Notion et définition de l’épuisement en droit
L’épuisement est un concept central en droit de la propriété industrielle et en droit de la propriété intellectuelle. Il décrit, dans son essence, le fait que le droit exclusif du titulaire d’un droit de propriété intellectuelle à une utilisation ultérieure cesse largement après la première mise en circulation régulière de l’objet protégé. Les domaines d’application typiques de ce principe juridique comprennent le droit des marques, le droit des brevets, le droit d’auteur ainsi que le droit des dessins et modèles et des modèles d’utilité.
Bases légales et origine du principe d’épuisement
Développement historique
Le développement du principe d’épuisement remonte à la jurisprudence et à la législation du XIXe siècle et s’est notamment avéré nécessaire avec l’industrialisation, lorsque les produits ont été pour la première fois commercialisés et distribués à grande échelle. L’idée fondamentale est de trouver un équilibre entre les intérêts du titulaire d’un droit de propriété intellectuelle et la libre circulation des marchandises.
Ancrage légal en Allemagne et en Europe
En Allemagne, les dispositions pertinentes concernant l’épuisement se trouvent notamment dans :
- § 17 Loi sur le droit d’auteur (UrhG)
- § 24 Loi sur les marques (MarkenG)
- § 9 Loi sur les brevets (PatG)
- § 11 Loi sur les modèles d’utilité (GebrMG)
- § 38 Loi sur les dessins et modèles (DesignG)
Au niveau européen, le principe d’épuisement est harmonisé dans de nombreuses directives et règlements de l’UE, par exemple dans la directive 2001/29/CE du Parlement européen sur le droit d’auteur dans la société de l’information.
Domaines d’application du principe d’épuisement
Droit des brevets
En droit des brevets, le principe d’épuisement prévoit qu’avec la vente licite d’un produit breveté, le droit du titulaire du brevet de contrôler la revente de cet exemplaire précis s’éteint. La commercialisation ultérieure, en particulier la revente, la location ou l’utilisation, est alors autorisée sans consentement. Le principe ne s’applique qu’au produit concrètement mis en circulation, mais non aux nouveaux exemplaires fabriqués de manière indépendante.
Épuisement national et international en droit des brevets
- Épuisement national: Se réfère aux produits qui ont été vendus pour la première fois sur le territoire national.
- Épuisement régional (par ex. Union européenne): Les produits vendus pour la première fois au sein de l’UE entraînent l’épuisement des droits à l’intérieur des frontières de l’Union.
- Épuisement international: N’est pas reconnu en principe en Allemagne ni dans l’UE ; l’importation depuis l’extérieur de l’UE sans consentement est généralement interdite.
Droit des marques
En droit des marques, l’épuisement est codifié à l’article 24 de la MarkenG. Après la première mise en circulation d’un bien avec l’accord du titulaire de la marque dans l’Espace économique européen (EEE), l’utilisation ultérieure de la marque, en particulier la revente, est autorisée. Il n’existe une exception que si des motifs légitimes s’opposent à une utilisation ultérieure, notamment en cas de modification substantielle ou de détérioration du produit.
Droit d’auteur
En droit d’auteur, le principe d’épuisement s’applique notamment à la distribution d’exemplaires matériels d’une œuvre. Avec la première vente licite d’un livre, d’un support sonore ou d’un DVD dans l’EEE par le titulaire ou avec son accord, les droits de diffusion sur cet exemplaire précis sont épuisés. La diffusion en ligne de contenus numériques n’est pas couverte ; le principe d’épuisement ne s’applique pas encore dans ce contexte.
Droit des dessins et modèles et des modèles d’utilité
Le principe d’épuisement s’applique également en droit des dessins et modèles et des modèles d’utilité après la première vente, à condition que celle-ci ait eu lieu légalement dans l’EEE. Le droit du titulaire d’interdire la revente ou l’utilisation cesse dans cette mesure.
Conditions et exceptions au principe d’épuisement
Conditions
Pour l’application du principe d’épuisement, les conditions suivantes doivent être réunies :
- Première mise en circulation effective du produit dans l’EEE ou sur le territoire national
- Consentement du titulaire du droit à la vente
- Mise en circulation conforme aux règles du territoire concerné (souvent limitée aux produits physiques ; les téléchargements numériques sont exclus en droit d’auteur)
Exceptions
L’épuisement ne s’applique pas dans les cas suivants :
- Le produit a été mis en circulation hors de l’EEE sans le consentement du titulaire du droit
- L’objet protégé par le droit n’a pas été mis en circulation correctement
- Des motifs légitimes s’opposent à une commercialisation sans restriction (par exemple, modification ou dégradation importante du produit)
- En lien avec certains droits, tels que le droit d’adaptation d’une œuvre (droit d’auteur), l’épuisement ne s’applique en principe pas
Relation avec les importations parallèles et le « marché gris »
Les importations parallèles sont des produits introduits par des distributeurs indépendants depuis d’autres marchés. Le principe d’épuisement est ici déterminant : seuls les produits provenant de l’EEE peuvent être importés sans le consentement du titulaire du droit. En cas d’importation depuis des pays tiers, l’utilisation ultérieure dans l’UE est généralement interdite.
Un « marché gris » désigne le commerce légal de produits originaux en dehors du circuit de distribution prévu. La mesure dans laquelle le principe d’épuisement s’applique dépend de la première mise en circulation dans l’EEE.
Conséquences juridiques de l’épuisement
Après l’épuisement, le titulaire du droit protégé ne dispose plus de droits à l’interdiction, à la suppression ou à la demande de dommages et intérêts concernant la commercialisation ultérieure de l’exemplaire vendu. La revente, l’utilisation ou la location deviennent licites.
Effets dans la pratique juridique
L’épuisement contribue de manière significative à la libre circulation des marchandises, en empêchant un contrôle excessif par les titulaires de droits et en limitant de façon appropriée les droits d’exploitation. Les litiges surgissent surtout à propos des importations grises, de la distribution sélective ou de la détermination du moment et de l’ampleur de l’épuisement.
Conclusion
Le principe d’épuisement est un principe fondamental du droit de la propriété intellectuelle allemand et européen. Il protège le commerce libre des produits et contribue à la sécurité juridique, en équilibrant la tension entre les droits monopolistiques des titulaires de droits et l’intérêt pour la libre circulation des marchandises. La détermination précise de la portée et des exceptions au principe d’épuisement fait l’objet d’un développement juridique continu et d’une jurisprudence évolutive.
Questions fréquemment posées
Quels sont mes droits en tant que salarié en cas d’épuisement vis-à-vis de mon employeur ?
En cas d’épuisement entraînant une incapacité de travail, les salariés bénéficient en principe d’un droit au maintien de salaire en cas de maladie conformément à l’article 3 de la loi sur le maintien de la rémunération en cas de maladie (EFZG). Selon la base légale, un salarié qui se trouve dans l’incapacité de travailler pour cause de maladie – ce qui inclut également un état d’épuisement attesté médicalement – perçoit son salaire pendant une durée pouvant aller jusqu’à six semaines. L’épuisement en tant que pathologie est souvent diagnostiqué médicalement sous des termes tels que burn-out, dépression d’épuisement ou trouble de l’adaptation. Si le salarié a besoin d’une période de repos plus longue, le versement de l’indemnité journalière maladie par l’assurance maladie légale intervient à l’issue du maintien de salaire (art. 44 SGB V). Par ailleurs, la loi sur la sécurité et la santé au travail (ArbSchG) impose à l’employeur de prendre des mesures appropriées en cas de risque avéré pour la santé – y compris en cas d’épuisement psychique. Si l’épuisement est causé par des conditions de travail spécifiques, comme une surcharge ou le manque de pauses, les salariés peuvent demander des mesures d’amélioration des conditions de travail par l’intermédiaire du comité d’entreprise ou directement par voie juridique.
Quels justificatifs sont requis vis-à-vis de l’employeur en cas d’épuisement ?
Les salariés sont tenus d’informer immédiatement l’employeur de leur incapacité de travail et de sa durée prévisible (article 5, alinéa 1 EFZG). En cas d’épuisement, un certificat médical d’incapacité de travail suffit. Depuis janvier 2023, ce certificat est en principe transmis électroniquement directement aux caisses d’assurance maladie, l’employeur le récupère ensuite de manière numérique. Le diagnostic (tel qu’épuisement ou burn-out) ne doit pas figurer sur le certificat ; celui-ci ne confirme que l’incapacité de travail. En cas de maladie de longue durée, l’employeur peut demander – s’il existe des doutes justifiés sur l’incapacité – des expertises médicales plus détaillées (par exemple par le service médical). En cas de litige, l’étendue exacte des justificatifs dépendra des circonstances particulières.
L’employeur a-t-il le droit de connaître la cause de l’épuisement ou d’ordonner des mesures ?
L’employeur n’a pas droit à des informations détaillées sur le diagnostic ni sur les causes exactes de l’épuisement. Le secret médical protège ces données sensibles. En principe, il suffit à l’employeur de savoir que le salarié est en incapacité de travail. Toutefois, l’employeur est tenu de prendre des mesures de protection de la santé conformément à l’article 3 de la loi sur la sécurité et la santé au travail (ArbSchG) dès qu’il existe des indices d’épuisement ou de surcharge liés au poste de travail. Par l’intermédiaire du médecin du travail ou du responsable de la sécurité, des retours anonymes et agrégés sur les charges peuvent être intégrés à la protection de la santé au sein de l’entreprise. Des mesures individuelles telles que mutation ou réduction du temps de travail ne sont possibles qu’avec l’accord du salarié ou doivent être prévues par un accord collectif/une loi.
Existe-t-il un droit légal à des mesures de protection particulières en cas d’épuisement avéré ?
Oui, conformément aux articles 3 et 4 de la loi sur la sécurité et la santé au travail (ArbSchG), l’employeur est tenu de préserver la santé de ses employés par des mesures appropriées. En cas de trouble avéré, en particulier en cas de surmenage/épuisement psychique, une évaluation des risques doit être effectuée, éventuellement avec la participation du médecin du travail (art. 5, alinéa 3, n° 6 ArbSchG). Celle-ci peut déboucher sur la mise en œuvre de mesures spécifiques, telles que l’adaptation des horaires de travail, la possibilité de pauses, des améliorations ergonomiques du poste de travail ou des mesures organisationnelles. De plus, un droit à un management de réintégration professionnelle (BEM) conformément à l’article 167, alinéa 2 du SGB IX existe, dès lors que l’incapacité de travail dépasse ou se répète au cours d’une année sur une période supérieure à six semaines.
L’épuisement peut-il être reconnu comme maladie professionnelle ou accident du travail ?
L’épuisement et les troubles psychiques en résultant (par exemple burn-out) ne sont généralement pas reconnus en Allemagne comme maladies professionnelles. Le droit des maladies professionnelles selon l’article 9 du Code social VII et le règlement sur les maladies professionnelles (BKV) ne listent pas spécifiquement les états d’épuisement psychique. Un état d’épuisement pourrait être reconnu comme accident du travail seulement si un événement unique a engendré un dommage de santé aigu — ce qui est rare dans les cas d’épuisement. La reconnaissance comme maladie professionnelle n’est envisageable qu’en cas d’événements professionnels traumatiques graves ou comme conséquence d’autres maladies professionnelles reconnues. Cependant, en présence d’un lien temporel et causal clairement établi entre la charge de travail et la maladie, les personnes concernées peuvent prétendre, selon la situation, à des prestations de l’assurance accident légale ; cela doit être examiné au cas par cas par l’organisme d’assurance.
Quelles sont mes obligations de coopération en tant que salarié dans le cadre d’un management de réintégration (BEM) après épuisement ?
Le BEM doit être proposé par l’employeur conformément à l’article 167, alinéa 2 du SGB IX lorsque le salarié est en incapacité de travail sans interruption ou de façon répétée pendant plus de six semaines dans l’année — indépendamment de la cause (y compris l’épuisement). La participation du salarié au BEM est volontaire. Si le salarié refuse, cela ne peut entraîner de sanction. S’il accepte l’offre, il a toutefois certaines obligations de coopération, telles que la participation aux entretiens sur les mesures d’accompagnement et la communication des informations pertinentes à la réintégration. L’employeur doit garantir la confidentialité et le caractère volontaire de la procédure. Un éventuel arrêt ou retrait de la participation n’a pas de conséquences juridiques pour le salarié.
Les absences dues à l’épuisement peuvent-elles avoir des conséquences juridiques en droit du travail ?
En principe, les absences justifiées par un certificat médical d’incapacité de travail ne constituent pas des manquements au devoir et ne peuvent donc pas conduire à des avertissements ou à un licenciement. Une exception existe pour le licenciement pour motif personnel en cas d’absences prolongées ou répétées, lorsque le pronostic de santé est défavorable et que l’entreprise subit un préjudice conséquent. Avant un tel licenciement, une procédure de réintégration professionnelle doit impérativement être proposée et l’absence doit être importante et prolongée. Les absences isolées dues à l’épuisement sont protégées contre le licenciement dans le cadre des protections légales (loi sur la protection contre le licenciement, BEM).