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Entreprises successeures de la Poste

Notion et fondements des entreprises successeurs de la poste

La notion entreprises successeurs de la poste désigne des entreprises issues de la transformation de la Deutsche Bundespost dans le cadre de sa privatisation. Ces entreprises exercent une succession juridique particulière vis-à-vis de l’ancienne Bundespost et reprennent ses missions antérieures dans les domaines des services postaux, des télécommunications et de la logistique. Les entreprises successeurs les plus connues en Allemagne sont Deutsche Post AG, Deutsche Telekom AG et Postbank AG. L’encadrement juridique et le traitement des entreprises successeurs font l’objet d’une réglementation complexe en raison de leur histoire spécifique, touchant à de nombreux domaines du droit.


Évolution historique

Privatisation de la Deutsche Bundespost

Jusqu’aux années 1990, la Deutsche Bundespost était un établissement public à gestion autonome du patrimoine, appartenant à l’État fédéral, qui assurait de façon centralisée les services postaux et de télécommunication en Allemagne. À la suite de développements économiques et politiques, il a été décidé, au milieu des années 1990, de privatiser la Bundespost et de libéraliser le marché.

Cette privatisation s’est déroulée en plusieurs étapes :

  • 1989 : Scission de la Bundespost en trois entreprises (« tripartition de la Deutsche Bundespost ») : Deutsche Bundespost Postdienst, Deutsche Bundespost Telekom, Deutsche Bundespost Postbank.
  • 1994 : Transformation de ces entreprises en sociétés anonymes (AG) en vertu de la « Loi sur la transformation des entreprises de la Deutsche Bundespost en sociétés anonymes » (Postumwandlungsgesetz – PostUmwG) : Deutsche Post AG, Deutsche Telekom AG, Deutsche Postbank AG.

Les entreprises issues de la privatisation sont appelées entreprises successeurs de la poste.


Bases légales des entreprises successeurs de la poste

Organisation postale et réforme du droit postal

La base juridique des entreprises successeurs se trouve principalement dans la Loi fondamentale (art. 87f GG), la Postumwandlungsgesetz (PostUmwG), la Postgesetz (PostG) et la loi sur les télécommunications (TKG).

Loi fondamentale (Grundgesetz)

L’article 87f GG impose à l’État fédéral d’assurer une offre adéquate et suffisante de services postaux et de télécommunications à la population, et fixe les modalités de transfert de ces missions à des sociétés de droit privé sous contrôle public.

Postumwandlungsgesetz (PostUmwG)

La PostUmwG crée la base juridique pour transformer les entreprises de la Deutsche Bundespost en sociétés anonymes. Elle contient des dispositions relatives au transfert d’actifs, à la responsabilité, au statut des fonctionnaires et au transfert des droits et obligations.

Postgesetz (PostG)

La PostG fixe le cadre législatif général pour la fourniture de services postaux et les exigences relatives au service universel. Elle définit les droits et obligations des prestataires postaux et encadre les conditions de concurrence du marché postal.

Télécommunicationsgesetz (TKG)

La TKG fixe les conditions pour les fournisseurs de services de télécommunications, notamment en matière de concurrence, d’accès au réseau et de protection des consommateurs. Deutsche Telekom AG, en tant qu’entreprise successeur de la poste, est soumise à cette loi.


Statut juridique et missions des entreprises successeurs de la poste

Exercice de missions d’intérêt général

Les entreprises successeurs de la poste bénéficient d’un statut juridique particulier : en tant qu’acteurs de droit privé, elles assument certaines missions autrefois dévolues à l’État (Bundespost). Cela concerne notamment les domaines suivants :

  • Assurer les services dits universels, c’est-à-dire la fourniture de base, sur tout le territoire, de prestations postales et de télécommunications à la population.
  • Exécution des droits et obligations hérités de la période de la Bundespost, y compris les devoirs statutaires vis-à-vis des fonctionnaires et les engagements en matière de retraite.

Responsabilité et droits patrimoniaux

Dans le cadre de la privatisation, l’actif, les droits et les obligations de l’ancienne Bundespost ont été transférés aux entreprises successeurs en vertu de la loi (§ 2 PostUmwG). Cela inclut notamment les contrats existants, les relations statutaires avec les fonctionnaires (sous conditions) et les obligations en matière de retraite. Les entreprises successeurs sont juridiquement indépendantes quant à leur responsabilité, même si la Fédération était ou reste partiellement actionnaire.

Dispositions particulières en droit de la fonction publique

L’une des caractéristiques principales concerne le traitement des fonctionnaires ayant travaillé pour la Deutsche Bundespost. Après la transformation, certains d’entre eux ont continué à être employés par les entreprises successeurs, dans le cadre de règles particulières relatives au maintien du statut, aux droits à pension et au régime de service. Les entreprises successeurs opèrent ici comme employeurs publics par disposition légale, la tutelle restant partiellement à la charge de l’État fédéral.


Intégration dans le droit de la concurrence

Régulation du marché et obligations particulières

La privatisation a ouvert le secteur postal et télécom à la concurrence. Les entreprises successeurs de la poste sont soumises à la régulation de l’Agence fédérale des réseaux, qui supervise notamment le service universel, l’accès des concurrents aux infrastructures et la tarification. Des règles spéciales de droit de la concurrence s’appliquent aux anciennes entreprises en situation de monopole.

Contrôle des subventions et droit des aides d’État

En raison de leur histoire et de la persistance de la participation publique, les entreprises successeurs de la poste sont soumises à un contrôle particulier concernant d’éventuelles aides d’État. La Commission européenne examine régulièrement si des avantages issus du passé sont compatibles avec le droit européen des aides d’État (art. 107 et suivants TFUE).


Particularités en droit du travail

Transfert des relations de travail

Lors de la transformation, les contrats de travail ont été transférés aux nouvelles sociétés anonymes conformément aux dispositions de la loi sur les transformations, en préservant les droits existants. Des réglementations spécifiques ont été développées en particulier pour les fonctionnaires et personnels spéciaux. Différents accords collectifs peuvent s’appliquer selon le secteur d’activité et l’entreprise concernée.

Participation des salariés

Les entreprises successeurs de la poste relèvent de la loi sur la codétermination ainsi que des dispositifs élargis de la loi sur la représentation du personnel fédéral pour les fonctionnaires encore en poste.


Traitement fiscal

Avec la privatisation et la transformation en sociétés anonymes, les entreprises successeurs de la poste sont désormais pleinement soumises à l’impôt sur les sociétés et à l’impôt sur le commerce selon le droit commun, sous réserve d’éventuelles périodes de transition ou de règles spéciales concernant notamment les charges de pension.


Aspects relevant du droit des sociétés

Les entreprises successeurs de la poste sont constituées sous forme de sociétés anonymes et soumises à la loi sur les sociétés par actions (AktG). Lors de la création, la Fédération était actionnaire majoritaire et a, dans le cadre de la poursuite de la privatisation, cédé tout ou partie de ses parts dans Deutsche Telekom AG et Deutsche Postbank AG ; elle détient encore une part significative de Deutsche Post AG, également par l’intermédiaire de la KfW.


Conclusion : Résumé du statut juridique particulier des entreprises successeurs de la poste

Les entreprises successeurs de la poste telles que Deutsche Post AG, Deutsche Telekom AG et Postbank AG bénéficient d’un statut juridique propre, issu de leur histoire spécifique. Elles succèdent à des missions de service public centrales autrefois assumées par la Deutsche Bundespost, sont intégrées au commerce en tant que sociétés commerciales à part entière, mais restent soumises à des réglementations particulières, notamment en matière de fonction publique, de service universel, de régulation du marché et de contrôle en droit des sociétés. Ainsi, ces entreprises jouent un rôle essentiel dans la garantie des infrastructures en Allemagne, tout en étant soumises à une multitude de règles juridiques complexes.


Littérature et sources juridiques complémentaires

  • Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne (art. 87f GG)
  • Loi sur la transformation des entreprises de la Deutsche Bundespost en sociétés anonymes (Postumwandlungsgesetz – PostUmwG)
  • Postgesetz (PostG)
  • Télécommunicationsgesetz (TKG)
  • Loi sur les sociétés par actions (AktG)
  • Loi fédérale sur les fonctionnaires (BBG)
  • Loi sur la codétermination (MitbestG)
  • Décisions judiciaires relatives à la succession et à la responsabilité (par ex. Cour administrative fédérale, Cour de justice de l’UE)
  • Publications de l’Agence fédérale des réseaux

Questions fréquemment posées

Quelles sont les bases juridiques applicables aux entreprises successeurs de la poste en Allemagne ?

Les entreprises successeurs de la poste relèvent en Allemagne de bases juridiques spécifiques, fondées notamment sur la loi postale (PostG) et les dispositions pertinentes de la loi sur les télécommunications (TKG). La loi postale réglemente entre autres l’octroi de licences, les obligations de service universel, le respect des exigences de sécurité, ainsi que la protection des données à caractère personnel pour les services postaux. À cela s’ajoutent des dispositions relatives au droit de la concurrence, telles que la loi contre les restrictions de concurrence (GWB), qui visent à garantir l’égalité des chances entre les opérateurs privés et les entreprises successeurs de la poste. Par ailleurs, des règles relatives au droit du travail et au transfert du statut d’employeur public pour les fonctionnaires sont applicables conformément à la loi sur le droit du personnel postal (PostPersRG).

Quel rôle joue l’autorité de régulation à l’égard des entreprises successeurs de la poste ?

L’Agence fédérale des réseaux est l’autorité compétente pour la régulation des services postaux et de télécommunications. Elle veille en particulier au respect des prescriptions légales par les entreprises successeurs de la poste, contrôle le respect de leurs obligations d’accès aux infrastructures et s’assure qu’aucune pratique anticoncurrentielle n’est mise en œuvre. Elle approuve également les tarifs de certains services, vérifie le respect des licences postales, et constitue un point de contact pour les procédures de réclamation, tant pour les consommateurs que pour les concurrents.

Quelles obligations juridiques existent concernant les salariés des entreprises successeurs de la poste ?

Les entreprises successeurs de la poste sont tenues d’assurer la reprise et la poursuite des relations de service existantes conformément à la loi sur le droit du personnel postal (PostPersRG). Cela signifie que les droits et obligations des fonctionnaires sont préservés lors de la privatisation, y compris les droits à l’alimentation, à la retraite et à la carrière. De plus, des dispositions du droit du travail général, telles que la loi sur la constitution des entreprises (BetrVG), la loi sur le travail temporaire (AÜG), ainsi que les conventions collectives et les droits de codétermination s’appliquent également. Pour certaines catégories spécifiques, comme les travailleurs handicapés, les prescriptions du SGB IX s’appliquent en outre.

Comment la responsabilité des entreprises successeurs de la poste est-elle réglementée en cas de perte ou d’endommagement d’envois ?

La responsabilité est régie par les §§ 425 s. HGB ainsi que par les dispositions particulières de la loi postale. Selon le § 431 HGB, l’entreprise répond en principe de la perte ou de l’endommagement des envois postaux dans le cadre des conditions contractuelles du transport. Le régime de responsabilité peut être aménagé par les conditions générales de vente, dans la limite de ce qui est autorisé par la loi, certaines catégories d’envois (ex : lettres recommandées ou valeurs déclarées) étant soumises à des plafonds spécifiques. La responsabilité est exclue lorsque le dommage résulte d’un événement extérieur inévitable (force majeure).

Quelle est la portée juridique du service universel pour les entreprises successeurs de la poste ?

Le service universel signifie que les entreprises successeurs de la poste ont l’obligation d’assurer certains services postaux, tels que la distribution généralisée de lettres et de colis sur tout le territoire, à des prix raisonnables et d’un certain niveau de qualité. Ces obligations sont définies dans le Règlement sur le service universel postal (PUDLV) et leur respect est contrôlé par l’Agence fédérale des réseaux. Si les entreprises successeurs ne respectent pas ces obligations, elles s’exposent à des mesures de tutelle et à des sanctions pécuniaires.

Les entreprises successeurs de la poste sont-elles soumises à des règles particulières en matière de protection des données ?

Oui. Outre l’applicabilité générale du Règlement général sur la protection des données (RGPD) et de la Loi fédérale sur la protection des données (BDSG), des dispositions spécifiques découlant de la loi postale, en particulier le § 39 PostG, s’appliquent aux entreprises successeurs de la poste. Ces réglementations imposent une protection particulière des données à caractère personnel nécessaires à la fourniture des services postaux. Par exemple, la transmission des adresses sans consentement explicite n’est en principe pas permise, sauf exceptions prévues par la loi.

Quelles dispositions réglementent les monopoles et la concurrence dans le secteur des entreprises successeurs de la poste ?

La concurrence sur le marché postal est régie par la loi postale et la loi contre les restrictions de concurrence (GWB). La libéralisation du marché a principalement aboli le monopole postal, mais une situation de monopole subsiste pour certains services universels et fait l’objet d’un contrôle régulier. L’Agence fédérale des réseaux peut, en cas d’abus de position dominante, imposer des mesures réglementaires telles que la fixation de plafonds tarifaires, des obligations d’accès ou des mesures de restructuration pour encadrer la concurrence. Les entreprises successeurs de la poste sont donc soumises à un contrôle spécifique de l’abus et de la discrimination.