Définition et importance fondamentale des ECTS
Le système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS) est un système de points de reconnaissance des acquis académiques reconnu dans toute l’Europe dans l’enseignement supérieur. Il sert à la reconnaissance, au transfert et à l’accumulation des acquis académiques au sein d’un même établissement ou entre différentes institutions et pays, en particulier dans le cadre du processus de Bologne. L’ECTS constitue un instrument centralisé qui vise à garantir la comparabilité des acquis et des qualifications dans l’Espace européen de l’enseignement supérieur et à faciliter la mobilité des étudiants ainsi que la perméabilité des parcours éducatifs.
Bases légales et cadre juridique
Bases juridiques internationales
L’ECTS repose sur des accords de politique éducative établis dans le cadre du processus de Bologne, signé en 1999 par 29 États européens. L’objectif du processus de Bologne est la création d’un Espace européen de l’enseignement supérieur (EEES, European Higher Education Area). Son introduction et sa mise en œuvre reposent sur différents accords européens, mémorandums et recommandations, en particulier les « Caractéristiques clés de l’ECTS » et la mise en œuvre nationale correspondante.
Bien que le système ECTS repose sur des recommandations, il a acquis un cadre juridique solide à travers des directives, des lois nationales relatives à l’enseignement supérieur et des procédures régulières d’accréditation. Les États membres de l’EEES et leurs établissements d’enseignement supérieur sont de fait tenus d’appliquer l’ECTS, dès lors qu’ils participent à l’espace européen commun de l’enseignement supérieur.
Mises en œuvre nationales et caractère contraignant
En Allemagne, l’ECTS est mis en œuvre juridiquement à travers la loi-cadre sur l’enseignement supérieur (HRG), les lois régionales sur l’enseignement supérieur et les règlements d’études et d’examens propres à chaque établissement. Les Länder fixent eux-mêmes les modalités concrètes et le caractère obligatoire au sein de leurs systèmes universitaires, la reconnaissance et l’attribution des crédits ECTS étant établies comme norme obligatoire pour les cursus Bachelor et Master.
Des dispositions juridiques analogues existent dans la plupart des pays européens, souvent par référence explicite aux recommandations internationales ou par adaptation de la législation nationale sur l’enseignement. Parfois, le cumul de crédits ECTS est une condition d’accès à certaines professions ou de reconnaissance des qualifications par les autorités.
Accréditation et assurance qualité
L’attribution et la reconnaissance des crédits ECTS sont soumises en Allemagne et dans les autres États de l’EEES à des procédures d’accréditation et d’assurance qualité. Les établissements d’enseignement supérieur doivent définir de façon transparente la charge de travail liée à chaque enseignement ainsi que la nature des prestations exigées. Les agences d’accréditation nationales vérifient, au moyen d’accréditations de programmes ou de systèmes, si les cursus respectent les prescriptions ECTS et sont correctement appliqués. Les bases juridiques de ces procédures reposent notamment sur le contrat d’État relatif à l’accréditation et les règlements correspondants.
Fonction et structure de l’ECTS
Définition des crédits ECTS
Un crédit ECTS correspond à la charge de travail (« workload ») exigée d’un étudiant moyen pour valider un enseignement. Une année universitaire représente en général 60 crédits ECTS, soit une charge de travail moyenne de 1 500 à 1 800 heures.
Chaque enseignement est affecté d’un certain nombre de crédits ECTS, fixés de façon contraignante dans le règlement d’examen correspondant. La fixation des crédits s’effectue dans le respect des prescriptions juridiques concernant la transparence et l’équivalence.
Dispositions juridiques sur la reconnaissance des ECTS
La reconnaissance des crédits ECTS acquis à l’extérieur est régie en Allemagne par la loi-cadre sur l’enseignement supérieur (§ 20 HRG), ainsi que par les dispositions régionales et les règlements internes aux universités. Les établissements sont tenus de reconnaître les prestations d’études comparables et équivalentes accomplies à l’étranger, à condition qu’il n’existe pas de différences substantielles en termes de contenu ou d’étendue. Le fondement juridique de cette reconnaissance réside dans le principe d’égalité de traitement et la promotion de la mobilité au sein de l’EEES.
Un éventuel refus de reconnaissance doit être justifié et communiqué de manière transparente ; les étudiants concernés disposent d’un droit à un contrôle, voire à l’ouverture d’une procédure administrative. La jurisprudence considère l’ECTS comme critère déterminant pour la comparabilité des acquis.
Relevé ECTS et supplément au diplôme
Le relevé ECTS documente les crédits obtenus, les notes et les résultats, et constitue un relevé officiel des acquis. Il fait partie du « supplément au diplôme », remis aux diplômés en complément du diplôme. Ces deux documents sont de nature juridique en raison de leur intégration dans le droit universitaire et servent principalement à la reconnaissance européenne, lors de poursuites d’études ou de qualifications professionnelles.
Questions juridiques particulières
Reconnaissance dans les pays tiers et questions juridiques européennes
La reconnaissance des crédits ECTS dans les pays tiers hors de l’EEES se fait sur la base d’accords bilatéraux et de législation conventionnelle internationale. Au sein de l’UE, la reconnaissance mutuelle est encouragée par des directives concernant la reconnaissance des qualifications professionnelles (directive 2005/36/CE) ainsi que par d’autres règlements. En cas de litige, les juridictions administratives nationales ou, le cas échéant, des instances d’arbitrage sont compétentes.
Importance juridique dans le cadre des doubles diplômes et diplômes conjoints
L’ECTS joue un rôle central dans les programmes d’études en coopération ou les doubles diplômes (Double Degrees, Joint Degrees). Dans ces cas, les acquis des différentes universités partenaires sont comptabilisés et reconnus via l’ECTS. Les bases juridiques sont les conventions de coopération entre établissements et les normes nationales correspondantes, qui fixent la réciprocité pour la délivrance des diplômes et la reconnaissance juridique.
Protection des données et ECTS
Le traitement des données liées aux crédits ECTS relève du droit de la protection des données, et en particulier du Règlement général sur la protection des données (RGPD). Les établissements doivent s’assurer que les données personnelles des étudiants ne sont traitées que dans la mesure nécessaire à l’attribution, la documentation et le transfert des ECTS.
Importance de l’ECTS dans le contexte juridique
L’ECTS est un système d’attribution et de transfert des performances d’études normalisé et juridiquement sécurisé. Il constitue une composante essentielle de la législation nationale et européenne sur l’enseignement et contribue à la réalisation de droits fondamentaux tels que la mobilité, l’égalité de traitement et l’accès à l’éducation. Par son caractère obligatoire dans le secteur universitaire, l’ECTS a non seulement des implications politiques en matière d’éducation, mais aussi des répercussions juridiques notables, notamment pour l’accès aux cursus, la reconnaissance des diplômes et l’assurance qualité.
Littérature et informations complémentaires
- Déclaration de Bologne du 19 juin 1999
- Loi-cadre sur l’enseignement supérieur (HRG)
- Décision de la Conférence des ministres de l’Éducation relative à l’introduction de l’ECTS
- Commission européenne : « Guide de l’utilisateur ECTS »
- Lois régionales sur l’enseignement supérieur des Länder allemands
- Règlement (CE) n° 2006/2004 relatif à la coopération en matière de protection des consommateurs (concernant la reconnaissance des qualifications)
Remarque : Les bases légales présentées ici correspondent à la situation de la législation européenne et nationale à juin 2024, et doivent être régulièrement vérifiées au regard des évolutions en cours.
Questions fréquentes
Comment la valeur juridique des crédits ECTS est-elle réglementée dans le droit universitaire allemand ?
Les crédits ECTS servent, en droit universitaire allemand, à quantifier la charge de travail étudiante et constituent un élément essentiel des règlements d’études et d’examens. La base juridique pour l’attribution, la reconnaissance et la transférabilité des crédits ECTS est, en particulier, la loi universitaire du Land concerné ainsi que les directives cadres de la Conférence des ministres de l’Éducation (KMK) et les exigences européennes, en particulier issues du processus de Bologne. Les crédits ECTS ont donc une valeur juridique en ce qu’ils servent de base à la mesure de la progression des études et à l’attribution des diplômes. Les établissements introduisent les règles nécessaires dans leurs règlements d’examen, des dérogations spécifiques étant acceptées si elles sont explicitement justifiées et validées par les instances compétentes. Des litiges peuvent survenir lorsqu’un étudiant ne se voit pas reconnaître, comme prévu, des crédits ECTS ou en cas de changement d’établissement, car il n’existe, de manière générale, aucun droit subjectif à la reconnaissance automatique de crédits obtenus dans un autre établissement.
Comment la reconnaissance et la validation des crédits ECTS sont-elles réglementées juridiquement ?
En Allemagne, la reconnaissance et la validation des crédits ECTS suivent des prescriptions nationales et européennes. L’article 63a de la loi-cadre sur l’enseignement supérieur (HRG) ainsi que les dispositions correspondantes des lois régionales sont déterminants. Selon ces dispositions, les prestations reconnues par un établissement, crédits ECTS compris, doivent être examinées et, en cas d’équivalence, obligatoirement reconnues. Il existe donc une obligation juridique de reconnaissance en cas d’équivalence, de faibles différences ne pouvant justifier un refus. Les procédures de reconnaissance doivent être transparentes et prévoir des voies de recours pour les étudiants. Les processus de décision sont soumis au contrôle juridictionnel, le principe d’égalité des chances et l’interdiction de l’arbitraire s’appliquant.
Quelles sont les conséquences juridiques de l’obtention ou de la non-obtention des crédits ECTS ?
L’obtention des crédits ECTS est une condition préalable à la poursuite et à la réussite des études, ainsi qu’à l’obtention du diplôme. D’un point de vue juridique, la non-obtention de crédits ECTS, notamment dans le cadre de modules obligatoires, peut entraîner l’échec à l’examen ou une exclusion des études, car des seuils minimums légaux ou fixés dans les règlements d’examen doivent être justifiés régulièrement (par exemple après un certain nombre de semestres). Les contestations concernant la prise en compte ou non des crédits ECTS relèvent généralement du droit administratif et peuvent faire l’objet de recours juridiques (procédure de recours administratif, puis éventuellement action devant le tribunal administratif).
Quelles règles juridiques régissent la transférabilité des crédits ECTS entre différentes universités ?
En ce qui concerne la transférabilité des crédits ECTS en Allemagne et à l’étranger, il existe, depuis le processus de Bologne, des règles juridiques et universitaires. L’article 63a du HRG, les lois régionales sur l’enseignement supérieur et la Convention de Lisbonne imposent une procédure équitable et transparente pour la validation des crédits acquis à l’étranger ou dans d’autres établissements nationaux. L’examen porte sur l’équivalence, un refus devant faire l’objet d’une décision motivée et détaillée. Il n’existe pas de droit automatique à la transférabilité, mais l’étudiant a droit à une décision exempte d’erreur d’appréciation. Les litiges peuvent être tranchés dans le cadre du contentieux administratif compétent.
Existe-t-il des délais ou prescriptions de péremption à respecter lors de la reconnaissance des crédits ECTS ?
En principe, il n’existe pas de délai formel spécifique pour la reconnaissance des acquis, néanmoins les règlements d’examen et les lois régionales prévoient souvent des délais dans lesquels la demande doit être introduite. Par exemple, il peut être exigé que la demande soit déposée au début des études, ou au plus tard avant la validation des examens concernés. Il n’existe pas de prescription de péremption générale, mais, pour des motifs administratifs, un droit à reconnaissance peut se perdre après une très longue inaction (en particulier lors de changements de règlement d’examen). Après l’émission d’un acte administratif (ex : notification de reconnaissance), les délais de recours et de réclamation s’appliquent selon le droit administratif.
Les crédits ECTS peuvent-ils, juridiquement, servir de remplacement à des certificats ou à des examens ?
Les crédits ECTS sont des unités de mesure légalement définies pour la charge de travail, mais ne constituent pas une preuve de résultat autonome. Ils sont attribués après la réussite d’un examen ou la validation d’un module. Les règlements juridiques n’autorisent pas l’utilisation des crédits ECTS comme substitut à une prestation ou à une attestation d’examen. Toutefois, ils peuvent, en cas de reconnaissance comme équivalence, permettre de ne pas avoir à répéter une prestation. La légalité de la procédure se détermine sur la base des règlements d’examen applicables et des lois régionales. Il n’existe pas de droit général à « échanger » des crédits ECTS contre des attestations de performance.