Erreur en droit – notion, signification et conséquences juridiques
Le terme « erreur » possède dans le droit allemand une signification polyvalente et centrale. Les erreurs au sens juridique peuvent être à l’origine de multiples conséquences juridiques. Elles interviennent tant en droit civil qu’en droit public, en droit pénal ainsi que dans des domaines juridiques connexes. La définition exacte, la signification et la qualification d’une erreur dépendent souvent du contexte et sont marquées par la matière concernée. Vous trouverez ci-après une explication détaillée des principales formes d’apparition, des différences et des conséquences juridiques liées aux erreurs.
Définition de la notion d’erreur en droit
Définition et distinction
Dans le contexte juridique, une erreur s’entend comme une divergence entre l’état souhaité et l’état effectif, pour autant que cette divergence présente une pertinence juridique. Cela concerne avant tout l’inadéquation entre des actes, des déclarations, la formation de la volonté ou des situations et une norme juridique exigée, une qualité convenue ou une prescription légale.
L’erreur peut être de nature matérielle ou formelle et concerne ainsi des faits, des déclarations de volonté, le contenu d’actes juridiques, des procédures, des jugements ou des situations concrètes affectant des personnes ou des choses.
Les types d’erreurs en droit
- Erreur de fait (Erreur sur les faits)
- Erreur de droit (Erreur de droit, erreur d’interprétation)
- Erreur de forme (Non-respect des prescriptions de forme légales ou contractuelles)
- Défaut matériel en tant qu’erreur (p. ex. en droit de la vente)
- Erreur de procédure (p. ex. en procédure administrative, civile ou pénale)
Les formes concrètes que prend la notion d’erreur dépendent toujours du domaine juridique applicable.
Erreur en droit civil
Déclaration de volonté erronée
Un cas d’application central est la déclaration de volonté erronée (§§ 119 et suivants du BGB). Les erreurs qui surviennent lors de la formation ou de l’expression de la volonté peuvent entraîner l’annulabilité d’un acte juridique. Il convient de distinguer notamment :
- Erreur de déclaration: Le déclarant utilise une déclaration qui s’écarte de sa volonté réelle.
- Erreur sur le contenu: Le déclarant se méprend sur la signification de sa propre déclaration.
- Erreur sur la qualité essentielle: Concerne les qualités essentielles d’une personne ou d’une chose.
- Erreur de transmission: Erreur causée par un mandataire chargé de transmettre la déclaration.
La conséquence d’une déclaration de volonté erronée est souvent l’annulabilité, permettant de faire rétroactivement (ex tunc) disparaître l’acte juridique.
Défectuosité des contrats
Les erreurs contractuelles peuvent avoir diverses causes, par exemple :
- Motifs d’annulation,
- Infractions à la forme (par ex. absence d’authentification notariale),
- Erreur dans l’acceptation ou l’offre,
- Violation d’interdictions légales ou contrariété aux bonnes mœurs.
Ici aussi, des erreurs peuvent entraîner la nullité ou l’adaptation du contrat.
Notion d’erreur en droit de la vente et en droit du contrat d’entreprise
En droit des obligations contractuelles, la notion d’erreur est notamment pertinente pour ce qui est des défauts matériels (§ 434 BGB). Il y a erreur dès lors que l’état effectif d’une chose s’écarte de l’état contractuellement convenu ou de l’état habituel.
La notion d’erreur prend également de l’importance dans les prestations d’ouvrage (§ 633 BGB).
Distinction entre « erreur » et « défaut »
D’un point de vue juridique, il convient de distinguer l’erreur en tant qu’écart neutre et le défaut, qui désigne un écart pertinent pour l’affaire concernée. Ainsi, un défaut suppose une erreur, mais toute erreur ne conduit pas nécessairement à un défaut juridiquement pertinent.
Erreurs en matière de représentation et de procuration
Des erreurs peuvent aussi survenir lors de la délivrance ou de l’exercice des procurations, par exemple en cas de dépassement des pouvoirs de représentation ou de mauvaise documentation, ce qui peut rendre les actes juridiques inefficaces.
Erreur en droit public
Actes administratifs erronés
Un acte administratif est erroné lorsque les conditions matérielles ou formelles ne sont pas remplies (voir §§ 119 et suivants VwGO). Les types d’erreur dans ce contexte sont :
- Erreurs formelles (par ex. absence de motivation, violation du droit d’être entendu)
- Erreurs matérielles (par ex. violation des lois, base factuelle erronée)
L’appréciation des conséquences juridiques est déterminée par les principes fondamentaux de la loi sur la procédure administrative (VwVfG) ; il convient notamment de distinguer selon que l’erreur entraîne la nullité, l’annulabilité ou l’inopposabilité de l’acte administratif.
Erreurs de procédure
Au cours de la procédure administrative, des erreurs peuvent survenir en ce qui concerne les droits des parties prenantes, l’audition, l’accès au dossier, la notification ou le respect des délais, ce qui peut constituer des erreurs de procédure susceptibles d’affecter ultérieurement la force juridique ou la stabilité d’une décision.
Conséquences des erreurs en droit public
Selon la gravité et la nature de l’erreur, le droit distingue :
- Erreurs substantielles (affectent la validité de l’acte administratif)
- Erreurs non substantielles (sans effet juridique, par ex. après régularisation)
- Motifs de nullité (erreurs les plus graves, entraînent la nullité de l’acte administratif)
Erreur en droit pénal
Erreur sur les éléments constitutifs de l’infraction et erreur sur l’interdiction
En droit pénal, on distingue l’erreur sur les éléments constitutifs de l’infraction (§ 16 StGB) et l’erreur sur l’interdiction (§ 17 StGB). Il y a erreur sur les circonstances constitutives si l’auteur ignore une circonstance qui fait partie de la définition légale de l’infraction. Conséquence : l’intention fait défaut.
Il y a erreur sur l’interdiction lorsque l’auteur, lors de la commission de l’acte, ne sait pas qu’il s’agit d’un acte illicite. Si cette erreur est inévitable, la culpabilité disparaît.
Erreurs procédurales et erreurs de preuve
D’autres erreurs peuvent encore intervenir lors de l’administration de la preuve ou du déroulement du procès. Une administration fautive de la preuve, le non-respect de délais, la violation du droit d’être entendu ou d’autres vices peuvent conduire à l’irrégularité des décisions rendues et peuvent être contestés par des recours (par ex. révision).
Erreur en procédure civile et en droit procédural
Sources d’erreur en procédure civile
En procédure civile, des erreurs peuvent notamment survenir lors de :
- Notification aux parties
- Introduction de l’instance et demande
- Administration de la preuve
- Motivation du jugement.
Selon l’erreur, cela peut aboutir à
- la possibilité de correction,
- la nullité,
- l’annulabilité ou
- la réouverture de la procédure.
Les conséquences juridiques sont en procédure civile strictement encadrées par les règles formelles.
Théorie des erreurs – Conséquences juridiques et voies de recours
Distinction selon l’intensité de l’erreur
- Erreurs réparables: peuvent être corrigées a posteriori ou régularisées par des mesures ultérieures.
- Erreurs irréparables: entraînent inévitablement la nullité ou l’inefficacité des actes ou des opérations juridiques.
- Erreurs de peu d’importance: en principe sans conséquence juridique, dès lors qu’aucun droit protégé n’est affecté.
Voies de recours en cas d’erreurs
En fonction de l’erreur, différents recours pourront être mis en oeuvre :
- Annulation (par ex. annulation de déclarations de volonté)
- Appel/révision (en droit procédural)
- Action en nullité (en cas d’actes juridiques fondamentalement entachés d’erreur)
Le cas échéant, une erreur peut également n’être invoquée qu’a posteriori, par exemple dans le cadre d’une action en restitution ou d’une procédure de réclamation.
Résumé et signification de la notion d’erreur en droit
Les erreurs en droit jouent un rôle déterminant pour la validité, la stabilité et les conséquences juridiques des actes, décisions et procédures. Selon le type d’erreur et la matière concernée, il existe différentes définitions, exigences et conséquences. La correction et la sanction des erreurs sont assurées par des institutions juridiques spécifiques telles que l’annulation, la nullité, la régularisation et la révision dans les différentes procédures. L’évaluation et le traitement des erreurs constituent un élément essentiel de la sécurité juridique et du bon fonctionnement du système judiciaire.
Questions fréquemment posées
Quelles peuvent être les conséquences juridiques d’une erreur substantielle ou non substantielle dans une déclaration de volonté ?
Une erreur substantielle dans une déclaration de volonté – par exemple une erreur de déclaration, de contenu ou de transmission selon § 119 BGB – ouvre en principe un droit à l’annulation pour le déclarant. Si l’annulation est effectuée dans le délai légal (§ 121 et suivants BGB), l’opération juridique est considérée rétroactivement (ex tunc), conformément au § 142 al. 1 BGB, comme nulle dès le début. Le contrat ne produit ainsi aucun effet juridique, et il peut naître un droit à restitution au titre du § 812 BGB (enrichissement sans cause). Une erreur non substantielle, comme l’erreur sur les motifs (erreur sur la raison d’être de la déclaration de volonté), n’a pas de conséquences juridiques : l’opération demeure valable, l’annulation n’est pas possible, de sorte que le contrat reste en vigueur et les droits et obligations réciproques subsistent.
Dans quelle mesure la loi protège-t-elle la partie contractante des conséquences d’une annulation fondée sur une erreur ?
La résolution du contrat du fait d’une erreur substantielle représente une insécurité juridique majeure pour la partie contractante, car l’opération est rétroactivement annulée. Le législateur protège la partie contractante par plusieurs mécanismes : d’abord, l’annulation n’est valable que si le motif d’annulation est invoqué sans délai après la découverte de l’erreur (§ 121 BGB). Ensuite, en cas d’annulation, le § 122 BGB impose que le déclarant annulant indemnise l’autre partie au titre du « dommage de confiance », soit de la replacer dans la situation où elle se trouverait si elle n’avait pas cru à la validité de la déclaration. Cette indemnisation est néanmoins en principe plafonnée, à savoir à l’intérêt négatif et au maximum à la valeur de l’intérêt à la validité de la déclaration.
Comment se distinguent les délais d’annulation en cas d’erreurs ?
Les délais légaux d’annulation dépendent essentiellement du type d’erreur. Pour les erreurs substantielles selon § 119 BGB (erreur de déclaration et erreur sur le contenu) ainsi que § 120 BGB (erreur de transmission), l’annulation doit être exercée sans délai fautif (immédiatement) après la connaissance du motif d’annulation, soit généralement dans quelques jours ou semaines selon les circonstances du cas. Il existe une exception pour le dol ou la contrainte (§ 123 BGB) : ici, le délai commence à courir un an à partir du moment où la personne habilitée à annuler découvre la tromperie ou la situation de contrainte ou y met fin (§ 124 BGB). Après l’expiration du délai, le droit à l’annulation ne subsiste plus et l’acte juridique reste valable (en dépit de l’erreur reconnue).
Quelles erreurs peuvent entraîner la nullité d’un acte juridique, même sans annulation ?
Toutes les erreurs ne doivent pas nécessairement être invoquées par voie d’annulation pour rendre un acte juridique inefficace. Certaines erreurs entraînent de plein droit la nullité. Il en va ainsi notamment en cas de dol ou de menace lorsque d’autres conditions légales ne sont pas réunies. Par ailleurs, les infractions à des interdictions légales (§ 134 BGB) ou la contrariété à l’ordre public (§ 138 BGB) entraînent la nullité d’un acte quelles que soient les démarches d’annulation. Les défauts de forme – autrement dit, le non-respect des formes légales, par exemple pour les contrats de vente immobilière (§ 311b BGB) – conduisent également à la nullité si les prescriptions de forme selon § 125 BGB ne sont pas respectées.
Quel est le rôle de la notion de « bonne foi » en cas d’erreur dans un acte juridique ?
Le principe de la « bonne foi » (bona fide) signifie qu’une partie peut se fier à ce que l’autre partie contractante entend réellement par sa déclaration de volonté. Cette protection se retrouve notamment dans le § 173 BGB (représentation sans pouvoir) et aussi dans le § 122 BGB. En lien avec les erreurs, la loi ne protège cependant pas chaque contractant de bonne foi sans restriction. En particulier, la protection fait défaut si la partie contractante connaissait ou aurait dû connaître l’erreur (par exemple, une erreur ou une intention d’annulation) par négligence grave (§ 122 al. 2 BGB). Dans de tels cas, il n’y a pas d’indemnisation du préjudice de confiance.
Les erreurs d’interprétation d’une déclaration de volonté peuvent-elles conduire à des résultats différents ?
L’interprétation des déclarations de volonté suit l’approche dite de l’horizon objectif du destinataire (§§ 133, 157 BGB). En cas d’erreur, notamment si une partie comprend différemment le texte contractuel (erreur d’interprétation), il faut d’abord examiner quelle signification une personne raisonnable aurait attribuée dans les circonstances données. Si l’erreur entraîne une divergence entre la déclaration objectivement exprimée et la volonté subjective, il peut s’agir d’une erreur sur le contenu ou la déclaration, ouvrant également droit à annulation. Dans d’autres cas, la déclaration reste valide telle qu’elle doit être appréciée objectivement. Des divergences peuvent souvent apparaître, par exemple en cas de vices cachés ou patents de consentement, de sorte que l’issue juridique exacte dépend essentiellement d’une interprétation correcte.
Quelle est la différence entre une erreur sur les conséquences juridiques et une erreur sur les motifs, et quelles en sont les conséquences ?
L’erreur sur les conséquences juridiques (erreur de droit) se produit lorsque la personne qui fait la déclaration se trompe sur les conséquences juridiques de son acte, bien qu’elle formule effectivement la déclaration dans l’intention voulue (par exemple, elle croit qu’en signant, aucun contrat n’est conclu, alors qu’en réalité, il l’est déjà). Une telle erreur est en principe sans effet ; il n’existe normalement pas de droit à l’annulation, car la loi ne prend en compte que les erreurs sur le contenu ou l’expression même de la déclaration. Il en va de même pour l’erreur sur les motifs – c’est-à-dire une conception erronée concernant une circonstance extérieure à la déclaration (par exemple, la valeur d’un objet acheté). Cette erreur n’autorise également pas à contester, sauf si le motif a exceptionnellement été expressément érigé en base contractuelle ou si l’erreur résulte d’une fraude dolosive. Dans la plupart des cas, le contrat reste donc valable malgré de telles erreurs.