Définition et classification juridique de la double imposition
Le terme double imposition désigne, dans des contextes juridiques, le fait qu’une personne, une entreprise ou une chose soit soumise simultanément ou à plusieurs reprises à plusieurs obligations juridiques, charges, taxes ou procédures qui sont directement ou indirectement similaires et structurellement superposées. La double imposition devient notamment pertinente dans les domaines du droit fiscal, de la sécurité sociale, du droit du travail, du droit administratif et du droit pénal. Sur le plan juridique, elle pose des défis tant pratiques que fondamentaux, car elle peut entrer en conflit avec les principes de clarté du droit, d’équité, d’efficacité ainsi que de protection contre des charges multiples déraisonnables.
Manifestations juridiques de la double imposition
Double imposition en droit fiscal
En droit fiscal, le terme est utilisé principalement dans le contexte de la double imposition lorsque le même contribuable est imposé par deux ou plusieurs autorités sur la base des mêmes faits générateurs d’imposition, identiques ou similaires, pour une même situation. Cela survient notamment à l’international, par exemple lorsque des personnes physiques ou morales perçoivent des revenus dans plusieurs pays et que chacun de ces pays revendique le droit d’imposer ces revenus.
Mesures contre la double imposition :
- Conventions de double imposition (CDI) : Accords bilatéraux ou multilatéraux qui régulent la compétence d’imposition nationale et prévoient certaines méthodes (méthode d’exonération, méthode d’imputation) pour réduire ou éviter la double imposition.
- § 34c EStG (Allemagne) : Imputation fiscale des retenues à la source étrangères dans le droit fiscal national.
De plus, une double imposition peut également survenir au niveau national, par exemple lorsqu’un individu est imposé sur ses revenus à la fois au niveau communal et au niveau régional. Des dispositions visant à éviter de tels cas figurent dans différentes lois fiscales afin d’assurer une répartition équitable des charges.
Double imposition en droit de la sécurité sociale
En matière de sécurité sociale, une double imposition peut survenir lorsque des cotisations sociales sont prélevées dans plusieurs États (par exemple en cas d’emploi transfrontalier). La coordination au niveau européen est assurée par le Règlement (CE) n° 883/2004 relatif à la coordination des systèmes de sécurité sociale. Celui-ci prévoit notamment qu’en principe, des cotisations ne peuvent être prélevées que dans un seul État, afin d’éviter une multiplication excessive des assujettissements.
Double imposition en droit du travail
En droit du travail, la double imposition fait souvent référence à l’obligation simultanée d’assumer différentes tâches professionnelles, par exemple lorsque les salariés doivent concilier leur activité professionnelle avec des obligations familiales ou sociales. Cela devient juridiquement pertinent notamment dans l’organisation des temps de travail, l’attribution d’heures supplémentaires ou l’exercice de droits de participation, par exemple dans le cadre de l’activité des comités d’entreprise (§ 37 BetrVG). Des dispositions légales relatives au temps consacré à la famille (par exemple congé parental, congé de proche aidant) visent également à éviter une double imposition déraisonnable.
Double imposition en droit administratif
En droit administratif, une double imposition peut survenir lorsque des taxes ou redevances sont perçues plusieurs fois pour la même prestation ou le même acte administratif. Le principe d’égalité devant les charges et l’interdiction de la double valorisation limitent la possibilité pour l’administration de réclamer plusieurs fois à un citoyen pour la même situation. Les juridictions examinent au cas par cas si une perception multiple de frais est compatible avec le principe de proportionnalité.
Double imposition en droit pénal et en droit des infractions administratives
En droit pénal, la problématique de la double imposition se pose dans le contexte de l’ interdiction de la double condamnation (ne bis in idem, art. 103 al. 3 GG). Nul ne peut être poursuivi ou condamné pénalement plusieurs fois pour le même fait. Cela vaut tant pour les procédures nationales que dans le cadre de la coopération internationale, notamment entre les États membres de l’Union européenne conformément à l’article 54 CISA.
Bases légales et principes pour éviter la double imposition
Principe “ne bis in idem”
L’interdiction de la double condamnation garantit que personne ne puisse être poursuivi ou puni à plusieurs reprises pour le même fait. Ce principe revêt une importance particulière, notamment dans les cas d’infractions transfrontalières et en cas de procédures administratives parallèles.
Accords internationaux et supranationaux
Les conventions de double imposition, les accords bilatéraux de sécurité sociale ainsi que les actes européens (règlements et directives) visent à résoudre les conflits de compétence entre différents systèmes juridiques et à éviter la double imposition grâce à des mécanismes de coordination.
Protection du débiteur et égalité devant les charges
Dans le contexte du droit civil, la double imposition fait également partie de la protection du débiteur : une mise en cause double pour une même situation de fait est généralement exclue par les règles relatives à l’exécution, à la compensation et aux moyens de défense du débiteur (§ 362 BGB, § 387 BGB).
Protection juridique en cas de double imposition
Les personnes concernées qui souhaitent faire valoir une double imposition illicite peuvent former des recours tels qu’une opposition, un recours gracieux, un recours contentieux ou une action en constatation. Les bases légales et délais applicables résultent du droit spécial concerné (par exemple, Code des impôts, Code de la juridiction administrative, Code de la sécurité sociale, Code de procédure pénale). Le contrôle juridictionnel porte souvent sur la conformité d’une charge multiple avec le principe d’égalité de traitement et les dispositions légales spéciales applicables.
Distinction : imposition multiple et imposition cumulative
Toute imposition multiple n’est pas nécessairement une double imposition juridiquement pertinente. Ce qui est décisif, c’est que la même personne, la même entreprise ou le même bien juridique soit imposé plusieurs fois pour un même fait. Les charges cumulatives, par exemple différentes taxes sur des bases différentes, s’en distinguent.
Résumé
Die double imposition constitue, d’un point de vue juridique, un concept central pour éviter la mise en cause répétée de la même personne, entreprise ou objet dans le domaine des impôts, taxes, assurances sociales, sanctions et taxes administratives. De nombreuses bases juridiques, conventions internationales et lignes directrices jurisprudentielles limitent la possibilité de charges multiples et assurent ainsi la protection contre les excès illicites. Le respect de ces principes contribue à garantir la sécurité juridique, l’égalité de traitement et l’efficacité du système juridique.
Questions fréquemment posées
Quand une double imposition est-elle considérée comme illicite au sens juridique ?
Une double imposition est généralement jugée illicite dès lors qu’une personne ou une entreprise est soumise à une charge publique (par exemple une taxe, un impôt, une redevance ou une obligation similaire) pour le même fait, bien que cela ne soit pas expressément prévu ou justifié par la base légale applicable. En matière fiscale, par exemple, l’interdiction de la double imposition prévoit que les revenus ou patrimoines déjà imposés ne peuvent être imposés à nouveau pour le même fait générateur. Il en va de même pour les droits et contributions en droit public, tels que les contributions d’aménagement ou les contributions à l’entretien des voiries : ici aussi, une nouvelle mise en cause pour la même prestation n’est permise que dans de rares exceptions strictement encadrées. Une double imposition sera jugée illicite si elle enfreint le principe d’égalité devant les charges et l’interdiction de la surtaxation. Dans la pratique, la distinction repose souvent sur un examen minutieux pour déterminer s’il s’agit réellement de prestations ou de faits identiques ou simplement comparables.
Quels mécanismes de protection juridique existent contre la double imposition ?
Il existe divers mécanismes de protection juridique contre la double imposition, inscrits dans la Constitution, dans des lois spéciales et dans la jurisprudence. En matière fiscale, la loi fondamentale, avec le principe de l’égalité fiscale (art. 3 GG), constitue un bouclier contre la taxation arbitraire ou multiple. À cela s’ajoutent les conventions entre États, comme les conventions de double imposition (CDI), destinées à éviter que des revenus ou fortunes soient imposés dans plusieurs États. Au niveau national, l’interdiction de la cumulativité s’applique fréquemment : une même personne ou société ne peut se voir imposer plusieurs fois le même impôt pour un même fait générateur. Pour les taxes ou contributions, les tribunaux garantissent cette protection par l’interprétation des lois et règlements, ainsi que le principe de couverture des coûts.
La double imposition est-elle possible en droit de la sécurité sociale et comment est-elle prévenue ?
Le risque de double imposition existe également en droit de la sécurité sociale, notamment dans le cadre d’emplois transfrontaliers. Plusieurs États pourraient, en théorie, exiger des cotisations sociales pour la même période et le même emploi. Sa prévention est assurée par des accords bilatéraux et multilatéraux spécifiques, ainsi que par des réglementations européennes (notamment les règlements CE n° 883/2004 et 987/2009), qui précisent dans quel pays les cotisations de sécurité sociale doivent être versées. De plus, les codes allemands de la sécurité sociale prévoient le principe de l’affiliation unique par relation de travail et par période (« principe de priorité ») afin d’éviter les multiples charges.
La double imposition peut-elle résulter d’actes administratifs erronés et comment les personnes concernées peuvent-elles y remédier ?
Oui, la double imposition peut également résulter d’actes administratifs erronés, par exemple lorsque deux autorités fixent par erreur la même taxe ou le même impôt pour le même fait. Dans de tels cas, les personnes concernées peuvent former un recours gracieux ou une opposition contre les décisions. Si ces recours gracieux n’aboutissent pas, une action devant les tribunaux administratifs ou fiscaux est possible. Des règles de correction dans les différentes lois de procédure spéciales (par exemple, § 129 AO pour les erreurs de plume, § 130, 131 AO pour le retrait et l’annulation des actes administratifs) offrent également une possibilité de supprimer la double imposition.
Quel est le rôle des conventions de double imposition dans le contexte international de la double imposition ?
Les conventions de double imposition (CDI) sont des instruments essentiels pour prévenir la double imposition dans le contexte international, en particulier en matière d’impôt sur le revenu et sur les sociétés. Ces traités internationaux entre États déterminent l’État compétent pour imposer dans chaque situation et règlent les modalités de l’imputation ou de l’exonération des impôts déjà payés à l’étranger. Ils protègent les contribuables contre la double imposition des mêmes revenus dans deux États. En cas de litige, la plupart des CDI prévoient des procédures d’accord amiable permettant de résoudre les différends entre États parties.
Comment la double imposition est-elle réglementée en matière de redevances ?
En matière de redevances, la double imposition est réglementée par l’interdiction dite de cumul. Une double imposition en matière de redevances existe lorsque des frais sont prélevés plusieurs fois pour une même opération ou pour l’utilisation d’un même service public. Le droit des redevances exige généralement qu’une prestation ou une opération administrative concrète ne fasse l’objet d’une redevance qu’une seule fois si elle concerne le même objet de prestation. Si une autorité réclame toutefois plusieurs fois des frais, cela peut être contesté juridiquement, généralement en invoquant le principe de couverture des coûts et l’interdiction de la surcharge.
Le droit du travail prévoit-il des mécanismes de protection contre la double imposition des salariés ?
Des mécanismes de protection existent également en droit du travail pour éviter que les salariés ne soient soumis à des charges multiples en vertu du droit applicable. Il s’agit notamment de dispositions sur le temps de travail, la protection de la santé et le paiement des cotisations à la sécurité sociale. Ainsi, un salarié poursuivant plusieurs emplois ne peut pas dépasser au total la durée maximale de travail prévue par la loi ni être soumis à des cotisations sociales multiples pour la même relation de travail. Les infractions peuvent être corrigées par des recours en justice ou l’intervention des autorités de contrôle.
En quoi l’évaluation juridique de la double imposition diffère-t-elle entre le droit fiscal et le droit des redevances ou des contributions ?
En droit fiscal, l’interdiction de la double imposition découle du principe constitutionnel de l’égalité devant l’impôt et est appliquée strictement. À l’inverse, en matière de redevances et de contributions, l’appréciation porte davantage sur la prestation concrète et vise à couvrir les coûts. Alors que les impôts sont prélevés conformément au principe de la capacité contributive, les redevances et contributions obéissent souvent à un principe d’équivalence, ce qui signifie que la charge n’est due que pour des prestations effectivement fournies. Malgré ces différences, le principe demeure que pour un même fait, une double charge financière doit être juridiquement évitée.