Notion et cadre juridique de la discothèque
Une discothèque (communément appelée aussi « disco ») désigne une forme d’établissement de divertissement visant principalement l’organisation de soirées dansantes, caractérisée par une prédominance de musique d’ambiance et avec pour activité principale la consommation de boissons, et souvent de mets. Elle remplit des fonctions de divertissement, de loisir et d’interaction sociale. L’exploitation d’une discothèque est soumise à de nombreuses réglementations de droit public et privé, couvrant notamment les domaines suivants : droit commercial, droit de la construction, protection contre les nuisances, protection de la jeunesse, droit de la restauration, protection du travail, protection des données et autres domaines.
Classement au regard du droit commercial
Obligation de licence et déclarations obligatoires
L’exploitation d’une discothèque est considérée comme une activité commerciale soumise à autorisation selon l’article 2 de la loi sur les débits de boissons (GastG), dès lors que des boissons alcoolisées peuvent être consommées sur place ou à emporter. Une licence de débit de boissons est alors requise. Celle-ci est délivrée par l’autorité compétente (généralement le service d’ordre) et impose des exigences particulières en matière de fiabilité du gérant (§ 4 al.1 GastG) ainsi que de conditions de construction.
La déclaration d’activité selon l’article 14 de la GewO (règlement sur les activités commerciales) doit être effectuée séparément et comporte également des obligations de déclaration pour certaines modifications (par exemple, reprise de l’établissement, déménagement).
Vérification de la fiabilité
Le demandeur doit prouver sa fiabilité personnelle, sa situation financière ordonnée et, le cas échéant, sa compétence professionnelle. En règle générale, il est requis de présenter un extrait de casier judiciaire, un extrait du registre central du commerce, le cas échéant une attestation de situation fiscale et un extrait du registre des débiteurs.
Exigences en droit de la construction
Type d’utilisation et obligation d’autorisation
Les discothèques relèvent de la catégorie des « établissements de divertissement » selon le droit de la construction. Une discothèque nécessite un permis de construire précisant la destination « discothèque/club » selon le code de la construction de chaque Land. Les prescriptions relatives à la protection incendie, à la réglementation des établissements recevant du public (VStättVO), aux issues de secours, aux installations sanitaires ainsi qu’aux exigences d’isolation sonore sont particulièrement applicables.
Les exigences en matière d’isolation sonore sont notamment définies par l’Instruction technique sur la protection contre le bruit (TA Lärm) et les normes DIN. Un régime spécial protège le repos nocturne dans les zones résidentielles.
Prescriptions relatives au droit de la restauration
Restauration et vente d’alcool
Les discothèques proposant la vente de boissons doivent obtenir une licence de débit de boissons (voir ci-dessus), dont l’étendue fixe les modalités de vente d’alcool, les horaires d’ouverture et, éventuellement, les autorisations pour la musique live ou les animations. L’exploitant est en règle générale tenu de respecter le règlement relatif aux débits de boissons (GastV), notamment en ce qui concerne l’hygiène, la sécurité publique et l’ordre.
Protection incendie et sécurité
Les discothèques sont considérées comme des bâtiments à usage particulier et sont donc soumises à des exigences spécifiques concernant la sécurité incendie. Il doit exister des itinéraires d’évacuation suffisants, des extincteurs, des systèmes d’extraction de fumée et, le cas échéant, une installation de sprinklers. Des formations régulières du personnel à la sécurité et, si nécessaire, la présence de services de sécurité sont obligatoires.
Protection contre les nuisances et droit du voisinage
Protection contre le bruit et les émissions
L’exploitation d’une discothèque s’accompagne fréquemment d’un niveau sonore important. Selon la loi fédérale sur la protection contre les nuisances (BImSchG) et la TA Lärm, l’exploitant doit veiller à ce qu’aucune nuisance environnementale préjudiciable n’affecte le voisinage. En cas d’infractions répétées, des interdictions d’exploitation, des amendes ou des limitations horaires peuvent être prononcées.
Mesures techniques de protection phonique
Des concepts constructifs d’isolation acoustique (par exemple fenêtres à double vitrage, sas acoustiques, isolations phoniques) sont exigés pour une autorisation en zone urbaine. Les niveaux sonores doivent être régulièrement mesurés et documentés.
Aspects relatifs à la protection des mineurs
Restrictions d’âge
Les dispositions de la loi sur la protection de la jeunesse (JuSchG) doivent être strictement respectées. L’accès aux discothèques est en principe interdit aux moins de 16 ans. Sauf exception pour les soirées dansantes destinées aux jeunes ou en cas d’accompagnement par une personne titulaire de l’autorité parentale, la durée de présence des jeunes de 16 à 18 ans peut être limitée (§ 5 JuSchG).
Distribution d’alcool et de tabac
La cession d’alcool à des mineurs est interdite (§ 9 JuSchG). La vente de produits du tabac à des moins de 18 ans est également proscrite. Les exploitants sont tenus de vérifier l’âge des clients et de mettre en place, le cas échéant, des mesures appropriées (par ex. bracelets pour les majeurs).
Droit du travail et protection des travailleurs
Embauche de personnel
La loi sur la durée du travail, la loi sur le salaire minimum, la loi sur la protection de la maternité et la loi sur la protection des jeunes au travail sont applicables au personnel salarié. Des dispositions particulières concernent surtout le travail de nuit, la tenue des registres des heures travaillées et les périodes de pause.
Protection du travail et sécurité
Les prescriptions relatives à la sécurité au travail imposent de mettre en œuvre des mesures pour éviter les dangers, telles que la prévention de la violence, la formation du personnel de sécurité et l’élaboration de plans d’urgence pour les évacuations.
Exigences en matière de protection des données
Vidéosurveillance
De nombreuses discothèques utilisent la vidéoprotection pour des raisons de sécurité. Les exigences du Règlement général sur la protection des données (RGPD) et de la Loi fédérale sur la protection des données (BDSG) doivent alors être respectées. Les visiteurs doivent être informés via des panneaux et la conservation des images doit être limitée dans le temps.
Gestion des données des clients
Dans le cadre du traçage des contacts (par exemple en cas de mesures liées à une pandémie) ou de réservations, les données personnelles doivent être traitées selon les principes de minimisation et de sécurité des données.
Aspects fiscaux
Les discothèques sont soumises à la TVA et, le cas échéant, à l’impôt sur les sociétés. Les recettes issues des entrées et de la vente de boissons doivent être dûment enregistrées et déclarées. L’utilisation de caisses enregistreuses est soumise aux prescriptions de la KassenSicherungsverordnung (KassenSichV, § 146a AO).
Responsabilité et obligation d’assurance
Obligation de sécurité des locaux
Les exploitants sont responsables de la sécurité des locaux, en particulier des escaliers, sols, installations techniques et issues de secours. Le risque de responsabilité peut être couvert par une assurance responsabilité civile d’exploitation.
Contrôle d’accès et questions de responsabilité
Des contrôles d’accès défaillants ou des mesures de sécurité insuffisantes (par exemple en cas de surpopulation) peuvent entraîner des revendications en responsabilité civile.
Formes particulières d’exploitation
Discothèques en plein air et temporaires
Les événements en plein air et les concepts de discothèques mobiles sont soumis à des exigences supplémentaires (par ex. autorisations d’utilisation temporaire, mesures supplémentaires de protection contre le bruit, autorisations temporaires de restauration ou d’évènement).
Résumé
L’installation et l’exploitation d’une discothèque s’accompagnent d’exigences juridiques étendues. Il est indispensable de respecter les prescriptions commerciales, urbanistiques, relatives à la restauration, à la protection contre les nuisances, à la protection de la jeunesse, au droit du travail, à la protection des données et aux impôts pour garantir une exploitation conforme et autorisée. Les infractions peuvent être sanctionnées par des amendes, voire, dans les cas graves, entraîner la fermeture de l’établissement. Un examen approfondi et la mise en œuvre de toutes les exigences légales pertinentes sont donc fondamentaux pour une gestion réussie et juridiquement sûre d’une discothèque.
Questions fréquemment posées
Quelles sont les limites d’âge pour accéder aux discothèques ?
L’âge minimum d’accès aux discothèques est réglementé en Allemagne par la loi sur la protection de la jeunesse (JuSchG). Les personnes de moins de 16 ans ne sont en principe pas autorisées à rester dans les discothèques. Les jeunes à partir de 16 ans peuvent y accéder jusqu’à minuit, à moins d’être accompagnés d’une personne investie de l’autorité parentale conformément à l’article 1 al. 1 n° 4 JuSchG ou de disposer d’une autorisation spéciale pour une durée plus longue. Si la présence d’un responsable légal – typiquement les parents ou un adulte désigné (« Muttizettel ») – est assurée, la présence peut être prolongée au-delà de minuit. Les exploitants doivent vérifier l’âge à l’entrée, généralement par la présentation d’une pièce officielle. Le non-respect de ces obligations peut entraîner de lourdes amendes. Il convient de noter que des règles spécifiques peuvent s’appliquer pour certains événements à caractère particulier, comme les fêtes privées ou les concerts.
Quelles obligations ont les exploitants de discothèques quant à la sécurité de leurs clients ?
Les exploitants de discothèques sont soumis à une obligation accrue de sécurité des locaux. Ils doivent prendre les mesures appropriées pour garantir la sécurité des clients. Cela inclut les mesures de protection incendie conformément à la législation locale, la mise à disposition des issues de secours, la signalisation ou le dégagement des voies d’évacuation, l’entretien technique des équipements de sécurité ainsi qu’un nombre suffisant de personnels de sécurité formés en fonction du nombre de visiteurs. Les exploitants doivent également mettre en place des mesures de prévention contre les blessures corporelles et les vols, et intervenir ou solliciter de l’aide en cas de situations d’urgence (par ex. bagarres, urgences médicales). En cas de non-respect de ces obligations, l’exploitant peut être tenu responsable civilement des dommages ou sanctionné sur le plan administratif.
Quelles sont les règles applicables concernant la protection contre le bruit et le respect du repos nocturne dans les discothèques ?
La protection contre les nuisances sonores est régie par la loi fédérale sur la protection contre les nuisances (BImSchG) ainsi que par les lois de chaque Land. Les discothèques doivent veiller à ce que les nuisances sonores, notamment musicales, n’excèdent pas certains seuils. Les horaires de repos nocturne, en général de 22h00 à 6h00, doivent être respectés, avec toutefois des exceptions possibles pour les établissements de restauration, y compris les discothèques, sous des conditions strictes. Les exploitants doivent prendre des mesures techniques de limitation du bruit, comme des fenêtres et portes isophoniques, et si besoin restreindre l’ouverture des fenêtres ou les activités sur les terrasses. En cas de plaintes pour nuisances, les autorités peuvent infliger des amendes ou restreindre l’autorisation d’exploitation.
Quelles sont les prescriptions légales relatives à la vente d’alcool en discothèque ?
La vente d’alcool est réglementée par la loi sur la protection de la jeunesse. Les alcools forts (par ex. spiritueux, liqueurs) ne peuvent pas être cédés aux moins de 18 ans, tandis que la bière, le vin et le mousseux sont autorisés à partir de 16 ans. L’exploitant et le personnel doivent veiller à l’application de cette règle. En cas de non-respect, des mesures administratives et des amendes sont possibles aussi bien pour le personnel que pour l’exploitant ; en cas de récidive, l’autorisation de débit de boissons peut être retirée et des poursuites pénales peuvent être engagées. Il existe aussi des prescriptions interdisant la vente aux clients manifestement ivres (§ 20 GastG). Il est recommandé de former régulièrement le personnel à la législation sur la protection de la jeunesse.
Quelles sont les conséquences légales en cas de violation de l’interdiction de fumer dans les discothèques ?
L’interdiction de fumer dépend des lois sur la protection des non-fumeurs de chaque Land. Dans la plupart des Bundesländer, l’interdiction totale de fumer s’applique dans les discothèques, à l’exception éventuelle de salles fumeurs séparées. Les exploitants sont tenus de faire respecter l’interdiction, d’informer les clients et, le cas échéant, de s’opposer à la consommation de tabac. Les infractions peuvent être sanctionnées par des amendes pour les clients et l’exploitant. En cas de récidive, l’autorisation d’exploitation est menacée. En outre, l’exploitant peut être tenu responsable des dommages sur la santé, s’il est prouvé qu’il a enfreint l’interdiction de fumer.
Quelles dispositions légales régissent la vidéosurveillance dans les discothèques ?
La vidéosurveillance dans les discothèques est strictement encadrée par les règles de protection des données du RGPD et de la BDSG. Elle n’est autorisée que lorsqu’elle est nécessaire à l’exercice du droit d’admission ou à la prévention d’infractions et contraventions. Les clients doivent être informés par des panneaux visibles de la vidéosurveillance ; la conservation des données doit être limitée au strict nécessaire (en général entre 48 et 72 heures). La surveillance des espaces privés (par ex. toilettes) est strictement interdite. Les infractions aux règlements de protection des données peuvent donner lieu à des amendes importantes.
Quelles sont les règles de responsabilité en cas de blessures ou de dommages matériels dans les discothèques ?
En cas de blessures ou de dommages matériels, l’exploitant de la discothèque est en principe responsable selon les §§ 823 et suivants du BGB (Code civil allemand), lorsqu’il y a violation de l’obligation de sécurité ou manquement fautif à un devoir. Si des blessures corporelles sont causées par un manque d’équipements de sécurité (par ex. issues de secours insuffisantes, sols défectueux) ou un contrôle inadéquat du personnel, l’exploitant est tenu à réparation. La responsabilité peut être limitée par des mesures de sécurité ou des clauses d’exclusion. Dans certains cas, la faute de la victime (par ex. comportement inadéquat sous l’emprise de l’alcool) peut également être prise en compte. Les exploitants doivent souscrire une assurance responsabilité civile d’exploitation appropriée.