Lexique juridique

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Économie de marché

Fondements de l’économie de marché

L’économie de marché est un principe d’organisation économique et juridique dans lequel la production et la distribution des biens ainsi que l’allocation des ressources sont essentiellement déterminées par l’offre et la demande sur des marchés libres. Elle constitue le modèle opposé à l’économie planifiée centralisée et repose sur la prise de décision décentralisée, la protection de la propriété individuelle ainsi que la liberté contractuelle. L’organisation juridique de l’économie de marché est codifiée dans de nombreux textes nationaux et internationaux.


Bases juridiques de l’économie de marché

Cadre économique dans la Loi fondamentale

La Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne constitue la base constitutionnelle de l’économie sociale de marché. Les normes de protection constitutionnelles telles que la garantie de la propriété privée (art. 14 GG), la liberté professionnelle (art. 12 GG) et la liberté de concurrence assurent le cadre d’une économie de marché fonctionnelle.

Protection de la propriété

La protection de la propriété privée (art. 14, al. 1 GG) garantit à chacun le droit d’agir économiquement avec ses biens. Les restrictions ne sont autorisées que sur la base d’une loi et dans l’intérêt général. Cela garantit légalement la condition centrale pour l’activité économique de marché.

Liberté contractuelle

La liberté contractuelle, expression de l’autonomie privée, est un principe structurel central de l’économie de marché. Elle permet aux acteurs du marché de décider en principe librement du contenu, de la conclusion et de la résiliation des contrats (§ 311 BGB, §§ 145 sqq. BGB). Les interventions de l’État n’ont lieu que pour protéger des intérêts généraux supérieurs ou des parties méritant protection, comme par exemple en droit de la consommation.


Ordre juridique de la concurrence

Loi contre les restrictions de la concurrence (GWB)

La GWB est la loi centrale pour la garantie de la concurrence en Allemagne. Elle vise à empêcher les abus de pouvoir et les processus de concentration indésirables. L’interdiction des ententes (§ 1 GWB) prohibe les accords anti-concurrentiels entre entreprises. Par ailleurs, la GWB réglemente le contrôle des concentrations d’entreprises et la lutte contre les abus de position dominante.

Prescriptions de droit européen

Le droit de l’Union européenne favorise également l’économie de marché. Les articles 101 et suivants du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) contiennent des dispositions pour la protection de la concurrence, la prévention des ententes et le contrôle des concentrations. L’application se fait aussi bien par les autorités nationales comme l’Office fédéral des cartels que par la Commission européenne.


Réglementation et législation-cadre

Droit des activités commerciales et réglementations en matière d’autorisation

Dans l’économie de marché, il existe en principe une liberté d’exercice d’activité commerciale, c’est-à-dire la liberté d’entreprendre et d’exercer une activité économique indépendante (art. 12 GG, § 1 GewO). Les restrictions ont lieu pour préserver des intérêts communautaires importants, par exemple par des conditions d’autorisation, des limitations à l’accès aux professions ou des obligations de permis.

Surveillance publique et autorités de régulation

Pour certains secteurs économiques (par ex. télécommunications, énergie, finance), il existe des autorités de régulation spécifiques qui interviennent souverainement pour garantir des marchés fonctionnels et prévenir l’échec du marché. Leur action est juridiquement encadrée par des lois sectorielles appropriées (p. ex. Loi sur l’énergie, Loi sur les télécommunications, Loi sur la supervision des services financiers).


Protection des consommateurs

Prescriptions du droit de la consommation

Pour compenser les asymétries de pouvoir existant dans l’économie de marché entre offreurs et demandeurs, un vaste cadre juridique de protection des consommateurs existe. Les règles les plus importantes sont fixées dans le Code civil (BGB), dans la Loi contre la concurrence déloyale (UWG) ainsi que dans des lois spéciales sur la protection des consommateurs telles que le droit d’information sur les prix ou le droit de rétractation.

Obligations d’information et de transparence

Les transactions dans l’économie de marché reposent sur le principe de la décision informée. Les obligations légales d’information visent à garantir que les consommateurs reçoivent des informations suffisantes et compréhensibles pour leurs décisions d’achat (par ex. selon § 312d BGB, UWG, Ordonnance sur l’indication des prix).


Économie sociale de marché et principe social

L’organisation de l’économie de marché en Allemagne se fait en lien avec le principe de l’État social (art. 20, al. 1 GG). La dite économie sociale de marché associe un cadre concurrentiel à des mesures de compensation sociale (par ex. l’assurance sociale, la promotion de l’emploi, la protection du locataire). L’objectif est d’atténuer les risques et conséquences sociales d’une économie de marché libre sans supprimer les mécanismes du marché.


Intégration internationale et droit commercial

Libre-échange et accords multilatéraux

L’économie de marché dépend du libre-échange international et de marchés ouverts. La participation à des accords multilatéraux (par ex. Organisation mondiale du commerce, OMC) et l’intégration dans le marché intérieur européen conduisent à l’harmonisation de nombreuses bases juridiques, notamment en droit douanier et commercial.

Accords de protection des investissements

Afin de sécuriser les investissements à l’étranger, il existe des accords de protection des investissements bilatéraux et multilatéraux. Ceux-ci offrent aux entreprises une sécurité juridique et les protègent contre l’expropriation ou la discrimination dans les relations économiques internationales.


Résumé

L’économie de marché se caractérise par un cadre juridique étendu qui garantit son fonctionnement, protège les intérêts de tous les acteurs du marché et intègre des mécanismes d’ajustement social. Les interventions de l’État constituent un correctif nécessaire pour assurer un système économique efficace, social et axé sur la concurrence. Les bases juridiques sont fixées dans la Loi fondamentale, dans des dispositions législatives spéciales, ainsi qu’en droit économique européen et international, et font l’objet d’une adaptation constante aux évolutions économiques, technologiques et sociales.

Questions fréquemment posées

Comment est organisé le cadre juridique de l’économie de marché en Allemagne ?

Le cadre juridique de l’économie de marché en Allemagne est essentiellement déterminé par la Loi fondamentale et diverses lois spéciales. La Loi fondamentale garantit à l’article 14 le droit de propriété et protège la liberté d’entreprendre, considérée comme faisant partie de la ‘constitution économique’. Par ailleurs, la clause de l’État social (art. 20, 28 GG) institue une obligation de configuration sociale de l’économie de marché. Le Code civil (BGB) régit les relations contractuelles civiles, tandis que le Code de commerce (HGB) fixe les conditions spécifiques aux commerçants et sociétés commerciales. Sont également importants la Loi contre les restrictions de la concurrence (GWB), qui englobe le droit des cartels et prévient les abus de marché et de pouvoir de marché, ainsi que la Loi contre la concurrence déloyale (UWG), qui garantit un cadre juridique à la concurrence loyale. D’autres réglementations pertinentes se trouvent en droit du travail, en droit fiscal et en droit des sociétés. S’ajoutent des prescriptions de droit européen, notamment à travers les libertés fondamentales du marché intérieur et le droit européen des cartels, qui produisent des effets directs en Allemagne. La coordination de ces normes assure que la liberté du marché est toujours liée à des mécanismes de protection sociale et de concurrence.

Quelles sont les restrictions juridiques applicables aux acteurs du marché dans l’économie de marché ?

Les acteurs du marché sont soumis à une multitude de restrictions juridiques destinées à garantir le respect des règles du marché. Sont particulièrement pertinentes les limitations en droit de la concurrence, telles que l’interdiction des ententes tarifaires, des comportements dominants et des monopoles (réglementées dans la GWB et le droit européen des cartels). En droit de la consommation, des règles existent concernant la sécurité des produits, la garantie et les obligations d’information (notamment selon le BGB et la Loi sur la responsabilité des produits). Le droit du travail impose des normes minimales sur le temps de travail, la protection au travail, la protection contre le licenciement et la codétermination. La réglementation sur la protection des données limite la collecte et l’utilisation des données à caractère personnel dans le contexte économique (notamment selon le RGPD et la Loi fédérale sur la protection des données). S’y ajoutent des obligations fiscales et environnementales. Les entreprises doivent, par exemple, calculer et verser correctement les impôts et respecter les réglementations environnementales lors de leur fonctionnement et de leur production. Ces restrictions servent à protéger les acteurs économiques plus vulnérables, favorisent une concurrence loyale et contribuent à l’acceptation sociale de l’économie de marché.

Quand l’État intervient-il dans l’économie de marché conformément aux dispositions juridiques ?

L’État intervient dans l’économie de marché conformément aux dispositions légales dès lors qu’une défaillance du marché ou des perturbations importantes de l’ordre du marché menacent ou existent déjà. Les raisons typiques sont : restrictions de la concurrence, dommages environnementaux, pénuries d’approvisionnement ou insuffisance des services publics essentiels. Les bases légales pour de telles interventions se trouvent notamment dans la GWB (contrôle des cartels, contrôle des fusions), la Loi sur l’énergie (régulation de l’approvisionnement) et la réglementation sur les prix publics. En cas de crises existentielles, la Loi sur les infractions économiques ou la Loi sur le commerce extérieur s’appliquent, par exemple pour assurer l’approvisionnement. Les corrections en rapport avec l’État social s’effectuent sur la base du Code de la sécurité sociale (SGB), notamment via des prestations de transfert et des réglementations dans les marchés du logement et de la santé. Le droit budgétaire permet également à l’État d’agir par le biais de subventions ou d’interventions fiscales. Ces interventions sont en principe soumises au principe de proportionnalité et doivent respecter la liberté économique protégée par la Constitution.

Quel rôle jouent la liberté contractuelle et ses limites juridiques dans l’économie de marché ?

La liberté contractuelle est considérée comme une caractéristique centrale de l’économie de marché : elle désigne le droit des acteurs du marché de conclure, de façonner ou de refuser des contrats à leur discrétion. Cette liberté est cependant légalement limitée pour éviter les abus et injustices. Ainsi, certains contenus contractuels sont interdits (par exemple, les contrats contraires aux bonnes mœurs ou à la loi selon § 134, § 138 BGB). Des dispositions de protection des consommateurs limitent également cette liberté en faveur des particuliers, comme les droits de rétractation dans la vente à distance ou le droit des CGV qui interdit les clauses surprenantes ou désavantageuses. Le droit du bail et le droit du travail contiennent d’autres règles de protection. En droit de la concurrence, l’interdiction des ententes limite certaines formes de coopération entre entreprises. Toutes ces prescriptions résultent de l’action du législateur pour maintenir l’équilibre entre économie de marché libre et fonction sociale de protection.

Comment le droit protège-t-il la concurrence au sein de l’économie de marché ?

Le droit protège la concurrence par une multitude de normes, fixées notamment dans la Loi contre les restrictions de la concurrence (GWB) et la Loi contre la concurrence déloyale (UWG). La GWB interdit les accords anticoncurrentiels (tels que les ententes tarifaires ou le partage de marchés), l’abus de pouvoir de marché et contrôle les fusions au-delà d’une certaine importance économique (contrôle des concentrations). Le droit de la commande publique et le droit des aides d’État (state aid) évitent également les distorsions causées par des avantages publics injustifiés. L’UWG s’applique notamment en cas de pratiques commerciales trompeuses, déloyales ou agressives, telles que la tromperie ou la dénigration de concurrents. La mise en œuvre est assurée à la fois par des autorités de surveillance spécialisées (par exemple l’Office fédéral des cartels) et par les juridictions ordinaires. Au niveau européen, la Commission européenne surveille le respect du droit de la concurrence pour les situations transfrontalières.

Quelles sont les dispositions légales relatives à l’organisation sociale dans l’économie de marché ?

De nombreux instruments juridiques existent en Allemagne pour garantir l’organisation sociale de l’économie de marché, principalement au bénéfice des salariés et des personnes vulnérables. Cela comprend le droit du travail étendu (protection contre le licenciement, salaire minimum, protection de la maternité, loi sur le temps de travail) qui fixe des standards sociaux minimaux. Le Code de la sécurité sociale (SGB) régit les assurances sociales (maladie, retraite, dépendance, chômage et accident) et d’autres dispositifs de protection sociale. Le droit du bail protège les locataires contre des augmentations de loyer inappropriées ou des expulsions. Il existe en outre des prescriptions pour la politique familiale, l’éducation et la santé publique. Les lois anti-discrimination (notamment l’AGG, Loi générale sur l’égalité de traitement) obligent aussi les acteurs du marché à ne pas discriminer et à garantir l’égalité des chances.

Dans quelle mesure les prescriptions européennes limitent-elles l’organisation nationale de l’économie de marché ?

La liberté de configuration des législateurs nationaux dans le domaine de l’économie de marché est fortement restreinte par le droit de l’UE. Les libertés fondamentales européennes (libre circulation des marchandises, des services, liberté d’établissement et de circulation des capitaux) interdisent les discriminations et restrictions non justifiées sur le marché intérieur européen. Le droit européen des cartels (art. 101 et sqq. TFUE) complète le droit national de la concurrence et le supplante en cas de conflit. En matière d’aides d’État, les mesures nationales ne peuvent être accordées que si elles sont conformes aux dispositions européennes. Pour protéger les consommateurs et les salariés, l’UE adopte des standards minimaux à transposer dans le droit national (par ex. directive sur la sécurité des produits, directive sur le temps de travail). En outre, la réglementation sur la protection des données est définie de manière déterminante par le RGPD. Cette superposition des cadres juridiques assure que l’économie de marché fonctionne selon des règles uniformes à l’échelle européenne et limite les particularismes nationaux.