Lexique juridique

Entreprise

Notion et signification de l’exploitation en droit

La notion de exploitation est un élément central du droit allemand et s’applique dans différents domaines juridiques. Selon le contexte, elle possède une signification juridique spécifique et joue notamment un rôle fondamental en droit du travail, fiscal, de la sécurité sociale, du commerce ainsi qu’en droit commercial et des sociétés. La définition précise et la distinction du terme “exploitation” revêtent une importance majeure pour de nombreuses questions juridiques, telles que l’application des dispositions protectrices du droit du travail, la détermination des obligations fiscales ou l’évaluation de la taille de l’exploitation dans le contexte des normes relatives à la constitution de l’entreprise.


Définition juridique et distinction

Notion d’exploitation en droit du travail

En droit du travail, l’exploitation est comprise comme une unité organisationnelle dans laquelle l’employeur poursuit de manière continue des objectifs techniques de travail à l’aide de ressources humaines et matérielles. Ce qui est décisif, c’est le regroupement de collaborateurs et de moyens d’exploitation sous une direction unique, en vue d’atteindre un certain objectif professionnel. La distinction se fait souvent par rapport à l’entreprise ainsi qu’au lieu de travail individuel :

  • Exploitation : Unité organisationnelle destinée à la réalisation d’un objectif technique de travail.
  • Entreprise : Personne morale (physique ou juridique) susceptible de diriger une ou plusieurs exploitations.
  • Lieu de travail : Espace physique dans lequel les salariés exercent leur activité.

Exemple : Un groupe peut, en tant qu’entreprise, gérer plusieurs exploitations (succursales, usines) sur différents sites.

Signification de la notion d’exploitation dans le droit de la constitution d’entreprise

La loi sur la constitution d’entreprise (BetrVG) subordonne de nombreuses dispositions du droit du travail à la notion d’exploitation. Ainsi, la création d’un comité d’entreprise (§ 1 BetrVG) ainsi que l’application de diverses dispositions protectrices et droits de codécision requièrent l’existence d’une exploitation. Le nombre d’employés déterminant, par exemple la présence d’au moins cinq employés électeurs, se rapporte toujours à une exploitation distincte.

Exploitation et partie d’exploitation

Une exploitation peut se composer de plusieurs parties d’exploitation (§ 4 BetrVG), lesquelles peuvent être dirigées de façon indépendante sur le plan local ou organisationnel, mais restent soumises à la direction globale d’une même exploitation.


Notion d’exploitation en droit fiscal

En droit fiscal, la notion d’exploitation est principalement importante dans le contexte des revenus d’activité commerciale (§ 15 EStG). Est considérée comme une exploitation toute unité matérielle et organisationnelle permettant l’exercice d’une activité durable, indépendante, orientée vers la réalisation de bénéfices, impliquée dans la vie économique générale.

Distinction avec l’activité indépendante

Le droit fiscal distingue les domaines d’activité suivants :

  • Agriculture et sylviculture (exploitation selon § 13 EStG)
  • Activité commerciale (§ 15 EStG)
  • Activité indépendante (§ 18 EStG)
  • Autres revenus (§ 22 EStG)

L’établissement permanent (§ 12 AO) est considéré, en droit fiscal, comme une installation commerciale fixe du propriétaire de l’exploitation et sert de point d’attache pour des obligations fiscales telles que la comptabilité ou la déclaration préalable de TVA.


Notion d’exploitation en droit commercial

Selon le code du commerce (GewO), l’exploitation est étroitement liée à la notion de commerce. Quiconque exerce une activité commerciale à titre établi exploite une exploitation au sens du droit commercial. L’obligation de déclaration (§ 14 GewO) ainsi que diverses autorisations commerciales sont subordonnées à l’existence d’une exploitation.


Notion d’exploitation en droit de la sécurité sociale

En droit de la sécurité sociale, l’exploitation est comprise comme un regroupement organisationnel de forces de travail, essentiel pour établir l’assujettissement aux cotisations, calculer les contributions et estimer la taille de l’exploitation. De plus, les règles relatives aux élections sociales et aux organismes d’assurance accidents sont subordonnées à la notion d’exploitation.


Transfert, changement et délocalisation d’exploitation

Transfert d’exploitation (§ 613a BGB)

Un transfert d’exploitation a lieu lorsqu’une exploitation ou une partie d’exploitation est cédée à un nouveau propriétaire par acte juridique. Les droits et obligations découlant des contrats de travail existants sont alors transférés à l’acquéreur. Il est essentiel que l’identité de l’exploitation soit préservée, c’est-à-dire que l’unité économique subsiste.

Changement d’exploitation

Les changements d’exploitation sont encadrés dans la loi sur la constitution d’entreprise (BetrVG), notamment à l’article 111 BetrVG. Il s’agit notamment de la cessation, de la limitation, du transfert d’une exploitation ou de la fusion avec d’autres exploitations. Ces modifications sont soumises à codécision et peuvent donner lieu, selon les cas, à des droits à un plan social et à un accord d’intérêts.


Tailles d’exploitation et leurs conséquences juridiques

De nombreuses dispositions en droit du travail, du social ou fiscal se réfèrent à la taille des exploitations, généralement déterminée par le nombre habituel de salariés. On distingue notamment :

  • Petites exploitations (moins de dix salariés : la loi sur la protection contre le licenciement ne s’applique pas)
  • Exploitations de plus de 20 salariés (obligations particulières en matière de droit des personnes handicapées)
  • Exploitations de 200 salariés et plus (obligation de désigner un délégué à la protection des données)


Résumé et portée juridique

La notion d’exploitation revêt une grande importance en droit allemand et détermine l’application et l’interprétation de nombreuses dispositions. La définition précise et la distinction de l’exploitation sont essentielles pour des questions fondamentales en droit du travail, fiscal, de la sécurité sociale et du commerce. La pratique juridique recourt donc régulièrement à des définitions spécifiques, à des critères de distinction ainsi qu’à la jurisprudence applicable pour définir correctement les conséquences juridiques liées à l’exploitation.


Littérature et informations complémentaires

  • Loi sur la constitution d’entreprise (BetrVG)
  • Code civil allemand (BGB), notamment § 613a BGB
  • Code de commerce (HGB)
  • Loi sur l’impôt sur le revenu (EStG), notamment § 15 EStG
  • Code des impôts (AO), notamment § 12 AO
  • Code du commerce (GewO)
  • Code de la sécurité sociale (SGB)
  • Commentaires sur la définition et la distinction de la notion d’exploitation

Voir aussi

  • Entreprise
  • Partie d’exploitation
  • Transfert d’exploitation
  • Taille de l’exploitation
  • Comité d’entreprise
  • Changement d’exploitation

Remarque : La définition précise et l’application de la notion d’exploitation peuvent varier selon les cas et évoluent en permanence en fonction de la législation et de la jurisprudence.

Questions fréquemment posées

Quelles sont les conditions juridiques requises pour la création d’une exploitation ?

La création d’une exploitation en Allemagne est liée à différentes obligations juridiques. Le choix de la forme juridique est d’abord déterminant, par exemple entreprise individuelle, société de personnes (p. ex. GbR, OHG, KG) ou société de capitaux (p. ex. GmbH, AG). Les formalités de constitution varient selon la forme juridique, par exemple en ce qui concerne l’immatriculation au registre du commerce (obligatoire pour les commerçants et sociétés de capitaux) et la rédaction des statuts. Il convient en outre, le cas échéant, de procéder à la déclaration d’activité auprès de l’autorité locale compétente ; certaines activités étant soumises à des exigences ou autorisations particulières (p. ex. carte artisanale, licence de débit de boissons, concessions administratives). D’autres obligations fiscales, telles que l’inscription auprès de l’administration des impôts et la demande d’un numéro fiscal, doivent également être observées. Sur le plan du droit du travail, il est nécessaire de respecter dès la création les règles relatives à la protection des travailleurs, au prêt de main-d’œuvre, et, si besoin, à la codécision, tel que le comité d’entreprise. Certains secteurs (p. ex. santé, services financiers) requièrent des réglementations supplémentaires. Enfin, les exigences en matière de protection des données selon le RGPD, ainsi que les éventuelles prescriptions environnementales doivent être respectées.

Quelles obligations en droit du travail s’appliquent aux salariés dans l’exploitation ?

Les employeurs doivent remplir de nombreuses obligations en droit du travail. Il s’agit notamment de la conclusion de contrats de travail écrits, du respect des lois relatives au temps de travail (loi sur le temps de travail, loi sur la protection de la maternité, loi sur le temps partiel et le travail à durée déterminée), de l’inscription régulière des salariés à la sécurité sociale et auprès de l’association professionnelle, ainsi que de l’application des règles de sécurité et de prévention des accidents. Il convient aussi de respecter la loi sur la poursuite de la rémunération, qui régit le maintien du salaire en cas de maladie. Pour les exploitations comptant au moins cinq salariés électeurs permanents, des élections de comité d’entreprise peuvent être nécessaires, en tenant compte des droits étendus de codécision et d’information du comité. Les employeurs doivent également veiller au respect des obligations en matière de protection des données lors du traitement des données des salariés (notamment selon le RGPD et la BDSG). Il faut en outre appliquer les principes d’égalité de traitement et la loi générale sur l’égalité de traitement (AGG).

Quelles obligations existent en matière de comptabilité et de documentation de l’exploitation ?

Dans la vie d’exploitation courante, de nombreux devoirs de documentation et de comptabilité s’imposent. Le code du commerce ainsi que le code de commerce (HGB) et le code des impôts (AO) prévoient que tout commerçant (selon § 1 HGB) et de nombreux commerçants indépendants doivent tenir une comptabilité régulière. Celle-ci doit être organisée de manière à ce qu’un tiers expert ait, dans un délai raisonnable, une vue d’ensemble des transactions commerciales et de la situation de l’exploitation (§ 238 HGB). Cela inclut la tenue des livres de commerce, notamment du journal, du livre de caisse et de la comptabilité clients-fournisseurs. À des fins fiscales, l’obligation de conservation des documents commerciaux selon § 147 AO doit être strictement respectée pour 6 ou 10 ans. En outre, des obligations de documentation spécifiques au secteur existent selon le type d’entreprise, telles que les carnets de route pour les entreprises de transport ou la documentation de production pour les entreprises alimentaires. Les infractions peuvent entraîner des conséquences pénales ou contraventionnelles.

Quelles sont les règles applicables à la protection des données dans l’exploitation ?

Toute exploitation est tenue de respecter les dispositions du Règlement général sur la protection des données (RGPD) ainsi que la loi fédérale sur la protection des données (BDSG). Cela inclut notamment la collecte, le traitement et l’utilisation licite des données personnelles (p. ex. clients, employés et fournisseurs). Les exploitations doivent tenir un registre des activités de traitement, mettre en place des mesures techniques et organisationnelles pour protéger les données, désigner un délégué à la protection des données le cas échéant (à partir de 20 employés traitant régulièrement des données), et garantir les droits des personnes concernées (p. ex. information, suppression, opposition). En cas de violation de données, il y a obligation de notification à l’autorité compétente dans les 72 heures conformément à l’art. 33 RGPD. Les violations de la protection des données peuvent entraîner de lourdes amendes (jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial).

Quels sont les risques de responsabilité pour le propriétaire de l’exploitation ?

La responsabilité du propriétaire de l’exploitation dépend essentiellement de la forme juridique choisie. Les entrepreneurs individuels et les associés de sociétés de personnes (GbR, OHG) sont en principe responsables de manière illimitée avec leur patrimoine personnel. Dans le cas des sociétés de capitaux (notamment GmbH ou AG), la responsabilité est en règle générale limitée au patrimoine social ; toutefois, en cas de violation d’obligations (p. ex. retard de déclaration de faillite, infractions fiscales, infractions au droit du travail), les gérants ou dirigeants peuvent être tenus personnellement responsables, y compris avec leurs biens propres. Par ailleurs, d’autres risques de responsabilité liés à l’exploitation doivent être considérés, tels que la responsabilité du fait des produits, des infractions environnementales ou à la sécurité, ainsi qu’à une protection des données insuffisante. Une assurance professionnelle adéquate (p. ex. assurance responsabilité civile professionnelle, assurance responsabilité civile produit, assurance D&O) peut réduire ces risques, mais ne dispense pas de respecter les obligations légales.

Dans quelle mesure le comité d’entreprise doit-il être juridiquement impliqué dans l’exploitation ?

À partir d’une taille d’exploitation d’au moins cinq salariés électeurs permanents, le droit à la constitution d’un comité d’entreprise existe selon les dispositions de la loi sur la constitution d’entreprise (BetrVG). Le comité d’entreprise dispose de droits étendus de codécision, de participation et d’information dans l’exploitation, par exemple lors de l’introduction de nouvelles technologies, de mesures individuelles concernant le personnel (embauches, licenciements, mutations), de mesures de protection de la santé et de la sécurité au travail et en matière sociale (p. ex. organisation du temps de travail, planification des congés, formation professionnelle). Les employeurs sont tenus d’informer en temps utile et de manière complète le comité d’entreprise et de l’associer aux décisions relevant de la codécision. Le non-respect des droits de participation peut invalider des mesures et entraîner des obligations de dédommagement ou des infractions administratives.

Quelles particularités s’appliquent en cas de fermeture ou de transfert d’exploitation ?

La cessation ou le transfert d’une exploitation sont soumis à des exigences juridiques spécifiques. En cas de fermeture, les dispositions relatives au licenciement doivent impérativement être respectées ; en particulier lors des licenciements collectifs, il convient d’observer les exigences particulières de notification et de consultation prévues à l’article 17 KSchG (loi sur la protection contre le licenciement) auprès de l’agence pour l’emploi. En outre, le comité d’entreprise dispose de droits d’information et de participation étendus, notamment concernant l’accord d’intérêts et le plan social. En cas de reprise d’exploitation, les dispositions de l’article 613a BGB s’appliquent : les contrats de travail en cours sont automatiquement transférés à l’acquéreur, et les licenciements en raison du transfert sont en principe interdits. Les salariés doivent être informés à l’avance et de manière exhaustive du transfert imminent de l’exploitation. Par ailleurs, des dispositions fiscales, sociétaires et éventuellement en droit de la concurrence, telles que des obligations de déclaration ou l’obtention d’autorisations, doivent également être respectées.