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Infraction d’état

Notion et définition de l’infraction d’état

La notion d’infraction d’état désigne une catégorie particulière d’infractions en droit pénal. Les infractions d’état se caractérisent par le fait qu’un certain état illicite est créé ou maintenu, le simple maintien de cet état illicite constituant déjà l’infraction. Contrairement aux infractions dites d’action, ce n’est pas uniquement l’acte, mais surtout la conséquence durable – « l’état » – qui joue un rôle décisif. La distinction entre infractions d’état et infractions d’action est essentielle pour l’évaluation de la réalisation des éléments constitutifs, de l’achèvement, de la tentative, de la commission et d’autres questions juridiques centrales.

Classement systématique en droit pénal

Rapport avec les infractions d’action et les infractions continues

Les infractions d’état se distinguent d’un autre type d’infraction central, les infractions d’action, dans lesquelles seule l’action elle-même constitue l’infraction, tandis que leurs conséquences ou leur durée sont sans importance. Un autre type d’infraction apparenté est l’ infraction continue, dans laquelle un état illicite créé par l’acte est volontairement maintenu. La différence avec l’infraction d’état réside dans le fait que, pour l’infraction continue, l’action doit être menée ou au moins maintenue activement sur une période plus longue, tandis que, pour l’infraction d’état, le simple fait de créer l’état illicite suffit.

Importance dogmatique de la distinction

La classification systématique d’un élément constitutif d’infraction comme infraction d’état revêt une grande importance pour les questions relatives aux éléments constitutifs, au droit de la responsabilité et aux questions procédurales, telles que le début et la fin de la punissabilité, les effets des causes de justification ou d’excuse, le point de départ de la prescription, la question de la coaction et de la participation, ou encore le droit de rétractation et la possibilité de mettre fin à l’état illicite.

Caractéristiques et éléments constitutifs de l’infraction d’état

Création d’un état illicite

La caractéristique déterminante de l’infraction d’état est la création ou la causation d’un état illicite, qui n’a pas nécessairement à perdurer consciemment ou durablement, mais peut aussi n’être que temporaire. L’infraction est ainsi consommée dès l’avènement de cet état.

Maintien de l’état illicite

Dans l’infraction d’état, l’état punissable persiste après la consommation de l’acte, sans qu’aucune action active supplémentaire ne soit nécessaire. La punissabilité peut concerner tant la création que – dans la mesure où cela est prévu par la loi – la non-cessation d’un tel état. Avec la cessation de l’état, la violation du droit cesse également.

Exemples d’infractions d’état

Parmi les infractions d’état classiques figurent notamment :

  • Dégradation de biens (§ 303 StGB) : La destruction ou la dégradation d’un bien d’autrui engendre un état illicite quant à l’utilisabilité ou au fonctionnement du bien.
  • Violation de domicile (§ 123 StGB) : Pénétrer sans autorisation dans un domicile ou d’autres zones protégées réalise dès l’entrée l’infraction d’état ; le fait de rester sur les lieux ne rend pas à nouveau le comportement punissable.
  • Blessures par négligence (§ 229 StGB) : Par la survenance d’une lésion corporelle ou d’une atteinte à la santé, l’infraction d’état est réalisée.

En revanche, la séquestration (§ 239 StGB) et l’extorsion (§ 253 StGB) sont par exemple des infractions continues typiques.

Conséquences juridiques et aspects pénalement pertinents

Moment de la consommation et de la cessation

Les infractions d’état sont consommées au moment où l’état illicite est réalisé. La cessation intervient lorsque cet état disparaît. Pour la punissabilité, c’est donc principalement le moment de la survenance et du maintien de l’état qui est déterminant : à compter de la consommation, un retrait de la tentative n’est par exemple plus possible, puisque le résultat est déjà survenu.

Tentative et retrait

Puisque l’infraction d’état suppose généralement la survenance d’un résultat typique, la tentative est possible tant que l’état n’a pas encore été réalisé. Après la survenance de l’état – autrement dit après consommation – la possibilité d’un retrait exonératoire disparaît.

Participants, coaction et complicité

L’appréciation de la participation, dans le cadre de l’infraction d’état, se fait selon les règles générales. Une aggravation de responsabilité peut toutefois intervenir si la participation porte sur la création de l’état illicite. Pour la coaction et la complicité, il importe principalement de savoir si la participation a été dirigée vers la création de l’état.

Prescription

En matière d’infractions d’état, les délais de prescription courent à compter du moment où l’infraction est terminée. Puisque l’infraction d’état prend fin avec la cessation de l’état illicite, c’est également à ce moment que débute le délai de prescription pénale.

Détermination de la peine

Dans le cadre de la détermination de la peine, des aspects tels que l’ampleur de l’état survenu, la durée de son maintien et l’intensité de la commission peuvent être pris en compte. Le simple maintien de l’état illicite sans actes supplémentaires n’est généralement pas constitutif de responsabilité pénale, sauf disposition expresse de la loi.

Réglementation légale et jurisprudence

Normes juridiques applicables

Les infractions d’état se rencontrent notamment dans la partie spéciale du Code pénal (StGB) ainsi que dans les lois pénales annexes. La jurisprudence et la doctrine pénale ont affiné et précisé au fil des ans les contours et les critères de distinction de ces infractions.

Décisions judiciaires sélectionnées

La jurisprudence souligne la nécessité de distinguer les infractions d’action, d’état et continues, en particulier pour la pratique de la poursuite pénale et le droit processuel pénal. Cela revêt une importance particulière pour déterminer à quel moment une infraction est « achevée » et quelles sont les conséquences pour les pouvoirs d’enquête ou les délais de prescription.

Importance pratique et domaines d’application

Importance pour le droit procédural pénal

En droit procédural pénal, la qualification exacte d’une infraction comme infraction d’état est déterminante pour le point de départ du délai de prescription, la possibilité de retrait, la durée des mesures d’enquête ainsi que pour l’application de causes d’atténuation ou d’aggravation de la peine.

Pertinence en droit pénal matériel

En droit pénal matériel, les infractions d’état jouent un rôle essentiel pour clarifier les limites de la responsabilité pénale et pour distinguer l’omission de commission. Elles déterminent à partir de quand un comportement devient punissable et ont des conséquences sur la participation et la tentative.

Littérature et informations complémentaires

Pour une analyse scientifique approfondie de la notion d’infraction d’état, il est conseillé de consulter la littérature spécialisée en droit pénal général et spécial. Les commentaires du Code pénal ainsi que les présentations systématiques permettent d’approfondir la distinction et le classement des différents types d’infractions, tant sur le plan dogmatique que pratique.


Résumé : L’infraction d’état est une notion importante du droit pénal, caractérisée par la création d’un état illicite. La distinction avec les autres types d’infractions, à savoir l’infraction d’action et l’infraction continue, détermine de nombreux aspects de la punissabilité, de la prescription et du traitement procédural. Un classement dogmatique correct facilite l’application appropriée des dispositions pénales et est d’une importance centrale pour les praticiens du droit.

Questions fréquemment posées

Quel rôle joue l’écoulement du temps dans l’infraction d’état ?

L’infraction d’état est une forme d’infraction pour laquelle la violation du droit ne dure pas seulement ponctuellement, mais se prolonge sur une certaine période. L’écoulement du temps est donc d’une importance centrale : dès la création de l’état illicite, l’infraction est consommée, et cet état reste illicite tant qu’il existe. La durée de la violation du droit n’est pas nécessairement un élément constitutif, mais elle est déterminante pour la qualification, notamment lors de la distinction avec les infractions continues. L’appréciation juridique porte toujours sur la lésion continue du bien protégé pendant toute la durée de l’état, ce qui a des conséquences sur les questions d’achèvement de l’infraction, d’auteur, de participation et de prescription.

En quoi l’infraction d’état se distingue-t-elle de l’infraction continue ?

L’infraction d’état se distingue de l’infraction continue quant à l’élément constitutif et à l’injustice réalisée. Alors que pour l’infraction d’état l’injustice est consommée dès la survenance du résultat, l’état créé ne faisant que se maintenir, l’infraction continue exige précisément le maintien actif d’un état illicite par une conduite persistante. C’est ainsi que, pour l’infraction d’état, on peut citer la possession d’une arme interdite (§ 52 WaffG) ou la dégradation de biens (§ 303 StGB), alors que l’infraction continue se caractérise par des actes tels que la séquestration (§ 239 StGB), qui consiste à maintenir un état de privation de liberté. La distinction est particulièrement importante pour fixer le point de départ et la fin des délais de prescription ainsi que pour la participation de tiers.

Quelles sont les conséquences de la qualification d’infraction d’état sur les actes de complicité ?

La qualification d’une infraction comme infraction d’état a des conséquences importantes sur les actes de complicité possibles. Puisque l’injustice est consommée lors de la création de l’état illicite, une complicité n’est en principe possible qu’avant ce moment, ou, selon la majorité de la doctrine, jusqu’à l’achèvement complet de l’acte du point de vue juridique, c’est-à-dire jusqu’à la cessation de l’état. Ensuite, les actes de complicité postérieurs ne sont en principe plus punissables, car l’infraction est déjà consommée et éventuellement déjà achevée. Par exemple, l’aide apportée pour procurer une chose volée peut être considérée comme une complicité à la dégradation ou au vol consommé, mais pas si cette aide intervient après l’achèvement et la cessation de l’état.

Quelle est l’incidence de l’infraction d’état sur la prescription des actions pénales ?

La prescription commence, pour les infractions d’état, à la consommation de l’infraction, c’est-à-dire à la survenance de l’état illicite répondant à l’élément constitutif. Puisque l’infraction d’état s’achève avec la création de l’état illicite, la prescription court à partir de ce moment. Une prolongation du délai de prescription du seul fait de la persistance de l’état – contrairement à l’infraction continue – n’est en principe pas possible. Ce qui importe, c’est donc la date à laquelle l’état illicite a été créé, et non la date à laquelle il s’est terminé.

Une manifestation ultérieure de repentir actif est-elle possible pour les infractions d’état ?

Un repentir actif postérieur au sens traditionnel, comme il peut être expressément prévu pour certaines infractions continues (cf. par exemple § 306e StGB pour l’incendie volontaire), n’est généralement pas possible pour l’infraction d’état. Cela s’explique par le fait que l’infraction d’état est achevée avec la consommation du résultat typique et que l’élimination ultérieure ou la réparation de l’omission initiale (par exemple l’enlèvement d’une construction illicite) n’a pas d’effet atténuant ou supprimant la peine. Les seules exceptions sont les cas où la loi autorise expressément un repentir actif postérieur.

Quelles difficultés pose la distinction entre infractions d’état et infractions de résultat ?

La distinction entre infractions d’état et infractions de résultat peut, dans certains cas, s’avérer difficile, car les deux types d’infraction supposent la survenance d’un résultat. La différence essentielle réside dans la durée de la violation du droit : dans les infractions de résultat, le résultat survient sans que cet état doive forcément perdurer (par exemple une infraction d’homicide), tandis que dans l’infraction d’état, l’état illicite né se distingue précisément par une certaine durée. La distinction est importante pour des questions telles que la possibilité d’omission punissable, l’applicabilité de règles particulières de détermination de la peine ainsi que pour la poursuite des participations postérieures à l’acte.

Quelle est la portée de l’infraction d’état pour la coaction et la participation ?

Pour l’infraction d’état, la participation par coaction ou complicité doit être appréciée notamment au regard du moment de l’intervention du participant. Puisque l’injustice est réalisée dès la survenance de l’état, une coaction peut résulter de la création conjointe de l’état. Une participation par instigation ou complicité n’est possible que jusqu’à la consommation de l’état. Tout acte intervenant après la consommation n’est en principe plus qualifiable comme participation à l’infraction d’origine, mais seulement comme une infraction autonome ou non punissable – sauf si la loi prévoit une exception.