Lexique juridique

Démarche

Définition et signification du terme « Demarche »

Une Demarche désigne, en droit international public et dans le langage diplomatique, une démarche officielle et formelle, une intervention, une communication ou une note de protestation qu’un gouvernement, un État ou une organisation internationale adresse à un autre gouvernement ou une institution. Ce terme revêt une fonction importante notamment en droit international, en diplomatie, ainsi que dans les relations bilatérales et multilatérales. Une Demarche peut être effectuée sous forme écrite ou orale et constitue une expression formelle de la communication extérieure entre États.


Formes et types de Demarche

Demarche écrite

La Demarche écrite est la forme la plus fréquente d’une Demarche. Elle prend la forme d’une note diplomatique, d’une note verbale, d’un mémorandum ou d’une correspondance officielle entre les États concernés. Les Demarches écrites servent à une documentation durable de la démarche et peuvent être archivées en tant que documents juridiques.

Demarche orale

Une Demarche orale intervient dans le cadre d’un entretien, par exemple par un ambassadeur ou une représentation diplomatique. De telles interventions orales sont souvent documentées par un procès-verbal de l’entretien ou un résumé, ce qui permet d’en assurer la traçabilité a posteriori.

Demarche de protestation

Les Demarches sont souvent utilisées pour introduire formellement une protestation contre le comportement d’un autre État. La protestation porte généralement sur un acte considéré comme contraire au droit international ou à un traité, une violation d’accords bilatéraux ou une atteinte aux droits et intérêts de l’expéditeur.

Note d’information ou note verbale

En plus des protestations, les Demarches peuvent aussi être de nature neutre et viser uniquement la transmission d’informations, de recommandations ou de demandes. Celles-ci sont souvent envoyées sous la forme de « notes verbales » et constituent une partie régulière de l’échange diplomatique.


Cadre juridique d’une Demarche

Fondements en droit international

La Demarche est étroitement liée aux règles du droit international, notamment à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961. Les articles 41 et suivants de la Convention de Vienne réglementent le droit de communication diplomatique, l’échange de notes diplomatiques, ainsi que les droits et obligations des représentations diplomatiques.

Principes essentiels :

  • Les États sont autorisés à initier des Demarches dans le cadre de relations diplomatiques lorsqu’elles s’avèrent nécessaires pour protéger leurs intérêts ou pour respecter des obligations découlant du droit international.
  • La Demarche constitue en principe un moyen de communication formel non contraignant, mais elle revêt une importance politique et juridique notable.
  • La partie adverse n’est pas obligée d’accepter ou de mettre en œuvre la Demarche, mais celle-ci peut devenir l’objet de négociations ou de réactions supplémentaires au niveau diplomatique.

Demarche dans le cadre des organisations internationales

Les organisations internationales telles que les Nations Unies, l’Union européenne ou le Conseil de l’Europe recourent également régulièrement à l’instrument de la Demarche pour signaler des manquements à leurs États membres ou exiger des mesures. Ces Demarches s’appuient sur les statuts respectifs des organisations et sur les lignes directrices communes de la politique extérieure.

Demarche en droit des traités bilatéraux

Dans le contexte des accords bilatéraux, une Demarche peut servir à constater formellement une violation de traité, à exiger un redressement ou à engager une mesure prévue par le traité. Elle marque souvent le début officiel d’une procédure de consultation diplomatique ou de règlement de différends.


Fonction et conséquences juridiques d’une Demarche

Fonction

La Demarche remplit principalement les fonctions suivantes :

  • Sauvegarde et défense des intérêts étatiques par la communication formelle.
  • Documentation et établissement de preuves dans le cadre de litiges juridiques ou politiques internationaux.
  • Escalade ou désescalade dans les conflits diplomatiques par l’initiation d’autres mesures, telles que sanctions, négociations ou médiations.

Conséquences juridiques

D’un point de vue juridique, une Demarche n’a pas d’effet immédiat contraignant, à la différence d’un jugement ou d’une décision obligatoire. Elle constitue toutefois une étape significative dans les relations diplomatiques, car elle marque formellement des positions, peut fixer des délais ou créer les conditions nécessaires à des mesures ultérieures (par exemple, la saisine d’institutions internationales de règlement des différends).

Dans certains cas particuliers, le non-respect d’une Demarche peut être interprété comme un signe d’absence de volonté de compromis et justifier des actions juridiques ou politiques subséquentes.


Pratique et exemples

Cas d’application typiques

  • Protestation contre des mesures contraires au droit international (par exemple, violation de l’intégrité territoriale, des droits de l’homme, de la souveraineté)
  • Notification de négociations, de violations de traités ou d’intention de retrait
  • Demande d’élaboration d’accords ou de règlements
  • Ouverture de consultations ou de procédures de règlement des différends

Exemple : Demarche dans les relations interétatiques

À titre d’exemple, une Demarche peut être adressée entre deux États dans le cadre d’un accord sur l’environnement, lorsque l’un des États dépasse les seuils d’émissions fixés et que l’autre État conteste formellement ce manquement.


Différenciation avec des notions proches

Note, note de protestation et ultimatum

Une Demarche se distingue d’une note en particulier par son caractère d’intervention. Alors qu’une note peut être toute correspondance officielle dans la communication diplomatique, la Demarche est toujours orientée vers une revendication, une recommandation ou une réprimande concrète. L’ultimatum constitue une forme particulièrement renforcée de la Demarche, associée à des délais précis et à des conséquences annoncées.


Importance de la Demarche dans la pratique actuelle

La Demarche demeure un instrument central des relations diplomatiques, notamment dans le contexte des conflits mondiaux, des relations commerciales internationales et de la montée en importance des institutions multilatérales. En tant qu’acte documenté, elle présente un grand intérêt pour la pratique du droit international et des traités.


Bibliographie et sources

* Convention de Vienne sur les relations diplomatiques (1961)
* Manuel du droit diplomatique et consulaire
* Lignes directrices pour la correspondance diplomatique des organisations internationales


Cette présentation complète de la Demarche dans son contexte juridique met en évidence son rôle central en tant qu’acte formel et diplomatique-juridique dans les relations interétatiques.

Questions fréquemment posées

Quelles sont les conditions juridiques requises pour la validité d’une Demarche ?

Pour qu’une Demarche soit valide dans un contexte juridique, il est d’abord nécessaire qu’elle soit émise formellement par une autorité compétente de l’État – le plus souvent le ministère des affaires étrangères ou une représentation diplomatique. Elle doit clairement apparaître comme une communication officielle faite au nom de l’État d’envoi. Selon les prescriptions du droit international, une Demarche doit être en principe formulée par écrit ou, si elle est transmise oralement, être complétée par un résumé écrit (aide-mémoire ou non paper). Sur le fond, la Demarche doit traiter d’une question précise et se fonder sur une base juridique ou conventionnelle, telle que la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Il convient également de s’assurer que la partie destinataire a connaissance de la compétence de la personne transmettant la Demarche et en confirme la réception.

Quelles obligations juridiques découlent de la réception d’une Demarche ?

La réception d’une Demarche par un gouvernement étranger ne crée pas, en droit international, une obligation immédiate d’agir ou de s’abstenir, mais constitue une notification officielle émanant de l’État expéditeur. D’un point de vue juridique, la réception d’une Demarche marque souvent le début d’un délai de réponse, à condition que celui-ci ait été explicitement indiqué. Dans certains cas, le fait d’ignorer à plusieurs reprises des Demarches peut être interprété comme une violation du principe de coopération sincère (good faith) entre États, ce qui peut entraîner d’autres démarches diplomatiques ou juridiques.

Quelles différences juridiques existe-t-il entre une Demarche et une note de protestation ?

Une note de protestation est une forme spécialisée de Demarche qui a pour but de protester officiellement et souvent publiquement contre le comportement ou une décision de l’État destinataire. En revanche, la Demarche est un terme générique pour toutes les interventions adressées à un État étranger et peut avoir différentes finalités – depuis une simple information jusqu’à une réclamation ou une demande concrète. D’un point de vue juridique, une note de protestation s’accompagne toujours d’une objection juridique explicite et possède une valeur probante plus élevée dans les différends internationaux, tandis qu’une Demarche classique peut également être utilisée à des fins de consultation ou d’information.

Quelles règles de procédure s’appliquent pour garantir une transmission juridiquement valide d’une Demarche ?

Conformément à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, la transmission d’une Demarche doit idéalement se faire par voie diplomatique, généralement sous forme écrite. Il convient de s’assurer que l’identité du porteur et son habilitation à agir au nom de l’État d’envoi soient clairement établies. La transmission peut se faire en personne, par courrier officiel ou par voie électronique, à condition que l’identité et l’authenticité du document puissent être vérifiées à tout moment. La remise est généralement enregistrée, et la réception, par exemple au moyen d’une contre-signature ou d’un accusé de réception, est documentée juridiquement.

Quelles peuvent être les conséquences juridiques d’une Demarche laissée sans réponse ?

Une Demarche laissée sans réponse peut entraîner diverses conséquences juridiques. S’il n’existe pas d’obligation expresse, en droit international, de répondre à chaque Demarche, ce comportement peut néanmoins être interprété, au regard du principe de traitement équitable entre États, comme un manque de coopération. Le fait d’ignorer à plusieurs reprises des Demarches peut, dans une procédure internationale de règlement des différends, être considéré comme un indice du manque de volonté de négocier et, dans certaines circonstances, renforcer la légitimité de mesures ultérieures relevant du droit international, telles que des sanctions ou la saisine d’une juridiction internationale.

Dans quelles circonstances juridiques une Demarche peut-elle être considérée comme illicite ?

Une Demarche est considérée comme illicite sur le plan juridique si elle est transmise en violation de principes fondamentaux du droit international – par exemple par des menaces contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre État (art. 2 § 4 de la Charte des Nations Unies) ou en méconnaissant gravement le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures. L’utilisation d’informations trompeuses ou falsifiées lors de la transmission d’une Demarche peut également affecter sa légalité et entraîner une responsabilité internationale.

Quel rôle les organisations internationales peuvent-elles jouer dans le cadre des Demarches juridiques ?

Les organisations internationales, telles que les Nations Unies ou l’Union européenne, peuvent elles-mêmes agir en tant qu’expéditeur ou destinataire de Demarches, dans la mesure où leurs statuts ou mandats le permettent. Il est juridiquement important de noter que les formes et effets des Demarches dans ce contexte dépendent souvent de règles procédurales particulières à chaque organisation. Ainsi, au sein de l’UE, des procédures spécifiques s’appliquent, par exemple en cas de Demarches conjointes des États membres dans le cadre du Service européen pour l’action extérieure, la force obligatoire et la portée juridique variant selon l’objet et le destinataire.