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Infraction poursuivie d’office

Définition et qualification juridique de l’infraction poursuivie d’office

L’infraction poursuivie d’office est un concept du droit de la procédure pénale désignant une infraction dont la poursuite, indépendamment de la volonté de la victime, est engagée d’office par les autorités de poursuite pénale. Le principe de l’officialité garantit ainsi que l’État intervient de manière autonome et impérative dès lors que des indices d’une infraction apparaissent. Ce principe s’oppose à la plainte d’initiative, où la poursuite dépend de la volonté expresse de la personne lésée.

Bases juridiques

Fondements procéduraux pénaux

L’obligation de poursuivre les infractions poursuivies d’office découle notamment du § 152 alinéa 2 du Code de procédure pénale allemand (StPO). Ainsi, le ministère public est tenu d’agir d’office en présence d’un soupçon initial (principe de légalité). Par ailleurs, le § 160 StPO précise les devoirs d’enquête du ministère public. La police est chargée, conformément au § 163 StPO, d’élucider les infractions considérées comme poursuivies d’office.

Distinction avec d’autres types d’infractions

Toutes les infractions ne relèvent pas du principe d’officialité. Il existe également, par exemple :

  • Infractions à plainte préalable : Dans ce cas, une plainte pénale expresse ou une demande de poursuite de la part de la victime est nécessaire (par exemple en cas de violation de domicile, § 123 StGB).
  • Infractions à autorisation : La poursuite pénale nécessite une autorisation administrative préalable (par exemple dans des cas particuliers d’infractions politiques).

Une mission essentielle en droit pénal réside donc dans la correcte qualification de l’infraction, afin de déterminer la procédure applicable par les autorités de poursuite.

Portée doctrinale de l’infraction poursuivie d’office

Principe de légalité et principe d’opportunité

L’infraction poursuivie d’office est directement liée au principe de légalité. Les autorités de poursuite n’ont aucune marge d’appréciation quant à l’opportunité d’une poursuite dès lors qu’un soupçon existe. À l’opposé, le principe d’opportunité permet dans certains cas une clôture de la procédure à la discrétion des autorités (§§ 153 sqq. StPO).

Importance pour les victimes et les mis en cause

Le principe d’officialité limite l’influence de la victime sur l’ouverture et la conduite de la procédure d’enquête, garantissant ainsi que la poursuite pénale ait lieu même si la victime ne peut ou ne souhaite pas déposer plainte. Cela est particulièrement assuré en cas d’infractions graves d’intérêt général (par exemple, homicide, lésions corporelles graves, vol avec violence). Pour les mis en cause, le principe d’officialité signifie qu’en cas de soupçon, ils doivent se préparer à une enquête pénale complète et objective, indépendamment du souhait de la victime.

Problématiques de distinction et formes particulières

Infractions à plainte relative et absolue

Un cas particulier est constitué par les “infractions à plainte relative”, qui, bien qu’en principe soumises à plainte, peuvent exceptionnellement être poursuivies d’office. Ceci requiert un intérêt public particulier à la poursuite, par exemple pour des délits tels que l’injure (§ 194 StGB) ou les coups et blessures simples (§ 230 StGB).

Exemples d’infractions poursuivies d’office

Les exemples classiques d’infractions poursuivies d’office sont :

  • Meurtre (§ 211 StGB)
  • Homicide volontaire (§ 212 StGB)
  • Vol aggravé (§ 250 StGB)
  • Extorsion (§ 253 StGB)
  • Viol (§ 177 StGB)
  • Lésions corporelles graves (§ 224 StGB)

Pour ces infractions, l’intervention des autorités est impérative.

Retombées pratiques et importance dans la procédure pénale

Début et déroulement de la poursuite pénale

Dès que les autorités d’enquête ont connaissance d’une infraction poursuivie d’office, elles sont légalement tenues d’ouvrir une enquête. Cela peut s’effectuer par dépôt de plainte, constat personnel, reportages médiatiques ou autres indications. L’enquête est menée indépendamment de la participation de la victime et peut être poursuivie contre sa volonté déclarée.

Droits procéduraux des parties

Dans la procédure relative à une infraction poursuivie d’office, les mis en cause disposent de l’ensemble des droits procéduraux, notamment le droit d’être entendu, le droit de se taire et le droit à la défense. Les victimes bénéficient de larges droits d’information, indépendamment du fait qu’elles aient ou non déposé plainte.

Qualification au plan international

Le principe de l’infraction poursuivie d’office est également reconnu dans de nombreux autres systèmes juridiques, bien qu’il existe des différences sur le plan de la délimitation et des modalités. Dans les pays d’Europe continentale, comme l’Autriche ou la Suisse, la répartition correspond largement à la systématique allemande. Dans les systèmes de common law, un concept similaire existe, mais avec des différences procédurales, le principe de légalité y étant appliqué de façon moins stricte.

Critiques et débats sur la réforme

L’application étendue du principe d’officialité est parfois remise en question, en particulier pour les infractions commises dans la sphère sociale proche (par exemple, les coups et blessures simples dans le cadre de relations intimes), où l’exercice d’un pouvoir d’appréciation au cas par cas est jugé pertinent. Toutefois, l’infraction poursuivie d’office demeure une pierre angulaire indispensable de l’État de droit, assurant une poursuite pénale objective et essentielle.

Résumé

L’infraction poursuivie d’office constitue une catégorie centrale du droit pénal et traduit l’obligation de l’État de poursuivre les infractions particulièrement graves ou affectant l’intérêt général. Par le principe d’officialité, il est garanti que ces infractions sont poursuivies par les autorités compétentes sans égard à la volonté de la victime. Ce type d’infraction a ainsi une importance majeure pour le fonctionnement, l’équité et l’efficacité de la justice pénale.

Questions fréquemment posées

Qui décide si une infraction est poursuivie d’office ?

La décision de la poursuite d’une infraction poursuivie d’office appartient exclusivement aux autorités de poursuite pénale, en particulier au ministère public. Dès que l’autorité a connaissance d’une possible infraction poursuivie d’office – par exemple par une plainte, une enquête propre ou autrement –, elle est légalement tenue d’ouvrir une procédure d’enquête. Il importe peu que la victime ait porté plainte ou ait renoncé explicitement à des poursuites. Les autorités agissent selon le principe de légalité, qui impose une enquête dès l’existence d’un soupçon initial. Il n’existe donc aucune marge d’appréciation, comme c’est le cas pour les infractions à plainte ou privées. L’initiative de la poursuite pénale appartient exclusivement aux autorités étatiques et ne peut être dirigée ou empêchée unilatéralement par un particulier.

Une infraction poursuivie d’office peut-elle être éteinte par un accord extrajudiciaire ?

En principe, en matière d’infractions poursuivies d’office, un accord extrajudiciaire entre l’auteur et la victime n’a aucune incidence juridique sur la poursuite pénale. Même si la victime renonce aux poursuites ou trouve un accord avec l’auteur (par exemple via réparation du dommage ou excuses), le ministère public reste tenu de poursuivre l’affaire. Toutefois, une réparation peut être prise en compte lors de la fixation de la peine et conduire, selon l’infraction et les circonstances, à un classement de la procédure selon certaines dispositions de la procédure pénale, en particulier les §§ 153 sqq. StPO au titre du principe d’opportunité dans les cas de moindre gravité. Il n’existe cependant pas de « recours » direct pour mettre fin à la procédure pénale.

Quelle est la portée du principe de légalité en matière d’infractions poursuivies d’office ?

Le principe de légalité est la règle fondamentale pour le traitement des infractions poursuivies d’office. Il oblige les autorités à agir impérativement et à ouvrir une enquête dès qu’elles ont connaissance d’éléments pertinents. Ce principe vise à garantir une application égale et équitable du droit pénal et à empêcher que la poursuite ne soit arbitraire ou tributaire d’intérêts subjectifs. Seules de rares exceptions, comme l’« insignifiance » (§ 153 StPO), permettent de renoncer à la poursuite. À l’inverse, le principe d’opportunité accorde une marge d’appréciation aux autorités pour certains types d’infractions (par exemple les infractions à plainte préalable).

Quelle différence entre infractions poursuivies d’office et infractions à plainte relativement à la poursuite pénale ?

En cas d’infraction poursuivie d’office, la poursuite pénale est engagée dès qu’une autorité a connaissance d’un soupçon – une plainte formelle de la victime n’est pas nécessaire. À l’inverse, la poursuite d’une infraction à plainte nécessite en principe une demande explicite de la victime (§ 77 StGB). Sans une telle demande, l’infraction reste non poursuivie, sauf exception (comme un intérêt public particulier). De plus, la victime d’une infraction poursuivie d’office ne peut empêcher en aucun cas l’ouverture ou la poursuite de la procédure, alors qu’en matière d’infraction à plainte, un retrait de la plainte permet d’arrêter la procédure.

Les entreprises ou personnes morales peuvent-elles être concernées par des infractions poursuivies d’office ?

Oui, les infractions poursuivies d’office peuvent en principe être commises tant par des personnes physiques que par des personnes morales (par exemple des entreprises, associations, fondations) ou les concerner. Par exemple, des infractions telles que la corruption, la fraude ou la subornation sont fréquentes dans le milieu des affaires et sont également poursuivies de manière impérative en tant qu’infractions d’office. Pour les personnes morales, il existe des dispositions propres du droit pénal ou du droit des contraventions, telles que la loi sur les infractions administratives (OWiG), qui prévoit des amendes, la confiscation d’actifs ou d’autres sanctions. Là encore, le ministère public est tenu d’enquêter et, le cas échéant, de poursuivre.

Existe-t-il des exceptions à l’obligation de poursuite des infractions poursuivies d’office ?

En principe, il existe une obligation impérative de poursuite pour les infractions poursuivies d’office, mais le droit pénal allemand prévoit certaines exceptions limitées. Cela concerne notamment le classement de la procédure pour insignifiance (§ 153 StPO) ou dans l’intérêt de la victime selon le § 154c StPO. Dans de tels cas, le ministère public peut classer l’affaire si, par exemple, l’intérêt public à la poursuite n’est pas significatif ou que l’auteur et la victime ont trouvé un arrangement. Ces exceptions restent toutefois strictement interprétées et nécessitent toujours un examen attentif des autorités d’enquête.

Quelles options la victime a-t-elle dans une infraction poursuivie d’office ?

La victime peut déclencher l’enquête en déposant plainte, mais elle ne maîtrise pas la procédure et ne peut ni l’initier, ni l’arrêter. Les victimes d’une infraction poursuivie d’office ont le droit de témoigner dans la procédure pénale, de recourir à une représentation par avocat, ainsi que, sous certaines conditions, de se constituer partie civile (§§ 395 sqq. StPO). Elles sont informées de l’évolution de la procédure et peuvent, dans le cadre de leurs droits de partie civile, exercer leurs propres droits, comme demander des mesures d’instruction ou exercer des recours. Néanmoins, la décision sur la poursuite revient essentiellement au ministère public.