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État d’urgence

Définition et notion générale de l’état de nécessité

L’état de nécessité est un concept juridique central en droit allemand ainsi que dans de nombreux autres systèmes juridiques. Il décrit une situation exceptionnelle dans laquelle la commission d’un acte en soi illicite peut être justifiée pour écarter un danger imminent. L’évaluation juridique et les conditions légales de l’état de nécessité diffèrent selon la branche du droit, le droit pénal et le droit civil prévoyant chacun des règles spécifiques. L’état de nécessité constitue un motif de justification important et fait partie des motifs dits supralégaux de justification.

État de nécessité en droit pénal

Base légale (§ 34 StGB)

En droit pénal allemand, l’état de nécessité est notamment régi par l’article 34 du Code pénal (StGB). Cette disposition accorde l’impunité à l’auteur qui commet un acte illicite afin d’écarter un danger actuel, autrement inévitable, pesant sur un intérêt juridiquement protégé que ce soit le sien ou celui d’autrui. Il est toujours essentiel de respecter le principe d’adéquation et de proportionnalité.Texte de l’art. 34 StGB :

« Celui qui, dans une situation de danger actuel et autrement inévitable pour la vie, l’intégrité corporelle, la liberté, l’honneur, la propriété ou un autre bien juridique, commet un acte afin d’écarter le danger de lui-même ou d’autrui, n’agit pas de manière illicite si, après avoir mis en balance les intérêts en conflit, notamment les biens juridiques concernés et le degré de danger encouru, l’intérêt protégé l’emporte nettement sur l’intérêt lésé. Toutefois, ceci ne s’applique que dans la mesure où l’acte constitue un moyen approprié pour écarter le danger. »

Conditions de l’état de nécessité justificatif

  1. Danger actuel :

La condition requise est l’existence d’un danger immédiat pour un intérêt juridiquement reconnu. Le danger doit être tel qu’une intervention rapide apparaisse nécessaire.

  1. Danger autrement inévitable :

L’acte doit constituer le seul moyen possible pour écarter le danger. L’auteur ne doit disposer d’aucune alternative moins intrusive.

  1. Mise en balance des intérêts :

Lors de la mise en balance des intérêts, il convient d’examiner si l’intérêt protégé par l’acte l’emporte nettement sur l’intérêt lésé. Les tribunaux apprécient ce point en tenant compte des circonstances particulières de chaque cas.

  1. Adéquation du moyen :

La mesure déployée pour écarter le danger doit être appropriée, nécessaire et proportionnée au danger menaçant.

Limites de l’état de nécessité justificatif

Tout état de nécessité ne justifie pas pour autant un acte pénalement répréhensible. Ainsi, tuer un innocent pour sauver autrui n’est en règle générale pas justifié par l’état de nécessité. Il convient ici d’opérer une pesée humaine des différents biens juridiques.

Différence : état de nécessité et légitime défense

Alors que la légitime défense (§ 32 StGB) suppose la riposte à une attaque actuellement illicite, l’état de nécessité repose sur un danger – et non sur une agression par une personne. L’état de nécessité a donc un champ d’application plus large que la légitime défense.

État de nécessité en droit civil

Bases légales (§§ 228, 904 BGB)

En droit civil, le Code civil allemand (BGB) prévoit différentes formes de l’état de nécessité :

  • État de nécessité défensif (§ 228 BGB) :

Dans ce cas, il est permis d’endommager ou de détruire la chose d’autrui lorsque cela est nécessaire pour prévenir un danger imminent et que ce danger émane de la chose elle-même.

  • État de nécessité agressif (§ 904 BGB) :

Permet d’agir sur une chose d’autrui si cela est nécessaire pour écarter un danger actuel et si l’intérêt sauvé l’emporte nettement sur l’intérêt lésé.

Formation et conséquences juridiques

L’application des règles de l’état de nécessité en droit civil a pour effet de supprimer l’illicéité de l’acte. Néanmoins, des droits à réparation peuvent surgir, comme par exemple un dédommagement approprié si un intérêt d’autrui a été lésé.

État de nécessité dans le code de procédure pénale et en droit de la police

Le droit de la police ainsi que le droit des contraventions prévoient également des règles particulières concernant l’état de nécessité. La prévention des dangers pour la sécurité et l’ordre publics est ici primordiale. Selon les lois de la police des Länder, l’état de nécessité est considéré comme une habilitation à intervenir dans les droits de tiers non impliqués en cas de danger, lorsque cela est nécessaire pour prévenir des dégâts graves.

L’état de nécessité supra-légal (extra-légal)

Outre les cas codifiés de l’état de nécessité, il existe ce que l’on nomme l’état de nécessité supra-légal. La jurisprudence le reconnaît notamment dans des situations extrêmes, où il manque une réglementation légale, mais où l’action apparaît impérieuse selon le sentiment général du droit – par exemple pour prévenir une grave catastrophe.

Distinction par rapport à d’autres motifs de justification

L’état de nécessité doit être distingué d’autres motifs de justification, tels que la légitime défense, le principe de consentement ou les mesures standard en droit de la police. Alors que la légitime défense suppose une attaque illicite, pour l’état de nécessité une simple menace pour des intérêts juridiquement protégés suffit en principe.

Situation de nécessité en droit public

En droit public également, notamment en droit constitutionnel, l’état de nécessité est traité dans différentes dispositions légales. Il s’agit par exemple de l’état législatif d’urgence ou des mesures à prendre en cas de défense, conformément à la Loi fondamentale (art. 115 GG et suivants).

Aspects internationaux de l’état de nécessité

La notion et les conséquences juridiques de l’état de nécessité se retrouvent non seulement dans le droit allemand, mais aussi en droit international public et dans de nombreux ordres juridiques nationaux. En droit international public, par exemple, l’état de nécessité est reconnu comme un droit de souveraineté d’un État pour se protéger contre des crises mettant en péril son existence par des mesures exceptionnelles.

Résumé

L’état de nécessité est une notion juridique complexe, qui s’inscrit tant en droit pénal, civil que public et connaît différents aspects ainsi que des exigences juridiques spécifiques. La mise en balance des biens juridiques en conflit y occupe toujours une place essentielle, la protection d’intérêts supérieurs pouvant, selon le cas, justifier des actes en principe illicites. L’application précise des règles de l’état de nécessité requiert un examen soigneux de toutes les conditions factuelles et juridiques.

Questions fréquemment posées

Existe-t-il différentes formes d’état de nécessité en droit allemand ?

En droit allemand, on distingue fondamentalement l’état de nécessité justificatif (§ 34 StGB) de l’état de nécessité excusant (§ 35 StGB). L’état de nécessité justificatif permet de commettre un acte normalement punissable dès lors qu’un danger actuel menace un bien juridique important et que l’intérêt protégé l’emporte nettement sur l’intérêt lésé. Ceci justifie l’acte et écarte la répression pénale. En revanche, dans l’état de nécessité excusant, l’auteur réalise certes l’élément constitutif d’une infraction, mais agit sans faute, notamment s’il écarte un danger pour lui-même, un proche ou une personne qui lui est chère pour des raisons humaines particulières. Ici, seule la faute est écartée, le caractère illicite de l’acte demeure en principe. En droit civil existe également un droit de nécessité (§ 228 BGB : état de nécessité défensif et § 904 BGB : état de nécessité agressif), qui régissent dans quelles conditions il est permis d’endommager ou d’utiliser la chose d’autrui pour écarter un danger. Chaque forme d’état de nécessité présente ses propres conditions et conséquences juridiques, à distinguer avec précision.

Quand une action est-elle légalement admissible en état de nécessité ?

Une action n’est juridiquement admissible dans le cadre de l’état de nécessité que si elle remplit toutes les conditions légales du cas d’espèce. Pour l’état de nécessité justificatif (§ 34 StGB), il faut tout d’abord un danger actuel pour un bien juridique – par exemple pour l’intégrité corporelle, la vie, la liberté, la propriété ou d’autres intérêts protégés importants. L’action doit être nécessaire, c’est-à-dire le moyen le moins intrusif pour écarter le danger. De plus, une mise en balance des intérêts doit privilégier l’intérêt protégé – le bien juridique sauvé doit l’emporter nettement sur celui sacrifié. Enfin, l’action ne doit pas résulter d’une motivation inappropriée. Dans le cas de l’état de nécessité excusant (§ 35 StGB), un danger actuel pour soi-même, un proche ou une personne aimée suffit ; néanmoins, seule la faute disparaît dans ce cas, mais pas l’illicéité de l’acte. En droit civil, lors de l’état de nécessité (§§ 228, 904 BGB), la proportionnalité et le caractère inévitable de l’endommagement ou de l’utilisation de la chose doivent être particulièrement respectés.

Quelle est l’importance de la mise en balance des biens juridiques en état de nécessité ?

La mise en balance des biens en conflit constitue un élément central, surtout dans l’état de nécessité justificatif (§ 34 StGB). Il faut vérifier dans chaque cas si l’intérêt protégé l’emporte nettement sur l’intérêt lésé. Par exemple, sauver une vie humaine est généralement considéré comme plus important que la préservation d’un bien. Les tribunaux disposent ici d’une certaine marge d’appréciation, tout en devant appliquer des critères objectifs. Il ne suffit pas que le bien sauvé ait une valeur à peu près équivalente ; au contraire, l’acte de sauvegarde doit protéger des biens juridiques nettement prioritaires. Si la mise en balance aboutit à un autre résultat, c’est-à-dire s’il n’y a pas un net avantage de l’intérêt sauvé, l’état de nécessité justificatif ne s’applique pas et l’acte demeure répréhensible.

Quel est le rôle de l’état de nécessité en droit civil ?

En droit civil, l’état de nécessité fait l’objet de règles spécifiques aux articles 228 et 904 du BGB. En vertu de l’article 228 BGB (état de nécessité défensif), une personne peut endommager ou détruire la chose d’autrui pour écarter un danger émanant de cette chose, pourvu que ce dommage ne soit pas disproportionné. L’article 904 BGB (état de nécessité agressif) permet d’utiliser ou d’endommager une chose d’autrui pour écarter un danger actuel, à condition que ce danger ne puisse autrement être écarté et que le préjudice causé ne soit pas disproportionné par rapport au danger. Contrairement au droit pénal, l’obligation de réparation subsiste souvent en droit civil ; l’auteur de l’acte de nécessité peut seulement demander à être exonéré de l’obligation de réparer s’il a agi dans le cadre des conditions légales.

Quelles sont les conséquences de l’état de nécessité sur les droits à réparation ?

Les effets de l’état de nécessité sur les droits à réparation dépendent principalement du contexte juridique (droit pénal ou civil) dans lequel il s’applique. En droit civil (§ 228, § 904 BGB), si les conditions légales et la proportionnalité sont remplies, la victime peut en principe se voir opposer l’existence de l’état de nécessité, mais l’auteur dispose alors d’un droit d’être libéré de l’obligation de réparation ou d’obtenir une indemnisation selon § 906 alinéa 2 phrase 2 BGB. Cela signifie que l’auteur, en cas d’état de nécessité légitime, n’est souvent pas, ou seulement partiellement, tenu de réparer le dommage. En droit pénal, lorsque l’état de nécessité justificatif est reconnu, la responsabilité pénale disparaît, mais des droits civils à réparation peuvent malgré tout subsister, notamment si les conditions de l’état de nécessité civil ne sont pas remplies.

L’existence d’une situation de nécessité doit-elle être signalée ou prouvée immédiatement ?

Il n’existe pas d’obligation légale de signaler immédiatement l’état de nécessité. Toutefois, notamment dans le cadre d’enquêtes ou de procédures judiciaires, il peut être nécessaire de prouver la situation de nécessité si l’auteur souhaite s’en prévaloir en tant que justification ou excuse. Pour cela, il convient d’apporter des preuves ou, à tout le moins, une argumentation circonstanciée sur la situation dangereuse, la nécessité et la proportionnalité de l’acte. En l’absence de telles preuves, l’invocation de l’état de nécessité est généralement rejetée. En cas de conséquences graves ou mortelles, une documentation complète est particulièrement recommandée pour préserver sa position juridique.

Comment l’état de nécessité se distingue-t-il du droit de la légitime défense ?

Le droit de la légitime défense (§ 32 StGB) et le droit de l’état de nécessité diffèrent fondamentalement dans leur principe et leur systématique. La légitime défense s’exerce toujours contre une agression humaine illicite, alors que l’état de nécessité peut servir également à repousser des dangers qui ne proviennent pas de l’homme, tels que des catastrophes naturelles ou des attaques d’animaux. Pour la légitime défense, aucune mise en balance des biens juridiques n’est requise ; toute mesure nécessaire pour repousser une attaque illicite est en principe permise. En revanche, l’état de nécessité impose toujours une mise en balance des intérêts et une exigence de proportionnalité. Ainsi, le droit de la légitime défense constitue un motif de justification plus étendu que celui de l’état de nécessité.