Besoin au sens juridique
Définition et notion générale
La notion de besoin désigne, dans un contexte juridique, une situation dans laquelle une personne n’est pas en mesure d’assurer sa subsistance nécessaire par ses propres moyens et ressources. La notion de besoin occupe une place centrale dans le droit social et le droit des obligations alimentaires allemands, mais elle intervient également dans d’autres domaines juridiques, tels que le droit de la procédure et le droit pénal. La définition précise et les conditions du besoin dépendent du domaine juridique concerné ainsi que du contexte normatif spécifique.
Fondements juridiques du besoin
Besoin en droit social
En droit social, c’est surtout le douzième livre du Code social (SGB XII) qui régit les conditions du besoin. La notion revêt ici une importance essentielle en lien avec l’octroi de l’aide sociale :
- § 19 SGB XII dispose que l’aide sociale n’est accordée qu’à ceux qui ne peuvent pas, ou pas suffisamment, pourvoir à leur subsistance nécessaire avec leurs propres moyens et ressources, notamment leurs revenus et leur patrimoine.
- Besoin comme condition du droit : Les prestations sociales ne sont accordées qu’en présence d’un état de besoin. À cette fin, les revenus et le patrimoine sont examinés en détail quant à leur degré de prise en compte.
Notion dans le SGB II
Également en droit à la garantie des moyens d’existence pour les demandeurs d’emploi selon le deuxième livre du Code social (SGB II, couramment « Hartz IV »), le besoin, plus précisément la « nécessité d’aide » selon l’art. 9 SGB II, est une condition centrale du droit aux prestations. Il y a nécessité d’aide lorsqu’une personne ne peut pas assurer sa subsistance ni les cotisations nécessaires à l’assurance maladie et dépendance, ni seule ni suffisamment, ni avec l’aide d’autrui, notamment de proches ou d’autres organismes sociaux.
Besoin en droit des obligations alimentaires
En droit des obligations alimentaires (§§ 1361, 1601 et suivants du BGB), le besoin constitue une condition fondamentale à toute demande d’aliments. Une personne est considérée comme étant dans le besoin lorsqu’elle n’est pas en mesure de couvrir ses besoins essentiels à partir de ses propres revenus et biens.
- Responsabilité individuelle et besoin : En principe, toute personne ayant droit à une pension alimentaire est tenue, dans un premier temps, d’assurer elle-même sa subsistance (principe de responsabilité individuelle).
- Examen du besoin : Avant de faire valoir le droit à une obligation alimentaire, il faut vérifier s’il existe réellement une insuffisance de moyens propres. L’imputation des revenus et des biens est ici, dans la mesure où elle est raisonnable, obligatoire.
Pertinence de la responsabilité individuelle et du critère de raisonnabilité
L’appréciation du besoin est étroitement liée au principe de raisonnabilité : Il peut être raisonnable, dans certains cas, d’exiger de la personne ayant droit à une pension alimentaire qu’elle réalise une partie de son patrimoine ou qu’elle exerce une activité professionnelle avant de pouvoir prétendre à une aide.
Besoin en procédure judiciaire
Dans le cadre de l’aide juridictionnelle (Code de procédure civile, §§ 114 et suiv. ZPO), de l’aide à la consultation (BerHG) ainsi que de normes similaires, le besoin est une condition préalable à une prise en charge des frais de justice et d’avocat par la caisse de l’État.
- Critère d’appréciation : L’aide juridictionnelle est accordée à celui qui, en raison de sa situation personnelle et économique, n’est pas en mesure de faire face aux frais de la procédure, ou seulement partiellement ou par paiements échelonnés.
- Examen du besoin : Les juridictions compétentes examinent, au stade de la demande, les revenus, les actifs et les charges courantes.
Besoin en droit pénal
Le besoin joue également un rôle en droit pénal, notamment dans le domaine de la défense obligatoire (§§ 140 et suiv. StPO) et lors de la décision sur les frais (§465 al. 2 StPO). Dans ce cas, la charge des frais de procédure peut être supportée par l’État s’il est constaté que la personne n’est pas en mesure de les assumer.
Étendue du contrôle du besoin
Constatation du besoin
L’examen du besoin se fait toujours au cas par cas et suppose une divulgation exhaustive de la situation financière. En règle générale, une déclaration écrite relative à la situation des revenus et du patrimoine doit être présentée, accompagnée de pièces justificatives appropriées.
Critères déterminants
- Revenus : Tous les revenus réguliers ou exceptionnels (p. ex. salaires, pensions, pensions alimentaires) sont pris en compte.
- Patrimoine : Il est vérifié si un patrimoine réalisable existe et peut, voire doit, être utilisé pour couvrir les besoins.
- Besoins : La détermination des besoins se fait généralement selon les niveaux de besoins standards applicables (p. ex. barèmes selon SGB II ou SGB XII).
- Situation familiale et domestique : Dans le cas de foyers communs, il est régulièrement examiné dans quelle mesure il existe une obligation d’aide mutuelle (p. ex. communauté d’aide en droit social).
Cas particuliers
Règles d’exceptions et patrimoine protégé
Dans certaines situations, un état de besoin peut subsister malgré l’existence d’un patrimoine, si sa valorisation représenterait un cas de rigueur disproportionné (§ 90, al. 3 SGB XII). Le patrimoine protégé (« Schonvermögen ») est alors exclu de la valorisation et comprend par exemple le mobilier ménager raisonnable, les réserves nécessaires pour la retraite, ou un logement principal approprié.
Besoin et droits à indemnisation
En cas de simulation du besoin ou d’omission délibérée de renseignements, ce comportement peut engager la responsabilité pénale ou civile. Dans le contexte de trop-perçus ou de demandes de remboursement de prestations, une déclaration erronée concernant le besoin peut avoir des conséquences graves.
Importance du besoin dans d’autres domaines du droit
En dehors des domaines précités, la notion de besoin est parfois utilisée en droit des subventions, en droit des fondations ou pour l’attribution de bourses, dès lors que l’octroi d’avantages dépend du critère de besoin.
Jurisprudence sur le besoin
La jurisprudence a interprété et précisé à plusieurs reprises la notion de besoin. Les juridictions précisent notamment les modalités concernant la raisonnabilité de la réalisation de patrimoine ou la prise d’une activité professionnelle, l’étendue de la prise en compte des revenus, la considération des pensions alimentaires tierces et la définition des besoins fondamentaux.
Appréciation récapitulative
La notion de besoin est en droit allemand une notion complexe et contextuelle, dont l’appréciation doit toujours s’effectuer au regard des exigences de la loi applicable. Elle sert de critère central de distinction pour l’octroi de prestations sociales, de droits alimentaires et d’aides publiques dans différentes procédures. L’évaluation du besoin requiert une analyse précise de la situation financière et une approche individualisée au cas par cas, en recourant à de nombreuses dispositions légales et décisions judiciaires.
Questions fréquemment posées
Qu’est-ce qui est considéré comme preuve du besoin d’un point de vue juridique ?
Dans le contexte juridique, la preuve du besoin doit régulièrement être apportée par une divulgation complète de la situation personnelle et financière. Cela comprend généralement les justificatifs de revenus actuels (p. ex. fiches de paie, attestations de pension), les relevés bancaires des derniers mois, les preuves de patrimoine existant (p. ex. livrets d’épargne, actions), les renseignements concernant les personnes à charge et les engagements en cours (p. ex. contrats de location, de crédit). Selon le domaine du droit, la production d’un formulaire spécifique appelé « déclaration sur la situation personnelle et économique » peut aussi être exigée, notamment pour les demandes d’aide juridictionnelle ou d’aide à la consultation. Le besoin doit toujours être clairement démontré et, sur demande, prouvé par tout document approprié. Des informations incomplètes ou erronées exposent à un rejet de la demande, voire à des poursuites pénales pour fraude dans le pire des cas.
Quel rôle joue le besoin en droit social ?
Le besoin constitue en droit social une condition centrale à l’octroi de nombreuses prestations de l’État. En particulier dans le Code social (SGB) II (allocation chômage II/« Hartz IV »), SGB XII (aide sociale), BAföG, le droit au logement et la loi sur les prestations aux demandeurs d’asile, une personne (et le cas échéant sa famille) n’est éligible que si elle ne peut subvenir à ses besoins essentiels avec ses propres ressources. Le contrôle du besoin inclut la prise en compte des revenus et actifs de tous les membres du foyer, avec des exonérations ou règles diverses. Ce n’est qu’après la clarification du besoin qu’a lieu l’attribution et le calcul de la prestation.
Dans quelle branche et pour quelles procédures judiciaires le besoin est-il examiné ?
L’examen du besoin présente une importance dans divers domaines du droit. En droit civil, il intervient notamment lors de l’octroi de l’aide juridictionnelle (§§ 114 et suiv. ZPO) et de l’aide à la consultation (§ 1 BerHG). En droit de la famille, il est notamment déterminant pour les droits alimentaires (§ 1602 BGB). En droit administratif, il intervient lors de l’octroi de prestations sociales. Il est aussi présent en droit fiscal (p. ex. remise d’impôts) et en droit des étudiants (BAföG). Les critères d’examen sont strictement soumis aux dispositions légales du droit procédural et matériel concernés.
Combien de temps la reconnaissance d’un besoin reste-t-elle valable ?
La reconnaissance du besoin ne s’applique généralement que pour la période ou la procédure considérée. Toute modification de la situation financière ou personnelle doit être signalée sans délai, car les droits à prestations ou les aides accordées sont régulièrement limités dans le temps et font l’objet de nouveaux contrôles. En droit social, il existe des contrôles périodiques de la situation de besoin, par exemple tous les six ou douze mois. Même dans le cadre de l’aide juridictionnelle, le tribunal peut exiger un réexamen jusqu’à quatre ans après la clôture de la procédure.
Quelles sont les conséquences d’une demande abusive de reconnaissance de besoin ?
La déclaration intentionnelle ou négligente de fausses informations relatives à sa propre situation de besoin a de lourdes conséquences juridiques. Outre la restitution de sommes indûment perçues, des poursuites pénales peuvent être engagées, notamment pour fraude (§ 263 StGB) ou fraude aux subventions (§ 264 StGB). Il existe aussi un risque de révocation de l’aide juridictionnelle ou des prestations sociales ainsi que la perte des droits futurs. Des demandes de dommages-intérêts civils peuvent également être formulées si l’organisme payeur ou des tiers ont subi un préjudice du fait de ces agissements.
Existe-t-il des abattements patrimoniaux lors de la constatation du besoin ?
Oui, quasiment toutes les réglementations juridiques reconnaissant le besoin comme condition du droit prévoient des abattements de patrimoine. En droit de l’aide sociale (SGB XII) ainsi que pour l’allocation chômage II (SGB II), des abattements sont applicables tant pour l’épargne, la retraite, que pour les biens mobiliers nécessaires. L’aide juridictionnelle prévoit également des abattements, selon §§ 115 et suiv. ZPO, en dessous desquels le patrimoine ne doit pas être utilisé. Leur montant et leur nature sont réglementés par la loi et peuvent évoluer en fonction des circonstances personnelles ou par des modifications législatives.