Notion et définition juridique de la double résidence
La notion double résidence désigne la situation dans laquelle une personne possède simultanément deux logements, chacun étant reconnu comme résidence au sens juridique du terme. La double résidence revêt une importance particulière dans le contexte du droit allemand de l’enregistrement, du droit fiscal et du droit social. D’autres systèmes juridiques, tels que le droit autrichien et suisse, prévoient également des réglementations comparables concernant la possession parallèle de plusieurs résidences.
La double résidence se distingue de notions telles que résidence principale et secondaire, résidence secondaire ou séjour à caractère purement occasionnel. Dans le contexte juridique, la double résidence décrit l’établissement simultané de résidences conformément aux prescriptions légales nationales.
Fondements juridiques de la double résidence
Droit d’enregistrement (Melderecht)
Réglementation en Allemagne
Selon la loi fédérale sur l’enregistrement (BMG) de la République fédérale d’Allemagne, une personne physique peut disposer de plusieurs logements. Chacun de ces logements peut être légalement considéré comme une résidence. Le logement principalement utilisé par la personne concernée doit être déclaré comme résidence principale (§ 21 BMG). Les autres logements sont recensés comme résidences secondaires.
- Obligation de déclaration : Toute résidence, y compris une double résidence, doit être déclarée auprès de l’autorité compétente d’enregistrement (§ 17 BMG). Cette obligation de déclaration permet d’éviter l’insécurité juridique et sert, entre autres, à l’administration, aux élections et à l’exercice des compétences des autorités.
- Définition du logement : Un logement au sens de la BMG est tout espace clos utilisé pour y vivre ou dormir (§ 20 BMG).
Réglementation en Autriche
En Autriche, la loi sur l’enregistrement (MeldeG) prévoit qu’une personne puisse avoir plusieurs résidences (résidence principale et résidences secondaires). Des différences existent concernant l’attribution de droits (par exemple, droit de vote, prestations sociales).
Réglementation en Suisse
Le droit suisse prévoit également la possibilité d’établir des résidences dans plusieurs lieux au sens du Code civil suisse (CC). Ici, le principe déterminant est celui du lieu de séjour, du centre des intérêts vitaux et des obligations déclaratives légales.
Aspects fiscaux
Droit de l’impôt sur le revenu
Une double résidence a des conséquences notables en droit fiscal allemand, notamment en ce qui concerne la question de l’assujettissement illimité à l’impôt. Sont déterminants le lieu de la résidence habituelle et de la résidence au sens du § 8 de l’Ordonnance fiscale (AO). Toute personne disposant d’une ou plusieurs résidences en Allemagne est assujettie à l’impôt sur le revenu sans restriction.
- Double résidence à l’étranger : En cas de double résidence – une en Allemagne et une autre à l’étranger (par exemple en Suisse ou en Autriche) – des conséquences fiscales peuvent survenir, notamment des situations de double imposition. Dans ces cas, les conventions de double imposition (CDI) s’appliquent et règlent le cas échéant l’attribution des résidences.
- Navetteurs et double foyer : Les personnes qui, pour des raisons professionnelles, maintiennent un second logement dans un lieu autre que leur centre de vie (par exemple, les navetteurs hebdomadaires), peuvent déduire fiscalement les frais liés à la double gestion de foyer (§ 9 al. 1 n° 5 EStG).
Aspects relevant du droit social
La double résidence présente un intérêt dans le domaine social, notamment pour déterminer l’organisme compétent pour les prestations sociales et la question du lieu d’attribution de certaines prestations (comme les allocations familiales, l’aide sociale ou les aides au logement). La résidence principale est généralement déterminante, mais les résidences secondaires et les séjours effectifs peuvent aussi avoir une importance.
Aspects de droit civil
Selon le § 7 du Code civil allemand (BGB), une personne peut avoir plusieurs résidences simultanément. La notion de résidence est déterminante pour la compétence des juridictions ainsi que le lieu de juridiction. Une personne est considérée comme domiciliée en tout lieu où elle a une résidence.
Cas pratiques pertinents de la double résidence
Travailleurs pendulaires
De nombreux actifs maintiennent temporairement une double résidence, possédant un logement à la fois sur leur lieu de travail et dans leur centre de vie. Ceci est notamment fréquent lorsqu’il existe une grande distance entre le domicile principal et le lieu de travail.
Étudiants
Les étudiants ont souvent une double résidence durant leur formation : ils disposent d’un logement tant sur le lieu d’études que dans leur lieu d’origine, la résidence principale étant généralement conservée et une résidence secondaire étant créée sur le lieu d’études.
Frontaliers et personnes exerçant à l’étranger
Les frontaliers, par exemple ceux qui vivent en Allemagne et travaillent en Suisse ou inversement, détiennent souvent une double résidence dans deux États. Cela entraîne des obligations particulières tant sur le plan fiscal qu’en matière d’enregistrement.
Conséquences juridiques et obligations liées à la double résidence
Obligations déclaratives et risque d’amende
L’omission de déclarer une nouvelle résidence au sens de la BMG constitue une infraction administrative et peut être sanctionnée par une amende. Une déclaration complète et immédiate de toutes les résidences est donc impérative.
Imposition et contributions
La double résidence peut entraîner l’obligation de payer une taxe sur la résidence secondaire si la commune concernée en prévoit une. Les bases légales de cette taxe se trouvent dans les règlements communaux applicables.
Prestations sociales et compétences
La répartition et la compétence en matière de prestations sociales se fondent en règle générale sur la résidence principale. Les multiples enregistrements peuvent parfois poser des difficultés pour la perception ou par rapport à la compétence en matière de prestations.
Droit de vote
Le droit de vote est en principe lié à la résidence principale. Ce n’est qu’à titre exceptionnel (par exemple lors d’élections municipales) qu’il est possible de voter à la résidence secondaire sous certaines conditions.
Aspects internationaux de la double résidence
Dans un monde de plus en plus globalisé, il n’est plus rare de disposer de résidences simultanées dans plusieurs pays. Il convient dans ce cas de respecter les dispositions nationales applicables et d’examiner attentivement les interactions potentielles, en particulier en matière fiscale et de droit d’enregistrement. Les questions de droit international privé et de reconnaissance mutuelle des résidences jouent également un rôle. Les conventions de double imposition et les normes européennes influencent de manière significative les conséquences juridiques.
Distinction d’avec des notions similaires
- Résidence principale : Centre de vie d’une personne, déterminant pour l’imposition, les prestations sociales et le droit de vote.
- Résidence secondaire / deuxième résidence : Logement supplémentaire utilisé régulièrement, mais non à titre principal.
- Séjour habituel : Lieu où une personne séjourne de manière non temporaire (au moins six mois).
- Logement selon le droit de l’enregistrement : En droit de l’enregistrement, toute résidence peut être enregistrée ; la distinction entre résidence principale et secondaire dépend de l’utilisation effective.
Résumé
La double résidence entraîne de nombreuses conséquences juridiques dans l’ordre juridique. Les effets s’étendent des obligations d’enregistrement, aux questions fiscales (par exemple, la taxe sur les résidences secondaires et la double imposition), jusqu’à la compétence pour les prestations sociales et le droit de vote. L’établissement simultané de plusieurs résidences impose de respecter les règles nationales et internationales applicables, en particulier en ce qui concerne l’exhaustivité de la déclaration, les obligations fiscales et l’exercice des droits et prétentions. L’évolution de la mobilité dans la société et le monde du travail entraîne une multiplication des doubles résidences, rendant leur traitement conforme au droit indispensable au quotidien.
Questions fréquemment posées
La double résidence doit-elle être déclarée aux autorités ?
Oui, une double résidence – c’est-à-dire le fait d’habiter simultanément deux logements – doit en principe être signalée à l’autorité d’enregistrement compétente. Selon la loi fédérale sur l’enregistrement (BMG), chaque personne est tenue de se déclarer dans un délai de deux semaines suivant l’emménagement, tant pour la résidence principale que pour la résidence secondaire, auprès du bureau d’enregistrement de la population. La résidence principale est celle principalement utilisée ou dans laquelle se concentre la vie privée de la personne. Le ou les autres logements doivent être déclarés comme résidences secondaires. Le défaut de déclaration peut être considéré comme une infraction administrative et sanctionné par une amende. Les modalités exactes et les exigences peuvent varier légèrement selon le Land ou la commune ; il est donc conseillé de se renseigner à temps auprès de l’autorité compétente.
Quelles sont les conséquences fiscales d’une double résidence ?
Une double résidence peut entraîner d’importantes conséquences fiscales. D’une part, une taxe sur la résidence secondaire peut être due en cas de décision de la commune d’en instituer une. Cette taxe constitue une source de financement communal et son montant varie selon la ville ou la commune. D’autre part, la double résidence peut également avoir un impact dans le cadre de l’impôt sur le revenu, par exemple en lien avec la double gestion de foyer. Si la seconde résidence est maintenue pour des raisons professionnelles, certains frais (tels que loyer, charges ou frais de déplacement) peuvent être déduits en frais professionnels. Cependant, l’administration fiscale vérifie rigoureusement si les conditions légales – notamment la nécessité de la seconde résidence pour raisons professionnelles et l’existence d’un foyer propre à la résidence principale – sont remplies.
Quelles conséquences juridiques en cas de non-déclaration correcte d’une double résidence ?
L’omission ou le retard dans la déclaration d’une résidence secondaire peut être sanctionné, conformément au §54 de la loi fédérale sur l’enregistrement, par une amende pouvant aller jusqu’à 1 000 euros, voire plus dans certains cas. Un renseignement frauduleux, par exemple dans le but d’éviter la taxe sur la résidence secondaire, peut entraîner également des conséquences pénales (notamment pour fraude fiscale). Les services d’enregistrement sont également habilités à effectuer des contrôles réguliers pour détecter les infractions au régime de déclaration.
Quels droits et obligations résultent de la déclaration d’une double résidence ?
La déclaration d’une double résidence donne lieu à des obligations – par exemple le paiement de la taxe sur la résidence secondaire et la mise à jour régulière de l’adresse auprès de diverses autorités (impôts, permis de conduire, enregistrement du véhicule, etc.). Mais cela peut aussi ouvrir des droits, comme la participation aux élections au domicile principal, le droit à certaines prestations sociales ou l’accès aux infrastructures et offres communales aux deux adresses. Lors de l’enregistrement, il faut indiquer quel logement est la résidence principale et lequel est la résidence secondaire, ce qui est essentiel notamment pour les questions fiscales et de droit électoral.
Quels sont les aspects juridiques à prendre en compte pour choisir la résidence principale et secondaire ?
Selon la loi fédérale sur l’enregistrement, la résidence principale est celle où se trouve le centre de vie de la personne qui s’enregistre. Cela correspond en général à l’endroit où la personne vit principalement, exerce son activité, a sa famille ou la majeure partie de ses intérêts personnels. Un choix arbitraire n’est pas autorisé ; la résidence doit correspondre à la réalité et pouvoir être justifiée en cas de doute. Toute autre résidence que la principale est une résidence secondaire. Toute déclaration erronée dans le registre d’enregistrement constitue une infraction administrative et peut être sanctionnée par une amende.
Les enfants ou conjoints peuvent-ils déclarer la même double résidence ?
Les enfants ou conjoints peuvent également déclarer une double résidence, à condition qu’ils séjournent effectivement et régulièrement dans les deux logements. Il existe toutefois des règles particulières pour les familles avec enfants, par exemple en matière d’autorité parentale, d’allocations familiales ou d’aspects scolaires. De même, chaque conjoint doit déclarer personnellement sa résidence principale et sa résidence secondaire, sauf s’ils vivent effectivement ensemble dans les deux logements. Dans le cas de partenaires séparés ou de doubles résidences pour des raisons professionnelles ou de formation, cela peut aboutir à différentes situations en matière d’enregistrement.
Les contrats de location ou le bailleur peuvent-ils s’opposer à la double résidence ?
La possibilité d’avoir une double résidence dépend en principe du contrat de location et des accords conclus avec le bailleur. Juridiquement, la déclaration d’une résidence secondaire est, en règle générale, autorisée ; le locataire est néanmoins tenu d’informer le bailleur de la déclaration d’un second logement. Dans certains cas particuliers, le bailleur peut invoquer un intérêt légitime à refuser, par exemple si l’utilisation du logement à titre de résidence secondaire entraîne des contraintes particulières pour l’immeuble. En général, le locataire a toutefois le droit d’occuper une autre résidence ou d’utiliser le logement loué comme résidence secondaire, en l’absence de disposition contractuelle contraire.