Lexique juridique

Hymne nationale

Définition et fondements juridiques de l’hymne national

L’hymne national est un symbole national de l’État doté d’une importance particulière sur les plans juridique, politique et culturel. En tant qu’emblème musical de souveraineté, il exprime l’identité nationale, l’histoire et les valeurs de l’État. Dans de nombreux pays, dont l’Allemagne et l’Autriche, l’hymne national est défini par la loi ou par la Constitution. Cet article met en lumière le cadre et les aspects juridiques généraux entourant l’hymne national.


Origine et établissement de l’hymne national

Assise légale

En règle générale, l’hymne national est formellement établi par des dispositions légales, des décrets ou des règlements. Dans certains pays, y compris en Allemagne, la détermination se fait aussi partiellement par une longue tradition et par décision souveraine sans texte légal explicite. L’Allemagne, par exemple, ne dispose d’aucun fondement légal exprès pour l’hymne national ; le « Deutschlandlied » (3e strophe) est considéré comme hymne national sur la base d’un échange de correspondance entre le président fédéral et le chancelier en 1952 ainsi que par la pratique coutumière. En Autriche, en revanche, l’hymne national est précisément défini, notamment par la loi constitutionnelle fédérale du 25 février 1947 et plusieurs autres règlements.

Procédure de modification

La modification de l’hymne national – qu’il s’agisse du texte, de la mélodie ou de la version officielle – nécessite une procédure législative. En Autriche, toute modification est soumise à une procédure législative formelle au niveau fédéral. En Allemagne, une modification serait certes techniquement possible, mais impliquerait une déclaration officielle des organes constitutionnels ou une réglementation légale.


Statut juridique et protection de l’hymne national

Statut en tant qu’emblème de souveraineté

L’hymne national fait partie des emblèmes de souveraineté de l’État, aux côtés du drapeau national et des armoiries. Il bénéficie par conséquent d’une protection particulière. L’utilisation, la reproduction ou la modification de l’hymne sont soumises à des prescriptions souveraines. En Allemagne, par exemple, l’hymne national est protégé par le § 90a du Code pénal (dénigrement de l’État et de ses symboles), tandis qu’en Autriche, son emploi est régi par la loi fédérale sur la réglementation de l’hymne national et d’autres dispositions pertinentes.

Protection contre l’abus et la dénaturation

En Allemagne, la dénaturation de l’hymne national est sanctionnée par le § 90a du Code pénal. L’utilisation illicite, la dévalorisation ou l’outrage à l’hymne peuvent être punis d’emprisonnement ou d’amende. En Autriche, des infractions analogues existent, notamment dans le Code pénal (§ 248 StGB), qui interdit d’insulter ou de tourner en dérision l’hymne national. De plus, les lois de police et les décrets comportent des directives supplémentaires pour préserver la dignité de l’hymne dans l’espace public.

Aspects relatifs au droit d’auteur

La situation au regard du droit d’auteur dépend du fait que le texte et la musique de l’hymne national soient ou non toujours protégés. Alors que de nombreux hymnes sont tombés dans le domaine public, certains arrangements, adaptations ou nouveaux textes peuvent encore être protégés par le droit d’auteur. L’utilisation à l’occasion d’événements officiels est généralement admise, mais l’exploitation commerciale peut nécessiter des autorisations de droits d’auteur. En Allemagne, par exemple, la troisième strophe du Deutschlandlied est dans le domaine public ; en revanche, la mélodie et le texte de l’hymne national autrichien sont soumis à des règles spécifiques, car ils ont fait l’objet d’adaptations.


Application et règles de diffusion

Occasions officielles

La diffusion de l’hymne national est imposée ou traditionnelle lors de certains événements publics tels que visites d’État, fêtes nationales, manifestations sportives, cérémonies commémoratives ou événements officiels. Le déroulement, la durée et le comportement des participants pendant l’exécution de l’hymne peuvent être encadrés précisément par des réglementations (ex. : protocole, règlement intérieur d’établissements publics ou consignes de service).

Comportement pendant l’hymne national

Des règles de conduite s’appliquent souvent pendant l’exécution de l’hymne national aux responsables, militaires et autres personnes en fonction, comme rester au garde-à-vous ou retirer les couvre-chefs. Ces directives sont inscrites en partie dans le droit de la fonction publique, en partie dans des règles protocolaires.

Utilisation dans les médias

Des règlements ou standards s’appliquent également à la présentation de l’hymne national à la radio, à la télévision et sur Internet, en particulier quant à la qualité et à l’intégrité de la diffusion. Toute modification du texte ou de la mélodie est en général interdite. Selon la gravité, les infractions peuvent constituer une infraction pénale ou une contravention.


Questions juridiques particulières

Adaptation et modernisation

Dans certains pays, l’adaptation du texte de l’hymne fait l’objet de débats sociétaux et législatifs, notamment pour des raisons d’égalité ou de contextualisation historique. Les modifications apportées à l’hymne national requièrent en principe l’accord du législateur compétent ou une décision politique contraignante.

Utilisation par des tiers et exploitation commerciale

Tandis que l’utilisation privée ou scolaire de l’hymne national est généralement libre dans la pratique, l’exploitation commerciale, notamment à des fins publicitaires, est souvent soumise à des restrictions. À cet effet, les règles de protection relevant tant du droit d’auteur que du droit souverain trouvent à s’appliquer. Les exceptions prévues par le droit d’auteur permettent certains usages, par exemple à des fins d’information, d’enseignement ou de reportage.

Aspects internationaux

Lorsqu’il est joué à l’étranger, l’hymne national est soumis à des conventions internationales (notamment la protection des symboles nationaux). La Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et les dispositions protocolaires des organisations internationales fixent les standards pour la représentation correcte des hymnes nationaux étrangers.


Littérature et réglementations complémentaires

  • Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne
  • Loi constitutionnelle fédérale autrichienne
  • Code pénal (Allemagne), notamment § 90a
  • Code pénal (Autriche), notamment § 248
  • Réglementations sur l’usage des symboles d’État (diverses lois fédérales et régionales)
  • « L’hymne national dans le droit allemand et autrichien », Annuaire de droit public (divers volumes)

Résumé

L’hymne national est un symbole étatique central qui soulève de nombreux aspects juridiques. Sa protection particulière résulte de son statut d’emblème de souveraineté, des dispositions pénales, policières et relatives au droit d’auteur, ainsi que de règles spécifiques concernant son exécution et son utilisation. Les interventions ou modifications sont strictement encadrées juridiquement et soumises à autorisation dans la plupart des cas. Ce cadre légal garantit l’intégrité, le respect et la fonction de l’hymne national en tant que marqueur d’identité nationale.

Questions fréquemment posées

Les particuliers peuvent-ils utiliser l’hymne national lors de représentations publiques ?

L’utilisation de l’hymne national lors de représentations publiques est en principe autorisée, car l’hymne allemand (le Deutschlandlied, troisième strophe) ainsi que nombre d’autres hymnes sont des œuvres du domaine public. Les droits relatifs à la mélodie (de Joseph Haydn) et au texte de la troisième strophe (d’August Heinrich Hoffmann von Fallersleben) sont arrivés à échéance conformément à l’article 64 de la loi sur le droit d’auteur (UrhG), leurs créateurs étant décédés depuis plus de 70 ans. Il n’existe donc aucune obligation de verser des droits de licence ni de déclaration auprès de sociétés de gestion collective comme la GEMA. Toutefois, des protections relevant du droit d’auteur peuvent subsister en cas d’arrangements ou de versions modernes de l’hymne si elles sont l’œuvre de musiciens vivants. Les représentations publiques ne doivent par ailleurs pas contrevenir aux bonnes mœurs ni au respect constitutionnel dû aux symboles nationaux (le § 90a du Code pénal réprime par exemple la dénaturation de l’État et de ses symboles).

Quelles dispositions légales spécifiques protègent l’hymne national ?

Des dispositions particulières visant la protection de l’hymne national figurent dans le Code pénal (StGB), en particulier au § 90a StGB (« Dénigrement de l’État et de ses symboles »). Selon ce texte, il est puni de ridiculiser publiquement l’hymne national, c’est-à-dire de chercher volontairement à l’avilir ou à le tourner en dérision. Il convient de noter que la portée du droit pénal ne concerne pas la seule utilisation ou modification de l’hymne, mais bien le contexte d’avilissement. Il existe également des règlements propres à chaque région, instaurant par exemple des exigences protocolaires sur les modalités et les occasions où l’hymne est joué, lors d’évènements publics, de commémorations ou dans l’enseignement.

Est-il autorisé de présenter ou de publier l’hymne national sous une forme modifiée ?

D’un point de vue juridique, la modification et l’adaptation de l’hymne national sont en principe autorisées, l’œuvre d’origine étant dans le domaine public. Des restrictions découlent toutefois du droit pénal (notamment § 90a StGB) et du droit protocolaire. Par exemple, une interprétation artistique de l’hymne dans un autre style musical est admise si aucune intention avilissante n’est identifiable. En revanche, une exécution perçue comme une dévalorisation ou une moquerie délibérée expose à des poursuites pénales. De plus, la publication d’arrangements peut soulever des questions de droits d’auteur sur les nouveaux arrangements originaux.

La radio et la télévision peuvent-elles diffuser l’hymne national à leur guise ?

Au regard du droit d’auteur, les organismes de radio et de télévision peuvent diffuser l’hymne national librement et sans paiement de droits s’il s’agit de la version originale du domaine public. Des restrictions peuvent résulter des traités sur la radiodiffusion et, le cas échéant, des statuts propres à chaque chaîne prévoyant des règles spécifiques pour l’usage des symboles de l’État, ainsi que du protocole applicable lors d’événements officiels. Les arrangements ou adaptations spécifiques utilisés par les chaînes peuvent être protégés par le droit d’auteur, nécessitant alors l’autorisation des titulaires des droits.

Dans quelle mesure l’hymne national est-il protégé en droit comme symbole de l’État ?

Selon le droit allemand, l’hymne national fait partie des symboles de l’État au sens du § 90a StGB. Sa protection vise notamment à prévenir toute dénaturation, c’est-à-dire tout mépris public ou dévalorisation. Cette protection s’exerce indépendamment de l’existence d’un droit d’auteur. Le respect des symboles étatiques est considéré comme un élément d’attachement à la légalité et à la Constitution, et s’exprime également dans divers décrets et instructions administratives, qui organisent notamment le déroulement des cérémonies officielles.

L’hymne national peut-il être utilisé à des fins publicitaires ?

L’utilisation de l’hymne national à des fins publicitaires est juridiquement problématique. Du point de vue du droit d’auteur, il n’existe en principe plus de restriction, sauf lorsqu’un arrangement moderne encore protégé est utilisé. En revanche, l’usage à des fins publicitaires peut être considéré comme une dévaluation ou une dénaturation inacceptable du symbole de l’État (§ 90a StGB). De plus, des actions en cessation au titre du droit de la concurrence (§§ 3, 4 UWG) pourraient être engagées si des symboles d’État sont utilisés d’une façon susceptible d’induire les consommateurs en erreur ou de porter atteinte à la dignité du symbole.

Qui décide officiellement du texte et de la mélodie de l’hymne national ?

En Allemagne, la fixation de l’hymne national relève, selon la jurisprudence et la pratique d’État, du président fédéral. Historiquement, la version actuelle de l’hymne (3e strophe du Deutschlandlied sur la mélodie de Joseph Haydn) a été désignée comme symbole officiel de l’État en 1952 à la suite d’un échange de lettres entre le président fédéral Theodor Heuss et le chancelier Konrad Adenauer. Il n’existe pas de base légale spéciale, mais une pratique constitutionnelle consacrant la compétence du président fédéral pour les questions symboliques de l’État, y compris l’hymne. Toute modification ou substitution de l’hymne requiert donc une décision au plus haut niveau de l’État.