Définition et bases juridiques du dumping
Als Dumping désigne en droit économique international la pratique consistant à proposer des marchandises ou des services sur un marché étranger à un prix inférieur à leur valeur normale, en particulier en deçà des coûts de production ou du prix sur le marché intérieur. Ce procédé peut viser à évincer des concurrents sur le marché d’importation ou à augmenter rapidement sa propre part de marché. Le dumping fait l’objet d’une attention particulière dans le commerce international, notamment en raison de ses effets de distorsion de la concurrence, et est réglementé par divers régimes juridiques et accords commerciaux.
Types et formes de manifestation du dumping
Dumping de prix
Le dumping de prix est la forme la plus courante de dumping et se produit lorsqu’une entreprise propose ses produits à l’étranger à un prix inférieur au prix intérieur ou aux coûts de production. L’objectif est la conquête du marché ou l’affaiblissement des autres acteurs du marché. La constatation d’un dumping se fait généralement par un calcul comparatif entre le prix d’exportation et la valeur normale dite.
Dumping social
Le dumping social fait référence à l’utilisation délibérée de normes sociales et de conditions de travail faibles afin de réduire les coûts et d’obtenir ainsi un avantage concurrentiel. Cette forme concerne souvent les conditions de travail, les salaires et les prestations sociales, et elle est particulièrement surveillée au sein du marché intérieur européen.
Dumping environnemental
On parle de dumping environnemental lorsqu’une entreprise réduit ses coûts en ne respectant pas les normes environnementales, ce qui lui permet de mettre des produits à moindre coût sur le marché. Le non-respect des prescriptions de protection de l’environnement devient ainsi un avantage concurrentiel de fait.
Réglementations internationales sur le dumping
Dispositions dans l’OMC et le GATT
La lutte contre le dumping est encadrée au niveau international notamment dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Selon l’article VI du GATT, le dumping est considéré comme une forme de concurrence déloyale, à laquelle il peut être opposé, sous certaines conditions, des mesures antidumping.
Mesures antidumping
Les mesures antidumping sont des instruments de protection commerciale visant à protéger l’économie nationale contre les prix étrangers jugés dommageables. La procédure d’application des droits antidumping est décrite en détail dans l’accord antidumping de l’OMC. Elle comprend notamment :
- Détermination du dumping : La comparaison du prix d’exportation avec la valeur normale (généralement le prix du bien comparable dans le pays exportateur)
- Constatation d’un dommage : Preuve que l’industrie nationale subit un préjudice significatif du fait des importations
- Lien de causalité : Le préjudice avéré doit être la conséquence directe du dumping
- Ouverture d’une enquête : Avec la participation des parties concernées et la possibilité de faire valoir leurs observations
- Imposition de droits antidumping : À titre temporaire ou permanent pour neutraliser l’effet du dumping
Réglementations au sein de l’Union européenne
L’Union européenne dispose de ses propres prescriptions pour lutter contre le dumping, fixées dans le règlement de base sur l’antidumping (Règlement (UE) 2016/1036). Celui-ci s’aligne étroitement sur les règles de l’OMC, mais prévoit des procédures et mécanismes de protection spécifiques au marché intérieur de l’UE. La Commission européenne est habilitée à ouvrir des enquêtes antidumping et, en cas de constat de dumping, à appliquer des droits définitifs ou provisoires.
Mises en œuvre nationales et particularités
La mise en œuvre des règles antidumping internationales se fait au niveau national le plus souvent par des dispositions douanières spécifiques ou par des lois sur le commerce extérieur. Les procédures concrètes varient selon chaque système national, mais doivent respecter les exigences du droit international, notamment celles de l’OMC et des autres accords commerciaux.
Évaluation juridique et procédure
Contrôle et preuve
La présence de dumping exige un examen précis des prix ainsi qu’une analyse du marché. L’élément central pour l’appréciation juridique est la détermination méthodique de la valeur normale dans le pays exportateur et l’évaluation de la question de savoir s’il y a « préjudice à l’industrie nationale ». Cette preuve du préjudice intervient tant de manière quantitative (parts de marché, capacité de production, nombre d’emplois) que qualitative (atteinte à la réputation, pression sur les prix).
Conséquences juridiques et sanctions
Si le dumping est prouvé et que les conditions légales sont réunies, les mesures de défense appropriées concernant les produits concernés peuvent être mises en place. Il peut s’agir de droits antidumping provisoires ou permanents, voire d’autres mesures restrictives. Il est également possible d’imposer une correction des prix ou d’ordonner le retrait du marché de produits illégalement bon marché.
Contentieux et voies de recours
Procédures devant les instances nationales et internationales
Les entreprises concernées, dont les importations sont frappées de droits antidumping, peuvent entreprendre des démarches juridiques contre ces décisions. Dans l’Union européenne, le recours peut se faire auprès de la Commission européenne ainsi que par une action en justice devant le Tribunal de l’Union européenne (TUE). Au niveau international, la procédure de règlement des différends de l’OMC peut également être saisie.
Garanties de protection juridique
Les prescriptions légales garantissent de vastes droits de participation et d’audition à toutes les parties concernées, y compris la possibilité de faire valoir ses observations et d’accéder aux dossiers. Entreprises et États peuvent ainsi, via des procédures formalisées, se défendre contre des mesures antidumping non justifiées.
Incidences économiques et sociétales
Le dumping peut entraîner à court terme des prix plus bas pour les consommateurs, mais à long terme produire des effets de distorsion sur le marché. Les mesures juridiques contre le dumping visent donc en priorité à protéger l’économie nationale et à préserver des conditions de concurrence équitables dans le commerce international.
Bibliographie et liens complémentaires
- OMC : Accord antidumping
- Règlement (UE) 2016/1036 : Mesures antidumping dans l’UE
- GATT 1994 : Texte et explications
- Commission européenne : Instruments de défense commerciale
Remarque : Cet article présente un aperçu complet des aspects juridiques du dumping en droit économique international. Pour plus d’informations et pour les prescriptions détaillées, il convient de se référer aux lois et règlements mentionnés.
Questions fréquemment posées
Quelles sont les bases juridiques applicables en Allemagne et dans l’UE pour les mesures contre le dumping ?
Les mesures contre le dumping sont régies en Allemagne et au niveau européen principalement par le droit de l’Union européenne, en particulier par le règlement dit antidumping (Règlement (UE) 2016/1036 relatif à la protection contre les importations à des prix de dumping en provenance de pays non membres de l’Union européenne). Ce règlement précise les conditions, la procédure, la charge de la preuve et la mise en œuvre des droits antidumping. À l’échelle nationale, la transposition et l’application de ces dispositions s’effectuent généralement à travers le droit douanier et les autorités compétentes, telles que, en Allemagne, le Ministère fédéral de l’économie et de la protection du climat et la douane allemande. La Commission européenne joue un rôle clé pour l’ouverture, la conduite et la décision des procédures antidumping. En plus du droit antidumping, il convient également de tenir compte des règles de l’OMC et du GATT (notamment l’accord antidumping de l’OMC) qui doivent être respectées en tant que fondement juridique international par les États membres de l’OMC.
Comment se déroule juridiquement une procédure antidumping ?
Une procédure antidumping est généralement enclenchée par une demande formelle d’une industrie concernée, qui doit démontrer qu’elle est victime d’un préjudice dû au dumping. La Commission européenne examine d’abord si des preuves suffisantes de la pratique de dumping, du préjudice en résultant et d’un lien de causalité existent. En cas de réponse positive, une enquête est ouverte et les parties intéressées – entreprises concernées et États membres – sont associées et entendues. Au cours de l’enquête, qui peut durer jusqu’à 15 mois, la Commission peut imposer des mesures provisoires, telles que des droits antidumping provisoires. À la clôture de l’enquête, le Conseil de l’UE, sur proposition de la Commission, décide des mesures antidumping définitives, généralement sous forme de droits antidumping temporaires. Les entreprises concernées bénéficient tout au long de la procédure de droits étendus d’audition et d’accès au dossier.
Qui supporte la charge de la preuve dans le cadre juridique pour établir l’existence du dumping et du préjudice ?
En principe, les entreprises ou associations qui initient une procédure antidumping ont la charge de prouver l’existence du dumping, d’un préjudice matériel et d’un lien de causalité entre les offres de dumping et le préjudice subi. La demande à la Commission doit donc comporter des documents détaillés, des comparaisons de prix, des calculs et une présentation de la situation économique de l’industrie de l’UE. Au cours de la procédure, les entreprises accusées de dumping peuvent également devoir apporter la preuve et argumenter : elles doivent notamment dévoiler leurs calculs de prix et, le cas échéant, justifier pourquoi leurs prix doivent être considérés comme normaux. Il revient alors à la Commission d’évaluer de façon définitive si les preuves sont suffisantes pour imposer une mesure antidumping.
Existe-t-il dans le contexte juridique des exceptions ou des exonérations aux mesures antidumping ?
Oui, le règlement antidumping de l’UE prévoit différentes exceptions et possibilités d’exonération. Ainsi, certaines entreprises ou importateurs peuvent être exemptés des mesures s’ils démontrent qu’ils n’ont pas contribué aux prix de dumping ou ont été impliqués dans la procédure sans faute de leur part. Des engagements de prix (« Price Undertakings ») peuvent également être conclus en alternative aux droits, par lesquels les entreprises s’engagent à relever leurs prix d’exportation jusqu’à un niveau jugé équitable. Ces engagements doivent être acceptés par la Commission et font l’objet d’un suivi régulier. Il est aussi possible de prendre des mesures différenciées pour certains pays ou catégories de produits. En cas de modification de la situation du marché, les mesures peuvent être réexaminées, sur demande, et éventuellement levées.
Comment peut-on se défendre juridiquement contre l’imposition de mesures antidumping ?
Les entreprises importatrices, les producteurs étrangers concernés et les opérateurs économiques établis dans l’UE ont le droit de former un recours contre l’ouverture et la conduite des procédures antidumping ainsi que contre l’imposition de mesures. Cela peut se faire dans le cadre de la procédure administrative (par exemple via des observations, auditions), mais également par des recours formels. Les décisions de la Commission européenne ou du Conseil de l’UE peuvent être contestées devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ou le Tribunal de l’Union européenne, en cas de violation des droits procéduraux ou matériels. Les États concernés peuvent également saisir l’OMC en cas de non-conformité présumée avec le droit OMC.
Les mesures antidumping sont-elles limitées dans le temps ou soumises à une révision obligatoire ?
Les mesures antidumping sont en principe limitées dans le temps et font l’objet d’une obligation de réexamen. Selon l’article 11 du règlement antidumping de l’UE, ces mesures expirent généralement après cinq ans, sauf si un réexamen (« expiry review ») est ouvert. Un tel réexamen peut être demandé s’il existe des indices que la fin des mesures entraînerait une reprise ou une continuation du dumping et un nouveau préjudice. La procédure de réexamen correspond largement à celle de l’enquête initiale. Si aucun réexamen n’est demandé ou aucun indice de préjudice supplémentaire n’est constaté, les mesures prennent automatiquement fin.
Quelles sanctions et instruments de mise en œuvre sont prévus en cas de violation des mesures antidumping ?
La mise en œuvre des mesures antidumping s’effectue principalement par la perception des droits antidumping à l’importation par les autorités douanières des États membres. En cas de violation constatée des mesures imposées, des sanctions douanières, telles que des amendes ou l’interdiction d’autres importations, peuvent être appliquées, en plus de l’exigence rétroactive des droits. Les entreprises qui ne respectent pas les engagements de prix doivent s’attendre à un rétablissement immédiat des droits antidumping. Par ailleurs, les dispositions pénales et fiscales des États membres restent applicables, de sorte qu’en cas de manquements intentionnels ou graves, des conséquences pénales sont également possibles.