Concept et importance juridique de la diversité biologique
Définition de la diversité biologique
La diversité biologique, également appelée biodiversité, désigne l’ensemble des organismes vivants sur Terre, leurs différences génétiques ainsi que la variété des écosystèmes dans lesquels ces organismes vivent. Ce terme a été consacré à l’international par la « Convention sur la diversité biologique » (Convention on Biological Diversity, CBD) et comprend trois niveaux essentiels : la diversité génétique, la diversité des espèces et la diversité des habitats (écosystèmes).
Dans un contexte juridique, la diversité biologique ne décrit pas seulement la multitude d’êtres vivants, mais englobe également les interactions entre ces organismes et leur environnement. La préservation de la diversité biologique n’est donc pas seulement une question de protection de la nature, mais un objectif contraignant sur les plans international, européen et national.
Fondements juridiques internationaux
La Convention sur la diversité biologique (CBD)
La CBD, signée en 1992 dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) à Rio de Janeiro, constitue l’instrument international central pour la protection de la diversité biologique. Elle oblige les États parties à préserver la diversité biologique, à utiliser de manière durable ses composantes et à répartir équitablement les avantages tirés de l’utilisation des ressources génétiques. La CBD est entrée en vigueur en 1993 et compte aujourd’hui plus de 190 États parties.
Les mesures prioritaires selon la CBD sont :
- L’élaboration de stratégies et de plans d’action nationaux pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité
- L’obligation d’établir des zones protégées
- La promotion de la recherche scientifique dans les domaines de la recherche et de la surveillance de la biodiversité
- La coopération en matière d’accès aux ressources génétiques et le partage équitable des bénéfices qui en découlent (Access and Benefit-Sharing, ABS)
Autres accords internationaux
D’autres instruments juridiques contraignants pour la protection de la diversité biologique comprennent notamment :
- La Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (Convention de Bonn, CMS)
- La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES)
- La Convention de Ramsar sur les zones humides d’importance internationale (Convention de Ramsar)
Cadre juridique européen
Directives de l’Union européenne
L’Union européenne a développé de nombreux instruments juridiquement contraignants pour la protection de la diversité biologique, notamment :
- La directive « Habitats Faune-Flore » (directive Habitats, 92/43/CEE)
- La directive Oiseaux (79/409/CEE, remplacée depuis par 2009/147/CE)
Ces directives constituent la base du réseau de zones protégées « Natura 2000 », dont l’objectif est de maintenir ou de rétablir un état de conservation favorable des espèces et des habitats d’importance communautaire. Les États membres sont tenus de désigner des zones de protection appropriées, d’élaborer des plans de gestion et de veiller à ce que l’état des biens protégés ne se détériore pas.
Stratégie sur la biodiversité et Green Deal
Avec la stratégie pour la biodiversité à l’horizon 2030, faisant partie du « Pacte vert européen », l’UE vise à renforcer la diversité biologique sur son territoire, à stopper les pertes existantes et à obtenir d’ici 2030 des améliorations substantielles. La stratégie prévoit notamment une extension juridiquement contraignante des zones protégées, des mesures de restauration ainsi que la promotion de l’agriculture et de la sylviculture durables.
Droit national en Allemagne
Ancrage légal
En Allemagne, la diversité biologique est protégée juridiquement principalement par la Loi fédérale sur la protection de la nature (Bundesnaturschutzgesetz, BNatSchG). La BNatSchG contient des dispositions complètes sur la préservation, le développement et la restauration de la nature et du paysage, y compris leur biodiversité (§ 1 BNatSchG). Cette loi reprend les objectifs de la CBD et des directives européennes pertinentes en les intégrant dans le droit national.
Les principales mesures juridiques sont :
- L’interdiction de prélever, d’endommager ou de détruire sans autorisation des animaux et plantes sauvages (§ 39 BNatSchG)
- La désignation et la protection de zones d’importance particulière pour la diversité des espèces et des habitats (réserves naturelles, parcs nationaux, réserves de biosphère, sites Natura 2000)
- Des dispositions relatives à l’utilisation durable des ressources naturelles
- Obligation d’élaborer des stratégies nationales (par ex. Stratégie nationale pour la diversité biologique)
Réglementation des interventions et mesures de compensation
La réglementation des interventions (§§ 13 et suivants BNatSchG) impose aux porteurs de projets d’éviter ou de compenser en principe toute atteinte à la nature et au paysage. Lorsque les atteintes ne peuvent être évitées, des mesures compensatoires doivent être prises pour préserver la diversité biologique. La compensation se fait prioritairement sur le site de l’intervention afin de minimiser les pertes locales de biodiversité.
Compétences juridiques et contrôle
L’application des dispositions relatives à la protection de la diversité biologique relève en Allemagne des Länder, mais dans certains cas aussi de la Fédération. Les autorités environnementales contrôlent le respect des prescriptions légales et peuvent infliger des sanctions et des amendes en cas d’infractions. Il existe en outre des obligations de déclaration et de rapport à la Commission européenne et aux organes internationaux compétents.
Défis juridiques et évolutions actuelles
Mise en œuvre et exécution
L’application juridique de la diversité biologique se heurte à différents défis, notamment :
- Le contrôle efficace et la sanction des infractions aux prescriptions de protection
- La coordination des réglementations internationales et nationales pour la protection des espèces et habitats communs
- La difficulté à faire primer la protection de la biodiversité face à des usages concurrents des sols (par exemple l’urbanisation, l’agriculture, les infrastructures de transport)
Accès aux ressources génétiques et partage des avantages
Le Protocole de Nagoya à la CBD réglemente au niveau international l’accès aux ressources génétiques et le partage équitable des avantages issus de leur utilisation. Dans l’Union européenne, le protocole est appliqué par le Règlement (UE) n° 511/2014, qui impose aux utilisateurs de ressources génétiques des obligations en matière de diligence raisonnable et d’information. En Allemagne, une loi d’application précise ces prescriptions.
Changement climatique et droit de la biodiversité
Le changement climatique représente l’un des plus grands défis pour la protection juridique de la diversité biologique. Les réglementations nationales et internationales sont continuellement adaptées afin de créer des synergies entre protection du climat et de la biodiversité et de promouvoir juridiquement le « double bénéfice » ainsi généré.
Conclusion : Dimensions juridiques de la diversité biologique
Les aspects juridiques de la diversité biologique revêtent une importance internationale et concernent une multitude de traités, de directives ainsi que des lois nationales et régionales. Ils englobent des prescriptions contraignantes en matière de protection, d’utilisation et d’accès, ainsi que l’intégration des objectifs de la biodiversité dans des secteurs tels que l’agriculture et la protection du climat. Le respect et le développement continu de ces normes juridiques sont essentiels pour stopper et, à long terme, inverser la perte de diversité biologique.
Questions fréquemment posées
Quelles sont les principales conventions internationales pour la protection de la diversité biologique et comment sont-elles transposées juridiquement en Allemagne ?
L’Allemagne est partie à divers accords internationaux ayant pour objectif la protection de la diversité biologique. Parmi les plus importants figure la Convention sur la diversité biologique (Convention on Biological Diversity, CBD) de 1992. D’autres conventions centrales sont la Convention sur le commerce des espèces menacées de faune et de flore sauvages (CITES/Convention de Washington) ainsi que la Convention de Bonn sur les espèces migratrices (CMS). Leur mise en œuvre juridique en Allemagne se fait principalement par la transposition dans le droit national, c’est-à-dire que les accords sont concrétisés via lois et règlements. Pour la CBD, il s’agit principalement de la Loi fédérale sur la protection de la nature (BNatSchG), de divers règlements fédéraux et régionaux ainsi que de règles spécifiques d’application. Il existe en outre des stratégies et plans d’action nationaux, tels que la « Stratégie nationale pour la diversité biologique », qui précisent les obligations juridiques et en surveillent l’application. Une protection juridique efficace résulte également de la transposition des directives européennes, notamment la directive Habitats Faune-Flore et la directive Oiseaux, intégrées dans le droit allemand.
Comment la protection de la diversité biologique est-elle ancrée dans le droit allemand ?
La protection de la diversité biologique est ancrée dans le droit allemand à plusieurs niveaux. Sur le plan constitutionnel, l’obligation de protection résulte notamment de l’article 20a de la Loi fondamentale, qui oblige l’État à protéger les bases naturelles de la vie, également dans l’intérêt des générations futures. L’instrument central au niveau législatif ordinaire est la Loi fédérale sur la protection de la nature (BNatSchG), complétée par des lois régionales de protection de la nature. La BNatSchG impose la préservation et, le cas échéant, la restauration de la biodiversité comme bien protégé (§ 1 al. 1 BNatSchG). Elle fixe des prescriptions pour la protection des espèces, des biotopes et des habitats (notamment via la désignation de parcs nationaux, réserves naturelles, zones protégées et sites FFH). Il existe également de nombreuses dispositions spécifiques, comme la Loi fédérale sur la protection des espèces ou le Règlement fédéral sur la protection des espèces, qui régissent en détail la protection de certaines espèces et populations.
Quels instruments juridiques existent pour la protection des espèces et habitats menacés ?
La protection des espèces et habitats menacés en droit allemand s’appuie sur plusieurs instruments juridiques. Un instrument central est la désignation de zones protégées, par exemple selon les §§ 23 et suivants de la BNatSchG (réserves naturelles) ou par la mise en œuvre des sites Natura 2000 conformément aux exigences des directives Habitats et Oiseaux. De plus, de nombreuses espèces sont particulièrement ou strictement protégées par le Règlement fédéral sur la protection des espèces et la Loi fédérale sur la chasse. La BNatSchG prévoit des interdictions telles que la capture, l’abattage et le dérangement (§ 44 BNatSchG) pour certaines espèces protégées. D’autres instruments sont les dispositions sur la protection des biotopes (§ 30 BNatSchG), les règles de jachère écologique dans la politique agricole ainsi que les obligations d’autorisation et d’indemnisation relatives aux interventions dans la nature et le paysage (§§ 13 et suivants BNatSchG). Il existe en outre des obligations de déclaration pour l’importation et la détention d’espèces particulièrement protégées (certificats CITES).
Quel est l’impact du droit de l’Union européenne sur la protection de la biodiversité en Allemagne ?
Le droit de l’UE influence fortement la protection de la biodiversité et de la nature en Allemagne, notamment via la directive Habitats Faune-Flore (directive Habitats, 92/43/CEE) et la directive Oiseaux (directive 2009/147/CE). Ces directives obligent tous les États membres à désigner des sites Natura 2000 et à prendre des mesures pour la protection à long terme des types d’habitats et des espèces animales et végétales d’intérêt communautaire. Les directives sont transposées dans le droit fédéral et régional, notamment dans la BNatSchG, et sont dès lors contraignantes. Les directives européennes sur la nature prévoient des obligations détaillées concernant les objectifs de conservation, l’interdiction de détérioration et la réalisation d’évaluations de compatibilité pour les projets susceptibles d’avoir un impact important sur les sites Natura 2000. Dans le cadre de la politique agricole commune (PAC) et de la directive-cadre sur l’eau, il existe aussi des exigences juridiques visant à promouvoir et garantir la biodiversité.
Quel rôle jouent les règles d’intervention dans la protection de la diversité biologique ?
Les règles sur les interventions constituent un instrument juridique central pour la gestion de la biodiversité. Selon la BNatSchG (§§ 13 et suivants), il est prévu que toute intervention dans la nature et le paysage – entendue comme modification de la forme, de l’utilisation ou de la structure des sols, des eaux de surface ou des habitats – doit faire l’objet d’un examen administratif. Les projets qui entraînent des atteintes significatives ne peuvent être autorisés que si ces atteintes sont réduites à un minimum inévitable et qu’une compensation ou un remplacement est assuré (règle de compensation). L’objectif est d’atteindre une « perte nette nulle » de biodiversité et de services écosystémiques. Cela concerne par exemple des projets de construction, des infrastructures ou des changements d’exploitation agricole. L’efficacité et le succès des mesures de compensation sont généralement contrôlés et, le cas échéant, ajustés par les autorités spécialisées.
Comment les violations des prescriptions de protection de la diversité biologique sont-elles sanctionnées ?
Les violations des prescriptions de protection de la diversité biologique sont en Allemagne, en raison de leur importance particulière, parfois considérées comme des infractions administratives, parfois comme des délits. La BNatSchG prévoit des amendes pour de nombreux manquements, par exemple en cas d’infraction aux obligations de protection dans les réserves naturelles ou lors de manipulations illicites d’espèces protégées (§ 69 BNatSchG). En cas de gravité, une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans ou une amende peut être prononcée selon § 71 BNatSchG, notamment en cas de destruction intentionnelle ou commerciale des habitats d’espèces particulièrement protégées. Il existe aussi des dispositions spéciales de sanction par exemple dans le droit de la protection animale ou des espèces. Les autorités administratives sont tenues de poursuivre et de sanctionner ces infractions ; parallèlement, les citoyens sont autorisés à signaler les infractions et à engager, le cas échéant, des actions collectives conformément à la loi sur les recours en matière d’environnement.
Quels sont les moyens juridiques dont disposent les citoyens et associations environnementales pour contribuer à la protection de la biodiversité ?
Les citoyens et associations environnementales reconnues jouent un rôle important de contrôle et de participation dans la protection de la biodiversité. En vertu de la loi sur les recours en matière d’environnement et des exigences de la Convention d’Aarhus, les associations ont le droit de faire valoir des droits à l’information environnementale et, dans certains cas, d’intenter un recours contre des décisions administratives (action en justice des associations), en particulier en cas de violation des dispositions de protection de la nature. Les particuliers peuvent déposer des observations et soulever des objections juridiques lors des procédures de planification et d’autorisation, notamment pour les projets de construction. Il est également possible de signaler aux autorités compétentes toute infraction éventuelle aux obligations de protection de la nature. De plus, les procédures de participation du public, par exemple lors de la désignation de zones protégées ou d’évaluations d’impact environnemental, sont prescrites par la loi et offrent une plateforme pour l’influence de la société civile et des parties prenantes.