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Enquêtes sous couverture

Définition et nature des enquêtes secrètes

Les enquêtes secrètes constituent un instrument essentiel de la poursuite pénale et servent notamment à élucider des infractions pour lesquelles une enquête ouverte et conventionnelle ne serait pas efficace ou entraînerait des inconvénients considérables. Les autorités de poursuite pénale, généralement la police, ont alors recours à des méthodes dissimulées dans le but d’obtenir des informations, de sécuriser des preuves ou de révéler des structures criminelles, sans que les personnes concernées aient connaissance de la mesure d’enquête. Les enquêtes secrètes se distinguent des activités d’enquête ouvertes principalement par la dissimulation délibérée de la propre identité ou du véritable objectif de l’enquête.

Types d’enquêtes secrètes

Enquêteur infiltré

L’un des cas d’utilisation les plus connus des enquêtes secrètes est le recours à un « enquêteur infiltré ». Il s’agit de policiers agissant sous une fausse identité afin d’entrer en contact avec des personnes suspectes. Leur objectif est d’obtenir des informations pertinentes sur les auteurs d’infractions ou sur des réseaux criminels.

Personne de confiance et informateur

Outre les enquêteurs infiltrés, les personnes de confiance (PC) et les informateurs jouent également un rôle. Les personnes de confiance sont des particuliers qui coopèrent sciemment avec les autorités d’enquête sans en faire partie. Les informateurs fournissent souvent des informations sans lien institutionnel et deviennent en règle générale des sources d’information de leur propre initiative ou par intérêt personnel.

Enquêtes secrètes techniques

Font également partie des enquêtes secrètes des mesures techniques dissimulées, comme la surveillance secrète, l’utilisation de la vidéosurveillance, l’écoute des conversations (surveillance téléphonique, « opération d’écoute ») ou l’utilisation de dispositifs appelés IMSI-Catcher. Les enquêtes secrètes en ligne (par exemple sur les réseaux sociaux ou des forums du dark web) prennent également de plus en plus d’importance.

Bases juridiques

Dispositions légales en Allemagne

Les exigences juridiques applicables aux enquêtes secrètes sont fixées dans différentes lois, notamment dans le Code de procédure pénale (StPO), qui contient les principales dispositions. Les règles les plus importantes sont :

§§ 110a – 110i StPO : Enquêteur infiltré

Ces dispositions définissent dans quelles conditions les enquêteurs infiltrés peuvent être utilisés. En règle générale, il faut qu’il existe un soupçon d’infraction particulièrement grave. Leur recours est soumis à des exigences juridiques strictes et à une décision judiciaire. La durée, la nature, les modalités de l’intervention ainsi que la nécessité d’un contrôle régulier sont déterminées par la loi.

§ 100a StPO : Surveillance des télécommunications

La surveillance et l’enregistrement des télécommunications peuvent être ordonnés dans le cadre d’enquêtes secrètes, à condition qu’il existe une décision judiciaire et qu’un soupçon relatif à une infraction inscrite sur la liste existe.

§ 100c StPO : Surveillance du domicile

La surveillance acoustique secrète du domicile (grande opération d’écoute) constitue une mesure secrète particulièrement intrusive et obéit à des conditions strictes. Ici aussi, une décision judiciaire est impérative.

§ 163f StPO : Surveillance discrète

La loi précise les conditions dans lesquelles une surveillance discrète de longue durée d’une personne est permise. Celle-ci n’est généralement possible que pour des infractions graves et, la plupart du temps, sous le contrôle d’un juge.

Lois de police des Länder

Outre le Code de procédure pénale, les lois de police des Länder contiennent d’autres dispositions concernant les enquêtes secrètes dans le cadre de la prévention des dangers, qui peuvent être appliquées indépendamment de la poursuite pénale pour éviter de futures infractions.

Cadre juridique européen

Avec la coopération européenne croissante en matière de poursuite pénale et de sécurité intérieure, des instruments de l’Union européenne réglementent également l’échange et la conduite d’enquêtes secrètes, par exemple dans le cadre d’Europol, de la coopération Schengen ou de l’Ordonnance européenne d’enquête (EEA).

Conditions d’emploi des enquêtes secrètes

Principe de proportionnalité

Toute mesure d’enquête secrète est soumise au principe de proportionnalité. Elle ne peut être utilisée que si des moyens moins intrusifs pour l’élucidation des faits ne paraissent pas prometteurs. La mesure doit être appropriée, nécessaire et adéquate, c’est-à-dire que l’atteinte aux droits fondamentaux doit rester proportionnelle à l’objectif poursuivi.

Précision et décision

Les enquêtes secrètes ne peuvent être menées qu’en présence d’un soupçon initial motivé. En règle générale, le recours à un enquêteur infiltré doit être ordonné par le tribunal ou, en cas d’urgence, par le parquet. L’ordonnance doit préciser la mesure, la personne concernée, la durée et l’objectif avec clarté.

Durée et contrôle

La durée de la mesure doit être limitée dans le temps et faire l’objet d’un contrôle régulier quant à la nécessité de sa poursuite. La conduite et la régularité des enquêtes secrètes sont en outre soumises au contrôle judiciaire ainsi qu’à un examen ultérieur par les autorités chargées de la protection des données et, le cas échéant, par des commissions parlementaires.

Droits des personnes concernées

Obligation d’information

À l’issue d’une enquête secrète, la personne concernée doit en principe être informée de la mesure (§ 101 StPO). Sous certaines conditions, par exemple en cas de mise en danger de la vie, de l’intégrité physique ou d’autres enquêtes, la notification peut être différée ou, à titre exceptionnel, omise.

Voies de recours

Il existe des voies de recours contre les mesures d’enquête secrète, telles qu’un recours contre une ordonnance ou une action en justice pour obtenir une protection juridique a posteriori.

Exploitation des informations obtenues

Interdiction d’exploitation de la preuve

Les informations obtenues illicitement par le biais d’enquêtes secrètes ne peuvent en principe pas être utilisées dans la procédure pénale (« interdiction d’exploitation de la preuve »). Sont notamment concernés les cas où les conditions légales n’ont pas été respectées ou lorsque le principe de proportionnalité a été violé. La jurisprudence en la matière est fournie et dépend de chaque cas particulier.

Autorisation de témoigner et statut de témoin

Les enquêteurs infiltrés peuvent être appelés à témoigner au cours de la procédure, mais ils doivent souvent disposer d’une autorisation spéciale pour garantir leur couverture et leur sécurité personnelle. Dans certains cas, leurs identités restent également protégées pendant la procédure.

Limites et critiques

Atteintes aux droits fondamentaux

Les enquêtes secrètes impliquent de graves atteintes aux droits fondamentaux, notamment au droit à l’autodétermination informationnelle, au secret des télécommunications et à l’inviolabilité du domicile. C’est pourquoi elles sont soumises à des exigences légales strictes et à un contrôle juridique permanent.

Risques d’abus

Il existe une tension entre l’intérêt d’une poursuite pénale efficace et la protection des libertés individuelles. Les critiques soulignent les risques potentiels d’abus, en particulier en cas de contrôle judiciaire insuffisant ou de définitions légales imprécises.

Différences internationales

Le traitement des enquêtes secrètes varie d’un pays à l’autre. Dans certains États, ces mesures sont plus largement permises, alors qu’elles sont plus étroitement limitées dans d’autres.

Conclusion

Les enquêtes secrètes sont dans la justice pénale moderne un instrument indispensable d’élucidation et de prévention des infractions, notamment dans les domaines de la criminalité la plus grave et du crime organisé. Leurs conditions juridiques, leur exécution et leur contrôle sont cependant strictement réglementés afin de garantir un équilibre entre les intérêts de la poursuite pénale et les droits de protection des personnes concernées. Le recours aux enquêtes secrètes implique toujours une atteinte significative aux droits fondamentaux et requiert donc une vigilance particulière, tant dans la législation que dans la pratique.

Questions fréquemment posées

Qui ordonne une enquête secrète et cette dernière est-elle soumise à un contrôle judiciaire ?

En Allemagne, l’ordonnance d’une enquête secrète est généralement prise par la direction du parquet ou, dans certains cas d’urgence, par son représentant. Les fondements juridiques pour le recours à des enquêteurs infiltrés se trouvent notamment à l’article 110a du Code de procédure pénale (StPO). Une décision judiciaire est requise lorsque la mesure se prolonge dans le temps ou que des atteintes graves aux droits fondamentaux sont à prévoir. Le contrôle judiciaire, à la demande, est assuré par le tribunal d’enquête compétent, qui examine strictement les conditions de la mesure, telles que la proportionnalité et l’existence d’un soupçon initial d’un délit d’importance significative. De plus, le tribunal reste compétent durant la mise en œuvre de la mesure pour vérifier à nouveau sa poursuite, son étendue et sa nécessité, afin de prévenir tout abus.

Pour quels types d’infractions les enquêtes secrètes peuvent-elles être utilisées ?

Les enquêtes secrètes ne sont autorisées que pour des infractions d’une importance significative. Sont notamment concernés, selon l’article 110a al. 1 StPO, les délits tels que la criminalité organisée, le terrorisme, le trafic de drogue, la traite d’êtres humains, les infractions sexuelles graves, le meurtre et l’homicide ainsi que certaines formes de corruption. Les infractions mineures ou de faible gravité ne justifient en principe pas le recours à un enquêteur infiltré. L’appréciation du caractère « d’une importance significative » d’une infraction dépend du cas concret et nécessite un examen approfondi des circonstances, du préjudice social et des structures criminelles en arrière-plan.

Quelles sont les limites juridiques à l’action des enquêteurs infiltrés ?

Malgré leur position particulière dans la collecte de preuves et l’élucidation des faits, les enquêteurs infiltrés sont soumis à des limites juridiques strictes. Ils ne sont pas autorisés à commettre des infractions pour obtenir des preuves (ce que l’on appelle la provocation à la commission d’infractions, l’incitation ou la participation à des infractions sont en principe interdits). De même, toute forme de surveillance, comme l’écoute de conversations ou la pénétration dans des domiciles, n’est autorisée que dans le cadre de dispositions légales particulières et, en général, seulement après décision d’un juge (§§ 100a et suivants StPO). Ils doivent également respecter le principe de proportionnalité : la mesure ne doit pas être disproportionnée par rapport à la gravité de l’infraction ni à l’importance des preuves attendues.

Les personnes concernées doivent-elles être informées a posteriori d’une enquête secrète ?

En principe, il existe une obligation d’information ultérieure conformément à l’article 101 al. 1 StPO pour les mesures associées à une atteinte grave aux droits fondamentaux. À l’issue de l’enquête secrète ou dès lors que la finalité de la mesure n’est plus compromise, les personnes concernées ont le droit d’être informées de sa réalisation. Des exceptions sont toutefois prévues : l’information peut être omise si des intérêts publics prépondérants, la protection de l’identité de l’enquêteur ou de sources, ou le bon déroulement d’enquêtes en cours étaient compromis. Un contrôle judiciaire de cette exception est toutefois possible sur demande.

Comment les preuves recueillies dans le cadre d’enquêtes secrètes sont-elles utilisées devant les tribunaux ?

L’exploitation des preuves issues d’enquêtes secrètes est soumise à des exigences strictes. Les preuves obtenues en violation des prescriptions légales peuvent faire l’objet d’une interdiction d’exploitation. Cela signifie que de telles preuves ne peuvent pas être utilisées dans la procédure pénale. Les critères essentiels sont notamment le respect du principe de proportionnalité, l’autorisation des mesures par l’autorité compétente ainsi que l’observation des obligations d’information et de documentation. La décision finale sur la recevabilité de la preuve appartient au tribunal lors du procès principal. En cas de violations graves de procédure, par exemple lors d’une provocation illégale à la commission d’une infraction, cela peut même conduire à une relaxe totale.

Quel est le rôle de la protection des données dans les enquêtes secrètes ?

Lors de l’utilisation d’enquêteurs infiltrés, la protection des données revêt une importance majeure. Toutes les données collectées et stockées sont soumises aux dispositions de la Loi fédérale sur la protection des données (BDSG) ainsi qu’au Règlement général sur la protection des données (RGPD), dans la mesure où celui-ci est applicable. L’acquisition, le traitement et la conservation de données personnelles ne sont autorisés que dans la mesure strictement nécessaire à la poursuite pénale ou à la prévention du danger. La divulgation ou la transmission non autorisée d’informations est strictement interdite. À l’issue des enquêtes, les données personnelles qui ne sont plus requises pour la poursuite pénale doivent être supprimées sans délai. Le délégué à la protection des données de chaque autorité doit veiller au respect des lois et informer, le cas échéant, les personnes concernées de leurs droits.

Existe-t-il des possibilités juridiques pour les personnes concernées de s’opposer aux enquêtes secrètes ?

Les personnes concernées disposent de divers mécanismes de protection juridique. Après avoir eu connaissance d’une enquête secrète, elles peuvent déposer un recours contre la mesure (§ 304 StPO) et demander le contrôle de la régularité de celle-ci. Il est aussi possible de demander la reconnaissance judiciaire de l’illégalité de la mesure ainsi que l’indemnisation en cas d’atteinte illicite. De plus, après information, il est possible de demander la consultation du dossier et d’obtenir des informations sur l’étendue et les motifs de la mesure. Enfin, le contrôle ou la suppression de données collectées illégalement peut également être obtenu par voie judiciaire.