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Directive sur les qualifications

Notion et contexte de la directive sur les qualifications

Die Directive sur les qualifications constitue un élément central du droit d’asile européen. Son intitulé officiel est Directive 2011/95/UE du Parlement européen et du Conseil du 13 décembre 2011 relative aux normes pour la reconnaissance des ressortissants de pays tiers ou des apatrides comme personnes ayant droit à une protection internationale, pour un statut uniforme pour les réfugiés ou pour les personnes éligibles à la protection subsidiaire, ainsi que pour le contenu de la protection à accorder (refonte). Elle remplace la directive initiale 2004/83/CE et constitue un élément clé du Système européen commun d’asile (SECA).

La directive sur les qualifications harmonise les aspects essentiels de l’octroi de la protection internationale au sein des États membres de l’Union européenne et définit les conditions dans lesquelles les ressortissants de pays tiers ou les apatrides peuvent être reconnus comme réfugiés ou bénéficiaires de la protection subsidiaire.


Objectifs et champ d’application

Harmonisation du droit d’asile

L’objectif principal de la directive sur les qualifications est de réduire les divergences entre les systèmes nationaux d’asile des États membres de l’UE et de garantir des normes uniformes pour l’accès à la protection internationale. Il s’agit ainsi d’assurer un niveau de protection commun et équitable pour les personnes concernées et de minimiser les « migrations d’asile » dues à des réglementations nationales divergentes.

Champ d’application personnel et matériel

La directive s’applique aux ressortissants de pays tiers et aux apatrides qui demandent une protection internationale dans un État membre de l’Union européenne. Elle définit deux formes de protection : Protection des réfugiés au sens de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés (CG), ainsi que protection subsidiaire pour les personnes qui, en cas de retour dans leur pays d’origine, font face à des dangers graves, tels que la torture, la peine de mort ou la guerre.


Définitions et éléments constitutifs

Protection des réfugiés selon la directive sur les qualifications

La directive reprend la définition de « réfugié » de l’article 1 de la Convention de Genève et exige, pour la reconnaissance du statut de réfugié :

  • La crainte fondée d’être persécuté(e) en raison de sa race, religion, nationalité, opinions politiques ou de son appartenance à un certain groupe social ;
  • ainsi que l’incapacité ou le refus de solliciter la protection de l’État d’origine.

Les actes de persécution doivent atteindre une certaine gravité ; cela inclut notamment la violence physique ou psychologique, les atteintes aux droits fondamentaux ou la discrimination si elle est systématique et grave.

Protection subsidiaire

Bénéficient de la protection subsidiaire les personnes qui ne remplissent pas les conditions pour être reconnues comme réfugiés mais qui ont des motifs sérieux de craindre d’être exposées à un préjudice grave dans leur pays d’origine. Selon l’article 15 de la directive, cela comprend :

  • La peine de mort ou son exécution,
  • La torture ou des traitements inhumains ou dégradants,
  • Une menace individuelle grave contre la vie du fait d’une violence aveugle dans le cadre d’un conflit armé.

Auteurs de persécution et alternatives de protection

La directive sur les qualifications précise de qui peut émaner la menace ou la persécution. Cela inclut :

  • l’État lui-même,
  • des parties ou organisations qui contrôlent l’État ou une partie substantielle de son territoire,
  • des acteurs non étatiques lorsque l’État d’origine n’est pas en mesure d’offrir une protection suffisante.

Elle encadre également les situations dans lesquelles une alternative de fuite interne existe, lorsqu’une partie du territoire d’origine ne présente aucun danger pour la personne et qu’une relocalisation est possible et raisonnable.


Procédure de détermination du besoin de protection

Examen individuel

L’évaluation du droit d’une personne à une protection internationale doit se faire sur la base d’un examen individuel, objectif et impartial de l’ensemble des faits du dossier. Les circonstances particulières du demandeur, y compris tout traumatisme éventuel, doivent être prises en compte.

Charge de la preuve et crédibilité

La directive sur les qualifications énonce les exigences en matière de preuve. Elle reconnaît que les personnes concernées ne sont pas toujours en mesure de produire toutes les preuves de leur persécution ou de leur mise en danger. Elles ont une obligation de coopération ; de leur côté, les autorités doivent rassembler les faits essentiels.


Statut juridique et droits des bénéficiaires de protection

Statut et droits après reconnaissance

Après l’octroi de la protection internationale, la directive sur les qualifications établit des normes minimales relatives aux droits et obligations. Ceux-ci comprennent notamment :

  • Droit de séjour (d’au moins trois ans pour les réfugiés, un an pour les bénéficiaires de la protection subsidiaire ; prolongation possible) ;
  • Accès à l’emploi et à la formation professionnelle ;
  • Accès aux prestations sociales, aux soins médicaux et à l’éducation ;
  • Protection de la famille ;
  • Délivrance de documents de voyage ;
  • Accès aux mesures d’intégration.

Les États membres peuvent adopter des dispositions plus favorables.


Rapport aux autres sources de droit

Intégration dans le droit national

La directive sur les qualifications oblige les États membres de l’UE à la transposer en droit national. En Allemagne, la transposition se fait notamment dans la Loi sur l’asile (AsylG) ainsi que dans la Loi sur le séjour des étrangers (AufenthG). D’autres références existent, par exemple, à la loi sur les prestations aux demandeurs d’asile.

Interaction avec d’autres instruments

La directive sur les qualifications fait partie du SECA et se rapporte à d’autres instruments comme la directive sur les procédures d’asile, la directive sur l’accueil et le règlement Dublin III. Elle garantit une harmonisation minimale tout en permettant des mesures nationales de protection plus étendues.


Contrôle juridictionnel et interprétation

Rôle de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)

La CJUE a fortement contribué à l’interprétation de la directive sur les qualifications. Dans plusieurs arrêts de principe, elle a précisé les définitions, normes minimales et l’application de la directive. Les juridictions nationales doivent, en cas de doute d’interprétation, saisir la CJUE (procédure de renvoi préjudiciel).

Jurisprudence nationale

Dans les États membres, les juridictions spécialisées mettent en œuvre les critères de la directive sur les qualifications en tenant compte de la jurisprudence de la CJUE. Ainsi, la directive influe directement sur les décisions nationales d’asile et l’octroi concret de la protection.


Importance et évolutions récentes

La directive sur les qualifications constitue le noyau du système de protection internationale au niveau européen. Dans le cadre des réformes du Système européen commun d’asile, son développement continu ainsi que celui de ses dispositions figurent à l’agenda politique de l’UE.

Elle garantit aux personnes concernées l’accès à des standards de protection déterminés et transparents et assure un minimum d’harmonisation dans le droit d’asile européen. Sa mise en œuvre et son interprétation sont largement influencées par les mouvements actuels de réfugiés, les crises globales ainsi que les débats sociétaux et juridiques.


Littérature et liens complémentaires


Remarque : Cet article présente de manière exhaustive les aspects juridiques essentiels de la directive sur les qualifications et vise à informer de façon générale sur le droit d’asile européen.

Questions fréquentes

Quel rôle joue la directive sur les qualifications dans le droit d’asile allemand ?

La directive sur les qualifications (Directive 2011/95/UE) de l’Union européenne établit un cadre juridique contraignant pour la reconnaissance des réfugiés et des bénéficiaires de la protection subsidiaire dans les États membres de l’UE. En droit allemand, elle a été principalement transposée dans la Loi sur l’asile (AsylG) et la Loi sur le séjour (AufenthG). Elle définit les conditions dans lesquelles une personne peut être reconnue comme réfugié ou bénéficiaire de la protection subsidiaire, ainsi que les normes relatives à l’étendue et à la durée de la protection accordée. Les autorités et juridictions allemandes sont tenues, lors des décisions d’asile, de respecter les prescriptions de la directive et de les interpréter le cas échéant conformément à la jurisprudence actuelle de la Cour de justice de l’Union européenne.

Quelles sont les normes minimales fixées par la directive sur les qualifications pour l’évaluation des motifs de persécution ?

La directive sur les qualifications impose aux États membres de fixer des critères uniformes pour l’évaluation de la persécution. Cinq motifs de persécution doivent en particulier être examinés : la race, la religion, la nationalité, l’opinion politique et l’appartenance à un certain groupe social. Elle précise ce qu’il convient d’entendre par « actes de persécution » et la manière d’évaluer la combinaison de la persécution étatique et non étatique. Par ailleurs, elle définit les exigences relatives au lien de causalité entre le motif de persécution et la menace, ainsi que les critères d’évaluation de la crédibilité des allégations du demandeur d’asile.

Comment la directive sur les qualifications influe-t-elle sur la détermination de la protection subsidiaire ?

La directive instaure des normes minimales au niveau européen concernant la protection subsidiaire, c’est-à-dire que les personnes qui ne sont pas considérées comme réfugiées au sens de la Convention de Genève bénéficient d’une protection si elles encourent dans leur pays d’origine un risque grave. Cela concerne en particulier la peine de mort, la torture, des traitements inhumains ou dégradants ou une menace individuelle grave pour la vie découlant d’actes de violence aveugle dans le cadre d’un conflit armé international ou interne. La directive sur les qualifications fournit des définitions précises de ces dangers et précise dans quelles circonstances les autorités doivent octroyer la protection subsidiaire.

Dans quelle mesure la directive sur les qualifications précise-t-elle les droits des bénéficiaires de protection reconnus ?

La directive harmonise au niveau de l’Union les droits et obligations aussi bien des réfugiés que des bénéficiaires de la protection subsidiaire. Il s’agit notamment de l’accès au marché du travail, aux prestations sociales, à l’éducation, aux soins médicaux et à la délivrance de documents de voyage. La directive oblige les États membres à garantir que les personnes reconnues bénéficient effectivement de ces droits et qu’elles ne soient pas discriminées dans leur exercice. Sa mise en œuvre en droit allemand se fait principalement par des adaptations dans l’AufenthG, le SGB et d’autres dispositions légales.

Quelle est la portée de la primauté du droit de l’Union de la directive sur les qualifications dans le droit allemand ?

En raison de la primauté du droit de l’Union, les autorités et juridictions allemandes doivent appliquer la directive sur les qualifications ainsi que la jurisprudence de la CJUE, même si le droit national prévoit des dispositions divergentes ou plus restrictives. En cas de conflit, le droit européen prévaut. Ainsi, une personne demandeuse d’asile peut invoquer directement les prescriptions de la directive sur les qualifications devant les autorités ou juridictions allemandes, dès lors que celles-ci sont suffisamment précises et inconditionnelles. Les lacunes ou ambiguïtés dans la transposition nationale doivent être interprétées à la lumière de la directive européenne.

Comment la directive sur les qualifications est-elle prise en compte par les juridictions allemandes ?

Les juridictions administratives allemandes sont tenues, lors de l’interprétation et de l’application du droit d’asile et du séjour, de systématiquement prendre en compte les dispositions de la directive sur les qualifications. Cela vaut également pour la prise en considération de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne, qui est déterminante pour son interprétation. En particulier lors de l’examen des conditions de reconnaissance du statut de réfugié ou de la protection subsidiaire, les éléments de la directive tels que la définition de la persécution, les critères d’examen et les règles en matière de charge de la preuve doivent être intégrés.

Comment la directive sur les qualifications influe-t-elle sur la procédure de retrait du statut de protection ?

La directive réglemente en détail les conditions dans lesquelles le statut de protection accordé peut être retiré, terminé ou non prolongé. Elle prévoit en particulier que les changements déterminants intervenus dans le pays d’origine doivent être pris en compte, dans la mesure où ils pourraient conduire à ce que les conditions pour bénéficier du statut de protection ne soient plus réunies. La directive impose à cet égard des exigences strictes tant sur le plan matériel que procédural, qui doivent impérativement être respectées par les autorités allemandes lors de la procédure de retrait. Les droits des personnes concernées – comme l’audition, les voies de recours et la protection juridique individuelle – sont également encadrés par le droit de l’Union dans ce contexte.