Niveau de la technique et de la science
Le terme « Niveau de la technique et de la science » constitue une référence essentielle en droit allemand pour l’évaluation des méthodes, procédures et développements techniques et scientifiques. Il s’applique dans de nombreux domaines juridiques, notamment en droit de l’environnement, en droit de la sécurité des produits, en protection contre les immissions, en droit des dispositifs médicaux ainsi que dans d’autres réglementations visant la protection des personnes, des animaux et de l’environnement. Il désigne un critère d’évaluation dynamique, qui correspond toujours au niveau de développement actuel de la science et de la technique, assurant ainsi une flexibilité du droit.
Définition et portée juridique
Explication du terme
Le « Niveau de la technique et de la science » décrit le stade atteint par le développement technique et scientifique à un moment donné. Contrairement au « niveau de la technique », qui se concentre principalement sur la faisabilité technique, le « niveau de la technique et de la science » inclut également les connaissances et méthodes issues de la recherche scientifique.
Distinctions
- Niveau de la technique: Décrit le degré de développement technique des procédés modernes, sans prise en compte explicite de la recherche scientifique.
- Niveau de la science: Se base sur les connaissances existantes issues des résultats de la recherche actuelle, sans nécessairement refléter la faisabilité technique.
- Niveau de la technique et de la science: Réunit les deux critères et exige la prise en compte à la fois de ce qui est techniquement réalisable et des connaissances scientifiques actuelles.
Bases légales
Les lois, ordonnances et directives se réfèrent souvent explicitement au « niveau de la technique et de la science ». Exemples :
- Loi fédérale sur la protection contre les immissions (BImSchG) § 5 : Obligations de précaution contre les nuisances environnementales, en se référant au niveau de la technique et de la science.
- Loi sur la protection contre les infections (IfSG): Exigences relatives aux mesures de prévention et de lutte contre les maladies infectieuses.
- Loi sur les médicaments (AMG) et Loi sur les dispositifs médicaux (MPG): Dispositions relatives à la sécurité et à la performance des dispositifs médicaux.
Interprétation dogmatique du droit
Critère dynamique
Le « niveau de la technique et de la science » n’est pas statique, mais évolue constamment avec les avancées scientifiques et techniques. Le critère est toujours le niveau de développement existant au moment de l’évaluation. Les décisions judiciaires et administratives doivent donc être régulièrement adaptées.
Sources de détermination
Pour déterminer le niveau applicable, on s’appuie notamment sur :
- Publications scientifiques et études
- Normes nationales et internationales
- Normes industrielles et règles techniques (par ex. DIN, EN, ISO)
- Recommandations et lignes directrices d’institutions reconnues
- Pratiques administratives et jurisprudence
Force contraignante
Les exigences qui résultent du niveau de la technique et de la science sont en principe contraignantes, à condition qu’elles soient rendues obligatoires par renvoi légal. Cependant, une marge d’appréciation peut parfois être accordée à l’autorité compétente ou à l’organisme de contrôle.
Domaines d’application
Droit de l’environnement
En particulier dans le droit de l’environnement, le « niveau de la technique et de la science » est un critère central. Tant la loi sur la gestion de l’eau que la BImSchG exigent des exploitants d’installations de réduire les émissions au maximum selon le niveau actuel et de tenir compte à la fois des objectifs de protection et du niveau de la technique et de la science.
Sécurité et responsabilité des produits
Dans la loi sur la sécurité des produits (ProdSG) et en matière de responsabilité du fait des produits (§ 823 BGB, § 1 ProdHaftG), le recours au niveau de la technique et de la science conduit à des obligations de diligence accrues. Les fabricants doivent s’assurer que les produits sont fabriqués et testés selon l’état le plus récent afin d’exclure les risques de responsabilité.
Droit médical
En matière de droit pharmaceutique et des dispositifs médicaux, il est impératif de prouver l’efficacité et la sécurité selon le niveau le plus récent de la science et de la technique. Les études, les lignes directrices et les données des registres constituent des bases essentielles pour l’évaluation.
Jurisprudence et interprétation
Les tribunaux interprètent fréquemment la notion de manière restrictive en exigeant qu’une norme se soit imposée de façon généralement reconnue tant en science qu’en technique. Les avis isolés ou les évolutions expérimentales ne suffisent généralement pas à établir de manière contraignante le niveau de la technique et de la science. L’appréciation s’effectue au cas par cas, souvent au moyen d’expertises spécialisées.
Importance pour les entreprises et les organismes publics
Les entreprises et exploitants d’installations techniques sont tenus de se tenir constamment informés des changements juridiques, des nouvelles connaissances et des évolutions, et d’ajuster leurs procédés et produits au niveau actuel de la technique et de la science. Pour les autorités d’octroi d’autorisations et de surveillance, ce concept sert également de base pour les mesures de contrôle et de vérification.
Références internationales et européennes
Au niveau européen et international également, un critère comparable est appliqué. La directive Seveso III (2012/18/UE) et d’autres directives environnementales de l’UE emploient la notion de « niveau de la science et de la technique » comme base d’appréciation pour les mesures de prévention des risques et de protection.
Résumé
Le « niveau de la technique et de la science » est un critère central et toujours dynamique pour les obligations juridiques en Allemagne et en Europe. Il vise à garantir un haut niveau de sécurité et de protection dans l’intérêt général. En combinant les connaissances scientifiques avec la faisabilité technique réelle, il favorise un processus d’innovation et d’adaptation continu, dont le respect est régulièrement vérifié et actualisé par la jurisprudence, les autorités et les règlements techniques.
Questions fréquemment posées
Quelle est la portée du niveau de la technique et de la science en droit allemand ?
En droit allemand, le « niveau de la technique et de la science » joue un rôle central dans l’interprétation et l’application de différentes lois. Ce concept sert notamment de référence en droit de la technique, de l’environnement, en droit médical et en sécurité des produits, pour déterminer les exigences imposées aux exploitants, fabricants ou prestataires de services. Contrairement au simple « niveau de la technique », qui ne prend en compte que les solutions techniques répandues, le niveau de la technique et de la science considère à la fois l’état actuel du développement technique et les connaissances scientifiques. Cette approche dans le contexte juridique garantit que non seulement les solutions habituelles ou éprouvées sont appliquées, mais également les nouvelles connaissances scientifiques. L’obligation de respecter ce niveau vise à protéger l’intérêt général (par exemple, protection de l’environnement, de la santé) et à limiter la responsabilité des entreprises. Les tribunaux et autorités de surveillance s’appuient souvent sur des expertises professionnelles, des publications scientifiques et des normes pour déterminer le niveau actuel. Les entreprises doivent donc vérifier en continu si leurs mesures et installations correspondent à ce niveau évolutif de la science et de la technique.
Dans quels domaines du droit le respect du niveau de la technique et de la science est-il obligatoire ?
Le respect du niveau de la technique et de la science est exigé dans de nombreux domaines du droit. On en trouve des exemples typiques en droit de l’environnement (par exemple dans la loi fédérale sur la protection contre les immissions ou la TA Luft), où les seuils d’émission se basent sur ce niveau. En droit de la sécurité des produits, des dispositifs médicaux et en pharmacologie, l’obligation de prendre en compte les évolutions scientifiques et techniques actuelles est également solidement ancrée, notamment pour la minimisation des risques ou l’obtention d’autorisations pour les médicaments. En droit de la construction et des transports, des exigences équivalentes existent, par exemple lors de la construction d’installations ou pour la sécurité routière. Le droit de la responsabilité (en particulier la responsabilité du fait des produits et du producteur) utilise le niveau de la technique et de la science pour déterminer si un fabricant a pris toutes les mesures raisonnables pour éviter des dommages.
Comment le niveau de la technique et de la science est-il constaté et vérifié juridiquement ?
La détermination du niveau de la technique et de la science en droit ne se fait jamais de manière abstraite, mais toujours en fonction du domaine concerné, de la technologie en question et du contexte temporel. Les sources déterminantes sont notamment les publications scientifiques, les expertises techniques, les normes techniques (comme DIN, EN, ISO), la littérature spécialisée, les rapports professionnels ainsi que les recommandations des autorités et d’experts reconnus. En cas de litige, les tribunaux se basent souvent sur des expertises et consultent des avis scientifiques spécialisés. Le contrôle du respect est généralement exercé par les autorités de surveillance (par exemple les autorités environnementales, les bureaux d’inspection du travail) dans le cadre des procédures d’autorisation et de supervision. Il est conseillé aux entreprises d’assurer, par une veille continue de leur domaine et la consultation d’experts, qu’elles agissent selon le niveau actuel.
Quelles sont les conséquences juridiques en cas de non-respect du niveau de la technique et de la science ?
Les conséquences juridiques du non-respect du niveau de la technique et de la science sont multiples, allant de mesures administratives (comme l’interdiction d’exploitation, le rappel de produits ou des sanctions pénales) à une responsabilité civile pour les dommages causés. En droit de la responsabilité, le non-respect de ce critère peut être qualifié de négligence grave, voire d’intention délibérée, ce qui peut entraîner d’importantes demandes de dommages-intérêts. Dans les domaines particulièrement réglementés comme celui des dispositifs médicaux ou de l’environnement, la violation de cette obligation peut aussi entraîner des infractions administratives, des amendes ou le retrait d’autorisations.
En quoi le niveau de la technique et de la science diffère-t-il du niveau de la technique dans le contexte juridique ?
Alors que le « niveau de la technique » décrit généralement le niveau technique éprouvé et établi en pratique, la notion de « niveau de la technique et de la science » va au-delà dans le contexte juridique. Elle inclut également des mesures, procédures ou connaissances qui résultent de la recherche scientifique la plus récente, pour autant qu’elles soient déjà suffisamment fiables et concrètement applicables. Sur le plan juridique, il en découle que non seulement les solutions techniques éprouvées doivent être appliquées, mais aussi les approches innovantes fondées sur des connaissances scientifiques, à condition qu’elles soient reconnues et applicables dans le domaine concerné. Ce critère est plus strict et exige parfois une adaptation plus rapide aux progrès, notamment dans les domaines sensibles à la sécurité et présentant des risques.
Les entreprises peuvent-elles être tenues de mettre en œuvre le niveau de la technique et de la science, même si cela entraîne des coûts supplémentaires ?
Oui, en droit allemand, il existe de nombreuses situations dans lesquelles les entreprises sont tenues de mettre en œuvre le niveau de la technique et de la science, même si cela implique des investissements importants. La question de l’acceptabilité est néanmoins examinée au cas par cas, en tenant compte d’aspects économiques, pratiques et de sécurité. En particulier en droit de l’environnement et en droit de la sécurité des produits, il s’agit de savoir si l’effort requis par la mise en œuvre est proportionnel à la protection recherchée. En règle générale, il est attendu que les entreprises mettent en place et adaptent continuellement des mesures raisonnablement acceptables économiquement. Il existe toutefois des limites lorsque l’effort serait « disproportionné », ce qui doit être tranché par les tribunaux en cas de litige.
À quelle fréquence les entreprises sont-elles juridiquement tenues de mettre à jour le niveau de la technique et de la science ?
L’obligation d’actualisation découle directement de la notion elle-même : puisque la science et la technique évoluent rapidement, les entreprises sont tenues d’assurer une veille et une adaptation permanentes. Une révision est requise, au plus tard, lors de nouveautés significatives résultant de nouvelles normes, connaissances scientifiques ou recommandations officielles. Dans le cadre des audits, des procédures d’autorisation ou lors d’événements liés à la sécurité, les autorités peuvent également exiger a posteriori la mise à niveau ou l’actualisation au nouveau standard. Les entreprises doivent donc instaurer des processus continus de veille et d’adaptation afin d’éviter les infractions juridiques et les risques de responsabilité qui en découlent.