Lexique juridique

GATT

Généralités sur le GATT

Le « General Agreement on Tariffs and Trade » (GATT), en français Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, est un accord commercial multilatéral visant à libéraliser le commerce international et à réduire progressivement les obstacles commerciaux tels que les droits de douane et les quotas. Il constitue un élément central de l’ordre économique international instauré après la Seconde Guerre mondiale et est considéré comme le précurseur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le GATT est entré en vigueur le 1er janvier 1948 et avait initialement un caractère provisoire. Plusieurs cycles de négociations commerciales et modifications juridiques ont considérablement élargi et approfondi le contenu de l’accord au fil des décennies. Avec la création de l’OMC en 1995, le GATT a été repris et complété dans les accords-cadres de l’OMC.

Contexte de création et évolution

Contexte historique

Après la Seconde Guerre mondiale, il existait un consensus international selon lequel une politique commerciale protectionniste, telle que celle pratiquée dans les années 1930, pouvait contribuer à des crises économiques. Sous l’égide des Nations Unies et des États-Unis, le GATT a donc été créé comme un règlement contraignant afin de jeter les bases de marchés ouverts et de relations commerciales équilibrées.

Parties contractantes et évolution des membres

À l’origine, le GATT a été signé par 23 États. Jusqu’à la création de l’OMC en 1995, l’accord rassemblait 128 parties contractantes. Avec la création de l’OMC en 1995, tous les États membres de l’OMC sont également devenus parties contractantes du GATT 1994. Aujourd’hui, l’OMC compte plus de 160 membres.

Nature juridique et principes fondamentaux

Caractère juridique du GATT

Le GATT est un traité de droit international public qui, en tant qu’accord multilatéral, régit les droits et obligations des États contractants. Les principes et prescriptions du GATT fondent une grande partie du droit économique international et produisent leurs effets tant dans les relations entre États qu’au sein des organisations internationales.

Principes fondamentaux

Clause de la nation la plus favorisée (art. I GATT)

Le principe de la nation la plus favorisée prévoit qu’un État contractant doit accorder à toute autre partie contractante les conditions commerciales les plus avantageuses qu’il accorde à un tiers. Cette obligation garantit la non-discrimination dans le commerce international.

Traitement national (art. III GATT)

Le traitement national oblige les États contractants à ne pas traiter les produits importés moins favorablement que les produits similaires nationaux. L’objectif est d’empêcher les mesures protectionnistes déguisées.

Engagements tarifaires et réduction des droits de douane (art. II, XXVIII GATT)

Le GATT prévoit que les parties contractantes lient les droits de douane (« engagements tarifaires ») et fixent la réduction tarifaire lors de cycles de négociation successifs. Des modifications ne sont admises que sous certaines conditions.

Interdiction des obstacles non tarifaires au commerce (art. XI GATT)

L’accord interdit, sous réserve de rares exceptions, les restrictions quantitatives et autres obstacles non tarifaires similaires au commerce.

Transparence et obligations de publication (art. X GATT)

Le GATT exige des parties contractantes la transparence de leurs mesures de politique commerciale et la publication des lois et règlements correspondants.

Structure et contenu du GATT

Structure de l’accord d’origine

Le GATT se compose d’un texte de base et de divers annexes (schedules) qui contiennent les tarifs douaniers nationaux et des dérogations. Le texte principal est subdivisé en de nombreux articles (en anglais « Articles ») qui régissent les règles générales et certaines questions spécifiques. Les annexes comprennent notamment les engagements tarifaires nationaux et les listes de produits.

Exceptions et dispositions spéciales

Exceptions générales (art. XX GATT)

Le GATT prévoit des exceptions pour les mesures adoptées afin de protéger la moralité publique, la vie ou la santé des personnes, des animaux ou des végétaux, ainsi que pour la sauvegarde d’intérêts nationaux.

Exceptions de sécurité (art. XXI GATT)

Les mesures nécessaires à la sauvegarde des intérêts essentiels de sécurité d’un État sont exclues du champ d’application du GATT.

Mesures de sauvegarde provisoires (art. XIX GATT – « Safeguards »)

En cas d’augmentation soudaine des importations, les États peuvent adopter des mesures de sauvegarde temporaires contre ces importations afin de protéger l’économie nationale.

Cycles de négociations GATT et développement

Les principaux cycles de négociation

Au fil des décennies, de nombreux cycles de négociations (« rounds ») ont eu lieu, introduisant ou supprimant des règles, mesures et exceptions et approfondissant considérablement la libéralisation. Les huit cycles les plus importants, dont le « cycle d’Uruguay », ont abouti à la création de l’OMC en 1995.

GATT 1947 et GATT 1994

Le GATT adopté initialement en 1947 (GATT 1947) a été transposé dans le GATT 1994 à travers la création de l’OMC. Ce dernier comprend, outre le texte d’origine, toutes les modifications et accords additionnels intervenus depuis (« Protocols and Understandings »).

Ancrage institutionnel et règlement des différends

Transition vers l’OMC

Avec l’entrée en vigueur de l’OMC le 1er janvier 1995, les dispositions du GATT sont devenues partie intégrante du droit de l’OMC. L’OMC dispose d’un système de règlement des différends juridiquement contraignant permettant l’application effective des droits et obligations issus de l’accord GATT.

Procédure de règlement des différends

Le Dispute Settlement Understanding (DSU) de l’OMC régit en détail la procédure de règlement des différends entre États membres concernant l’interprétation et l’application du GATT. Les décisions sont contraignantes et peuvent également légitimer des mesures de rétorsion.

Rapport avec d’autres accords commerciaux

Organisation commune des marchés et accords régionaux

Le GATT autorise les accords commerciaux régionaux, tels que les unions douanières et les zones de libre-échange (art. XXIV GATT), à condition qu’ils aboutissent à une libéralisation plus poussée et qu’ils n’instaurent pas de nouveaux obstacles commerciaux vis-à-vis des pays tiers.

Rapport avec le droit international

Le GATT fait partie intégrante du droit économique international moderne et influence de nombreux accords connexes, notamment le General Agreement on Trade in Services (GATS) et l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (TRIPS).

Importance du GATT dans le droit commercial international

Le GATT marque un jalon dans l’ordre économique multilatéral. Il a largement contribué à la libéralisation du commerce mondial, désamorcé les différends commerciaux et instauré des normes de transparence et de non-discrimination dans les relations commerciales. Malgré de nombreux défis et adaptations, le GATT demeure un élément central de l’architecture économique mondiale.

Littérature et sources complémentaires

  • General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) – texte original anglais via l’OMC
  • Schöttle, K. W. : « Das GATT im Wandel », Munich 2016.
  • OMC : « Understanding the WTO: The Agreements » (publication officielle)

Remarque : Cet article propose une présentation complète, structurée et détaillée de la notion de GATT pour un dictionnaire juridique. Les contenus présentés ici ne remplacent pas une consultation juridique individuelle.

Questions fréquentes

Quelle est l’importance du GATT dans le droit commercial international ?

L’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) constitue le socle historique et juridique du système commercial multilatéral actuel. Juridiquement, le GATT est un traité international qui a été développé par les parties contractantes au fil de plusieurs cycles, puis intégré en 1995 dans le cadre réglementaire de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le GATT régit notamment des principes fondamentaux comme la clause de la nation la plus favorisée (art. I GATT), le principe du traitement national (art. III GATT), ainsi que les règles relatives aux droits de douane et autres obstacles commerciaux. Il occupe donc une place centrale dans la structuration juridique du commerce international des marchandises, en fournissant des règles contraignantes et justiciables et en permettant un système de règlement des différends.

Comment se déroule le règlement des différends selon les règles du GATT ?

Le GATT prévoyait à l’origine uniquement des consultations informelles et diplomatiques pour régler les différends entre les parties contractantes, les décisions devant généralement être prises à l’unanimité sans instance de règlement contraignante. Avec la création de l’OMC et l’introduction d’une procédure intégrée de règlement des différends (Dispute Settlement Understanding, DSU), la procédure a été modernisée et rendue juridiquement contraignante. Aujourd’hui, la décision d’un différend est rendue par des groupes spéciaux (panels) et un organe d’appel, dont les décisions sont obligatoires pour les membres. Cela renforce considérablement le respect et l’application du droit du GATT.

Dans quelle mesure des exceptions au principe fondamental de libre circulation des marchandises du GATT sont-elles permises ?

Les règles juridiques du GATT prévoient, dans différents articles, des exceptions spécifiques aux principes fondamentaux. Par exemple, l’article XX GATT permet, sous certaines conditions, des dérogations pour la sauvegarde de l’intérêt public, comme la protection de la vie et la santé des personnes, des animaux ou des végétaux, ou pour la préservation de la moralité publique. Des intérêts de sécurité (art. XXI GATT) ou des mesures de sauvegarde de la balance des paiements (art. XII, XVIII GATT) peuvent également justifier une exemption temporaire ou permanente aux dispositions du GATT. L’utilisation de ces exceptions doit toutefois être interprétée de manière stricte et fait l’objet d’un examen rigoureux dans le cadre de la procédure de règlement des différends.

Quelle est l’importance juridique du principe de la nation la plus favorisée dans le GATT ?

Le principe de la nation la plus favorisée, énoncé à l’article I GATT, oblige les parties contractantes à accorder à tous les autres membres du GATT les mêmes avantages, droits et privilèges qu’à tout autre membre. L’objectif est d’éviter toute discrimination arbitraire et de promouvoir la libre circulation générale et non discriminatoire des marchandises. Dans le cadre du droit OMC, ce principe est contraignant et les violations peuvent être sanctionnées juridiquement dans le cadre d’une procédure de règlement des différends. Certaines préférences (par exemple, accords commerciaux régionaux ou régimes spéciaux pour les pays en développement) sont admises comme exceptions spécifiques et explicitement prévues dans le GATT.

Quel est l’impact des dispositions du GATT sur les compétences nationales en matière de législation ?

Le GATT oblige les parties contractantes à aligner leur législation et leur pratique administrative nationales sur les exigences convenues au niveau international. Cela signifie que les lois nationales contraires aux règles du GATT (par exemple, par des droits de douane discriminatoires) peuvent être déclarées incompatibles dans le cadre d’une procédure internationale, ce qui peut entraîner une obligation d’adaptation. La souveraineté nationale reste néanmoins en principe préservée, tant que les exigences minimales du GATT sont respectées et qu’aucune violation du droit international n’a lieu. La mise en œuvre pratique relève des législateurs nationaux, même si leur liberté de réglementation est limitée par le GATT.

Quel rôle jouent les réserves et protocoles dans le contexte juridique du GATT ?

Dans le système du GATT, des protocoles juridiquement contraignants (par exemple, listes de concessions tarifaires) et des réserves (par exemple, dérogations temporaires à certaines dispositions) ont été instaurés comme instruments permettant de prendre en compte des intérêts et des situations nationales particulières. Ces protocoles et réserves doivent cependant être expressément convenus dans le cadre des négociations et font partie intégrante des textes contractuels applicables. En cas de litige, il est examiné dans quelle mesure une mesure donnée est couverte par une réserve ou un protocole, tout en préservant la logique fondamentale du GATT.

Comment le GATT s’articule-t-il avec d’autres accords économiques internationaux ?

Les dispositions du GATT ne s’appliquent pas de manière isolée, mais souvent parallèlement à des accords commerciaux bilatéraux ou régionaux. En cas de conflits, les principes de compatibilité codifiés dans le GATT et le droit de l’OMC ainsi que, le cas échéant, les principes de spécialité s’appliquent, selon lesquels les règles plus spécifiques peuvent primer sur les règles générales. L’interprétation et l’application de plusieurs accords concurrents se fait à la lumière du droit international coutumier et des accords entre parties contractantes, le droit de l’OMC étant désormais considéré comme le régime commercial multilatéral dominant.