Lexique juridique

Design

Définition et bases juridiques du design

Le design désigne, dans un contexte juridique, l’apparence esthétique des produits ou de parties de ceux-ci. Cette apparence peut notamment résulter des lignes, contours, couleurs, forme, texture de surface et disposition des matériaux du produit. Sur le plan juridique, le design est un objet de protection spécifiquement ancré dans le droit des dessins et modèles et joue un rôle essentiel dans différents domaines du droit, tels que la propriété intellectuelle, le droit de la concurrence ainsi que dans le contexte du droit d’auteur.

L’objectif de la protection du design est de protéger les créations esthétiques innovantes contre toute imitation ou exploitation non autorisée et d’accorder au titulaire des droits d’utilisation exclusifs. En Europe et en Allemagne, le droit du design a ses propres spécificités et se distingue d’autres droits de protection tels que la marque, le brevet ou le droit d’auteur.

Protection du design en droit allemand et européen

Terminologie et distinction

Le droit allemand du design est régi par la Designgesetz (DesignG) . Auparavant, l’instrument de protection était connu sous le nom de « Modèle déposé ». Depuis 2014, le terme « Design » est juridiquement contraignant. Dans l’Union européenne, la Verordnung über das Gemeinschaftsgeschmacksmuster (GGV) règle la protection au niveau communautaire, ces questions étant gérées par l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO).

Il existe une distinction juridique avec le droit d’auteur. Tandis que le droit d’auteur protège les œuvres ayant une dimension artistique, le droit du design porte sur l’effet purement esthétique d’un produit industriel ou artisanal, indépendamment de la création artistique.

Conditions de protection

Les conditions fondamentales suivantes doivent être remplies pour qu’une protection juridique du design soit effective :

  • Nouveauté : Le design ne doit pas avoir été publié ou utilisé, à l’identique ou dans ses caractéristiques essentielles, avant la date de dépôt ou de divulgation.
  • Caractère propre : Le design doit se différencier sensiblement de l’état de l’art connu par l’impression d’ensemble qu’il produit, même pour un utilisateur averti.

Un design bénéficie d’une protection si les deux critères sont remplis (§ 2 DesignG).

L’étendue de la protection du design

Objet de la protection

Sont considérés comme protégeables les designs bidimensionnels (par ex. motifs, symboles graphiques) et tridimensionnels (par ex. meubles, véhicules, emballages) de produits industriels ou artisanaux. Sont exclus de la protection par le design les caractéristiques uniquement dictées par la technique, ainsi que les formes qui seraient contraires aux dispositions légales ou à l’intérêt public.

Droits liés au design enregistré

Le design enregistré confère au titulaire, selon § 38 DesignG, un droit d’utilisation exclusif. Ceci comprend en particulier :

  • le droit d’interdire à des tiers de fabriquer, d’offrir, de mettre sur le marché, d’importer, d’exporter ou d’utiliser un produit incarnant le design protégé ;
  • le droit à la protection contre l’imitation.

Exceptions et limites

Les droits issus du design enregistré sont limités dans les cas suivants :

  • le design est utilisé à titre privé et non commercial,
  • les actes sont réalisés à des fins d’expérimentation,
  • l’utilisation est nécessaire à des fins de citation ou pour l’enseignement et la recherche (cf. § 40 DesignG).

Mise en œuvre juridique et droits en cas d’atteinte

Actions civiles

En cas d’utilisation illicite du design, le titulaire du design peut faire valoir des droits de nature civile, parmi lesquels :

  • Action en cessation
  • Action en dommages-intérêts
  • Action en suppression (destruction des produits contrefaits)
  • Droit à l’information (concernant l’origine et les circuits de distribution des produits)

Ces mesures juridiques peuvent être engagées dans le cadre d’une procédure en référé ou dans une procédure au fond devant les juridictions compétentes.

Pertinence pénale

Les atteintes intentionnelles au droit du design peuvent être sanctionnées pénalement et sont poursuivies selon les §§ 51 et suivants du DesignG. Il s’agit notamment de l’imitation non autorisée, de l’offre, de la mise sur le marché ou de la détention de produits contrefaits à des fins commerciales.

Aspects internationaux de la protection du design

Protection à l’étranger

La protection du design est en principe territoriale. Une demande nationale peut être étendue au niveau international (par exemple via l’enregistrement de La Haye). De plus, le règlement européen sur le dessin ou modèle communautaire ainsi que des accords internationaux, comme l’Arrangement de La Haye concernant le dépôt international des dessins et modèles industriels, offrent des possibilités d’extension de la protection.

Protection du design non enregistré

Conformément au règlement communautaire sur les dessins et modèles, une protection communautaire non enregistrée existe également pour les designs non déposés expressément, pendant trois ans à compter de la première divulgation. Cette protection vise principalement l’imitation et la copie directe, mais non les développements parallèles indépendants.

Rapport avec d’autres droits de protection

Design et droit d’auteur

Le design et le droit d’auteur peuvent parfois se recouper, notamment dans le domaine des arts appliqués. En Allemagne, un design peut aussi être protégé par le droit d’auteur s’il constitue une « création intellectuelle personnelle » (§ 2 al. 2 UrhG). En cas de conflit, des règles spécifiques pour les droits de double protection s’appliquent.

Design et droit des marques

La protection des marques porte sur les signes permettant de distinguer des produits ou services. Certains designs peuvent aussi être protégés comme marques tridimensionnelles, s’ils remplissent les conditions du droit des marques.

Design et droit des brevets

Les solutions techniques sont principalement protégées par des brevets ou des modèles d’utilité. Les designs ne protègent que l’apparence, et non les aspects fonctionnels ou techniques.

Durée et extinction du droit des designs

Durée de la protection des designs

En Allemagne et dans l’UE, la durée maximale de protection d’un design enregistré est de 25 ans, la protection étant accordée pour cinq ans puis renouvelable par périodes de cinq ans (§ 27 DesignG, art. 13 GGV). Elle prend fin à l’expiration de cette période maximale, ou en cas de renonciation ou de non-renouvellement.

Dépôt, procédure et registre

Procédure de dépôt

Le dépôt d’un design s’effectue auprès de l’Office allemand des brevets et des marques (DPMA) ou de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) pour le dessin ou modèle communautaire. Pour obtenir une protection, une reproduction exacte du design ainsi que la désignation du produit sont nécessaires. La procédure ne comprend qu’un examen formel ; un examen de la nouveauté et du caractère individuel n’a généralement pas lieu.

Publication et inscription au registre

Dès son inscription, le design est publié dans le registre correspondant et peut être consulté par des tiers. L’inscription facilite la défense des droits et offre une transparence quant aux droits de protection en vigueur.

Conclusion

En droit, le design désigne l’apparence esthétique d’un produit bénéficiant d’une protection légale spécifique. Le droit du design est régi par des dispositions particulières en droit allemand et européen, accorde des droits d’usage exclusifs et offre de larges possibilités de mise en œuvre. Une distinction claire par rapport aux droits connexes, en particulier au droit d’auteur, au droit des marques et aux brevets, est indispensable pour la qualification juridique. Les mécanismes de protection internationaux et la possibilité d’un design non enregistré offrent un large éventail de moyens pour protéger la créativité.

Questions fréquemment posées

Quelles conditions juridiques doivent être réunies pour qu’un design soit protégeable ?

Pour la protection d’un design en vertu de la loi sur les designs (DesignG) ou du droit communautaire (dessin ou modèle communautaire), plusieurs conditions doivent être remplies. La nouveauté est essentielle, ce qui signifie que le design ne doit pas avoir été rendu accessible au public avant la date de dépôt via un design identique ou similaire. Le design doit également présenter un caractère propre : l’impression d’ensemble qu’il produit sur l’utilisateur averti doit se distinguer sensiblement des designs connus. Ne sont pas protégeables les caractéristiques du design dictées exclusivement par la fonction technique ou celles qui sont nécessaires pour connecter un produit à un autre (critères dits « must match »). La protection n’est effective qu’après l’inscription dans le registre public ; pour un dessin ou modèle communautaire non enregistré, la publication dans l’UE suffit. Le design ne doit enfin inclure aucune caractéristique allant à l’encontre de l’ordre public ou des bonnes mœurs.

Quels droits de protection sont offerts au créateur pour ses créations ?

Les créateurs disposent essentiellement du droit des designs enregistrés (ancien droit des modèles déposés), du droit d’auteur et, dans certaines circonstances, du droit de la concurrence. Tandis que le design enregistré procure une protection formelle (jusqu’à 25 ans), le droit d’auteur peut s’appliquer indépendamment d’une formalité si la hauteur de création est suffisante. Le droit de la concurrence (notamment la protection contre l’imitation, § 4 n° 3 UWG) est pertinent si le design a besoin d’une protection contre les actes de concurrence déloyale. Il existe aussi le dessin ou modèle communautaire non enregistré, qui confère une protection de courte durée (trois ans), mais uniquement au sein de l’UE.

Quelles sont les conséquences juridiques d’une atteinte à un design et quels droits le titulaire détient-il ?

Il y a atteinte au design si un tiers utilise le design protégé sans l’accord du titulaire. Dans ce cas, le titulaire peut faire valoir différents droits, notamment : cessation (interdiction d’usage ultérieur), information (sur l’ampleur de l’utilisation et le chiffre d’affaires réalisé), dommages-intérêts (dommages réellement subis, manque à gagner ou remise des bénéfices de l’auteur de l’infraction) et, le cas échéant, destruction ou rappel des produits contrefaits. Les tribunaux peuvent ordonner des mesures conservatoires pour stopper l’utilisation. En cas d’atteinte intentionnelle, des conséquences pénales et des frais supplémentaires pour l’avocat et la procédure judiciaire peuvent s’ajouter.

Comment déposer un design et pourquoi la date de dépôt est-elle importante ?

Le dépôt d’un design s’effectue auprès de l’Office allemand des brevets et des marques (DPMA) ou de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) pour le dessin ou modèle communautaire. Il faut fournir des représentations (par ex. photos ou dessins) du design ainsi qu’une demande correspondante. La date de dépôt est essentielle, car elle détermine la nouveauté et le rang en cas de conflits de priorités. Tous les designs publiés avant cette date constituent l’état de la technique. Les demandes incorrectes ou tardives peuvent entraîner le rejet ou la suppression ultérieure du droit de protection.

Quelles obligations et quels délais doivent être respectés pour le maintien de la protection du design ?

Après l’enregistrement, le titulaire doit veiller au paiement de la taxe de maintien dite « Aufrechterhaltungsgebühr ». La durée maximale de protection est de 25 ans, les taxes étant payables par périodes de cinq ans. En cas de non-paiement dans les délais, la protection prend fin. Le titulaire doit également surveiller l’utilisation illicite de son design, sous peine de prescription des droits. Pour les designs enregistrés, les actions en contrefaçon pourront, en principe, être engagées seulement dans les trois ans suivant la connaissance de l’atteinte.

Peut-on protéger plusieurs designs par un dépôt groupé et quelles sont alors les exigences juridiques ?

Oui, la loi sur les designs permet le dépôt groupé (« Sammelanmeldung »), dans lequel plusieurs designs (variantes ou séries) sont inclus dans une seule demande. Tous doivent toutefois concerner la même classe de produits (selon la classification de Locarno). Pour une demande de dessin ou modèle communautaire, jusqu’à 100 designs peuvent être déposés par demande – un véritable atout pour une protection à l’échelle de l’UE. Les effets juridiques du dépôt groupé valent pour chaque design individuellement ; la durée de la protection, la prolongation et les droits éventuels ne diffèrent pas d’un dépôt individuel. Cependant, toute erreur dans la représentation ou la description peut mettre en péril l’ensemble de la protection, d’où l’importance d’une grande rigueur.

Dans quelle mesure la protection du design et le droit d’auteur se recoupent-ils et quelles sont les conséquences juridiques ?

Un même design peut bénéficier à la fois de la protection du design et du droit d’auteur (« double protection »). Alors que la protection du design est généralement accordée à l’issue d’un simple dépôt, la protection par le droit d’auteur suppose que le design soit une création intellectuelle individuelle présentant un certain degré de création artistique. Les droits en cas d’atteinte (notamment cessation et dommages-intérêts) sont similaires, mais diffèrent souvent quant au calcul des dommages et à la charge de la preuve du niveau de création. La double protection donne au créateur la possibilité de faire valoir des droits parallèles sur différentes bases juridiques. Une différence notable concerne la durée : les droits d’auteur peuvent subsister jusqu’à 70 ans après le décès du créateur, tandis que les droits sur les designs prennent fin au bout de 25 ans.