L’évêque – Statut juridique et signification
Notion et évolution historique
Der Évêque (lat. episcopus, grec episkopos = surveillant) est une personne occupant une fonction dirigeante au sein de diverses Églises chrétiennes et occupe une position centrale, notamment en droit canonique. Le développement de la fonction épiscopale remonte à l’Église primitive et est historiquement et juridiquement étroitement lié à l’évolution du droit canon, des règlements du droit des relations Église-État et des rapports entre l’Église et l’État.
Statut juridique de l’évêque
Fondements canoniques
Selon le droit canon de l’Église catholique romaine, codifié notamment dans le Codex Iuris Canonici (CIC), l’évêque est le chef d’un diocèse (évêché) et détient la pleine puissance d’ordre sacerdotal (Sacra Potestas) ainsi que l’autorité juridictionnelle (Potestas Iurisdictionis) sur son diocèse. La nomination, les droits et devoirs ainsi que les compétences des évêques sont détaillés dans le CIC, en particulier dans les canons 375 à 430.
En droit ecclésiastique allemand, l’évêque occupe une position éminente en vertu du droit concordataire et des lois étatiques. Les Églises protestantes connaissent également la fonction épiscopale, mais avec une organisation théologique et juridique différente.
Nomination et prise de fonction
Église catholique : La nomination de l’évêque diocésain a lieu par le Pape. Celui-ci est soumis à des prescriptions internes de l’Église et à des règles concordataires internationales qui peuvent prévoir la participation ou l’information des autorités étatiques (par ex. Concordat prussien de 1929, Concordat bavarois de 1924).
Le droit canon fait la distinction entre évêque consacrant, évêque titulaire, évêque diocésain et d’autres évêques à tâches spéciales, comme les évêques auxiliaires ou les administrateurs apostoliques. La prise de fonction dépend de la nomination papale, de la consécration épiscopale et de la prise de possession canonique de la charge.
Églises protestantes : Ici, la désignation s’effectue généralement par élection de collèges synodaux. La structure juridique suit les règlements des Églises territoriales et le principe d’auto-détermination des communautés religieuses.
Droits et devoirs
Pouvoir de direction
L’évêque détient dans son diocèse la plus haute autorité de direction et est tenu d’exercer l’enseignement (munus docendi), la sanctification (munus sanctificandi) et la gouvernance (munus regendi). Il est responsable de la gestion des biens du diocèse et du respect du droit canonique au sein de son évêché. Parmi ses missions principales figurent l’ordination des prêtres, la célébration de la confirmation et la prise de décisions importantes en matière de droit diocésain.
Pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire
Dans le cadre du droit canonique, l’évêque dispose de pouvoirs pour édicter des normes diocésaines, des décrets (lois diocésaines, instructions) et peut agir avec effet juridique (pouvoir exécutif). Il est également l’ordinaire pour la première instance des procédures ecclésiastiques.
Autorité disciplinaire
Parmi les pouvoirs disciplinaires figurent la surveillance du clergé, l’ouverture de procédures en cas de manquement aux devoirs et, si nécessaire, l’imposition de sanctions canoniques.
Fin de la charge épiscopale
La charge d’évêque prend fin par démission (voir CIC can. 401 sqq.), renonciation, mutation, révocation par le Pape ou décès. Dans le domaine protestant, la charge se termine en général à la retraite ou à l’expiration du mandat.
Statut constitutionnel et relations entre l’État et l’Église
Réglementations du droit des relations Église-État
En Allemagne, la Loi fondamentale garantit à l’article 140 GG combiné avec l’article 137 WRV l’indépendance des Églises dans leurs propres affaires, y compris la nomination des évêques. Les possibilités d’intervention de l’État existent dans le cadre des concordats et accords d’Église. La nomination d’évêques diocésains catholiques nécessite parfois la notification au gouvernement régional concerné ; en Bavière, un accord formel est requis.
Souveraineté ecclésiastique et droit pénal
Les évêques, comme tous les détenteurs de fonctions publiques de corporations de droit public, sont protégés par le droit pénal de l’État en ce qui concerne l’exercice de leur fonction (par exemple pour infractions contre des responsables religieux, § 167 StGB). Leurs actes officiels restent cependant des actes purement internes à l’Église et ne confèrent aucune prérogative d’autorité publique de l’État.
Statut patrimonial
Les évêques agissent généralement aussi comme représentants légaux de leur diocèse dans les relations juridiques et gèrent en fiducie le patrimoine diocésain. Le titulaire juridique du diocèse est en général la corporation de droit public “Bistum”.
Sécurité sociale et obligation d’alimentation
L’entretien des évêques est pris en charge par le budget de chaque diocèse. Dans certains pays, des prestations de l’État continuent d’exister conformément à l’article 140 GG combiné avec l’article 138 WRV à destination des évêques.
Responsabilité et immunité
Responsabilité interne à l’Église
Les évêques, en tant que personnes détenant une charge, répondent de leurs manquements selon les règles du droit canonique, notamment en cas de manquement à leur mission pastorale ou de mauvaise gestion.
Responsabilité civile de l’État
Une responsabilité personnelle selon le droit de l’État existe comme pour tout titulaire de droit, en principe seulement selon les règles générales (par exemple en cas de dol ou de négligence grave). La distinction entre acte de fonction et personne privée doit ici être respectée.
Particularités : Immunité
Les évêques ne bénéficient pas d’une immunité pénale, civile ou administrative supplémentaire vis-à-vis de l’État, sauf dispositions spécifiques du droit des relations Église-État ou droits diplomatiques (par exemple pour les nonces ou les archevêques avec un statut particulier).
Aspects internationaux
Concordats et accords internationaux
La nomination et le statut juridique des évêques sont souvent l’objet de traités bilatéraux entre le Saint-Siège et des États (appelés concordats). Ceux-ci règlent les droits de participation de l’État, les mesures disciplinaires en cas d’infractions et la protection des intérêts étatiques.
Statut juridique en droit canonique universel
En droit canonique international, l’évêque, en tant que membre de l’épiscopat universel, participe à la direction collégiale de l’Église universelle et détient le droit de prendre part aux synodes et conciles des évêques.
Conclusion
Le terme Évêque est complexe, y compris dans le contexte juridique, et englobe à la fois le droit canonique et le droit de l’État. Le statut juridique d’un évêque varie selon la confession, l’organisation interne de l’Église et le droit des relations Église-État. Ses missions concernent la direction ecclésiale, l’administration, l’autorité disciplinaire et la représentation dans les relations juridiques. Parallèlement, les règles du droit des relations Église-État assurent l’autonomie garantie par la Constitution aux Églises alors que l’influence étatique sur la fonction épiscopale ne se limite aujourd’hui qu’à quelques obligations d’information. L’épiscopat est un élément central de la structure organisationnelle et juridique de l’Église.
Questions fréquentes
Quelles sont les conditions juridiques requises pour la nomination d’un évêque ?
En droit canonique de l’Église catholique romaine, les conditions de nomination d’un évêque sont clairement réglementées, notamment dans les canons 378 à 380 du Codex Iuris Canonici (CIC). Un candidat doit notamment avoir au moins 35 ans, être prêtre depuis au moins cinq ans. Un doctorat ou au moins une licence en théologie, droit canonique ou une discipline similaire est également exigé. De plus, le candidat doit présenter, par sa foi, sa moralité, son zèle pastoral, sa sagesse, sa connaissance des hommes et son expérience de la direction, toutes les qualités requises pour occuper un siège épiscopal. La nomination juridique d’un évêque est finalement du ressort du Pape, après une procédure de consultation complexe (incluant notamment l’avis de la nonciature ainsi que du chapitre cathédral et des conférences épiscopales). En Allemagne, par exemple, des procédures canoniques sont aussi régies par les accords d’Église-État et les concordats, qui prévoient une participation ou au moins une consultation de l’État lors des nominations dans certains évêchés.
Quel est le statut juridique d’un évêque au sein de la hiérarchie ecclésiastique ?
Un évêque est, selon le droit canonique, un ordinarius (ordinaire local) et détient au sein de son diocèse la plus haute autorité décisionnelle juridique. Il est l’unique législateur, juge et exécuteur des lois ecclésiastiques dans son diocèse, sauf si le droit du Pape ou d’autres instances supérieures s’y oppose. Sa juridiction s’étend à tous les fidèles, institutions ecclésiales ainsi qu’au clergé du diocèse. L’évêque représente également le diocèse dans les affaires juridiques à l’extérieur. Au sein de la conférence épiscopale, il a droit de vote, les décisions de celle-ci n’ayant généralement force de loi en droit canonique qu’après approbation par le Saint-Siège. Au niveau du droit régional, les compétences et obligations d’un évêque peuvent être précisées par les différents accords du droit des relations Église-État.
Quelles sont les obligations juridiques d’un évêque envers l’État ?
Les obligations juridiques d’un évêque envers l’État résultent principalement des accords du droit des relations Église-État, comme les concordats, les contrats d’Église et les lois fondamentales. En Allemagne, par exemple, la Loi fondamentale (art. 140 GG combiné avec l’art. 137 WRV) garantit aux Églises le droit à l’auto-organisation, assurant ainsi une large indépendance vis-à-vis de l’intervention de l’État. Cependant, il existe des obligations de notification, par exemple lors de la nomination ou du déplacement d’un évêque. Dans certains (archi-)évêchés (par ex. Cologne, Münster), le concordat prussien prévoit un certain droit de participation de l’État. Par ailleurs, l’évêque est pour ses activités d’ordre privé et comme employeur (par ex. droit du travail, protection des données) soumis aux lois en vigueur de l’État et peut, quoique dans une certaine mesure, être poursuivi devant les tribunaux étatiques.
Quelles sont les compétences juridiques d’un évêque en matière de gestion du patrimoine de l’Église ?
En droit canonique, l’évêque est le principal gestionnaire du patrimoine de son diocèse (cf. can. 1276 CIC). Parmi ses tâches figurent la surveillance et le contrôle de l’ensemble du patrimoine diocésain dans le cadre des règles ecclésiales et étatiques en vigueur. Il nomme les organes chargés de la gestion patrimoniale et contrôle leur activité. En Allemagne, la structure juridique est déterminée par le droit des relations Église-État et les législations propres à chaque diocèse. Beaucoup de diocèses sont organisés comme corporations de droit public, ce qui impose des exigences particulières pour la gestion budgétaire et la comptabilité. L’évêque prend ainsi les décisions fondamentales, mais doit, pour les actes de gestion importants, consulter le conseil des consulteurs ou le conseil économique. Pour des actes administratifs exceptionnels, il faut en général obtenir des autorisations supra-diocésaines ou papales.
Comment la responsabilité juridique de l’évêque est-elle réglementée en cas de manquement à ses devoirs ou d’abus de pouvoir ?
Selon le droit canonique, l’évêque est directement responsable devant le Pape et peut, en cas de manquements graves (par exemple abus de pouvoir, négligence de ses obligations, violation des prescriptions canoniques), être averti ou démis de ses fonctions (voir can. 193, 401 et 194 CIC). Les sanctions vont de l’avertissement à la révocation, qui ne peut être prononcée que par le Pape lui-même. En droit étatique, la responsabilité personnelle de l’évêque existe également, notamment en cas de violation du droit public, du droit du travail ou du droit civil. Il est alors responsable en tant que représentant légal du diocèse. Pour les affaires pénales, un évêque peut être tenu responsable comme toute autre personne physique si les actes sont répréhensibles au regard du droit de l’État.
Quelles obligations de coopération les évêques ont-ils dans les affaires de l’État ?
Les obligations de coopération des évêques dans les affaires étatiques se limitent essentiellement à la collaboration sur des sujets comme l’enseignement religieux, la protection des monuments ecclésiaux et la sauvegarde de l’intérêt public et résultent d’accords du droit des relations Église-État. Par exemple, les évêques doivent accorder l’homologation canonique (Missio canonica) aux enseignants de religion et coopérer avec les autorités étatiques pour certaines questions. Par ailleurs, ils bénéficient, ainsi que les corporations placées sous leur autorité, d’une large autonomie, si bien que les interventions de l’État ne sont possibles que dans des limites très restreintes, par exemple en cas de risque pour la sécurité publique ou dans le cadre de lois générales.
Dans quels cas le mandat épiscopal peut-il prendre fin juridiquement ?
La durée du mandat d’un évêque diocésain n’est en principe pas limitée par le droit canonique, mais elle se termine par la loi à l’âge de 75 ans, lorsque l’évêque présente sa démission au Pape conformément au can. 401 CIC. Le Pape décide de l’acceptation de la demande de démission. Le mandat peut également prendre fin par décès, démission volontaire, révocation du mandat (pour infraction au droit ecclésiastique ou civil) ou pour raisons de santé. À titre exceptionnel, le Pape peut également révoquer l’évêque sans demande de sa part, par exemple en cas de faute grave ou d’incapacité. Les autorités étatiques n’ont pas de pouvoir décisionnel à cet égard.