Lexique juridique

Droit européen

Fondements du droit européen

Das Droit européen désigne le système juridique autonome de l’Union européenne (UE) ainsi que de la Communauté européenne de l’énergie atomique (EURATOM). Il est créé au sein des institutions de l’UE et entretient une relation particulière avec les ordres juridiques nationaux des États membres. Le droit européen comprend, en plus du droit primaire et secondaire de l’Union, des principes fondamentaux ainsi que la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Il constitue un régime juridique supranational, qui s’impose aussi bien aux États membres qu’à leurs citoyens.

Développement historique du droit européen

Le développement du droit européen a débuté avec la création des Communautés européennes dans les années 1950. Parmi les traités fondateurs les plus importants figurent le Traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA, 1951), le Traité instituant la Communauté économique européenne (CEE, 1957) ainsi que le Traité instituant EURATOM (1957). La forme actuelle du droit européen repose principalement sur le Traité de Maastricht (1992), le Traité d’Amsterdam (1997), le Traité de Nice (2001), le Traité de Lisbonne (2007) ainsi que divers traités d’amendement et de réforme.

Structure et organisation du droit européen

Droit primaire de l’Union

Das Le droit primaire constitue la base juridique de l’UE et se compose essentiellement des traités fondateurs et de leurs modifications, protocoles et annexes. Cela inclut notamment :

  • Traité sur l’Union européenne (TUE)
  • Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE)
  • Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne

Le droit primaire régit l’organisation fondamentale, les compétences des institutions et les procédures d’élaboration du droit de l’UE.

Droit secondaire de l’Union

Das Le droit secondaire découle du droit primaire et comprend l’ensemble des actes juridiques adoptés par les institutions de l’UE. Les principales catégories sont :

  • Règlements : Ils s’appliquent directement dans chaque État membre et sont obligatoires dans leur intégralité.
  • Directives : Elles lient les États membres quant au résultat à atteindre, leur laissant cependant le choix de la forme et des moyens pour la mise en œuvre nationale.
  • Décisions : Elles sont obligatoires dans toutes leurs parties ; si elles s’adressent à certains destinataires, elles ne concernent que ceux-ci.
  • Recommandations et avis : Celles-ci ne lient pas leurs destinataires.

La jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne

Un élément central du système juridique européen est la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Ses arrêts influencent de manière déterminante l’interprétation et l’évolution du droit de l’Union et créent des précédents obligatoires pour les juridictions nationales.

Rapport du droit européen au droit national

Primauté et effet direct

Le droit européen présente deux principes fondamentaux qui caractérisent sa relation avec le droit national des États membres :

  • Primauté : En cas de conflit entre le droit de l’Union et le droit national, le droit de l’Union prévaut. Cela signifie que le droit national contraire n’est pas appliqué.
  • Effet direct : Certaines dispositions du droit de l’Union peuvent conférer aux individus des droits et obligations qui peuvent être invoqués directement devant les juridictions nationales.

Harmonisation et rapprochement

L’UE dispose de compétences étendues pour la harmonisation des législations nationales dans des domaines tels que le marché intérieur, la protection des consommateurs, la concurrence, le droit de l’environnement, le droit du travail ainsi que la justice et les affaires intérieures.

Sources du droit européen

Le droit primaire

Les principales sources du droit primaire sont :

  • Traités de l’Union européenne (TUE, TFUE)
  • Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne
  • Protocoles et accords complémentaires

Le droit secondaire

Les actes juridiques du droit dérivé comprennent :

  • Règlements
  • Directives
  • Décisions
  • Recommandations et avis

Droit dérivé et soft law

Outre les actes juridiques traditionnels, il existe ce qu’on appelle le « soft law », à savoir des lignes directrices, communications et recommandations qui n’ont pas de force juridique contraignante, mais jouent un rôle politique et pratique significatif dans la mise en œuvre et l’interprétation du droit européen.

Les institutions de l’Union européenne et leurs compétences dans le processus législatif

Parlement européen

Le Parlement participe de manière déterminante à la législation et au contrôle de l’UE. Il co-décide des actes juridiques dans le cadre de la procédure législative ordinaire à égalité avec le Conseil de l’Union européenne.

Conseil de l’Union européenne

Le Conseil de l’Union européenne, appelé aussi Conseil des ministres, forme, avec le Parlement européen, l’organe législatif central. Il représente les gouvernements des États membres.

Commission européenne

La Commission dispose du droit d’initiative pour de nouveaux actes juridiques, surveille l’application du droit européen et peut, en cas d’infraction, engager des procédures contre les États membres.

Cour de justice de l’Union européenne

La CJUE garantit l’interprétation et l’application uniformes du droit de l’Union et statue notamment sur les recours en manquement et les procédures préjudicielles.

Champs d’application du droit européen

Le droit européen s’étend à de nombreux domaines de politique :

  • Marché intérieur et union douanière : Réglementations concernant la libre circulation des marchandises, services, capitaux et personnes.
  • Droit de la concurrence : Dispositions visant à protéger la concurrence au sein du marché intérieur.
  • Protection des consommateurs : Harmonisation du droit de la consommation dans les États membres.
  • Droit de l’environnement : Nombreuses directives et règlements en matière de politique environnementale.
  • Droit social et droit du travail : Élaboration d’un standard minimum commun.
  • Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) : Coordination des actions dans le domaine de la politique étrangère.
  • Justice et affaires intérieures : Règles concernant la coopération en matière de sécurité intérieure, d’asile et de migration.

Mise en œuvre et contrôle du droit européen

Procédure en manquement

La Commission peut engager une procédure en manquement contre un État membre en cas de violation du droit de l’Union. La CJUE statue de manière contraignante sur la procédure.

Procédure préjudicielle

Les juridictions nationales peuvent saisir la CJUE de questions d’interprétation du droit de l’Union dans le cadre d’une procédure préjudicielle. Ces procédures garantissent l’application uniforme du droit de l’Union dans tous les États membres.

Sanctions et astreintes

En cas de violations répétées du droit, la CJUE peut infliger des sanctions financières et des astreintes aux États membres.

Importance du droit européen

Le droit européen façonne de plus en plus l’ordre juridique national des États membres. Il garantit la réalisation des objectifs politiques, économiques et sociaux communs de l’Union. Grâce à l’ordre juridique supranational, une intégration continue voit le jour, poussée notamment par la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne.

Bibliographie et informations complémentaires

* Traité sur l’Union européenne (TUE)
* Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE)
* Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne
* Site Web de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)
* Office des publications de l’Union européenne : EUR-Lex (accès au droit de l’UE)


Remarque : Cet article offre un aperçu complet du droit européen, de sa structure fondamentale ainsi que des principales sources et domaines d’application.

Questions fréquemment posées

Quel est le rôle de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dans le système juridique de l’Union européenne ?

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), avec siège à Luxembourg, est la plus haute juridiction de l’Union européenne. Sa mission centrale consiste à assurer l’interprétation et l’application uniformes du droit de l’UE dans tous les États membres. À cet effet, la CJUE peut être saisie par différents acteurs, parmi lesquels les juridictions nationales (dans le cadre de la procédure préjudicielle selon l’article 267 TFUE), les organes de l’UE ainsi que les États membres eux-mêmes. La procédure préjudicielle est un instrument essentiel pour prévenir des interprétations divergentes du droit de l’UE par les tribunaux nationaux. La CJUE statue également sur les recours en manquement contre les États membres, les recours en annulation contre les actes des organes de l’UE et les recours en carence. Les arrêts de la CJUE lient les juridictions nationales ainsi que les organes de l’UE. Ainsi, la CJUE garantit la cohérence, l’effectivité et la primauté du droit de l’Union sur le droit national.

Que signifie le principe de primauté du droit de l’UE ?

La primauté (ou : primauté du droit de l’Union) signifie que le droit de l’Union européenne prime en principe sur le droit des États membres dès lors qu’il existe un conflit entre ce dernier et le droit de l’Union. Ceci est valable indépendamment du rang de la norme nationale, donc aussi face au droit constitutionnel, tant que le noyau de l’identité nationale n’est pas affecté. Ce principe a été principalement développé par la jurisprudence de la CJUE (notamment « Costa/ENEL », aff. 6/64) et garantit l’application uniforme et effective du droit de l’UE. Les juridictions nationales sont tenues, en cas de conflit, de laisser inappliqué le droit national concerné et d’appliquer le droit de l’Union à la place. Il ne s’agit toutefois pas d’une règle de primauté formelle, mais matérielle, car le droit national n’est pas annulé, mais seulement écarté dans le cas d’espèce.

Comment fonctionne la procédure préjudicielle selon l’article 267 TFUE ?

La procédure préjudicielle est un instrument central de coopération entre la Cour de justice de l’Union européenne et les juridictions nationales. Si, au cours d’une procédure nationale, se pose la question de l’interprétation ou de l’appréciation d’une disposition du droit de l’UE, la juridiction nationale peut, voire doit, saisir la CJUE. Les juridictions suprêmes sont tenues de formuler une question préjudicielle si celle-ci est déterminante pour la solution du litige et qu’aucune réponse n’a encore été donnée par la CJUE. Cette procédure vise à garantir une interprétation uniforme du droit de l’UE dans tous les États membres. La CJUE ne répond qu’à la question juridique soumise et ne statue pas elle-même sur le litige national. La réponse est obligatoire pour la juridiction de renvoi et, de facto, pour toutes les autres juridictions de l’UE.

Quel est le rapport entre le droit de l’UE et les constitutions nationales des États membres ?

Le rapport entre le droit de l’UE et les constitutions nationales est complexe et demeure à ce jour l’objet de débats doctrinaux et jurisprudentiels intenses. Alors que la CJUE affirme la primauté absolue du droit de l’Union, de nombreuses juridictions constitutionnelles nationales – telle la Cour constitutionnelle fédérale allemande ou le Conseil constitutionnel français – soulignent que leur propre constitution, notamment ses principes fondamentaux et son noyau identitaire, peut poser des limites au droit de l’Union. Des affaires telles que « Solange I/II » en Allemagne ou le « jugement Lisbonne » montrent que les juridictions nationales s’arrogent un droit de contrôle pour protéger les principes constitutionnels fondamentaux. En pratique, il existe cependant une large coopération entre la CJUE et les juridictions nationales, seules de graves atteintes à l’identité constitutionnelle pouvant justifier une non-application du droit de l’UE.

Comment les directives et règlements européens sont-ils transposés et appliqués dans les États membres ?

Les règlements de l’UE (art. 288 TFUE) s’appliquent directement et sont obligatoires dans tous les États membres sans qu’aucune mesure de transposition nationale ne soit nécessaire. Les États membres et les juridictions nationales doivent appliquer les règlements comme s’il s’agissait d’un droit interne, ce qui permet de créer directement des droits et obligations pour les individus et les entreprises. En revanche, les directives ne lient que pour le résultat à atteindre et laissent aux États membres le choix de la forme et des moyens. Leur mise en œuvre doit intervenir dans un délai prévu, pendant lequel les États membres réalisent les objectifs de la directive par des mesures nationales. En cas de mauvaise ou tardive transposition, les directives peuvent, sous certaines conditions (effet direct si suffisamment précises et délai de transposition expiré), conférer des droits subjectifs aux particuliers.

Quelle est l’importance de la jurisprudence de la CJUE pour le développement du droit de l’UE ?

La jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne joue un rôle fondamental dans l’origine, l’évolution et l’unification du droit de l’UE. De nombreux principes fondamentaux, comme la primauté et l’effet direct du droit de l’Union, ont été élaborés principalement par la CJUE. Ses arrêts ont un effet de précédent pour l’interprétation et l’application aussi bien du droit dérivé que du droit primaire dans tous les États membres. En outre, la CJUE précise et concrétise les notions juridiques indéterminées, comble les lacunes et contribue à l’harmonisation des pratiques nationales. Notamment grâce à la procédure préjudicielle, elle peut exercer une influence directe sur les procédures judiciaires nationales et favoriser ainsi l’intégration de l’espace juridique européen. La portée de ses décisions dépasse largement le cas d’espèce et façonne l’ensemble du cadre juridique européen.

Comment les infractions au droit de l’UE sont-elles sanctionnées ?

Les infractions au droit de l’UE peuvent être sanctionnées par différents mécanismes. La Commission européenne est à cet égard la « gardienne des traités » et peut, en cas d’infraction présumée (par exemple une transposition incorrecte de directives, le non-respect des règlements ou des cas de discrimination), déclencher une procédure formelle en manquement selon les articles 258 et suivants du TFUE contre un État membre. L’État en cause dispose alors d’un délai pour présenter sa défense. Si l’infraction persiste, la Commission peut saisir la CJUE. Celle-ci peut alors condamner l’État et, en cas de récidive, infliger des astreintes. Par ailleurs, il est également possible d’intenter des recours directs contre des institutions de l’UE (par exemple, recours en annulation) et les particuliers peuvent, sous certaines conditions, invoquer directement le droit de l’UE devant les tribunaux nationaux (notamment via l’effet direct).

Quels instruments permettent de garantir juridiquement le marché intérieur de l’UE ?

Différents instruments sont utilisés pour garantir juridiquement le marché intérieur. Le droit primaire (notamment les quatre libertés fondamentales de circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux, art. 26, 28 et suivants TFUE) en forme la base. Le droit dérivé (règlements, directives et décisions) concrétise ces libertés et les traduit en normes uniformes. Les instruments essentiels comprennent les directives d’harmonisation, qui lèvent les barrières techniques et administratives, ainsi que les règlements, qui s’appliquent immédiatement. L’exécution est assurée par la Commission, la CJUE et les juridictions nationales. Parmi les mesures complémentaires figurent la reconnaissance mutuelle, la procédure de notification pour les réglementations techniques, ainsi que le contrôle des aides d’État et des ententes, qui sont autant de garants juridiques centraux du fonctionnement et de l’intégrité du marché intérieur.