Définition du terme et bases juridiques des interdictions de collecte de preuves
Les interdictions de collecte de preuves sont, en droit allemand, des dispositions qui interdisent aux tribunaux et aux autorités de recueillir certains moyens de preuve, c’est-à-dire de les auditionner, de les saisir ou de les analyser. Elles constituent une limite importante dans le cadre de l’administration de la preuve et servent notamment à la protection des droits fondamentaux, à garantir un procès équitable et à préserver les principes de l’État de droit. De telles interdictions existent en procédure civile, pénale et administrative et reposent chacune sur des fondements dogmatiques distincts.
Systématique et types d’interdictions de collecte de preuves
Les interdictions de collecte de preuves sont à distinguer des interdictions d’utilisation de preuves. Alors que l’interdiction de collecte concerne l’obtention des moyens de preuve, les interdictions d’exploitation soulèvent un problème ultérieur, qui ne prend son importance que lors de la prise en compte et de l’évaluation des informations ainsi recueillies.
Distinction : Interdiction de collecte de preuves et interdiction d’utilisation des preuves
- Interdiction de collecte de preuves : Interdit l’obtention du moyen de preuve par le tribunal ou les organes d’enquête.
- Interdiction d’utilisation de preuves : Interdit la prise en compte de moyens de preuve déjà recueillis, éventuellement obtenus en violation des règles de procédure ou des droits fondamentaux.
Interdictions de collecte de preuves en procédure civile
En procédure civile (§§ 284 et suivants du ZPO), les interdictions de collecte de preuves visent avant tout la protection des secrets privés et de la sphère personnelle. Des interdictions typiques découlent par exemple du § 383 ZPO (droit de certains témoins de refuser de témoigner) ainsi que des §§ 385 s. ZPO (autres motifs personnels de refus de témoigner). Ainsi, certaines personnes ne peuvent être contraintes de témoigner ou de remettre des documents lorsque ceux-ci sont couverts par un secret particulièrement protégé, comme le secret médical.
Exemples d’interdictions typiques de collecte de preuves en procédure civile
- Protection du secret de la correspondance et des contenus relevant du secret postal (§ 383 al. 1 n° 5 ZPO)
- Protection de la vie privée et de la sphère personnelle
- Interdiction de collecter des preuves obtenues par des enquêtes ou interventions illicites (par ex. perquisitions illégales, enregistrements clandestins)
Interdictions de collecte de preuves en procédure pénale
En matière pénale, les interdictions de collecte de preuves revêtent une importance particulière, car elles découlent souvent directement de la protection des droits fondamentaux (art. 1, 2 GG ainsi que art. 103 al. 1 GG) et de lois spéciales. Les autorités d’enquête et judiciaires ne sont pas autorisées à obtenir des preuves à tout prix.
Fondement légal des interdictions de collecte de preuves en procédure pénale
Les principales dispositions sont notamment
- § 136a StPO (Interdiction des méthodes d’audition illicites)
- §§ 52 à 53a StPO (Droits de refus de témoignage)
- § 100a suivants StPO (Restrictions en matière d’interceptions de télécommunications)
- § 97 StPO (Impossibilité de saisir certains objets)
Cas-types
- Interdiction de mesures probatoires attentatoires aux droits fondamentaux (par exemple torture, tromperie, contrainte)
- Les témoins appartenant à certains groupes (ecclésiastiques, avocats, médecins) ne peuvent pas être interrogés sur des secrets confiés.
- Collecte de preuves en violation des garanties constitutionnelles et légales, par exemple interventions sans décision judiciaire.
Interdictions de collecte de preuves en procédure administrative et disciplinaire
En procédure administrative (§§ 24 sqq. VwVfG) et en procédure disciplinaire, des interdictions de collecte de preuves s’appliquent également. Ici, certaines données à caractère personnel et des informations dignes de protection sont notamment protégées par des obligations de confidentialité. Un exemple classique est le secret médical.
Fondements dogmatiques des interdictions de collecte de preuves
Les interdictions de collecte de preuves reposent notamment sur
- la préservation de la dignité humaine (art. 1 GG)
- le droit général de la personnalité (art. 2 al. 1 en liaison avec l’art. 1 GG)
- le droit à un procès équitable (art. 6 CEDH, art. 103 al. 1 GG)
- des principes procéduraux tels que le principe nemo tenetur se ipsum accusare (nul n’est tenu de s’accuser lui-même)
La législation distingue entre les interdictions dites absolues et relatives de collecte de preuves :
- Interdictions absolues de collecte de preuves : L’interdiction de collecte de preuves est impérative, par exemple en cas de recours à la torture.
- Interdictions relatives de collecte de preuves : L’interdiction peut, sous certaines conditions, être levée, par exemple en cas de consentement de la personne concernée.
Conséquences des violations des interdictions de collecte de preuves
Le non-respect des interdictions de collecte de preuves entraîne des conséquences procédurales et peut également affecter l’utilisation des preuves ainsi obtenues. En outre, une violation peut entraîner l’inexploitabilité (interdiction d’exploitation de la preuve) et l’annulation d’une décision.
Jurisprudence et pratique
La jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale (BVerfG) et des hautes juridictions exige le respect strict des interdictions de collecte de preuves. Le tribunal examine notamment si
- il existe une violation directe d’un droit fondamental,
- le juge légal a été dessaisi,
- les droits de la personnalité ou des relations de confiance particulières ont été violés.
Des preuves obtenues illicitement de cette manière sont en règle générale inexploitables ; exceptionnellement, une pondération au cas par cas peut cependant avoir lieu.
Rapport aux normes juridiques internationales
Les interdictions de collecte de preuves doivent également être considérées à la lumière des normes internationales, telle la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH), et tout particulièrement l’art. 6 CEDH (« procès équitable »). La protection des données personnelles acquiert aussi une nouvelle importance au niveau européen par le biais du Règlement général sur la protection des données (RGPD).
Évaluation récapitulative
Les interdictions de collecte de preuves représentent un élément fondamental du principe d’État de droit allemand. Elles garantissent les droits procéduraux et protègent les droits individuels centraux contre les ingérences de l’État et des particuliers. Leur respect est une condition essentielle à la bonne conduite conforme à la Constitution des procédures judiciaires et administratives. Leur mise en œuvre et application font l’objet d’une adaptation et d’un développement continu par la législation et la jurisprudence.
Questions fréquemment posées
Quand y a-t-il interdiction de collecte de preuves ?
Il y a interdiction de collecte de preuves chaque fois qu’une disposition légale ou un principe de droit reconnu interdit de recueillir certains faits à l’aide de preuves déterminées dans une procédure judiciaire. De telles interdictions sont notamment prévues dans le code de procédure pénale (§§ 136a, 252 StPO), la Loi fondamentale (par ex. art. 1, 2, 13 GG) et en partie en droit de procédure civile. Les motifs typiques d’une interdiction de collecte résident dans la protection de positions découlant des droits fondamentaux tels que le droit à la personnalité, le droit à l’autodétermination informationnelle, le droit de refus de témoigner ou l’interdiction de l’auto-incrimination. Une interdiction de collecte de preuves s’applique déjà au stade de l’enquête, de sorte que des preuves obtenues en violation de telles règles ne peuvent être légalement recueillies. Le tribunal doit s’abstenir d’office de recueillir de tels moyens de preuve.
À quel moment l’examen d’une interdiction de collecte de preuves a-t-il lieu ?
L’examen de la pertinence d’une interdiction de collecte de preuves intervient en principe avant la décision sur la collecte de la preuve, notamment lors de la procédure intermédiaire ou à l’audience principale, lorsqu’une demande de preuve est déposée ou qu’un moyen de preuve particulier est cité. Déjà au stade de l’enquête, le ministère public et la police doivent vérifier si les mesures destinées à obtenir un moyen de preuve sont soumises à une telle interdiction. En procédure pénale, cet examen est particulièrement important, car le tribunal doit tenir compte de cette interdiction même si aucune des parties ne la soulève (principe de l’instruction d’office). L’examen intervient régulièrement dans le cadre de l’instruction, avant que le moyen de preuve ne soit exploité.
Quelles sont les bases juridiques qui régissent les interdictions de collecte de preuves ?
Les interdictions de collecte de preuves peuvent découler de diverses normes juridiques. En procédure pénale, il s’agit notamment du code de procédure pénale (§§ 52 sqq., 136a, 252, 100c StPO), de dispositions particulières (par exemple Loi sur les télécommunications, Loi fédérale sur la protection des données), de la Loi fondamentale (par exemple art. 1 – dignité de l’homme, art. 2 – droit général de la personnalité, art. 13 – inviolabilité du domicile) ainsi que, le cas échéant, du droit régional. En procédure civile, des interdictions existent par exemple à l’article 383 ZPO (droit de refus de témoigner) ou issues de principes constitutionnels. Le droit européen ainsi que la CEDH (par ex. art. 6 CEDH – droit à un procès équitable) peuvent également conduire à de telles interdictions. Il importe que l’interdiction soit explicitement prévue par la loi ou dérivée d’une règle supérieure.
Existe-t-il différents types d’interdictions de collecte de preuves ?
Oui, la science juridique distingue plusieurs types d’interdictions de collecte de preuves. Il existe d’abord des interdictions absolues, pour lesquelles aucune pondération n’est possible – la loi exclut alors catégoriquement la collecte de la preuve (par exemple, déclarations obtenues sous la torture, § 136a StPO). À côté, il existe des interdictions relatives, où un équilibre doit être réalisé au cas par cas entre des intérêts opposés (par ex. intérêt à la poursuite pénale contre l’intérêt individuel de la personne concernée). Cela concerne en particulier les situations impliquant des droits de la personnalité, des relations de confiance particulières ou le droit à un procès équitable. Enfin, on distingue aussi les interdictions explicites (celles prévues expressément par la loi) et les interdictions non écrites (dérivées des droits fondamentaux ou de la jurisprudence).
Quelles sont les conséquences du non-respect d’une interdiction de collecte de preuves ?
Le non-respect d’une interdiction de collecte de preuves a de graves conséquences procédurales. Si une interdiction est ignorée et que le moyen de preuve est néanmoins recueilli, une interdiction d’exploitation de la preuve peut déjà s’appliquer au stade de la collecte, de sorte que le tribunal ne peut pas l’exploiter par la suite. L’utilisation d’un moyen de preuve obtenu de façon illégale peut par ailleurs constituer une violation du droit à un procès équitable ; cela peut conduire à l’annulation ou au renvoi du jugement par la juridiction d’appel. Par ailleurs, des fautes professionnelles commises par les enquêteurs ou le juge peuvent être envisagées, ce qui – en fonction de la situation – peut également avoir des conséquences disciplinaires. En cas de violations systématiques ou graves, des recours ou des actions en justice fondés sur les droits fondamentaux sont également envisageables.
Quelle différence entre interdictions de collecte de preuves et interdictions d’exploitation des preuves ?
Les interdictions de collecte de preuves s’adressent aux parties à la procédure judiciaire et extrajudiciaire et interdisent de recueillir certains moyens de preuve – c’est-à-dire que la collecte est d’emblée illicite. En revanche, les interdictions d’exploitation portent sur la question de savoir si un moyen de preuve déjà existant (même obtenu illégalement) peut être utilisé dans le procès. Ainsi, l’interdiction de collecte concerne principalement la production de la preuve tandis que l’interdiction d’exploitation porte sur son évaluation ultérieure. Les deux interdictions peuvent être réunies, mais ce n’est pas nécessairement le cas. Il arrive aussi qu’une preuve recueillie illicitement puisse, dans certains cas, être utilisée en raison, par exemple, d’une absence de besoin de protection ou d’une pondération en faveur de l’intérêt à la répression pénale.
Quel rôle jouent les interdictions de collecte de preuves en procédure civile ?
En procédure civile, les interdictions de collecte de preuves jouent un rôle secondaire mais néanmoins important. Elles s’appliquent principalement pour protéger les droits de la personnalité et des relations particulières, comme dans le cas de témoins bénéficiant d’un droit de refus de témoigner selon les §§ 383 sqq. ZPO ou pour protéger les secrets privés, par exemple pour des raisons de protection des données. Des interdictions fondées sur les droits fondamentaux – telles celles issues du droit général de la personnalité ou du droit au respect de la vie privée et familiale – peuvent aussi mener à une interdiction de collecte. Les tribunaux ont en principe l’obligation de vérifier, au cas par cas, si la preuve demandée est irrecevable et doit dès lors être refusée. Une violation peut avoir pour conséquence que le moyen de preuve ne soit ni recueilli ni exploité, et éventuellement que la décision soit entachée d’une erreur de droit.