines capacités militaires, comme les armes ou les blindés, sur le territoire national ?

La Loi fondamentale et les lois complémentaires limitent fortement l’emploi de capacités militaires spécifiques de la Bundeswehr à l’intérieur du pays. L’utilisation d’armes de guerre ou d’équipements militaires lourds tels que les blindés est en principe interdite et n’est permise que dans des cas expressément prévus, comme l’état d’urgence intérieure sous strict contrôle parlementaire (art. 87a al. 4 LF). Pour l’assistance administrative générale ou la protection civile, seuls des moyens appropriés et proportionnés peuvent être utilisés, généralement limités à un soutien non armé tel que le transport, la logistique, l’aide médicale ou le secours technique. L’utilisation ciblée d’armes contre des personnes est strictement interdite constitutionnellement en dehors des rares exceptions prévues par la loi.

Comment s’exerce le contrôle constitutionnel sur les interventions de la Bundeswehr à l’intérieur du pays ?

Le contrôle constitutionnel des interventions de la Bundeswehr à l’intérieur du pays s’exerce à plusieurs niveaux. D’abord, l’intervention est en principe soumise à la surveillance parlementaire, notamment pour les mesures relevant de l’art. 87a al. 4 LF. En outre, toutes les interventions doivent respecter les principes de l’État de droit et peuvent être soumises à un examen judiciaire. La Cour constitutionnelle fédérale peut être saisie en cas de doute afin de vérifier la légalité d’une intervention. Les mesures coercitives doivent toujours être proportionnées et nécessaires ; les éventuelles restrictions des droits fondamentaux font l’objet d’exigences très strictes. Par ailleurs, le commissaire à la Défense du Bundestag ainsi que la commissaire fédérale à la protection des données et à la liberté d’information disposent de pouvoirs de contrôle en ce qui concerne la conformité aux normes constitutionnelles.

Quelles différences existent entre les interventions de la Bundeswehr à l’étranger et sur le territoire national en termes de bases juridiques ?

Les bases juridiques des interventions de la Bundeswehr à l’intérieur du pays différent sensiblement de celles applicables aux interventions à l’étranger. Tandis que les interventions à l’étranger reposent en général sur des décisions d’organisations internationales (par exemple l’ONU, l’OTAN, l’UE) ainsi que sur l’art. 24 al. 2 et l’art. 87a LF conjointement avec la loi sur la participation parlementaire, les interventions à l’intérieur du pays se fondent exclusivement sur les exceptions très restrictives fixées par la Loi fondamentale. Ici, le principe strict de séparation entre missions militaires et policières s’applique ; la Bundeswehr n’intervient que dans les cas où la Constitution l’autorise explicitement. Les mécanismes de contrôle démocratique sont essentiels dans les deux types d’intervention, mais la contrainte constitutionnelle est particulièrement rigoureuse et exceptionnelle à l’intérieur du pays afin de protéger l’ordre démocratique et fédéral.