Notion et cadre juridique de la disparition en situation de danger
Définition de la disparition en situation de danger
La disparition en situation de danger désigne en droit allemand la circonstance particulière dans laquelle une personne a disparu suite à un événement spécifique caractérisé par un danger mortel et n’a pas pu être retrouvée depuis lors. Contrairement à la disparition ordinaire (§§ 1-6 de la Loi sur la Déclaration de Disparition – VerschG), la disparition en situation de danger requiert un lien direct avec une situation de danger concrète, telle qu’un accident maritime ou aérien, une catastrophe naturelle ou des actes de guerre. La disparition en situation de danger joue un rôle essentiel notamment dans le droit de la disparition, ainsi que dans le droit de l’état civil et des successions.
Bases légales
Loi sur la déclaration de disparition (VerschG)
La base juridique de la disparition en situation de danger est la loi allemande sur la déclaration de disparition (VerschG). Selon l’article 2, alinéa 1, VerschG, une personne peut être déclarée décédée lorsqu’elle « s’est retrouvée dans une situation mettant en péril sa vie ou son intégrité corporelle », qu’elle reste invisible depuis lors, et que soit l’événement en question laisse supposer un danger mortel, soit aucun signe de vie n’a été retrouvé après l’écoulement d’un certain délai et l’exclusion d’autres possibilités.
Distinction avec la disparition ordinaire
La disparition en situation de danger nécessite toujours une situation concrète de danger, telle qu’un naufrage, un crash aérien ou un conflit armé. En revanche, la disparition ordinaire exige uniquement l’absence de nouvelles concernant la vie d’une personne pendant une longue période — généralement au moins dix ans (§ 1 VerschG). La disparition en situation de danger permet une déclaration anticipée de décès et réduit considérablement les délais normalement applicables.
Conditions et conséquences juridiques de la disparition en situation de danger
Conditions pour admettre la disparition en situation de danger
Pour déclarer une personne disparue en situation de danger, les conditions suivantes doivent être réunies :
Situation concrète de danger
Il doit être démontré que la personne concernée s’est retrouvée dans une situation constituant un danger sérieux pour sa vie ou son intégrité corporelle. Les scénarios typiques sont :
- Catastrophes maritimes ou aériennes
- Catastrophes naturelles (p. ex. tremblements de terre, inondations)
- Combats militaires, attentats terroristes ou conflits armés
Disparition subséquente (inaccessibilité)
La personne doit être introuvable après l’événement dangereux, et aucune information fiable ne doit exister sur sa survie. Selon l’art. 2 al. 2 VerschG, la durée d’inaccessibilité n’est que d’un an à compter du moment présumé du danger.
Dépôt de la demande et procédure judiciaire
La demande de déclaration de décès pour disparition en situation de danger peut être adressée au tribunal localement compétent. Sont également recevables les personnes dont les droits ou obligations dépendent de cette déclaration, telles que les conjoints, les membres de la famille ou les héritiers potentiels.
Le tribunal examine avec soin :
- La preuve de la situation de danger
- La crédibilité de la disparition persistante
- Les recherches nécessaires conformément à l’art. 4 VerschG (exclusion d’autres possibilités)
Le tribunal statue ensuite sur la déclaration de décès. Le moment du décès est fixé conformément à l’article 9, alinéa 2 VerschG à la date de la situation de danger ou à la date à laquelle, selon les circonstances, le décès peut être présumé.
Conséquences juridiques de la déclaration de décès en cas de disparition en situation de danger
Avec la déclaration judiciaire de décès pour disparition en situation de danger, la personne est légalement considérée comme décédée, engendrant de nombreuses conséquences juridiques :
Effets en matière de succession
Avec la déclaration de décès, le patrimoine de la personne disparue est transmis aux héritiers ; la succession est considérée comme ouverte. Les héritiers peuvent régler la succession, apurer les dettes et reprendre les actifs.
Conséquences matrimoniales et familiales
La déclaration de décès met fin au mariage ou au partenariat civil existant. Ce n’est qu’à partir de ce moment que la personne concernée est considérée comme décédée vis-à-vis du conjoint ou du partenaire pour la conclusion d’une nouvelle union.
Conséquences en matière d’assurance et d’état civil
Les assurances-vie peuvent être versées après la déclaration de décès. Les registres d’état civil enregistrent alors officiellement le décès.
Annulation et effets ultérieurs
Annulation de la déclaration de décès
Si la déclaration de décès a été prononcée à tort, par exemple parce que la personne disparue est encore en vie ou réapparaît plus tard, l’article 13 VerschG prévoit la possibilité pour le tribunal d’annuler la déclaration. Les conséquences juridiques de la déclaration sont rétroactivement annulées dans la mesure du possible et selon les dispositions légales applicables (§§ 14 et suivants VerschG).
Protection des tiers
Les droits acquis de bonne foi par des tiers reposant sur la déclaration de décès (p. ex. acquisition successorale, remariage) restent en principe protégés, sauf en cas de faute grave ou de mauvaise foi. La protection de la confiance dans la force exécutoire de la déclaration de décès est ainsi garantie par la loi.
Importance de la disparition en situation de danger en droit international
Dans des situations exceptionnelles relevant du droit international, comme dans les zones de conflit ou de catastrophe, des conventions internationales et organisations humanitaires peuvent prévoir des règles élargies pour le traitement des personnes disparues en situation de danger. De nombreux systèmes juridiques, notamment la Suisse (art. 35 CC) ou l’Autriche (§§ 62-66 AußStrG, §§ 11ss. TEG), prévoient des dispositions similaires.
Résumé
La disparition en situation de danger est une institution juridique importante permettant une déclaration de décès anticipée et adaptée à la réalité en lien avec des circonstances dangereuses. Grâce à des dispositions procédurales contraignantes, la loi allemande sur la disparition garantit la sécurité juridique tant pour les proches que pour les tiers, et permet de traiter de manière appropriée les cas où une personne disparaît à la suite d’une situation de danger et où le sort reste incertain.
Questions fréquemment posées
Quelles sont les exigences juridiques pour que le tribunal constate la disparition en situation de danger ?
En droit allemand, l’article 284 du Code civil allemand (BGB) prévoit la possibilité de déclarer une personne décédée lorsqu’elle a « disparu dans des circonstances faisant craindre pour sa vie », soit en cas de disparition en situation de danger. Plusieurs conditions juridiques doivent alors être réunies : Premièrement, il doit y avoir une disparition effective, qui coïncide avec une situation de danger grave (par exemple, naufrage, crash aérien, catastrophe naturelle, guerre). Deuxièmement, la disparition doit s’être produite de telle sorte qu’il n’existe plus aucune nouvelle sur le sort ou l’endroit où se trouve la personne, et que les circonstances globales laissent concrètement supposer que la personne est probablement décédée. Troisièmement, les faits réunis doivent résister à l’examen du juge, justifiant ainsi l’hypothèse plausible du décès. La charge de la preuve repose en principe sur le demandeur, qui doit soumettre au tribunal tous les faits et indices nécessaires et les prouver par des moyens appropriés. Une simple absence, sans danger de mort au moment de la disparition, n’est pas suffisante au sens juridique pour admettre la disparition en situation de danger.
Qui peut demander la constatation de la disparition en situation de danger ?
Sont recevables pour demander la constatation judiciaire de la disparition en situation de danger, selon les §§ 1 et 2 de la loi sur la disparition, principalement les personnes dont les droits ou intérêts sont directement affectés par cette constatation. Il s’agit généralement du conjoint, des enfants, des parents et autres héritiers légaux de la personne disparue. Les créanciers ou autres personnes justifiant d’un intérêt juridique — par exemple dans le cadre d’une succession, de prestations d’assurance ou de questions de pension alimentaire — peuvent également déposer une demande. Le représentant légal (par exemple un tuteur) de la personne disparue dispose également d’un droit de requête. Le tribunal compétent (tribunal d’état civil) examine lors du dépôt de la demande la recevabilité et le bien-fondé, et peut exiger des informations ou des justificatifs complémentaires.
Quelles sont les procédures judiciaires et vérifications prévues pour la constatation de la disparition en situation de danger ?
La constatation judiciaire de la disparition en situation de danger s’effectue par une procédure dite de disparition devant le tribunal compétent conformément à la loi sur la disparition (VerschG). Dès réception de la demande, le tribunal exige généralement du demandeur des informations détaillées sur le dernier lieu de séjour, les circonstances de la disparition et d’autres faits pertinents. Selon la situation, des témoins sont entendus, des rapports administratifs, des dossiers d’enquête de police, des avis de recherche et des informations internationales sont recueillis. Le tribunal examine avec soin s’il existait un danger vital concret au moment de la disparition et s’il existe encore des possibilités réalistes que la personne soit en vie. Après l’enquête, le tribunal rend une décision constatant la disparition, dont la force juridiquement contraignante peut être renforcée par une publication officielle. La constatation a un effet juridique direct et est contraignante dans les transactions juridiques (par ex. pour la procédure de certificat d’héritier).
Quelles sont les conséquences juridiques de la constatation de la disparition en situation de danger pour les successions et les questions patrimoniales ?
La constatation judiciaire de la disparition en situation de danger a d’importantes conséquences en matière de succession. Elle a pour effet que la personne concernée est réputée décédée (§ 9 al. 1 VerschG). La succession légale s’ouvre ou les dispositions testamentaires deviennent effectives, comme si le décès avait été prouvé. Toutes les conséquences patrimoniales d’un décès — notamment le règlement de la succession, la délivrance du certificat d’héritier, la mutation des droits au registre foncier et autres, ainsi que la réclamation de prestations d’assurance-vie ou d’accident — peuvent alors être engagées. Toutefois, la constatation de la disparition en situation de danger, contrairement à la déclaration de décès, peut être contestée et annulée dans les conditions prévues par l’article 12 VerschG, par exemple si la personne réapparaît vivante.
Quelles sont les différences entre la disparition en situation de danger et la disparition ordinaire en droit ?
Sur le plan juridique, il existe une distinction entre la disparition ordinaire (selon l’art. 1 VerschG) et la disparition en situation de danger (selon l’art. 2 VerschG, art. 284 BGB). La disparition ordinaire requiert une absence prolongée (généralement dix ans) sans nouvelle, sans qu’une situation de danger précise existe lors de la disparition. La disparition en situation de danger exige, quant à elle, une disparition soudaine en lien avec un péril immédiat et aigu pour la vie (p. ex. naufrage, situation de guerre). Le délai de constatation judiciaire est beaucoup plus court en cas de disparition en situation de danger — souvent six mois après la dernière nouvelle suffisent, à condition que la situation dangereuse soit suffisamment documentée. Les conditions, la procédure et la charge de la preuve diffèrent en conséquence, la disparition en situation de danger permettant généralement une constatation judiciaire plus rapide.
La constatation de la disparition en situation de danger peut-elle être annulée si la personne réapparaît ?
Oui, la constatation de la disparition en situation de danger peut être annulée à tout moment sur demande si de nouveaux faits viennent prouver que la personne disparue est encore vivante (§ 12 VerschG). Si la personne déclarée décédée revient ou est identifiée sans doute possible comme étant en vie, le tribunal annule la décision a posteriori. Tous les effets juridiques résultant de la déclaration de décès — tels que les droits successoraux ou les prestations d’assurance — doivent, dans la mesure du possible, être annulés (§ 13 VerschG). Les droits acquis de bonne foi par des tiers bénéficient toutefois d’une protection particulière prévue par la loi afin de garantir la sécurité juridique des transactions ultérieures.