Définition et nature juridique de la redevance
Une redevance est juridiquement une somme d’argent perçue en contrepartie d’une prestation publique ou souveraine individualisable. Elle se distingue des autres types de prélèvements, en particulier des impôts et des contributions, par son caractère de contrepartie concrète. Dans l’ordre juridique allemand, la notion de « redevance » joue un rôle central tant en droit public qu’en droit privé, avec une prédominance régulière dans le domaine du droit public des prélèvements.
Distinction avec d’autres types de prélèvements
Selon la classification traditionnelle du droit des prélèvements, on distingue entre impôts, contributions et redevances.
- Les impôts sont des prestations pécuniaires sans droit à une contrepartie spécifique, destinées au financement des dépenses générales de l’État.
- Les contributions sont perçues en contrepartie de la possibilité de bénéficier de certaines prestations publiques, indépendamment du fait que ces prestations soient effectivement utilisées (par exemple les contributions à la construction des routes).
- Les redevances exigent une prestation concrète, individualisable, de l’administration ; sans cette prestation, aucune obligation de paiement ne naît.
Fait générateur de la redevance et débiteur de la redevance
Der Le fait générateur de la redevance est le fait déterminé par la loi qui entraîne l’obligation de paiement d’une redevance. Le débiteur de la redevance est la personne physique ou morale qui, du fait de cette situation, doit acquitter la redevance. La naissance de la dette de redevance est régie par la loi spécifique ou le règlement de redevance applicable.
Types de redevances
En droit des redevances, on distingue plusieurs types de redevances :
Redevances administratives
Les redevances administratives sont perçues pour des actes individualisables de l’administration, par exemple pour la délivrance d’un titre, d’un permis de construire ou la procédure administrative. On distingue :
- Redevances d’utilisation : Nées de l’utilisation effective d’installations publiques (par ex. redevances d’assainissement, d’élimination des déchets, de nettoyage des rues).
- Redevances administratives au sens strict : Directement liées à un acte administratif (par exemple délivrance d’un passeport, attestation de déclaration).
Frais de justice et redevances judiciaires
Dans le domaine de la justice, les redevances sont perçues au titre des frais judiciaires ou de justice. Il s’agit ici généralement de
- frais de justice : Sont dus pour les actes officiels des tribunaux, en particulier pour les procédures, décisions et mesures d’exécution.
- Redevances administratives de la justice : Sont perçues pour certains actes comme la délivrance d’informations ou la certification de documents par les tribunaux et les parquets.
Autres types de redevances
D’autres catégories de redevances sont notamment :
- Redevances de concession : Pour la délivrance de concessions, par exemple dans le domaine du transport de personnes ou de la restauration.
- Redevances audiovisuelles : Pour l’utilisation des services de radiodiffusion publique (aujourd’hui remplacées par la contribution à la radiodiffusion).
Fondements légaux
Fondements constitutionnels
La perception de redevances en droit allemand nécessite un fondement légal. Le monopole de la perception des prélèvements par l’État découle du principe de la réserve légale (art. 20 al. 3 GG). Les aspects essentiels de la perception des redevances doivent être réglés par la loi, notamment le fait générateur, le débiteur et le montant de la redevance.
Dispositions légales ordinaires
La concrétisation se trouve dans différentes lois et règlements :
- Les lois sur les redevances des Länder et du Bund, comme la loi sur les frais administratifs (VwKostG), les lois sur les frais judiciaires (par ex. GKG, FamGKG, GNotKG) ou les tarifs de redevance (GOZ, GOÄ).
- Dispositions spécifiques sur les redevances dans des lois spéciales (par ex. BauGB, AufenthaltsG).
- Règlements communaux de redevance, notamment dans le domaine des redevances d’utilisation.
Évaluation et fixation de la redevance
Le montant d’une redevance peut être déterminé selon différentes méthodes :
- Tranches de redevances : Prédétermination d’une fourchette légale laissant une marge d’appréciation à l’autorité.
- Redevances fixes : Somme déterminée pour un acte administratif précis.
- Redevances proportionnelles à la valeur : Sont calculées selon la valeur de l’objet concerné par l’activité administrative (par exemple la valeur du litige en procédure civile, la valeur de l’affaire pour les notaires).
La fixation s’effectue par acte administratif, pour les procédures judiciaires en général par ordonnance de taxation.
Recours contre les avis de redevance
Il est en principe possible de contester la perception et la fixation d’une redevance par les voies de recours prévues. En droit administratif, il s’agit généralement de la réclamation contre l’avis de redevance, suivie de la requête en annulation devant le tribunal administratif. Pour les frais judiciaires, les règles des procédures respectives s’appliquent, permettant des recours contre les ordonnances de taxation et le recours contre l’état des frais.
Droit des redevances dans d’autres systèmes juridiques
Même en dehors de l’Allemagne, la notion de redevance est courante en droit public, bien que le régime particulier puisse différer. Au sein de l’Union européenne, il existe des réglementations supranationales sur les redevances, par exemple dans le domaine de la propriété intellectuelle (par ex. marques de l’UE).
Intérêt et fonction des redevances
Les redevances servent principalement à couvrir le coût de certaines prestations publiques et remplissent une fonction d’incitation. D’une part, l’utilisateur d’un service administratif doit contribuer à son financement, d’autre part, la redevance peut avoir un effet incitatif ou dissuasif selon son montant et donc influencer certains comportements.
Littérature et réglementations complémentaires
Une présentation complète du droit des redevances se trouve dans les commentaires aux lois sur les frais concernées et dans les manuels de droit administratif général et de droit fiscal. De plus, les règlements spécifiques de redevance, tarifs et lois sur les frais judiciaires sont essentiels pour la pratique.
Remarque : La notion de « redevance » revêt une importance centrale en droit public et est concrétisée par de nombreuses lois et règlements particuliers. Pour l’examen détaillé d’un fait générateur de redevance, il convient de se référer à la base juridique applicable.
Questions fréquemment posées
Qui doit payer une redevance ?
En règle générale, la personne tenue de payer une redevance est celle qui sollicite ou bénéficie d’un acte ou d’un service public soumis à redevance. En droit, cette obligation résulte soit de dispositions légales spécifiques (par exemple dans la loi sur les frais administratifs, la loi sur les frais judiciaires ou dans les règlements communaux de redevance), soit de contrats de droit public. Dans certains cas, la dette de redevance peut aussi incomber à des tiers, comme lors de successions, de reprises d’entreprise ou en cas de solidarité de débiteurs. La détermination précise de la personne redevable dépend toujours de la base légale applicable, qui se fonde généralement sur le principe de la demande, de l’utilisation ou du responsable. En cas de pluralité de parties, il est souvent précisé qui est tenu solidairement ou selon quelles modalités une répartition des coûts doit avoir lieu. En contentieux, une redevance est souvent due indépendamment du motif de la dette, simplement par la présentation d’une demande ou par le début d’une procédure administrative.
Quand la dette de redevance naît-elle juridiquement ?
La dette de redevance naît habituellement lors de la réalisation de la prestation ou de l’acte administratif de nature publique. Le moment précis de la naissance est fixé par la législation, souvent dans la loi sur les frais ou dans les tarifs de redevance, et peut, par exemple, intervenir dès la demande ou l’information de l’acte envisagé. Pour les procédures judiciaires, les frais de justice naissent généralement avec le dépôt de la demande ou de la requête auprès du tribunal compétent. Dans les procédures administratives, la dette de redevance prend effet le plus souvent avec la notification de la décision de perception, sous réserve d’exceptions prévues par des domaines juridiques particuliers (tels que le droit fiscal ou de l’urbanisme). Ce moment est notamment déterminant pour l’exigibilité, les délais de prescription ainsi que la possibilité d’exercer des recours contre la perception de la redevance.
Quels sont les recours juridiques contre une redevance indûment perçue ?
Contre une redevance publique indûment ou excessivement perçue, il est généralement possible de recourir aux voies de recours prévues dans la procédure administrative ou judiciaire concernée. Pour les frais administratifs, il s’agit souvent de la réclamation, pour les frais judiciaires de la contestation ou de la plainte immédiate. Après épuisement des voies de recours, un recours devant le tribunal administratif ou une autre juridiction compétente est également possible. Les délais de recours relèvent de la réglementation procédurale applicable, souvent d’un mois (délai de réclamation ou de recours) ou plus longs en cas de dispositions spécifiques. Il convient de motiver la contestation, par exemple en invoquant une base juridique erronée, une mauvaise évaluation ou des erreurs dans la fixation de la redevance. Au cas par cas, une demande de remise, de sursis ou de réduction de la redevance peut également être recevable.
Existe-t-il des exonérations ou exceptions à l’obligation de redevance ?
Les bases légales applicables aux redevances prévoient souvent des exonérations, réductions ou franchises. Celles-ci peuvent découler de motifs sociaux (par exemple en cas de besoin ou d’indigence du redevable), de motifs souverains (secteur gratuit des activités officielles) ou pour éviter les doubles prélèvements (multiples perceptions de la même redevance pour la même situation). Les conditions d’octroi d’une exonération sont détaillées dans la loi sur les redevances concernée, comme dans la loi sur les frais judiciaires (exonération des frais de justice), en droit des Länder (exonération pour les organisations d’utilité publique) ou dans les règlements des collectivités locales. Il existe en outre, dans certains domaines, des redevances forfaitaires ou réduites, par exemple pour les actes répétés, les prestations mineures ou les décisions préalables informelles. De telles exonérations doivent en principe être demandées et justifiées.
Que se passe-t-il en cas de non-paiement d’une redevance légalement exigible ?
Lorsqu’une redevance est exigible de façon définitive et n’est pas payée dans les délais, des mesures d’exécution forcée sont engagées conformément à la loi sur l’exécution administrative (VwVG) ou aux règles de l’exécution judiciaire. Dès l’expiration du délai de paiement, des majorations de retard ou des intérêts moratoires peuvent être dus. Les étapes suivantes incluent relances, menaces d’exécution, et finalement recouvrement forcé de la redevance (par ex. saisie, saisie de compte, exécution sur les biens meubles). L’inscription au fichier des débiteurs est également possible. Des recours formels (par ex. contestation, demande de sursis à exécution) existent contre ces mesures, sans nécessairement avoir d’effet suspensif. Dans certains cas, une demande d’échelonnement ou de paiement différé peut être déposée, examinée par l’autorité compétente pour la fixation des redevances.
Comment les redevances sont-elles calculées et évaluées en droit ?
Le calcul et l’évaluation des redevances reposent principalement sur le principe d’équivalence ainsi que sur les prescriptions légales du droit des redevances applicable. Les tarifs de redevance prévoient en général des taux fixes, des fourchettes (minimum et maximum), des redevances horaires ou des redevances proportionnelles à la valeur, ces dernières dépendant de la valeur de l’objet ou de l’intérêt économique du débiteur. Leur fondement légal est explicitement codifié dans la loi sur les frais administratifs, le tarif de redevance concerné ou le droit des frais judiciaires. Dans certains cas, l’autorité dispose d’une marge d’appréciation, mais son exercice est limité par les normes juridiques et – en cas de contrôle juridictionnel – par l’interdiction de l’excès de pouvoir et l’exigence d’économie. L’administration a l’obligation de justifier de manière compréhensible le montant de la redevance au débiteur. En cas d’évaluation erronée, les recours prévus décrits précédemment sont ouverts à l’intéressé.
La perception d’une redevance est-elle soumise au principe de la légalité ?
Oui, en droit public les redevances ne peuvent être perçues que sur la base d’une habilitation légale expresse ; cela découle du principe constitutionnel de la réserve de la loi (art. 20 al. 3 GG et principes de l’État de droit). L’obligation de payer une redevance exige une réglementation claire par la loi quant à sa nature, son montant et sa cause, généralement prévue dans des lois ou des règlements (par ex. loi sur les frais administratifs, lois de redevance des Länder, tarifs de redevance). L’exigence de détermination impose que le montant de la redevance et ses conditions soient prévisibles et calculables pour l’intéressé. Sans fondement juridique, toute perception de redevance est illégale. Les exceptions ou bases d’évaluation dérogatoires ne sont possibles que dans les cas prévus par la loi.