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Droit de la sécurité

Notion et principes fondamentaux du droit de la sécurité

Le droit de la sécurité constitue un domaine central du droit public, qui fixe les bases juridiques et les dispositions applicables aux mesures visant au maintien de la sécurité et de l’ordre publics. Il a pour objet la protection des intérêts fondamentaux de la collectivité contre les dangers et les troubles et détermine les compétences, pouvoirs ainsi que les limites de l’action de l’État et des collectivités territoriales dans le domaine de la prévention des dangers. Ce domaine est étroitement lié au droit de l’ordre public, au droit de la police ainsi qu’au droit de la prévention des dangers, et trouve ses principales réglementations tant dans le droit fédéral que dans le droit des Länder.

Évolution historique du droit de la sécurité

Les origines du droit de la sécurité remontent au Moyen Âge, où il était initialement compris sous la notion de « police d’ordre ». Avec l’apparition d’une administration moderne et le développement des structures étatiques, une législation différenciée s’est peu à peu mise en place, dotant différents organismes publics de missions spécifiques en matière de prévention et de lutte contre les dangers. Au plus tard à partir du XIXe siècle, le droit de la sécurité s’est affirmé comme une branche autonome de l’ordre juridique public.

Bases normatives

Ancrage constitutionnel

Le droit de la sécurité repose sur plusieurs niveaux normatifs. Au niveau constitutionnel, il faut citer notamment les articles 1 et 2 de la Loi fondamentale (protection de la dignité humaine et de la liberté d’action générale). Les mesures de sécurité étatiques nécessitent une base légale et doivent toujours être compatibles avec les droits fondamentaux. D’autres dispositions constitutionnelles essentielles concernent l’organisation générale de l’État, dont découlent les compétences de la Fédération et des Länder.

Réglementations fédérales

En droit fédéral, la Loi fondamentale ainsi que le Code pénal (StGB), la loi sur l’Office fédéral de police criminelle (BKAG), la loi fédérale sur la police (BPolG), la loi sur les armes (WaffG), la loi sur les explosifs (SprengG) et la loi fédérale sur la protection des données (BDSG) revêtent une importance particulière.

Réglementations des Länder

En Allemagne, le droit général de la police et le droit de l’ordre public relèvent principalement de la compétence législative des Länder. Il s’agit en particulier des lois de police des différents Länder, des lois sur les autorités d’ordre public et des lois régionales spéciales sur la protection des données. Ces réglementations sont largement harmonisées quant à leur contenu et leur systématique, mais comportent néanmoins des spécificités propres à chaque Land.

Champs d’application du droit de la sécurité

Sécurité publique et ordre public

La protection de la sécurité publique comprend la protection de l’ordre juridique en vigueur, des droits subjectifs et des biens juridiques de chaque individu (tels que la vie, la santé, la liberté, la propriété) ainsi que l’importance des infrastructures fondamentales pour le bon fonctionnement de la collectivité. L’ordre public, quant à lui, englobe les règles non écrites de la vie en société dont le respect est considéré comme indispensable au maintien d’une coexistence ordonnée.

Prévention et gestion des dangers

Le droit de la sécurité vise en grande partie à la prévention des dangers, c’est-à-dire qu’il intervient avant qu’un bien juridique ne soit atteint, dès lors qu’un danger concret est identifié. Par ailleurs, la prévoyance en matière de dangers prend de l’importance. Elle concerne les mesures destinées à empêcher dès l’origine les perturbations ou dommages, par exemple par des analyses de risques, des prescriptions ou des dispositifs de surveillance.

Clauses générales policières et administratives

Une particularité du droit allemand de la sécurité réside dans les dites clauses générales prévues par les lois de police et les lois sur les autorités d’ordre public, qui offrent aux autorités des moyens juridiques pour prévenir les dangers, en l’absence de dispositions légales spéciales.

Compétences et pouvoirs

Police et autorités d’ordre public

Selon les Länder, différentes autorités sont compétentes pour garantir la sécurité et l’ordre publics. Cela concerne d’une part la police, chargée de la prévention et de la lutte contre les dangers ainsi que de la poursuite des infractions. À cela s’ajoutent les autorités d’ordre public, qui s’occupent en particulier des missions relevant de l’ordre public.

Mesures et formes d’action

Les mesures administratives relevant du droit de la sécurité s’étendent des interdictions de séjour ou d’accès, aux saisies et confiscations, jusqu’aux mesures privatives de liberté comme le placement en garde à vue ou les perquisitions. La mise en œuvre de ces interventions obéit toujours au principe de proportionnalité, c’est-à-dire qu’une mesure doit être appropriée, nécessaire et proportionnée.

Mesures préventives et répressives

Dans le droit de la sécurité, on distingue l’action policière préventive (prévention des dangers) de l’action policière répressive (poursuite des infractions). Les mesures préventives visent à prévenir ou éliminer des dangers, tandis que les mesures répressives sont d’ordre pénal-procédural.

Protection juridique et contrôle

Contrôle administratif et protection juridictionnelle

Les mesures prises dans le domaine du droit de la sécurité sont soumises au contrôle des juridictions administratives. Les personnes concernées peuvent obtenir une protection juridique provisoire ou totale contre les décisions administratives. Un intérêt particulier est accordé au contrôle juridictionnel du principe de proportionnalité et à la préservation des droits fondamentaux des personnes concernées.

Protection des données et surveillance

Le droit de la sécurité est étroitement lié aux questions relevant de la protection des données, notamment lors des enquêtes policières, des mesures de surveillance et du traitement de données à caractère personnel. Les dispositions légales en matière de protection des données au niveau fédéral et au niveau des Länder déterminent dans quelles conditions les données personnelles peuvent être collectées, enregistrées et traitées.

Enjeux internationaux et européens

Le droit de la sécurité est aujourd’hui largement influencé par des normes européennes et internationales. L’Union européenne fixe notamment des standards dans le domaine de la sécurité intérieure, du contrôle des frontières, de la lutte contre le terrorisme et de la coopération entre autorités de sécurité, au moyen de règlements et de directives. Des accords internationaux, tels que la Convention de Schengen ou la Convention européenne des droits de l’homme, contribuent également à façonner le droit allemand de la sécurité.

Développements et défis actuels

Le droit de la sécurité est en constante évolution. De nouveaux types de menaces, tels que la cybercriminalité, le terrorisme international ou les menaces hybrides, nécessitent une adaptation permanente des bases juridiques. Parallèlement, les innovations technologiques, comme l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le secteur de la sécurité, font l’objet d’un intérêt grandissant législatif et judiciaire.

Sources et informations complémentaires

Pour une approche approfondie du droit de la sécurité, il est recommandé de consulter les textes de loi pertinents, les commentaires, les monographies et les articles spécialisés dans le domaine du droit public et de la protection des données.


Remarque : Cette contribution vise à fournir une information complète dans le cadre d’un lexique juridique et ne saurait remplacer une consultation juridique individuelle.

Questions fréquemment posées

Quelles sont les bases juridiques encadrant le droit de la sécurité en Allemagne ?

Le droit de la sécurité en Allemagne résulte d’un grand nombre de dispositions fédérales et régionales. Le texte fondamental est la Loi fondamentale, notamment en raison de ses exigences constitutionnelles de protection de la sécurité et de l’ordre publics, mais aussi les lois spéciales. Parmi les principales règles fédérales figurent, selon les Länder, la loi sur la police, la loi fédérale sur la protection de la Constitution, la loi fédérale sur la police, la loi sur les infractions administratives et le Code pénal. Ces textes sont complétés par des réglementations spécifiques des Länder, comme les lois sur la police ou les lois sur les autorités d’ordre public de chaque Land. Les normes internationales et européennes, telles que la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) et les règlements européens, prennent une importance croissante sur le droit national de la sécurité. Enfin, les directives administratives et les décrets d’application jouent un rôle particulier en fixant concrètement les procédures et compétences dans le domaine de la sécurité.

Qui est compétent pour l’application du droit de la sécurité ?

L’application du droit de la sécurité relève en premier lieu des autorités de police et des autorités d’ordre public au niveau des Länder et des communes. Ces missions exécutives sont organisées de façon fédérale, si bien que la police des Länder et la police fédérale peuvent être amenées à intervenir. La compétence dépend du cas concret : la prévention des dangers au niveau régional est assurée par les polices des Länder, tandis que la protection des infrastructures ferroviaires ou aéroportuaires, par exemple, relève de la police fédérale. Les offices d’ordre public sont également responsables de l’exécution des dispositions sur la prévention des dangers au niveau communal, comme la mise en œuvre du droit des infractions administratives ou la délivrance d’interdictions de séjour. Enfin, des autorités spécialisées comme la protection de la Constitution ou l’Office fédéral de police criminelle disposent, en vertu de lois particulières, de compétences spécifiques.

Quels sont les pouvoirs des autorités en matière de prévention des dangers ?

Les autorités disposent d’un large éventail de pouvoirs pour la protection de la sécurité et de l’ordre publics. Cela comprend notamment des mesures de prévention telles que la vérification d’identité, la fouille de personnes ou de biens, le placement en garde à vue, des interdictions de lieu ou la saisie d’objets. Ces mesures ne peuvent généralement être appliquées qu’en présence d’un danger imminent pour des biens juridiques importants et doivent respecter le principe de proportionnalité. Les pouvoirs concrets, ainsi que leurs conditions et limites, résultent des lois de police des Länder et de la loi fédérale sur la police. Il existe également des lois spéciales, portant par exemple sur la vidéosurveillance, le recours à des moyens techniques pour la surveillance des télécommunications ou la conduite de surveillances. L’exercice de ces pouvoirs est toujours subordonné au respect des limites posées par les droits fondamentaux et à des exigences procédurales strictes, notamment pour éviter toute restriction arbitraire ou disproportionnée des droits fondamentaux.

Quelle est la différence entre la prévention des dangers et la répression pénale en droit de la sécurité ?

En droit de la sécurité, il convient de distinguer strictement la prévention des dangers de la répression pénale. La prévention des dangers recouvre les mesures préventives destinées à protéger la sécurité et l’ordre publics et à prévenir ou éliminer les dangers concrets ou abstraits pour des biens juridiques importants (comme la vie, la santé, la propriété). Les autorités compétentes en la matière sont principalement la police et les autorités d’ordre public, dans le cadre de l’administration dite de police et d’ordre. La répression pénale, quant à elle, est d’ordre répressif et n’intervient qu’après la commission d’une infraction. Elle vise à l’élucidation et à la sanction des infractions, pour lesquelles le ministère public et la police sont compétents au cours de l’enquête. Alors que les critères de la prévention des dangers se fondent essentiellement sur la notion de danger concret, les mesures d’enquête pénale exigent souvent un simple soupçon, marquant ainsi la transition de la prévention à la répression.

Quel rôle jouent les droits fondamentaux en droit de la sécurité ?

Les droits fondamentaux occupent une place centrale en droit de la sécurité. L’action de l’État visant au maintien de la sécurité publique porte régulièrement atteinte aux droits fondamentaux des citoyens, en particulier à la liberté de la personne (art. 2, al. 2 de la Loi fondamentale), à l’inviolabilité du domicile (art. 13), au droit à l’autodétermination informationnelle et à la liberté de réunion (art. 8). Toute mesure de prévention nécessite donc une habilitation légale, laquelle doit elle-même être conforme aux exigences constitutionnelles (principe de la légalité et de proportionnalité). De plus, certaines mesures spécifiques, telles que la surveillance des communications électroniques ou les surveillances prolongées, sont soumises à des exigences particulièrement strictes et souvent à un contrôle judiciaire. L’influence des droits fondamentaux a pour conséquence que les lois de sécurité et leur application font l’objet d’un contrôle constant des juridictions spécialisées et du Tribunal constitutionnel fédéral.

Quels sont les recours dont disposent les personnes concernées par des mesures prises au titre du droit de la sécurité ?

Les personnes concernées par des mesures relevant du droit de la sécurité disposent de différents moyens de recours. Contre les actes administratifs (tels que l’interdiction de lieu, la garde à vue, l’ordonnance de perquisition), elles peuvent saisir les juridictions administratives par la voie d’un recours en annulation ou d’une action en injonction. Pour les mesures particulièrement urgentes, il existe la possibilité d’un référé selon le § 80 al. 5 VwGO ou le § 123 VwGO. Lorsqu’un domaine spécialement protégé par les droits fondamentaux est touché, un recours constitutionnel auprès du Tribunal constitutionnel fédéral peut également être envisagé, sous réserve de l’épuisement des voies de recours ordinaires. Il est aussi possible, dans certains cas, de s’adresser à une instance de plainte indépendante auprès de la police ou de l’autorité d’ordre public. Enfin, des droits civils, tels que la demande de dommages et intérêts ou d’injonction, peuvent être invoqués en cas de mesures illégales.

Quels sont les principaux points de conflit dans le droit de la sécurité ?

Les principaux points de conflit en droit de la sécurité résultent souvent de la tension entre l’efficacité des mesures de sécurité et la protection des libertés individuelles. Parmi les exemples figurent la vidéosurveillance dans les espaces publics, la collecte et l’utilisation de données à caractère personnel, l’organisation de manifestations ainsi que les mesures préventives telles que les obligations de pointage, les interdictions de contact ou les assignations à résidence. Ces problématiques font fréquemment l’objet de litiges devant les tribunaux, où l’interprétation et l’application du principe de proportionnalité et la détermination de la base légale applicable sont au cœur des débats. S’y ajoutent les questions de compétence entre différentes autorités de sécurité ainsi que les conséquences des prescriptions européennes sur le droit de la sécurité national, qui sont souvent source de discussions et de jurisprudence.