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Économie sociale de marché

Concept et fondements de l’économie sociale de marché

L’économie sociale de marché est un modèle directeur de politique économique et de droit qui sert de cadre constitutionnel de l’économie en Allemagne et dans d’autres pays. Elle combine la liberté de marché avec la responsabilité sociale et des exigences juridiques. L’économie sociale de marché crée le cadre de l’activité économique en Allemagne, réglementée par la constitution, les lois et la jurisprudence.

Contexte historique et évolution

Origine et objectifs

L’économie sociale de marché est née après la Seconde Guerre mondiale et a été principalement façonnée par l’ordre économique de la République fédérale d’Allemagne. Son objectif est la combinaison de la liberté économique individuelle et de la justice sociale. L’intégration de principes fondamentaux dans la Loi fondamentale de 1949 a été décisive. La codification des principes essentiels est intervenue dans diverses lois, notamment dans les années 1950 et 1960.

Principes directeurs

L’économie sociale de marché reconnaît le fonctionnement de l’économie de marché, mais souligne, au moyen de règles juridiques, la nécessité d’un équilibre des différences sociales, de la sécurité financière ainsi que la protection contre la concentration économique et la monopolisation.

Fondements constitutionnels

Ancrage dans la Loi fondamentale

L’économie sociale de marché n’est pas expressément mentionnée dans la Loi fondamentale, mais elle constitue le modèle directeur économique et social de la République fédérale d’Allemagne. Les fondements constitutionnels centraux sont le principe social de l’État selon l’art. 20 al. 1 et l’art. 28 al. 1 GG ainsi que la garantie de la propriété privée et de la liberté contractuelle selon l’art. 14 GG. Ces normes obligent l’État à garantir un ordre économique fondé sur la liberté individuelle, la concurrence et la justice sociale.

Qualification en droit de l’Union

Avec l’adhésion à l’Union européenne, le modèle de l’économie sociale de marché est également influencé par le droit de l’Union. L’article 3, alinéa 3, du TUE est particulièrement pertinent, s’affirmant comme engagement envers l’économie sociale de marché et la promotion du progrès social. L’ordre juridique de l’Union européenne impose également à ses États membres une « économie sociale de marché compétitive ».

Développement légal

Droit de la concurrence et antitrust

La loi contre les restrictions de concurrence (GWB) est la loi centrale pour garantir la concurrence sur le marché. Elle règlemente notamment l’interdiction des cartels, le contrôle des concentrations et l’exclusion de l’abus de position dominante. D’autres lois, telles que la loi contre la concurrence déloyale (UWG), complètent ces réglementations.

Éléments de droit du travail

Un élément central de l’économie sociale de marché réside dans les mécanismes de protection légale en droit du travail, tels que la loi sur la protection contre le licenciement (KSchG), le salaire minimum et les réglementations sur la codétermination en entreprise. Ces dispositions sont complétées par la loi sur les conventions collectives (TVG), qui protège et garantit l’autonomie des partenaires sociaux dans les négociations collectives.

Droit de la sécurité sociale

L’économie sociale de marché s’appuie essentiellement sur le droit de la sécurité sociale, qui englobe des piliers fondamentaux comme l’assurance retraite, l’assurance chômage, l’assurance maladie, l’assurance dépendance et l’assurance accidents. Ce domaine juridique constitue la composante sociale centrale de l’ordre économique et sert à la protection sociale de la population.

Droit de régulation et protection des consommateurs

Le droit de régulation garantit la supervision et la régulation de l’économie afin de protéger l’intérêt public et les acteurs du marché. Les lois de protection des consommateurs, telles que le Code civil (BGB) avec ses dispositions protectrices, la loi sur la sécurité des produits (ProdSG) et la loi sur le droit de rétractation des contrats de consommation, sont des éléments clés de l’économie sociale de marché.

Organisation institutionnelle

Supervision de l’État et autorités de régulation

L’économie sociale de marché est contrôlée et régulée par des autorités spécialisées. Parmi les institutions les plus importantes figurent l’Office fédéral des cartels, l’Autorité fédérale de supervision financière (BaFin), l’Agence fédérale des réseaux et l’Office central fédéral pour la protection des consommateurs. Celles-ci garantissent le respect des prescriptions légales, la protection de la concurrence et la stabilité du système économique et financier.

Autonomie tarifaire et codétermination

L’autonomie tarifaire institutionnalisée est un pilier essentiel de l’économie sociale de marché. Elle est garantie juridiquement par le droit fondamental à la liberté de coalition (art. 9 al. 3 GG) et assure la liberté d’action des syndicats et des associations patronales. La codétermination en entreprise est également réglementée légalement, par exemple par la loi sur la constitution des entreprises (BetrVG) et la loi sur la codétermination (MitbestG).

Jurisprudence et dogmatique

Développement par les tribunaux

L’interprétation et le développement de l’économie sociale de marché sont principalement assurés par la jurisprudence, notamment par la Cour constitutionnelle fédérale, la Cour fédérale du travail et la Cour fédérale sociale. L’interprétation des principes de l’État social et de leur concrétisation légale relève essentiellement de la jurisprudence constitutionnelle, en particulier s’agissant de la protection de la propriété et de l’équilibre entre la liberté entrepreneuriale et les obligations au service de l’intérêt général.

Appréciation critique et défis actuels

Adaptation au changement

L’économie sociale de marché est soumise à l’influence de transformations sociales et économiques, telles que la mondialisation, la numérisation et le changement démographique. L’adaptation du cadre juridique fait l’objet de discussions politiques et sociétales permanentes, notamment en ce qui concerne les mécanismes de compensation sociale et le degré de régulation du marché.

Européanisation et influences internationales

L’intégration croissante au niveau européen et international entraîne une superposition des législations nationales avec les directives européennes et les accords internationaux. Les domaines tels que le droit de la concurrence, la passation des marchés publics et la régulation bancaire reposent de plus en plus sur des fondements juridiques propres à la communauté.

Résumé

L’économie sociale de marché est un modèle économique complexe, réglementé de manière exhaustive par le droit. Elle allie des principes de marché à une responsabilité sociale et à la justice institutionnalisées juridiquement. Ses fondements juridiques résultent essentiellement de la Loi fondamentale, de nombreuses lois économiques, sociales et du travail, ainsi que de la jurisprudence qui s’y rapporte. En tant qu’ordre économique et social fondamental, elle fait l’objet d’ajustements législatifs et de débats sociétaux continus.

Questions fréquemment posées

Quelles bases légales déterminent la structuration de l’économie sociale de marché en Allemagne ?

Les principes juridiques de l’économie sociale de marché en Allemagne sont avant tout ancrés dans la Loi fondamentale (GG). Le rôle central revient à l’article 20, alinéa 1 GG, qui désigne la République fédérale d’Allemagne comme un État fédéral démocratique et social. D’autres normes constitutionnelles importantes sont l’article 14 GG (propriété, droit de succession, expropriation) et l’article 15 GG (socialisation). Le cadre constitutionnel est complété par de nombreuses lois ordinaires, telles que la loi contre les restrictions de concurrence (GWB) pour la protection de la concurrence, le Code de la sécurité sociale (SGB) comme cadre de l’assurance sociale, ainsi que le Code civil (BGB) pour les relations contractuelles privées. La loi sur la constitution des entreprises (BetrVG) et la loi sur les conventions collectives (TVG) règlent également la codétermination et l’autonomie tarifaire en tant qu’éléments sociaux. De plus, le droit européen, avec ses règles relatives au marché intérieur et à la politique de concurrence, complète l’ordre de l’économie sociale de marché en Allemagne.

Comment le droit protège-t-il la concurrence en tant qu’élément fondamental de l’économie sociale de marché ?

La protection de la concurrence est un élément juridique central de l’économie sociale de marché, assurée principalement par la loi contre les restrictions de concurrence (GWB), également appelée « loi antitrust ». Le GWB interdit les cartels (§ 1 GWB), l’exploitation abusive d’une position dominante (§ 19 GWB) et contrôle les fusions d’entreprises (§§ 35 et suivants GWB). Le contrôle et l’application sont accomplis par l’Office fédéral des cartels ainsi que par la Commission européenne conformément aux articles 101 et 102 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Les pratiques commerciales déloyales sont sanctionnées par la loi contre la concurrence déloyale (UWG). Ces prescriptions juridiques empêchent la formation de monopoles, protègent les petits acteurs du marché et garantissent la libre formation des prix, élément clé de l’économie sociale de marché.

Quelle est la signification des prescriptions de droit du travail pour l’économie sociale de marché ?

Les dispositions du droit du travail sont des éléments fondamentaux de l’économie sociale de marché. Elles régulent la relation entre employeurs et salariés et protègent les travailleurs. Parmi les réglementations clés figurent la loi sur la constitution des entreprises (BetrVG), la loi sur la codétermination, la loi sur les conventions collectives (TVG), la loi sur la protection contre le licenciement (KSchG), la loi sur le temps de travail (ArbZG), la loi sur le travail à temps partiel et les contrats à durée déterminée (TzBfG) et la loi sur le salaire minimum (MiLoG). Ces lois assurent l’autonomie tarifaire, permettent la codétermination en entreprise, garantissent une protection minimale en cas de licenciement et fixent des standards minimaux légaux en matière de salaires, temps de travail et conditions de travail. Ce cadre juridique crée un équilibre social entre les intérêts économiques et la protection sociale des travailleurs.

Comment le principe de l’État social est-il juridiquement mis en œuvre et garanti ?

Le principe de l’État social est ancré à l’article 20, alinéa 1, et à l’article 28, alinéa 1 GG, et oblige l’État à assurer la sécurité sociale et la justice sociale. Sa mise en œuvre concrète repose sur un système complet de sécurité sociale, notamment le Code de la sécurité sociale (SGB), qui réglemente de manière détaillée les domaines juridiques comme la promotion de l’emploi, l’assurance maladie, l’assurance retraite, l’assurance accidents, la dépendance, l’aide sociale et le minimum vital pour les demandeurs d’emploi. Les institutions étatiques (par exemple, l’agence fédérale pour l’emploi, les organismes d’assurance sociale légale) sont responsables de garantir l’exécution concrète des droits individuels à prestations sociales. Sur le plan constitutionnel, toute intervention sociale doit respecter le principe de proportionnalité ainsi que la protection des autres droits fondamentaux, notamment le droit de propriété. La jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale précise régulièrement les exigences du principe de l’État social, notamment concernant le « minimum vital ».

Comment la garantie de la propriété et l’obligation sociale de la propriété sont-elles juridiquement organisées ?

La garantie de la propriété est régie par l’article 14 GG. L’alinéa 1 protège la propriété en tant que droit fondamental individuel, tandis que l’alinéa 2 précise que la propriété oblige et que son usage doit servir en même temps le bien commun. Concrètement, cela signifie que des réglementations légales, par exemple dans le droit du bail ou le droit de l’environnement, sont autorisées afin de garantir un usage socialement responsable de la propriété. Les expropriations sont possibles selon l’alinéa 3 sur une base légale et contre indemnisation. La frontière entre protection de la propriété et obligation sociale fait souvent l’objet d’un contrôle constitutionnel, en particulier pour les mesures comme le plafonnement des loyers, les dispositifs de préservation sociale ou les obligations légales liées au service public.

Quel rôle joue le droit européen pour l’économie sociale de marché en Allemagne ?

Le droit européen influe de manière significative sur la politique sociale et économique nationale. Les traités de l’UE, notamment le Traité sur l’Union européenne (TUE) et le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), fixent le cadre pour la concurrence, la libre circulation des travailleurs, la liberté de prestation de services et l’harmonisation de la protection des consommateurs et des standards sociaux. Les exigences et directives européennes doivent être transposées dans le droit national et priment, en cas de conflit, sur le droit allemand (principe de primauté d’application). Dans les domaines du contrôle des aides d’État, du droit antitrust et des marchés publics, il existe des réglementations européennes strictes. Le principe de l’État social demeure cependant en premier lieu une question nationale, mais des standards minimums à l’échelle de l’UE (par exemple pour le temps de travail, la protection contre la discrimination) et la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) contribuent à une harmonisation.

Dans quelle mesure les interventions étatiques sur le marché peuvent-elles être juridiquement légitimées et limitées dans le cadre de l’économie sociale de marché ?

Les interventions de l’État sur le marché, telles que les subventions, les réglementations ou la fixation des prix, ne sont permises dans l’économie sociale de marché que dans la mesure où elles servent à l’équilibre des intérêts sociaux ou à la protection des biens collectifs (« biens publics ») et reposent sur une base légale. La Loi fondamentale fixe des limites strictes dans le cadre de l’ordre économique constitutionnel : les mesures étatiques doivent respecter le principe de proportionnalité, être compatibles avec le principe d’égalité et se conformer aux exigences de l’État social et de droit. La concurrence ne doit pas être restreinte sans raison suffisante ; des contrôles pour éviter les abus, tels que prévus dans la législation antitrust, sont obligatoires. Par ailleurs, le droit européen, notamment le contrôle des aides d’État par l’UE, impose une limitation supplémentaire des interventions étatiques au profit d’un marché fonctionnel.

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