Notion et signification du droit constitutionnel économique
Das Droit constitutionnel économique désigne la partie du droit constitutionnel qui fixe les conditions-cadres juridiques fondamentales pour l’économie dans un État. Il règle les rapports entre l’économie et l’État, l’ordre économique ainsi que les décisions constitutionnelles fondamentales relatives à la constitution économique. Le droit constitutionnel économique constitue ainsi l’ordre fondamental constitutionnel des relations économiques et établit les principes essentiels auxquels doivent se conformer la législation et l’administration dans le domaine économique. En Allemagne, le cœur du droit constitutionnel économique se trouve notamment dans la Loi fondamentale (GG), mais il est complété par les prescriptions européennes et le droit international.
Développement historique du droit constitutionnel économique
Origine et évolution en Allemagne
Historiquement, le droit constitutionnel économique est issu du débat sur l’ordre économique à la suite de la Première Guerre mondiale. La Constitution de Weimar (WRV) de 1919 contenait pour la première fois, avec les art. 151-165 WRV, des dispositions propres au droit constitutionnel économique, visant à instaurer un ordre économique à vocation sociale. Après la Seconde Guerre mondiale et la fondation de la République fédérale d’Allemagne, le débat sur le droit constitutionnel économique a été relancé lors de la rédaction de la Loi fondamentale. Contrairement à la WRV, la Loi fondamentale ne contient pas d’articles constitutionnels économiques spécifiques, mais prévoit l’ordre économique dans les objectifs généraux de l’État, les droits fondamentaux ainsi que dans diverses dispositions particulières.
Influences du droit européen et international
Avec l’européanisation et la mondialisation croissantes, le droit constitutionnel économique national est influencé par le droit de l’Union européenne ainsi que par des obligations de droit international. Ce sont surtout les règles relatives au marché intérieur européen et aux libertés fondamentales (art. 26 et s. TFUE) qui déterminent de manière essentielle le cadre juridique en Allemagne.
Fondements constitutionnels du droit constitutionnel économique
Les principes directeurs du droit constitutionnel économique dans la Loi fondamentale
La Loi fondamentale consacre divers principes qui, ensemble, déterminent la constitution économique. Au nombre des plus importants, on compte :
1. Le principe de l’ordre économique (économie sociale de marché)
La Loi fondamentale ne fixe pas d’ordre économique concret, mais garantit, selon l’interprétation de la Cour constitutionnelle fédérale, une ouverture de principe à diverses formes d’organisation, et notamment l’« économie sociale de marché » comme modèle directeur. L’essentiel est ici l’équilibre entre la liberté économique individuelle et l’attachement social.
2. Libertés fondamentales et droits fondamentaux à portée économique
Les droits fondamentaux majeurs qui façonnent le droit constitutionnel économique sont notamment :
- Art. 12 GG : Liberté professionnelle – protège le libre choix et l’exercice de la profession, du lieu de travail et de formation
- Art. 14 GG : Garantie de la propriété – protège la propriété et l’héritage, permet l’expropriation uniquement dans l’intérêt public et moyennant indemnisation
- Art. 2 GG : Liberté générale d’action
- Art. 9 GG : Liberté d’association – y compris la liberté de coalition (syndicats et associations patronales)
- Art. 3 GG : Principe d’égalité – interdiction de discrimination et égalité de traitement, notamment dans la vie économique
3. Principe de l’État social
Le principe de l’État social, prévu à l’art. 20 al. 1 GG, oblige l’État et le législateur non seulement à protéger la liberté économique, mais aussi à assurer la justice sociale et la paix sociale. Il en découle des missions et compétences de l’État dans la vie économique, par exemple dans le domaine du service public et de l’État social.
Missions de l’État au sein du droit constitutionnel économique
Le droit constitutionnel économique règle en grande partie les rapports entre la liberté économique et l’activité économique de l’État. Les missions de l’État (art. 87 GG) comprennent notamment :
- Surveillance et encadrement du trafic économique et de la sécurisation des matières premières
- Surveillance de certains secteurs économiques (par ex. finances, énergie, télécommunications)
- Fonction de politique de l’ordre (création de conditions-cadres juridiques)
En même temps, la Loi fondamentale interdit une économie administrée de façon centralisée, telle qu’on la trouverait dans des systèmes d’économie planifiée.
Champs de régulation du droit constitutionnel économique
Ordre de la propriété et expropriation
Art. 14 GG règle l’ordre de la propriété. Selon ce principe, la propriété oblige et son usage doit servir le bien commun. Les expropriations ne sont autorisées que par une loi ou sur base légale et nécessitent une indemnisation. La Cour constitutionnelle fédérale distingue expropriation et définition du contenu ainsi que limites de la propriété.
Liberté professionnelle et liberté d’entreprise
Art. 12 GG garantit la liberté de la profession et du commerce sous réserve de la loi. Les restrictions admissibles doivent répondre aux exigences de proportionnalité et sont, en pratique, appliquées par exemple pour la prévention des dangers ou la protection de biens collectifs d’importance.
Réglementation de la concurrence
La Loi fondamentale ne pose pas de règles autonomes concernant la concurrence, mais garantit, à travers les droits constitutionnels économiques, un cadre précisé par les lois ordinaires (p. ex. GWB – Loi contre les restrictions à la concurrence). La garantie de la concurrence exprime également le principe de liberté inhérent au droit constitutionnel économique.
Obligation de la propriété et fonction sociale
L’assujettissement de la propriété au bien commun est un élément central du droit constitutionnel économique allemand. Par le biais d’obligations sociales (par ex. protection des locataires, protection de l’environnement), la propriété est fortement limitée afin d’éviter des préjudices excessifs envers autrui ou l’intérêt général.
Possibilités d’intervention de la politique économique
La Loi fondamentale accorde au législateur une marge de manœuvre importante dans la conception de l’ordre économique (p. ex. droit fiscal, politique de subventions, régulation des prix et tarifs), mais limite l’action de l’État par les droits fondamentaux et le principe de l’État social.
Entreprises publiques et activité économique de l’État
Le droit constitutionnel économique adopte une position neutre vis-à-vis des entreprises publiques, mais leur impose, par le biais de principes assurant l’égalité et des règles de concurrence, certaines limites.
Droit des marchés publics et marchés publics
Le droit des marchés publics, c’est-à-dire les règles d’attribution des marchés publics, est également influencé par le droit constitutionnel économique. Les principes de liberté de la concurrence, d’égalité de traitement et de transparence servent ici de standards.
Droit constitutionnel économique et Union européenne
Le droit constitutionnel économique allemand est en interaction constante avec le droit de l’Union européenne. Sont particulièrement pertinents :
- Les libertés fondamentales du marché intérieur (libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et liberté d’établissement)
- L’interdiction de discrimination dans le marché intérieur (art. 18 TFUE)
- Les règles européennes de la concurrence (art. 101 et s. TFUE)
Le droit constitutionnel économique national doit être conforme à ces normes supranationales.
Mécanismes de contrôle et protection juridique
La Cour constitutionnelle fédérale contrôle la législation et l’action administrative quant à leur conformité avec les normes du droit constitutionnel économique. La protection juridique contre les atteintes aux droits économiques fondamentaux s’exerce notamment via le recours constitutionnel.
Littérature et sources complémentaires
- BVerfG, jurisprudence constante sur les art. 12 et 14 GG
- Dieter Grimm : Wirtschaftsverfassung, in : von Mangoldt/Klein/Starck, Kommentar zum Grundgesetz
- Dreier, Horst : Grundgesetz-Kommentar, Band I-III
- Papier, Hans-Jürgen : Wirtschaftsverfassung und Wirtschaftsordnung im Grundgesetz
Résumé
Le droit constitutionnel économique englobe un secteur central du droit public, définissant les conditions-cadres, droits fondamentaux, principes et missions de l’État dans le domaine économique. Sont au centre la garantie de la liberté économique, la prise en compte du bien commun par le biais d’obligations sociales, ainsi que les possibilités d’intervention de la politique économique et l’intégration dans l’ordre juridique de l’Union européenne. Le droit constitutionnel économique fait l’objet d’une évolution permanente et d’adaptations aux changements sociaux, politiques et internationaux, ce qui en fait un élément essentiel de l’ordre économique et juridique en Allemagne.
Questions fréquemment posées
Que signifie la garantie de la liberté professionnelle en droit constitutionnel économique et quelles restrictions sont autorisées ?
La liberté professionnelle est garantie en droit constitutionnel économique allemand par l’art. 12 al. 1 GG à valeur de droit fondamental. Elle protège le libre choix et l’exercice de la profession, du lieu de travail et de formation contre les interventions étatiques. Le droit fondamental vise essentiellement les interdictions, restrictions d’accès ou réglementations qui compliquent ou empêchent une activité professionnelle. L’accès à certains postes ou une garantie de carrière ne sont pas protégés. Les restrictions à la liberté professionnelle ne sont possibles que sur base légale et doivent répondre au principe de proportionnalité. Selon la théorie des trois degrés de la Cour constitutionnelle fédérale, les atteintes sont justifiées avec une sévérité variable : les règlements relatifs à l’exercice professionnel sont les plus faciles à autoriser, les limitations d’accès fondées sur des critères subjectifs nécessitent des motifs importants, tandis que les limitations objectives d’accès ne sont admissibles que pour la protection de biens collectifs d’intérêt supérieur. Les prescriptions européennes, notamment la liberté de prestation de services, doivent également être prises en compte. Si les règles étatiques contreviennent à ces exigences, elles sont inconstitutionnelles.
Quel rôle joue la garantie de la propriété selon l’art. 14 GG en droit constitutionnel économique ?
En droit constitutionnel économique, la garantie de la propriété prévue à l’art. 14 GG occupe une place centrale, car elle structure les bases juridiques de l’économie et protège l’intérêt patrimonial individuel. Elle garantit en principe le respect de l’existant (garantie de l’existant) et assure non seulement l’acquisition, mais aussi l’utilisation et la disposition de la propriété – la notion de « propriété » englobant non seulement les biens matériels, mais aussi les droits et entreprises. Les atteintes de l’État à la garantie de propriété ne sont admises que sous forme de déterminations du contenu et de restrictions, à condition qu’elles servent le bien commun et reposent sur une base légale. Les expropriations doivent en outre être prévues par une loi spéciale, assorties d’une indemnisation et n’avoir lieu que dans l’intérêt général. Pour la pratique du droit constitutionnel économique, la distinction entre restrictions admissibles et ingérences assimilables à une expropriation revêt une importance particulière. Si une réglementation franchit le seuil de l’expropriation, des droits à indemnisation naissent ; en deçà, une telle prétention est en principe exclue.
De quelle manière le principe de la liberté de la concurrence influe-t-il sur l’ordre économique ?
La liberté de la concurrence constitue un modèle constitutionnel essentiel de l’ordre économique et découle principalement de la protection de la liberté professionnelle (art. 12 GG), de la propriété (art. 14 GG) et du principe d’égalité (art. 3 GG). Elle exclut en principe les mesures de l’État qui monopoliseraient, discrimineraient ou restreindraient la concurrence libre. Ce principe est précisé dans la législation ordinaire à travers la Loi contre les restrictions à la concurrence (GWB) et les règles européennes de concurrence (notamment l’art. 101, 102 TFUE). Le principe de la concurrence exige que l’État ne puisse intervenir sur le marché que si cela est nécessaire pour compenser une défaillance de marché ou protéger des biens collectifs d’importance supérieure. Ce principe acquiert une importance particulière en matière d’attribution de marchés publics, de réglementation des monopoles et de privatisation d’anciennes fonctions publiques. Cependant, la protection des concurrents dans les relations de droit privé ne découle pas directement de la protection des droits fondamentaux ; le principe de la concurrence a principalement un effet à l’égard de la puissance publique.
Quel est le rôle de l’État en tant qu’acteur économique dans le cadre du droit constitutionnel économique ?
Le principe d’organisation du droit constitutionnel économique suit le principe de subsidiarité de l’activité économique étatique. L’État et les collectivités territoriales ne sont pas libres de toute contrainte dans leur activité économique, mais sont soumis à l’obligation de servir l’intérêt général et à la prééminence du secteur privé (« administration économique à titre exceptionnel »). Cela découle d’une lecture combinée des art. 12, 14 et 3 GG ainsi que du principe démocratique (art. 20 GG). Cela se traduit, notamment, par l’obligation de justifier la création d’entreprises publiques selon l’art. 87 al. 1 GG, la séparation entre fonctions régaliennes et activités économiques, ainsi que l’obligation de prendre en considération le droit européen, en particulier les règles relatives aux aides d’État et à la passation de marchés publics. L’État ne peut dès lors n’exercer une activité économique que là où la satisfaction d’intérêts généraux ne peut suffisamment être assurée par le secteur privé.
Quelle est la portée du principe d’État social dans le cadre du droit constitutionnel économique ?
Le principe d’État social, ancré aux art. 20 al. 1 et 28 al. 1 GG, prescrit en tant que principe structurel que l’économie ne saurait être entièrement laissée au libre jeu du marché. Il oblige l’État à instaurer au sein de l’ordre économique des règles d’équilibre social garantissant la participation sociale, les services d’intérêt général et l’égalité des chances. Ce principe justifie, en droit constitutionnel économique, l’introduction de mécanismes de protection sociale, notamment en droit du travail, locatif ou via les services publics. Il limite également le droit de propriété et la liberté professionnelle, puisqu’il faut toujours tenir compte de la fonction sociale. La façon concrète d’organiser les prestations et interventions sociales relève du pouvoir d’appréciation du législateur, mais demeure soumise au principe de proportionnalité.
Quel est le rapport entre le droit constitutionnel économique allemand et le droit économique européen ?
La relation est marquée par une interaction réciproque étroite. Le droit constitutionnel économique allemand est largement influencé et limité par le droit de l’Union, en particulier les libertés fondamentales (libre circulation des marchandises, des personnes, des services, des capitaux) et le droit de la concurrence (art. 101 et s. TFUE). Les lois et actes administratifs nationaux ne doivent pas contrevenir à la primauté, à l’effet direct et à la priorité d’application du droit de l’Union. Pour éviter les conflits, les dispositions nationales doivent en principe être interprétées conformément au droit de l’UE ou, le cas échéant, ne pas être appliquées. Cela signifie pour le droit constitutionnel économique que les restrictions nationales à la concurrence, à la liberté professionnelle ou à la propriété doivent également être mesurées à l’aune des normes européennes et font l’objet d’un double contrôle.
Dans quelle mesure le droit constitutionnel économique allemand autorise-t-il la régulation des prix par l’État ?
La régulation des prix par l’État n’est autorisée qu’à titre exceptionnel dans le droit constitutionnel économique, car il s’agit d’une atteinte importante à la liberté d’entreprise privée, notamment à la liberté contractuelle et à la garantie de la propriété (art. 2, 14 GG). Les prescriptions de prix ne sont justifiées que lorsqu’elles servent à protéger des biens collectifs majeurs – par exemple la sécurité d’approvisionnement dans le secteur de l’énergie, la protection des consommateurs contre des pratiques monopolistiques, ou en cas d’entreprises en position dominante sur le marché. Toute régulation des prix doit s’appuyer sur une base légale ainsi que sur les principes de proportionnalité, de transparence et de non-discrimination. Les spécificités du marché concerné et les répercussions sur la concurrence doivent toujours faire l’objet d’une analyse individuelle. Il convient également de prendre en compte le droit européen, qui peut restreindre la régulation sectorielle des prix par des prescriptions d’harmonisation.