Définition et champ d’application du Règlement EuUnthVO
Le règlement (UE) 2016/1191 du Parlement européen et du Conseil du 6 juillet 2016 visant à promouvoir la libre circulation des citoyens par la simplification des exigences en matière de présentation de certains documents publics au sein de l’Union européenne, couramment abrégé « EuUnthVO », est un acte juridique de l’Union européenne. L’objectif du EuUnthVO est de réduire la charge administrative relative à l’utilisation transfrontalière des documents publics entre les États membres et ainsi de faciliter la libre circulation au sein de l’Union européenne.
Le règlement est entré en vigueur le 16 février 2019 et s’applique directement dans tous les États membres de l’UE, sauf exceptions prévues. Il concerne les documents publics délivrés par une autorité d’un État membre et destinés à être présentés dans un autre État membre.
Contexte et objectifs
Le EuUnthVO a été élaboré pour répondre à la nécessité de réduire les formalités lourdes en matière de reconnaissance et d’utilisation des documents publics dans les échanges juridiques internationaux au sein de l’UE. Jusqu’à présent, une sur-authentification par apostille ou légalisation était souvent nécessaire. Avec le EuUnthVO, cette exigence disparaît pour certaines catégories d’actes entre États membres de l’UE.
Les objectifs principaux sont :
- Réduction de la bureaucratie au sein de l’UE
- Prévention de la double vérification de l’authenticité des documents publics
- Promotion de l’exercice des droits à la libre circulation
- Amélioration de l’échange transfrontalier des données d’état civil
Champ d’application du règlement
Champ d’application matériel
Le EuUnthVO s’applique aux documents publics délivrés par les autorités d’un État membre de l’UE et qui doivent être présentés dans un autre État membre, lorsqu’ils concernent certains faits précis. Le règlement s’applique notamment aux documents relatifs aux domaines suivants :
- Naissance
- Décès
- Nom
- Mariage, y compris la capacité matrimoniale et l’état civil
- Divorce, annulation ou déclaration de nullité d’un mariage
- Partenariat enregistré, sa création, dissolution ou déclaration de nullité
- Filiation
- Adoption
- Domicile ou résidence
- Nationalité
- Absence de casier judiciaire
Champ d’application personnel et territorial
Les destinataires du EuUnthVO sont les autorités de tous les États membres de l’UE ; il ne s’applique pas aux pays tiers. La réglementation a des effets pour les citoyens de l’UE ainsi que pour les apatrides et les réfugiés, dans la mesure où ils sont concernés par les catégories de documents publiques mentionnées.
Contenu et dispositions du EuUnthVO
Suppression de l’apostille et de la légalisation
Un élément central du EuUnthVO est la suppression de toute forme d’authentification (légalisation ou apostille) pour les documents publics relevant directement de son champ d’application. Les autorités d’un État membre de l’UE ne peuvent plus exiger d’authentification ni d’autres formalités similaires pour un document provenant d’une autorité d’un autre État membre, si ce document relève du champ d’application matériel du règlement.
Formulaires multilingues standardisés
Pour faciliter davantage les démarches, le EuUnthVO prévoit l’introduction de formulaires types multilingues servant d’aide à la traduction. Ces formulaires peuvent être délivrés, sur demande, conjointement avec le document public. Ils réduisent le besoin de traduction certifiée. Ils ont été instaurés pour les documents les plus courants (par ex. acte de naissance, de mariage, de décès). Leur utilisation est facultative et ne peut être imposée par les autorités.
Documents publics au sens du EuUnthVO
Sont considérés comme documents publics au sens du EuUnthVO les documents délivrés par les juridictions, les autorités administratives ou les notaires d’un État membre. Les attestations officielles telles que les enregistrements, certifications d’inscriptions ou authentifications en font également partie.
Ne sont pas couverts par le règlement d’autres attestations importantes telles que les permis de conduire, pièces d’identité officielles, diplômes scolaires/universitaires, ainsi que les jugements (à l’exception des questions d’état civil).
Prévention de la fraude et des faux documents
Le règlement intègre des mécanismes spécifiques de protection contre les abus. En cas de doute, les autorités peuvent vérifier l’authenticité d’un document présenté via l’entraide administrative au moyen du système d’information du marché intérieur (IMI).
Aucune reconnaissance mutuelle du contenu
Le EuUnthVO prévoit uniquement des facilités pour la vérification de l’authenticité d’un document, et non la reconnaissance de son contenu. La question de savoir dans quelle mesure une autorité de l’État membre où le document est présenté attache des effets juridiques à un document étranger demeure régie par le droit national.
Procédures et mise en œuvre pratique
Présentation et acceptation des documents publics
Les autorités ne peuvent, pour les documents publics tombant dans le champ d’application du EuUnthVO, exiger que la présentation de l’original ou d’une copie certifiée conforme, et éventuellement d’un formulaire type multilingue. Une sur-authentification (légalisation, apostille) ou tout autre justificatif d’authenticité supplémentaire est interdite.
Exigences de traduction
Si un document est présenté dans une langue étrangère, l’autorité peut exiger une traduction, sauf si le document est rédigé dans une langue officielle de l’État membre de présentation ou dans une langue acceptée par l’autorité. Les formulaires types multilingues servent alors de support fiable pour la traduction.
Vérification des documents (IMI)
En cas de doutes sur l’authenticité d’un document, les autorités peuvent engager une vérification administrative via le système d’information du marché intérieur (IMI). Les autorités collaborent étroitement dans ces cas pour prévenir la fraude ou les abus. Jusqu’à la fin de la vérification, le traitement du dossier peut être suspendu.
Rapport avec d’autres actes juridiques
Délimitation par rapport à la Convention de La Haye sur l’apostille
Alors que la Convention de La Haye sur l’apostille continue de s’appliquer aux États tiers, le EuUnthVO l’emporte dans la circulation juridique intracommunautaire pour les types de documents couverts entre États membres. Ainsi, seul le EuUnthVO est applicable de façon exclusive et directe.
Aucun effet sur la reconnaissance matérielle
Le EuUnthVO ne remplace pas les autres dispositions du droit de l’Union ou du droit national relatives à l’effet matériel ou à la reconnaissance des documents. Il ne concerne que la simplification des formalités et la preuve de l’authenticité et la délivrance des documents publics.
Importance et perspectives
Le EuUnthVO représente un progrès significatif vers une plus grande harmonisation et dé-bureaucratisation de la circulation transfrontalière des documents au sein de l’UE. Il simplifie énormément les démarches pour les citoyens et les entreprises, en supprimant les procédures d’authentification jusqu’alors exigées et facilitant l’utilisation de formulaires multilingues. Les évolutions futures viseront vraisemblablement à élargir le champ d’application matériel et à améliorer l’interconnexion technique des autorités.
Littérature et sources
- Règlement (UE) 2016/1191 du Parlement européen et du Conseil du 6 juillet 2016
- Explications officielles de la Commission européenne sur l’application du EuUnthVO
- Dispositions relatives au système d’information du marché intérieur (IMI)
- Convention de La Haye sur l’apostille de 1961
Cette présentation offre un aperçu exhaustif du EuUnthVO, de son champ d’application, de ses principales dispositions ainsi que de ses répercussions sur la circulation juridique intra-européenne.
Questions fréquemment posées
Quels objectifs législatifs poursuit le règlement (UE) visant à interdire l’utilisation de produits issus du travail forcé (EuUnthVO) ?
Le EuUnthVO poursuit principalement l’objectif d’interdire l’importation, la mise à disposition et l’exportation de produits, entièrement ou partiellement fabriqués par le biais du travail forcé, au sein de l’Union européenne. D’un point de vue juridique, le règlement oblige aussi bien les opérateurs économiques (fabricants, importateurs, distributeurs) que les autorités compétentes à exclure de l’Union européenne les produits pour lesquels il existe des indications suffisantes de recours au travail forcé. Ceci vise à protéger le marché intérieur et à garantir le respect des droits fondamentaux conformément à la Charte des droits fondamentaux de l’UE ainsi que des obligations internationales de l’UE en matière de protection des travailleurs. Le EuUnthVO s’inscrit dans les efforts globaux de responsabilité sociétale des entreprises et de diligence raisonnable dans les chaînes d’approvisionnement. Il adopte une approche fondée sur le risque et prévoit des obligations spécifiques de surveillance, de déclaration et de remédiation à la fois pour les autorités et pour les entreprises.
Quelles obligations juridiques découlent du EuUnthVO pour les entreprises ?
Les entreprises qui souhaitent mettre sur le marché ou exporter des produits dans l’UE sont légalement tenues de s’assurer que le travail forcé n’intervient à aucun stade de leur chaîne d’approvisionnement. Elles doivent mettre en place des mesures de diligence raisonnable appropriées, notamment pour les transactions concernant des régions à risque. Cela comprend, entre autres, la mise en œuvre de systèmes de contrôle interne, la vérification et la documentation des fournisseurs en ce qui concerne l’interdiction du travail forcé, la coopération avec les autorités compétentes en cas d’enquête et, le cas échéant, la mise en œuvre de mesures correctives. Les violations du droit peuvent entraîner l’interdiction de la mise à disposition ou de l’exportation des produits concernés, leur rappel ainsi que leur destruction ou élimination. Des amendes et autres sanctions sont prévues dans les règles nationales de transposition.
Comment les autorités compétentes contrôlent-elles et font-elles appliquer le EuUnthVO ?
L’application du EuUnthVO incombe généralement aux autorités nationales des États membres, spécifiquement responsables du contrôle et de la surveillance des entreprises de production, de distribution et d’importation. Ces autorités sont appuyées par un centre de coordination central au niveau de l’UE, disposant d’un accès à des données d’analyse des risques et à des mécanismes de coopération. En cas de suspicion de travail forcé, des enquêtes sont initiées d’office ou sur la base de signalements externes, les entreprises étant tenues d’y coopérer pleinement. Les autorités examinent principalement les chaînes d’approvisionnement, les documents d’export/import, les contrats de travail et les rapports d’audit. En outre, un embargo commercial peut être prononcé en cas de travail forcé avéré, jusqu’à résolution des irrégularités.
Quelles conséquences juridiques encourt-on en cas de violation du EuUnthVO ?
En cas de violation des dispositions du EuUnthVO, notamment la mise sur le marché, la mise à disposition ou l’exportation de produits issus du travail forcé, des sanctions strictes sont prévues. Celles-ci vont du retrait des produits du marché, au rappel et à la destruction des marchandises concernées, à la publication de la violation, ainsi qu’à des amendes administratives et à des poursuites pénales selon le droit national. Les entreprises s’exposent en outre à une perte de réputation significative et à une exclusion des marchés publics si cela est prévu au niveau national. Les violations répétées ou intentionnelles sont particulièrement sanctionnées.
Quel est le rapport du EuUnthVO avec les autres réglementations européennes sur les chaînes d’approvisionnement et les droits humains ?
Le EuUnthVO complète des réglementations existantes telles que la directive européenne sur les chaînes d’approvisionnement (Corporate Sustainability Due Diligence Directive, CSDDD) et le règlement sur la lutte contre le commerce de minerais provenant de zones de conflit, en insistant spécifiquement sur l’interdiction de la production par le recours au travail forcé. Des recoupements existent en matière d’obligations de diligence raisonnable et de transparence des informations sur les chaînes d’approvisionnement. D’un point de vue juridique, il s’agit d’une réglementation sectorielle spécifique ayant priorité en cas d’affaires impliquant du travail forcé. En cas de conflit, les exigences plus strictes du EuUnthVO priment. Les entreprises doivent donc mettre en place un système de conformité cohérent intégrant l’ensemble des règles pertinentes de l’UE.
Quel rôle jouent les lanceurs d’alerte et les mécanismes de plainte selon le EuUnthVO ?
Le EuUnthVO prévoit expressément que tant les salariés, les ONG que d’autres tiers peuvent signaler des violations auprès des autorités. Les États membres doivent prévoir des mécanismes de plainte efficaces et accessibles ainsi qu’assurer la protection des lanceurs d’alerte. Les signalements peuvent être à l’origine d’enquêtes et sont susceptibles de contrôle judiciaire. Les entreprises doivent s’assurer que ces plaintes sont traitées de manière appropriée dans leurs processus de conformité et, le cas échéant, initier des enquêtes internes indépendantes.
Quels recours existent contre les mesures administratives prises en application du EuUnthVO ?
Les entreprises ont le droit de contester devant les autorités administratives compétentes et, le cas échéant, devant les juridictions, les mesures telles que l’interdiction de mise sur le marché, les ordres de rappel ou de destruction. Les décisions doivent être motivées et une protection juridictionnelle effective doit être garantie selon la Charte des droits fondamentaux de l’UE. Peuvent être litigieux aussi bien les questions de fait (par exemple la preuve du recours au travail forcé) que les questions de droit ou les violations de procédure. Jusqu’à la décision définitive, il est parfois possible de demander des effets suspensifs, si cela est prévu par les ordres juridiques nationaux.