Notion et qualification juridique de l’Initiative d’excellence
L’Initiative d’excellence est un programme majeur de soutien financé par l’État de la République fédérale d’Allemagne. Son objectif était de renforcer la recherche universitaire de pointe, d’assurer la compétitivité internationale et de promouvoir durablement la spécialisation des universités allemandes. Bien que l’initiative soit associée à la politique de l’éducation et de la recherche, elle présente de nombreuses dimensions juridiques complexes, relevant tant du droit fédéral que du droit des Länder.
Dans la suite, les fondements juridiques originels, la hiérarchie des normes, les procédures administratives, les droits et obligations résultant pour les organismes impliqués, ainsi que les effets sur le droit universitaire et le droit de la recherche seront expliqués en détail.
Fondements juridiques de l’Initiative d’excellence
Fondements constitutionnels
L’Initiative d’excellence s’inscrit dans le contexte constitutionnel du fédéralisme allemand. Son fondement essentiel repose sur la Loi fondamentale (GG), notamment :
- Art. 91b GG : Cet article régit la coopération entre la Fédération et les Länder dans le domaine de la science et de la recherche. Dans le cadre de l’Initiative d’excellence, cette coopération a été institutionnalisée, allant au-delà de la tradition de la « Communauté de tâche Science ».
- Art. 30, 70 GG (répartition des compétences) : La compétence législative en matière de politique universitaire appartient en principe aux Länder, tandis que la Fédération ne peut agir que dans le cadre du financement de la recherche scientifique.
L’Initiative d’excellence a donc toujours nécessité une base de coopération inter-Länder prenant en compte les législations universitaires spécifiques à chaque Land.
Dispositions légales et budgétaires
La mise en œuvre concrète de l’Initiative d’excellence n’est pas intervenue par une loi fédérale uniforme, mais sur la base d’accords administratifs et par l’allocation de financements selon les lois budgétaires (en particulier la loi de finances de la Fédération et celles des Länder respectifs).
Fondements juridiques essentiels :
- Lois de finances de la Fédération et des Länder
- Accord administratif entre la Fédération et les Länder concernant la mise en œuvre de l’Initiative d’excellence
- Lois universitaires pertinentes des Länder (par ex. BayHSchG en Bavière, BerlHG à Berlin)
- Droit des financements tiers et droit de la commande publique (notamment GWB et VgV)
Mise en œuvre institutionnelle et procédures administratives
Structure de base de l’Initiative d’excellence
La coordination était assurée principalement par la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG) et le Conseil scientifique (WR) qui agissaient comme institutions intermédiaires et procédaient à l’évaluation des demandes de financement. L’allocation des fonds aux universités se faisait dans le cadre de procédures d’attribution formalisées, soumises aux dispositions du droit administratif allemand.
Lignes de financement
Dans le cadre de l’Initiative d’excellence, différentes lignes de soutien ont été mises en place, notamment :
- Écoles doctorales
- Clusters d’excellence
- Concepts d’avenir
Chacune de ces lignes de financement était soumise à des conditions spécifiques d’octroi et d’attribution.
Procédures de sélection et d’attribution
Nature juridique de la procédure de sélection
La procédure de sélection est à organiser comme une procédure administrative conformément aux principes de la loi sur la procédure administrative (VwVfG) et aux lois administratives spécifiques à chaque Land. Cette procédure présente des liens avec le droit de la concurrence et le droit constitutionnel financier.
Transparence et protection juridique
Les principes de transparence et de concurrence loyale s’appliquent en continu. Des possibilités de recours existent en principe contre les décisions défavorables en matière de financements, et la juridiction administrative est compétente (cf. Code de procédure administrative – VwGO). Cependant, les recours contre les décisions d’attribution de financements sont généralement d’un succès limité en pratique en raison de la marge d’appréciation laissée aux autorités compétentes.
Aspects relatifs au droit des marchés publics
Dans la mesure où des fonds publics sont alloués, le droit des marchés publics doit être respecté, notamment lorsque l’allocation est liée à la passation de marchés au sens du GWB (loi contre les restrictions de la concurrence) ou du VgV (règlement sur les marchés publics). Cela concerne surtout les acquisitions des institutions bénéficiaires.
L’Initiative d’excellence entre droit universitaire et droit de la recherche
Implications en droit universitaire
La participation d’une université à l’Initiative d’excellence entraîne de nombreuses implications juridiques :
- Autonomie universitaire : L’attribution de financements dans le cadre de l’Initiative d’excellence influence l’autonomie des universités et la structure de leurs statuts.
- Aspects juridiques de la coopération : Les coopérations interinstitutionnelles, comme les clusters d’excellence, requièrent une base juridique sous forme de contrats et de statuts.
- Droit des financements tiers : La gestion des ressources utilisées est soumise aux dispositions relatives à l’administration des fonds tiers, notamment en ce qui concerne la comptabilité et la contrainte d’emploi des fonds.
Cadre juridique de la recherche
Le droit de la recherche est affecté à divers égards par l’Initiative d’excellence, notamment en ce qui concerne
- La liberté de la recherche et de l’enseignement (art. 5 al. 3 phrase 1 GG),
- Le principe d’égalité de traitement dans l’attribution des fonds,
- L’indépendance des comités de sélection,
- Les règles d’éthique, en particulier dans le cadre des projets de recherche.
Effets et conséquences juridiques
Statut juridique des bénéficiaires
La participation à l’Initiative d’excellence confère aux universités d’importants droits, mais aussi des obligations. Il en résulte notamment :
- Obligation de contrôle et de rapport envers les financeurs,
- Obligation d’utilisation des fonds conformément à leur objectif,
- Respect des prescriptions issues du droit universitaire régional et du droit des financements tiers,
- Obligation de rendre des comptes au public et aux parlements.
Défis et litiges juridiques
Malgré les objectifs visés, des questions juridiques se posent régulièrement en lien avec l’Initiative d’excellence, notamment :
- Questions de protection juridique en cas d’échec des demandes,
- Controverses relatives au droit des marchés publics,
- Questions de discrimination et d’égalité,
- Aspects relatifs à la protection des données dans le traitement d’informations sensibles des candidatures et des évaluations.
Évolution : Stratégie d’excellence et programmes de succession
En 2016, l’Initiative d’excellence a été remplacée par son programme successeur, la « Stratégie d’excellence ». Les principes juridiques de l’Initiative d’excellence ont été en grande partie maintenus, mais ont évolué sur certains aspects et ont été redéfinis. La poursuite du programme repose également sur des accords administratifs entre la Fédération et les Länder, les structures juridiques et les standards procéduraux étant pour l’essentiel reconduits.
Références et sources complémentaires
- Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne
- Loi sur la procédure administrative (VwVfG)
- Loi de finances fédérale
- Lois universitaires des Länder
- Loi contre les restrictions de la concurrence (GWB)
- Règlement sur les marchés publics (VgV)
- Documents de la Conférence scientifique commune (GWK)
- Publications de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG)
- Recommandations du Conseil scientifique
Conclusion : L’Initiative d’excellence constitue un instrument de soutien complexe comportant des implications juridiques étendues dans le secteur universitaire et scientifique allemand. L’analyse juridique couvre les aspects constitutionnels, budgétaires, administratifs, de la commande publique et du droit universitaire, faisant de l’initiative un élément important et structurant du paysage scientifique allemand.
Questions fréquemment posées
Quels fondements juridiques régissent l’attribution de financements dans le cadre de l’Initiative d’excellence ?
L’attribution de financements dans le cadre de l’Initiative d’excellence repose principalement sur des dispositions budgétaires et administratives au niveau fédéral et des Länder. En particulier, la loi de finances fédérale (BHO) ainsi que les ordonnances budgétaires des Länder concernés sont déterminantes, garantissant l’utilisation appropriée, économique et efficiente des fonds. Les directives de financement, décidées par la Conférence scientifique commune (GWK) et mises en œuvre en concertation par le Ministère fédéral de l’éducation et de la recherche (BMBF) et les Länder, précisent les exigences formelles et matérielles concernant la demande, l’utilisation des fonds et la justification de l’emploi des ressources. Par ailleurs, le droit des marchés publics s’applique dans la mesure où des marchés publics sont attribués dans le cadre des projets. Les décisions d’attribution constitutives, considérées comme actes administratifs, sont également applicables et leurs conditions et obligations lient juridiquement les universités bénéficiaires.
Quelles obligations incombent aux universités bénéficiaires en vertu des notifications d’octroi dans le cadre de l’Initiative d’excellence ?
Les universités bénéficiaires s’engagent, dans le cadre des notifications d’octroi, à utiliser les fonds exclusivement dans le but poursuivi par le financement et à respecter les dispositions budgétaires, administratives et le cas échéant européennes applicables. Sont notamment requises le respect des obligations de publicité et de transparence, la tenue d’une comptabilité régulière, la présentation de justificatifs vérifiables (rapport d’utilisation), la mise en œuvre de mesures anti-corruption et – selon la directive de financement – éventuellement l’assurance de l’égalité des chances et de la non-discrimination. Toute violation de ces obligations peut entraîner des demandes de remboursement des fonds alloués sur le plan administratif.
Quelles sont les possibilités de recours pour les universités en cas de décision défavorable sur la demande de financement ?
En cas de non-obtention d’un financement lors de la procédure de sélection de l’Initiative d’excellence, la voie de droit administrative est en principe ouverte. La décision d’attribution est en règle générale notifiée comme un acte administratif. Il est possible d’introduire un recours gracieux ou un recours contentieux devant le tribunal administratif compétent contre une décision négative. Toutefois, il convient de noter que les décisions de financement relèvent le plus souvent d’une marge d’appréciation des autorités. Le contrôle juridictionnel se concentre sur les erreurs de procédure, d’appréciation, d’excès ou d’abus de pouvoir, ainsi que sur le respect du principe d’égalité de traitement. Il n’existe pas de droit juridique à l’attribution d’un financement, mais il existe un droit à une décision exempte d’erreurs et d’arbitraire.
Existe-t-il des exigences juridiques particulières pour la collaboration avec des partenaires étrangers dans le cadre de l’Initiative d’excellence ?
Le soutien aux coopérations internationales est soumis à des exigences juridiques spécifiques, notamment en matière de droit des financements tiers, de contrôle des exportations et de protection des données. Ainsi, les dispositions de financement de l’Initiative d’excellence doivent être respectées en tenant compte des accords internationaux et du droit européen des aides d’État. Lors de l’intégration de partenaires étrangers, il convient de vérifier dans quelle mesure le transfert de fonds, la cession de droits (notamment en matière de propriété intellectuelle) et l’échange de données (RGPD/exportation de données) sont autorisés ou nécessitent des autorisations/accords particuliers. Des règles fiscales et de droit du travail peuvent également entrer en jeu, par exemple lors de l’envoi de chercheurs à l’étranger.
Quelles obligations existent en matière de transparence et de reddition de comptes pour les universités bénéficiaires ?
Dans le cadre de l’Initiative d’excellence, les universités bénéficiaires doivent produire des rapports détaillés en matière de transparence et de reddition de comptes. Il est expressément prescrit que des rapports d’étape, justifications d’usage et rapports financiers soient régulièrement présentés, attestant de l’utilisation appropriée et économique des fonds. Ces documents doivent être mis à la disposition des autorités de contrôle fédérales, des Länder et de la Cour fédérale des comptes sur demande. Les résultats des travaux scientifiques financés par l’Initiative d’excellence sont par ailleurs souvent soumis à des obligations de publicité afin d’assurer la traçabilité et le transfert de connaissances. En cas de manquement à ces obligations, des sanctions peuvent être prononcées, pouvant aller jusqu’au remboursement des fonds accordés.
Comment se caractérise la relation entre le droit fédéral et le droit des Länder dans le cadre de l’Initiative d’excellence ?
L’Initiative d’excellence est un programme commun de financement de la Fédération et des Länder, fondé sur le principe de coopération Fédération-Länder, conformément à l’art. 91b GG (Loi fondamentale). Sa mise en œuvre concrète demande le respect tant des prescriptions fédérales que locales. Tandis que le droit fédéral – comme la BHO et les directives spécifiques de financement – régit le cadre stratégique général et la gestion des fonds au niveau fédéral, la législation des Länder joue un rôle complémentaire ou d’application dans les domaines du droit universitaire et des finances publiques. Les universités sont tenues de respecter les deux niveaux de réglementation, le droit supérieur s’appliquant en cas de conflit. Une coordination étroite entre les lois est juridiquement indispensable pour garantir la sécurité juridique.