Lexique juridique

Étranger

Notion et définition générale de « l’étranger »

Le terme « étranger » désigne en science juridique ainsi que dans le langage courant l’ensemble des États et territoires situés en dehors du territoire de souveraineté d’un État donné. Du point de vue d’un pays, tout ce qui ne relève pas de son territoire national et n’est pas soumis à sa souveraineté étatique est considéré comme étranger. La définition juridique précise ainsi que les conséquences qui en découlent varient selon le domaine juridique, la législation et le cas d’application du droit concerné.

Dans le contexte européen, on distingue le territoire national, le territoire communautaire (notamment au sein de l’Union européenne) et les pays tiers, tandis que le droit national opère généralement une distinction entre territoire national et étranger.


Aspects juridiques de la notion d’étranger

Signification en droit constitutionnel

Au sens du droit constitutionnel, le droit distingue le territoire national — comprenant le continent, les îles, l’espace aérien et les eaux territoriales — et l’étranger, qui correspond au champ d’application territorial de la souveraineté d’autres États. L’étranger marque donc la limite de la législation nationale et de la compétence administrative. Des exceptions existent, par exemple pour les territoires extraterritoriaux (tels que les missions diplomatiques ou bases militaires), qui peuvent sur le plan civil être considérés comme étrangers, mais relèvent de statuts particuliers en droit international public.

Pertinence en droit international public

En droit international public, la notion d’« étranger » joue un rôle central. Les États sont tenus de respecter la souveraineté des autres États ; l’action des organes étatiques se limite en principe à leur propre territoire. Les exceptions résultent de traités internationaux ou du consentement de l’autre État (par exemple, mesures de poursuite pénale au-delà des frontières, interventions militaires ou coopération économique).

Le droit international règle en outre le traitement des ressortissants à l’étranger et leur protection juridique, notamment par le droit consulaire et les relations diplomatiques.

Qualification au regard du droit européen

Dans le contexte du droit européen, la notion d’« étranger » acquiert une dimension supplémentaire. Au sein de l’Union européenne, les États membres ne sont souvent pas considérés comme étrangers au sens classique, mais la notion vise principalement les pays dits tiers, c’est-à-dire les États qui ne sont pas membres de l’UE. Cette distinction revêt une importance déterminante pour de nombreuses branches du droit, notamment le droit fiscal ou le droit de séjour.


Conséquences et réglementations dans différents domaines juridiques

Prise en compte en droit fiscal

En droit fiscal, on distingue les situations nationales et étrangères. Les revenus générés à l’étranger sont parfois soumis à des critères d’évaluation et à des règles fiscales différents de ceux produits sur le territoire national. Les principes essentiels incluent notamment le principe de l’imposition mondiale, les conventions de double imposition ainsi que la définition du concept fiscal d’étranger selon le § 2 de l’AO (code fiscal allemand).

Les mots-clés importants dans ce contexte sont :

  • Établissements stables à l’étranger
  • Patrimoine à l’étranger
  • Contribuables fiscaux résidents et non-résidents
  • Investissements à l’étranger

Les conventions de double imposition prévoient en outre l’évitement de la double imposition des revenus susceptibles d’être imposés à la fois dans le pays de résidence et à l’étranger.

Conséquences en droit pénal et administratif

En droit pénal, la notion d’« étranger » joue un rôle important en matière de lieu de l’infraction, de poursuites pénales et d’entraide internationale. La responsabilité pénale d’un acte peut différer selon le lieu de commission et la nationalité de l’auteur. Des accords internationaux (par exemple le mandat d’arrêt européen, conventions d’entraide judiciaire) organisent l’assistance mutuelle en matière de poursuites pénales au-delà des frontières.

En droit administratif également (par exemple pour les actes administratifs, l’exécution des décisions), les compétences d’une autorité étatique s’arrêtent au territoire national. Les procédures d’entraide permettent l’échange d’informations et l’assistance à l’exécution entre États.

Dispositions de droit privé international et règles de conflit de lois

En droit international privé (DIP), la question essentielle en présence d’un élément d’extranéité est de déterminer la loi applicable à une situation transfrontalière. Les règles de conflit déterminent si le droit national ou celui d’un État étranger est applicable — par exemple pour les questions de droit de la famille, de succession ou des contrats.

Le droit de la reconnaissance et de l’exécution est également concerné : les jugements étrangers et les actes publics doivent remplir certaines conditions pour être juridiquement reconnus et exécutés dans un autre État.

Droit de l’immigration, de séjour et de la nationalité

En droit des étrangers, de nombreuses réglementations s’appuient sur la notion d’étranger. Cela concerne notamment les dispositions relatives à l’entrée et à la sortie du territoire, les exigences en matière de visa, les expulsions, extraditions ainsi que les conditions d’acquisition ou de perte de la nationalité. Les personnes résidant à l’étranger sont soumises à des règles particulières concernant les obligations de déclaration, la possession d’un passeport ou les obligations de coopération dans les procédures relatives à la nationalité.


Droit douanier et du commerce extérieur

Dans le domaine du droit du commerce extérieur et du droit douanier, la notion d’étranger revêt une importance centrale. L’importation et l’exportation de biens, de services, de capitaux et de technologies vers ou depuis l’étranger sont réglementées en détail et soumises à de nombreuses exigences de licences, déclarations et contrôles (notamment selon la loi allemande sur le commerce extérieur – AWG – et son règlement d’application – AWV).

Les mouvements de marchandises entre le territoire national et l’étranger, surtout avec les pays tiers en dehors du marché intérieur européen, sont définis de façon précise par le droit douanier et servent de base à la perception des droits de douane et de la taxe à l’importation.


Droit de la sécurité sociale

Un autre domaine majeur dans lequel la notion d’« étranger » joue un rôle important est le droit de la sécurité sociale. Il s’agit notamment de déterminer quelles personnes bénéficient d’une protection en vertu d’un accord de sécurité sociale lors d’un séjour à l’étranger ou d’une activité professionnelle internationale, et comment les droits à cotisation et les prestations sont répartis entre pays d’origine et étrangers.


Dispositions du droit de la protection des données relatives à la notion d’étranger

Avec l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD), la notion d’étranger revêt une importance particulière pour le transfert de données à caractère personnel. Les transferts vers des États en dehors de l’Espace économique européen (pays tiers) sont soumis à des exigences particulières, telles que des garanties additionnelles, des décisions d’adéquation de la Commission européenne et des clauses contractuelles types de protection des données.


Résumé

La notion d’« étranger » constitue un élément central dans de nombreux domaines du droit et entraîne une multitude de règles concrètes, conditions et exceptions. Sa signification juridique précise, les droits et obligations qui en découlent, ainsi que les pratiques qui s’y rapportent, dépendent essentiellement du contexte matériel concerné et des dispositions légales applicables. En raison de son importance pour le droit constitutionnel, le droit international public, le droit fiscal et pénal, le droit privé ainsi que de nombreuses autres disciplines, une définition et une distinction rigoureuse entre territoire national et étranger constituent le socle de l’analyse juridique sécurisée des situations transfrontalières.

Questions fréquentes

Quelles sont les obligations légales lors de la déclaration de domicile à l’étranger ?

Quiconque envisage de transférer durablement son domicile à l’étranger doit d’abord respecter les obligations nationales de radiation. En Allemagne, la loi fédérale sur les déclarations de domicile (§ 17 BMG) impose de se désinscrire dans les deux semaines suivant le départ auprès du service d’état civil, en l’absence de nouvelle résidence en Allemagne. Pour la déclaration dans le pays de destination, les lois nationales s’appliquent, prévoyant souvent des délais ou des exigences supplémentaires (titre de séjour, justificatif de revenus, etc.). Le non-respect peut entraîner des amendes ou des difficultés lors du retour ou de démarches ultérieures. Des règles particulières existent pour certaines catégories (étudiants, travailleurs détachés, etc.).

Comment la question de l’assurance maladie est-elle réglementée lors d’un séjour permanent à l’étranger ?

En cas de radiation de la résidence en Allemagne, l’obligation d’assurance dans le régime légal d’assurance maladie prend généralement fin ; une assurance volontaire reste toutefois possible dans des cas strictement définis, notamment en cas de séjour temporaire à l’étranger. Les conventions internationales, telles que les règlements européens sur la sécurité sociale (en particulier le règlement (CE) 883/2004), définissent les droits au sein de l’UE, de l’EEE et en Suisse. Dans les pays tiers, la protection dépend des conventions bilatérales de sécurité sociale et des conditions particulières de la caisse maladie concernée. Une assurance maladie privée internationale est souvent nécessaire, dont les conditions doivent être examinées attentivement.

Quels sont les points à considérer en matière de double imposition à l’étranger ?

La double imposition survient lorsque des revenus perçus à l’étranger sont imposés à la fois dans l’État de résidence et dans l’État d’origine. Pour l’éviter, de nombreuses conventions bilatérales de double imposition (CDI) déterminent généralement quel pays dispose du droit d’imposer certains types de revenus (par exemple, retraites, salaires, revenus de capitaux). En Allemagne, la loi sur la fiscalité internationale instaure des règles supplémentaires pour limiter les possibilités d’optimisation fiscale. En l’absence de CDI, une double imposition effective est possible et doit alors être traitée au cas par cas avec l’administration fiscale compétente.

Quels aspects juridiques concernent le droit aux allocations familiales lors d’un séjour à l’étranger ?

En principe, le droit aux allocations familiales cesse en cas de départ définitif d’Allemagne (§ 62 al. 1 EStG), sauf si une obligation fiscale illimitée subsiste ou si des liens suffisants avec l’Allemagne sont maintenus (par exemple, détachement par un employeur allemand ou maintien d’un domicile). Dans les pays de l’UE/EEE et en Suisse, des accords coordonnant les prestations sociales prévoient un droit à allocation sous certaines conditions, en particulier en cas d’activité professionnelle transfrontalière. Pour les séjours dans les pays tiers, seules quelques exceptions existent, notamment pour les volontaires du développement ou les diplomates.

Quelles sont les obligations déclaratives pour les comptes bancaires et le patrimoine à l’étranger ?

Un départ à l’étranger implique d’importantes obligations d’information à l’égard de l’administration fiscale, notamment concernant les avoirs à l’étranger (§ 138 AO, § 2 loi sur la fiscalité internationale). Depuis l’adoption en 2018 de la norme mondiale d’échange automatique d’informations (CRS) et des directives européennes relatives à l’assistance administrative et à l’échange d’informations, les banques sont tenues de déclarer automatiquement les comptes détenus à l’étranger auprès des autorités fiscales compétentes. Tout manquement peut entraîner de lourdes amendes ou des conséquences pénales. Une déclaration et une documentation en temps voulu sont donc impératives afin d’éviter des sanctions fiscales ou pénales.

Quelles sont les particularités du droit du travail en cas de détachement à l’étranger ?

Lors d’un détachement à l’étranger (posting), il convient de prendre en considération tant le droit du travail allemand (notamment la loi sur les contrats de travail, la loi sur le détachement, la loi sur le temps partiel et le travail à durée déterminée) que les dispositions sociales du pays de destination. Dans l’UE, la directive sur le détachement (UE 2018/957) et sa transposition nationale définissent notamment la rémunération minimale, la durée maximale du travail et la protection des salariés. Les aspects relatifs à la sécurité sociale (certificat A1, champ d’application de la sécurité sociale allemande) doivent également être clarifiés. En cas de non-respect, des amendes, des problèmes de responsabilité ou des difficultés de reconnaissance et d’exécution des droits du travail peuvent survenir.