Définition et signification de la frontière extérieure
La frontière extérieure est un concept central en droit national et international et désigne avant tout la délimitation juridique d’un territoire souverain, notamment d’un État ou d’une union d’États, vis-à-vis des pays tiers ou des espaces sans souveraineté étatique. Dans le contexte européen, la frontière extérieure fait notamment référence à la ligne de séparation entre le territoire de l’Union européenne (UE) et les pays tiers. La configuration juridique précise et la protection des frontières extérieures sont d’une importance essentielle pour les questions de souveraineté, de régime frontalier, d’entrée, de migration, de circulation des marchandises ainsi que de sécurité.
Fondements juridiques de la frontière extérieure
Fondements en droit international
En droit international, les frontières d’État sont considérées comme les limites extérieures du pouvoir souverain de l’État. Elles sont des lignes de démarcation qui séparent le territoire d’un État de celui d’un autre État ou de zones internationales, telles que la haute mer ou l’Antarctique. L’établissement et la reconnaissance des frontières extérieures reposent sur des traités internationaux, accords de droit international public ou des normes coutumières. L’inviolabilité des frontières internationales est établie dans la Charte des Nations Unies (art. 2, ch. 4) et dans de nombreux traités bilatéraux ou multilatéraux.
Droit national
Le droit national définit également, dans les constitutions, les lois ordinaires et les règlements d’application, la délimitation du territoire souverain. Les tracés frontaliers sont souvent fixés dans des traités conclus avec les États voisins et régis par des lois ou règlements nationaux sur les frontières.
Frontière extérieure de l’Union européenne
Dans le contexte de l’Union européenne, les frontières extérieures revêtent une importance particulière puisqu’avec l’accord de Schengen, le contrôle aux frontières intérieures a été supprimé. Aux termes de l’article 2, point 2, du Code frontières Schengen (règlement (UE) 2016/399), les frontières extérieures sont les frontières terrestres, aériennes et maritimes des États membres qui ne sont pas également des frontières intérieures au sens de l’accord. Ces frontières constituent la zone de protection externe de l’Union européenne vis-à-vis des pays tiers.
Fonctions et effets juridiques de la frontière extérieure
Souveraineté territoriale et fonction de démarcation
La frontière extérieure assure d’abord une fonction de démarcation. Elle sépare les zones d’exercice du pouvoir étatique et sert à la mise en œuvre de la souveraineté territoriale d’un État ou d’un groupement d’États. À l’intérieur des frontières, c’est le système juridique respectif qui s’applique ; vers l’extérieur, le franchissement de la frontière est contrôlé et régulé.
Fonction de contrôle et de protection
Aux frontières extérieures, les entrées et sorties de personnes sont contrôlées, les marchandises vérifiées, éventuellement dédouanées ou limitées. Dans le contexte de l’UE, le contrôle des frontières extérieures est une tâche commune, qui peut aussi être coordonnée, le cas échéant, par l’agence Frontex.
Des mesures de protection, telles que les contrôles de passeport, l’exigence de visas, les vérifications de sécurité policière, les contrôles douaniers ou les restrictions d’entrée liées à des pandémies, sont appliquées aux frontières extérieures sur la base des règles nationales et européennes.
Frontière extérieure et régime Schengen
Avec l’entrée en vigueur de la Convention d’application de Schengen, les frontières intérieures entre États participants ont été abolies et la sécurisation des frontières extérieures est devenue une tâche clé. Le Code frontières Schengen règle des aspects tels que le franchissement des frontières, les procédures de contrôle, les exigences minimales relatives aux postes frontières ainsi que les droits et devoirs des autorités de contrôle aux frontières.
Types de frontières extérieures
Frontières terrestres
Les frontières terrestres sont des lignes physiques qui délimitent le territoire national à terre vis-à-vis d’autres États. Elles sont signalées et protégées par des bornes, clôtures, points de contrôle ou caractéristiques naturelles (rivières, montagnes).
Frontières maritimes
Les frontières maritimes sont déterminées selon les normes du droit international de la mer (notamment la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, UNCLOS). Les frontières extérieures en mer peuvent constituer la ligne de base des eaux territoriales, les zones économiques exclusives ou la zone du plateau continental.
Frontières aériennes
La frontière extérieure d’un État inclut également l’espace aérien qui s’étend verticalement au-dessus du territoire terrestre ou maritime. Les survols, droits de circulation aérienne et la sécurisation de l’espace aérien sont liés ou déterminés par la frontière extérieure de l’État.
Frontière extérieure et migration
Importance pour le franchissement de la frontière
Le franchissement d’une frontière extérieure est en règle générale soumis à des exigences juridiques particulières. Pour les ressortissants de pays tiers, des conditions spécifiques d’entrée s’appliquent : obligations de passeport et de visa, justification du motif de séjour, éventuellement contrôles biométriques et vérifications dans des bases de données nationales et internationales de recherche.
Droit d’asile et des réfugiés à la frontière extérieure
Les frontières extérieures sont pertinentes du point de vue du droit d’asile international et européen, car elles constituent le lieu de la demande d’asile et d’accès aux procédures de protection conformément à la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, à la Loi fondamentale allemande (art. 16a GG) et à la directive européenne d’accueil. Les règles de la « procédure Dublin » attribuent par ailleurs la compétence pour la procédure d’asile au premier État membre franchi.
Frontière extérieure et droit douanier
Importance douanière
La frontière extérieure d’une union douanière, telle que l’Union européenne ou une zone de libre-échange, marque la limite du territoire douanier unifié. La circulation des marchandises à travers la frontière extérieure est soumise à la réglementation douanière : déclaration, perception de droits, contrôles à l’importation/exportation et autres interdictions ou restrictions.
Bases juridiques
Les principales dispositions se trouvent dans le Code des douanes de l’Union (règlement (UE) n° 952/2013) pour l’UE et dans les lois douanières nationales respectives. Ces normes déterminent les procédures de dédouanement, les règles de traitement préférentiel, les infractions et les sanctions éventuelles.
Application du droit et mesures de protection à la frontière extérieure
Organisation et compétences
La sécurisation des frontières extérieures est assurée par des autorités spécialisées telles que la police des frontières, la douane, la police et, le cas échéant, les forces armées. Dans l’espace Schengen, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) joue un rôle de coordination et soutient les États membres dans les situations de crise.
Mesures en cas de menaces
Des mesures de protection anticipées ou temporaires aux frontières extérieures sont prévues juridiquement en cas de menace à l’ordre public, à la santé ou à la sécurité. Cela inclut des fermetures temporaires de frontières, des contrôles renforcés, des restrictions d’entrée sélectives ou des mesures de quarantaine.
Frontière extérieure dans les accords internationaux
Tracés frontaliers et accords frontaliers
La fixation, la vérification et la modification des frontières extérieures résultent régulièrement de traités frontaliers, d’accords internationaux et de commissions frontalières. Des organisations internationales telles que les Nations Unies ou la Cour internationale de Justice peuvent être saisies en cas de litiges concernant le tracé de la frontière.
Dispositions particulières
Dans certains cas exceptionnels, il existe des zones à statut spécial (par exemple, des enclaves, des communes frontalières, des zones franches douanières) qui peuvent prévoir des règles propres pour la frontière extérieure et sa traversée.
Signification dans la jurisprudence
Décisions des juridictions nationales et internationales
Les tribunaux se penchent fréquemment sur les questions de légalité des mesures frontalières, des refoulements, du contrôle et de la protection de la frontière extérieure. En particulier, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ont rendu des arrêts de principe sur l’État de droit en matière de mesures de sécurisation des frontières et sur le respect des droits de l’homme aux frontières extérieures.
Références bibliographiques et autres dispositions
Pour approfondir la question, il convient de consulter les textes officiels de loi, les commentaires sur le droit des frontières et des douanes, les textes d’accords internationaux ainsi que les décisions pertinentes de la jurisprudence.Lois et bases juridiques importantes :
- Code frontières Schengen (règlement (UE) 2016/399)
- Code des douanes de l’Union (règlement (UE) n° 952/2013)
- Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS)
- Convention de Genève relative au statut des réfugiés
- Charte des Nations Unies
Conclusion
La frontière extérieure est un concept juridique complexe, d’une grande portée en droit international, dans les systèmes juridiques nationaux et dans le droit de l’Union. Sa configuration juridique concerne la souveraineté, la politique migratoire et de séjour, le régime douanier, la sécurité ainsi que la circulation internationale des biens et des personnes. La sécurisation et le contrôle juridiques de la frontière extérieure constituent une dimension fondamentale des relations internationales ainsi que de la sécurité intérieure et extérieure des États et groupements d’États.
Questions fréquemment posées
Qui est responsable de la surveillance et de la sécurisation des frontières extérieures de l’Union européenne ?
La surveillance et la sécurisation des frontières extérieures de l’Union européenne (UE) relèvent principalement de la responsabilité des États membres où se situe la frontière extérieure concernée. Cette obligation découle notamment de l’art. 4, par. 2 du Code frontières Schengen (règlement (UE) 2016/399). La responsabilité juridique comprend la réalisation des contrôles frontaliers, la prévention des franchissements non autorisés et le maintien de la sécurité et de l’ordre public dans la zone frontalière. En complément, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) assiste les États membres à travers des opérations sur le terrain, une aide technique et des formations. Frontex peut assurer des tâches de coordination, mais ne peut exercer un contrôle exclusif ; elle agit toujours pour le compte et sous la responsabilité des autorités nationales concernées. La coopération entre les États membres et Frontex est régie par le cadre juridique de l’UE, notamment par le règlement (UE) 2019/1896.
Quelles bases juridiques régissent l’exécution des contrôles aux frontières extérieures ?
L’exécution des contrôles aux frontières extérieures est principalement régie par le Code frontières Schengen. Celui-ci définit des règles détaillées pour le contrôle des personnes lors du franchissement des frontières extérieures, différenciées selon qu’il s’agit de ressortissants de pays tiers ou de citoyens de l’UE, et précise les conditions sous lesquelles les points de passage peuvent être utilisés. En complément du Code frontières, d’autres règlements européens s’appliquent, tels que le règlement Dublin III (règlement (UE) n° 604/2013) et la directive Retour (directive 2008/115/CE). Au niveau national, les prescriptions sont mises en œuvre par des lois spécifiques, telles que la AufenthG (loi sur le séjour) et la AsylG (loi sur l’asile) en Allemagne. Des particularités existent pour les ports maritimes et les aéroports, qui sont régies par des annexes et des dispositions spéciales. Tous les contrôles s’effectuent dans le respect des normes européennes et internationales, notamment concernant les droits de l’homme et la protection des personnes vulnérables, comme cela résulte de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés.
Dans quelles conditions peut-on réintroduire temporairement les contrôles aux frontières intérieures, et quel rôle juridique joue la frontière extérieure ?
La réintroduction des contrôles aux frontières intérieures est régie par le Code frontières Schengen (art. 25 et suivants). Elle n’est possible qu’à titre exceptionnel, par exemple lorsqu’une menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure survient. La frontière extérieure joue alors un rôle central, car la réintroduction temporaire des contrôles intérieurs intervient en général lorsque l’on soupçonne que le contrôle des frontières extérieures n’est pas suffisamment efficace ou qu’un afflux particulier de personnes est constaté via les frontières extérieures. L’examen et la justification juridiques de telles mesures sont soumis à des conditions strictes, et ces mesures doivent être motivées et limitées dans le temps. La Commission européenne ainsi que les autres États membres doivent également être informés, ce qui vise à garantir transparence et coordination.
Quelles sont les conséquences juridiques du franchissement non autorisé d’une frontière extérieure de l’UE ?
Le franchissement non autorisé d’une frontière extérieure de l’UE constitue, dans tous les États membres, une infraction administrative voire un délit et entraîne des conséquences juridiques. En règle générale, cela conduit à l’enregistrement de l’identité, à la rétention des documents d’identité et, le cas échéant, à un placement en rétention suivi d’un refoulement ou d’une expulsion. En Allemagne, ceci est, par exemple, prévu à l’article 95 AufenthG, qui prévoit des sanctions telles que peine d’emprisonnement ou amende. L’accès à la procédure d’asile est également réglementé juridiquement : même en cas d’entrée non autorisée, une demande d’asile peut être déposée, ce qui conduit à une procédure distincte régie par ses propres règles juridiques. Les entrées non autorisées répétées ou commises à titre professionnel ou en bande sont en principe plus lourdement sanctionnées.
Comment le traitement des personnes en quête de protection est-il réglementé juridiquement aux frontières extérieures ?
Le traitement des demandeurs de protection aux frontières extérieures est déterminé tant par le droit de l’UE que par des conventions internationales comme la Convention de Genève relative au statut des réfugiés. Selon les articles 6 et 14 du Code frontières Schengen, les demandeurs de protection ont à tout moment la possibilité de déposer une demande d’asile, même si l’entrée serait autrement considérée comme non autorisée. Le traitement concret, notamment la procédure d’évaluation de la nécessité de protection, est régi par la directive relative aux procédures d’asile (2013/32/UE) et la directive accueil (2013/33/UE). Cela inclut des dispositions sur l’information, l’accès aux voies de recours, l’hébergement, les soins médicaux et la protection contre le refoulement (principe de non-refoulement). Des dispositions spéciales ou des exceptions peuvent exister pour certains cas humanitaires, par exemple pour des mineurs non accompagnés ou des personnes particulièrement vulnérables.
Quels sont les moyens de contrôle juridique des mesures aux frontières extérieures de l’UE ?
Les mesures prises aux frontières extérieures font l’objet de nombreux contrôles juridiques et peuvent être examinées aussi bien au niveau national qu’européen. Les personnes concernées ont le droit d’introduire des recours contre les mesures de protection des frontières, les refoulements ou les refus d’entrée, ou de saisir les tribunaux. Au niveau européen, des recours peuvent être déposés devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ou la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Les juridictions nationales ont l’obligation d’interpréter le droit de l’UE et, en cas de doute, de demander une décision préjudicielle à la CJUE. Par ailleurs, des organes indépendants comme le Commissaire européen aux droits de l’homme ou des organisations civiles spécialisées contrôlent le respect de la légalité aux frontières extérieures.
Quelles obligations existent en matière de protection et de conservation des données lors du contrôle aux frontières extérieures ?
Les mesures de contrôle aux frontières extérieures sont soumises à des règles strictes en matière de protection des données, notamment au Règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’UE ainsi qu’à des lois sectorielles spécifiques. Lors de la vérification et de la collecte de données à caractère personnel – par exemple dans le cadre du relevé d’empreintes digitales (système EURODAC) ou des vérifications d’identité –, la collecte, le stockage et le traitement ne sont autorisés que dans le respect du principe de proportionnalité et de la finalité. Les données recueillies ne peuvent, par exemple, être utilisées qu’à des fins de contrôle aux frontières, de gestion migratoire ou de traitement des demandes d’asile. Les personnes concernées disposent en principe d’un droit d’accès, de rectification et de suppression de leurs données, sauf en cas de motifs d’exclusion légaux. Le respect de ces dispositions est contrôlé aussi bien par les délégués nationaux que par les délégués européens à la protection des données.